La nuit tombait et le moment était venu. La pleine lune. Sam avait choisi de s'isoler et de prendre le sentier de la forêt plutôt que de risquer de blesser quelqu'un. Il ne voulait pas avoir de morts sur la conscience, ne pouvant pas contrôler la bête qui sommeillait en lui il n'avait pas d'autres choix. Il s'était enfoncé dans les bois pendant plusieurs heures sans s'arrêter, avec la ferme intention de se mettre hors de portée de tous. La lune opalescente luisait au-dessus de lui, baignant la forêt d'une pale et douce lueur. Il attendait patiemment dans une sorte de petite clairière au milieu de nul part, seulement vêtu d'un pantalon. Étant donné l'état dans lequel il se retrouverait bientôt, il était inutile de porter autre chose. Il redoutait ce qui allait arriver, mais il ne pouvait faire autrement.
Il prit une vague inspiration pour se donner du courage et leva les yeux au ciel. Un simple regard suffit à réveiller ce qui sommeillait en lui. Déjà, les premiers symptôme apparaissaient. Ses pupilles se dilatèrent, son rythme cardiaque s’accéléra et ses veines gonflées palpitaient douloureusement. Il s'effondra au sol, saisit par la douleur, et racla la terre avec ses doigts. On l'aurait cru pris d'une folie soudaine. Un mal terrible lui dévorait les entrailles. Il voulait fuir, mais il ne pouvait pas. Cette horrible sensation de déchirement le prit. Comme si l'on arrachait sa peau et laissait ses muscles à vif. Ses ongles laissèrent la place à des griffes cruels, ses dents à des crocs. Il hurla tandis que ses os s’allongeaient pour prendre une forme plus bestiale. Même pour lui, la douleur était insupportable. Le pelage noir commença à recouvrir sa peau. Il n'avait presque plus rien d'humain. La créature se releva sur ses pattes courbées. La métamorphose était achevée et Sam n'était plus qu'un souvenir.
La rage l'envahissait. Une rage sans aucun sens. Il ignorait d'où elle provenait, mais elle était présente en lui, elle bouillonnait dans ses veines. Il avait envie de sang et de chair. Il devait chasser. Il devait tuer. Ses pulsions étaient incontrôlables, il n'eut pas d'autres choix que d'obéir à son instinct. Le loup-garou renifla l'air, à la recherche d'une proie convenable. Il sentit quelque chose, non très loin d'ici. Une odeur délicieuse. Une femelle, peut-être une humaine. Il s'en fichait. De la viande, reste de la viande. Il se dressa sur ses pattes et poussa un hurlement avant de se mettre en chasse, courant à quatre pattes dans la direction de sa cible.