Un cours avec Ivy, c’était quelque chose de dur, de difficile, d’insurmontable. Ceci ne tenait pas seulement à la nature difficile de ce cours, et à l’intransigeance particulière qu’Ivy manifestait envers ses élèves, mais aussi (et surtout) parce que la prof’ était une beauté terrifiante. Au sens physique du terme, il était difficile de ne pas s’attarder sur ses belles jambes fuselées, sur son visage parfait, sans faille, et, au sens chimique, les spores naturelles que son corps dégageait influait sur les hormones de bien des élèves. Le cours d’Ivy était probablement le cours où les étudiants avaient le plus besoin d’aller se soulager, dans tous les sens du terme, aux toilettes. Et, contrairement à ce qu’on pouvait en dire, les femmes n’étaient pas en reste, ne se privant pas de devoir filer aux toilettes. En ce Samedi matin, Ivy avait rendu des copies guère attendues par les élèves sur un contrôle sur table particulièrement difficile sur la chlorophylle. Passionnée, Ivy était aussi d’une sévérité extrême, et avait fait son cours sans problème, souriant en voyant les mâles devenir rubiconds, les femmes se tortiller, remuant légèrement sur leurs chaises, se débrouillant pour frotter leurs intimités contre la chaise, gémissant silencieusement. Même dans sa blouse, Ivy était torride, et elle le savait, naturellement. Elle s’était plusieurs fois amusée à utiliser ses tentacules sur toute une classe.
Avec Ivy, on notait beaucoup. Elle avait autorisé l’emploi de l’ordinateur portable, mais était particulièrement vigilante. Quand elle avait vu que quelqu’un semblait plus occupé à traîner sur MySpace ou Facebook, elle avait décrété un interrogatoire surprise général, en insistant bien pour expliquer que c’était une punition collective à cause d’un seul agent. C’était la meilleure méthode pour que ses élèves restent concentrés et sages. Sentant la fin du cours approcher, sentant les poignets des élèves trembler, les suppliques silencieuses des regards, et comme on était après tout le Samedi matin, Ivy décida d’arrêter la prise de notes.
« Sortez vos agendas, jeunes gens. Comme les vacances approchent, vous me ferez le plaisir, pour le Samedi suivant la reprise des cours, de lire les pages 510 à 540 de votre manuel, et, à partir des différents documents, schémas, images, réaliser une note de synthèse sur la question. »
En observant une main se lever, Ivy laissa la jeune femme parler, qui se leva, conformément à ce qu’Ivy avait mis en place.
« Senseï, une note de synthèse, ce n’est normalement vu qu’à l’a fac’, non ?
- Les étudiants de fac’ sont aussi imbéciles que ceux du lycée, Mme Tomishori. Veuillez donc vous rasseoir, et noter les exercices. Cette note de synthèse aura une part importante dans votre moyenne. Si vous ne savez pas en faire une, je vous invite, soit à aller voir des bouquins dans la bibliothèque, soit à utiliser vos machines pour en trouver des explications. Voilà pour vos vacances. Comme vous avez encore une semaine de cours, vous lirez pour Lundi les pages 430 et 431 de votre manuel, et vous ferez les questions correspondantes. »
Il y eut des regards de reproches, mais aucune protestation. La dernière fois que les élèves avaient protesté, Ivy avait transformé une dissertation maison en dissertation sur table. Car, oui, avec Ivy, on faisait de tout. Aussi bien des exercices de restitution de connaissance que de dissertations. Les élèves détestaient profondément Ivy, mais ne pouvaient s’empêcher d’adorer ses cours. Comment résister aux spores de la femme ? Sans ces derniers, il est sûr que les élèves auraient depuis longtemps décidé de boycotter ses cours, des cours si élevés que les manuels d’Ivy étaient des manuels de facultés.
Conformément à ses souhaits, Mlle Kawashima resta assise, les élèves sortant rapidement. Une curiosité, que cette Satsumy. Elle était belle, une beauté, mais restait relativement seule et isolée, et était la meilleure élève de la classe. Elle avait obtenu une note défiant toute concurrence lors du précédent contrôle, un joli 15/20. Ivy avait donc demandé à s’entretenir avec elle. Les élèves partant, Ivy resta assise, jambes croisées, tandis que Satsumy s’approchait, parlant d’une voix calme et délicate.
« Oui, acquiesça-t-elle. Je t’en prie, assieds-toi, Satsumy. »
Cette dernière obtempéra sagement, prenant une chaise, et Ivy se pencha un peu, sortant un relevé de notes de la classe.
« En corrigeant les copies de ta classe hier soir, Satsumy, j’ai réalisé que tu avais des notes bien au-dessus des autres. Relativement inférieures par rapport à tes autres moyennes, mais, contrairement à mes collègues, je ne fais pas dans la facilité. Là où la classe a obtenu une moyenne de 7.5/20 à une dissertation sur la reproduction animale, tu as obtenu un 13/20. Et ta note actuelle est une très bonne chose. Je tenais à te féliciter, Satsumy, avoua Ivy en la regardant. Tu es une élève talentueuse… »
Dans une certaine mesure, Satsumy lui faisait penser à elle. Belle, intelligente, mais aussi renfermée, repliée sur elle-même.
« Est-ce que tu as déjà réfléchi à ton avenir, Satsumy ? De ce que je peux voir de ton dossier, les matières scientifiques semblent te plaire plus que les matières littéraires. Sache que ce n’est pas une conversation destinée à te noter ; n’hésite pas à te détendre, et à voir en moi autre chose qu’une senseï. Disons plutôt que tu m’intéresses… » fit-elle en souriant.