-Ouais... On a tous un compte à rendre avec la mort, dit-il d'un ton froid et emplit de désespoir. On pouvait facilement sentir que le demi-dieu ne souhaitait absolument pas rendre ce compte avec la mort, son existence, sa gloire passée, sa puissance, il la devait car il avait bravé la mort plus d'une fois, et qu'il l'affrontait désormais jour après jour dans son existence maudite par les dieux. La mort serait pour lui la plus grande des défaites, il défiait en permanence l'horloge du temps au-dessus de sa tête qui ne cessait de reculer, à chaque âme démoniaque qu'il dévorait. Même si il était maudit, il aimait au moins penser qu'il contribuait à quelque chose, que même rejetté des dieux, il avait une importance dans l'immensité du cosmos. Il purgait le monde du mal, et indirectement, l'en protégeait avant qu'il ne puisse nuire. Il ne se considérait ni comme un bienfaiteur, ni comme un saint, mais il ne désirait pas qu'on ne le voit que comme celui qui s'est rebellé contre le panthéon des dieux. C'était son histoire, certes, mais cette histoire l'a mené à ce qu'il est aujourd'hui. Son pouvoir n'était pas véhicule de vanité, bien qu'il le soit, au contraire, son pouvoir servait une cause plus grande que lui. Oui, Siegfried dévorait le mal pour ne pas sombrer dans les ténèbres de la mort et de l'oubli, mais sombrer dans ces ténèbres serait comme si il n'avait jamais été quoi que se soit. Il s'est élevé au rang de demi-dieu, s'est rebellé contre les dieux, et a survécu pendant plusieurs siècles à leur malédiction, alors il ne souhaitait pas mourir. Il n'était pas un insecte, et il le prouverait jusqu'à la fin des temps.
-Bon, nécromancienne. Tu dois avoir tout le matériel qu'il faut, j'imagine. Prends de quoi écrire dans ton étrange langage, je vais te dire quels ingrédients tu as besoin pour ouvrir un portail. Suivant l'endroit où tu souhaites aller, il te faudra certains ingrédients précis. Je ne te donnerai que la "clé" pour le monde des morts, si tu veux aller te ballader sur d'autres plans, tu te débrouilles... T'en seras bien capable, t'as bien réussi à me convoquer, après tout.
Il récupéra sa chope de servoise qui était encore fraîche et en bû une gorgée, comme pour s'éclaircir la gorge ou la réhydrater, puis, trouva un endroit ou se mettre assis, dans un mélange de cliquetis métallique et de plissement de cuir. Une fois installé, le demi-dieu attendit que la jeune nécromancienne soit prête pour lui énoncer une longue liste de plantes, huiles, pierres et autres étranges produits qui serait nécessaire à l'ouverture du portail. A de nombreuses reprises, Siegfried cita des plantes qui ne se trouvait pas sur le plan terrestre, il dû donc trouver des équivalents afin de compléter la "recette". Au final, la liste faisait presque une page entière. Il se mit ensuite à expliquer dans quel ordre il devait consommer tel ou tel plante, lesquelles elle devait mélanger, et avec quel autre ingrédient, ce qu'elle devait brûler, cuire, les symboles qu'elle devait tracer, et le plus important, les formules et gestes à effectuer. Le rituel était au final très complexe, mais ça n'était pas très étonnant, voyager de plans en plans n'était pas chose aisée, surtout pour une humaine, mais si elle désirait réellement voir le royaume des morts, la difficulté du rituel était justifiée.
-Comme tu es une mortelle, ton corps ne pourra pas rester indéfiniment dans le monde des morts. Au bout d'un certain temps, tu seras comme "expulsée". C'est une réaction tout à fait naturelle, si je puis dire. Un peu comme deux énergies qui s'opposent, elles vont se repousser jusqu'à ce que l'une d'elle dévie. Il en est de même lorsqu'un vivant visite le monde des morts. C'est plus ou moins la même chose lorsqu'un mort visite les vivants, en fait. En tant que demi-dieu je n'ai plus ce problème, mais c'est pas pour autant que je veux aller traîner là-bas. C'est pas un endroit très joyeux.