Pouvoirs ? Moi ? Maispasdutout ! ( PV )

Il était tard. Ou tôt. Tout dépend de la façon de voir les choses. Tard, si l'on n'est pas encore couché à 4 heures du matin, ou tôt, si on vient juste de se lever. Mais de toutes manières, ça n'a pas beaucoup d'importance pour la jeune fille qui flotte en ce moment au-dessus de son lit, vu qu'elle est toujours endormie. Ses cheveux blonds effleurent les draps froissés par ses soins. Elle s'élève toujours plus haut, jusqu'à hauteur du velux ouvert. Et lentement, le corps passe au travers du velux. Lentement, elle émerge à l'extérieur. Kara flotte. Elle ne vole pas tout à fait. Elle est profondément endormie. Quel tableau. Sa chemise de nuit, un grand tee-shirt d'homme trois fois trop grand pour elle, se colle à son corps avec la brise qui fait bouger ses cheveux.

Elle s'éloigne peu à peu de son loft, flottant au-dessus de la ville endormie. La ville qui se réveillait doucement. Le  son des sirènes de police se fit soudain plus présent, plus pressant. Mais Kara ne se réveillait pas. Le somnambulisme... Elle n'a jamais eu de crise avant, mais ça arrive à tout le monde. Marcher -ou voler- en dormant, c'est courant, non ? Personne ne s'étonne. Personne ne regarde. En fait, toute l'attention des quelques éveillés est dirigée vers un immeuble. Les flammes lèchent les étages inférieurs. Un hélicoptère est posé sur le toit. Des hommes masqués courent dans la cage d'escalier, tenant trois otages, et remontent vers cet hélico. Ils ont des Armes, avec un grand "a". Des mitraillettes, ce genre de trucs.

Et bizarrement, le corps endormi de la jeune femme flottait droit vers cette immeuble en proie aux flammes et aux méchants. Elle flotte au niveau du soixante-cinquième étage. En fait, elle va bientôt être à portée de vue des malfrats, qui arrivent péniblement au soixante-troisième-étage...

Ils étaient cinq et ce soir, c'était leur soir.
Un coup superbement orchestré qui devait leur rapporter des millions sans trop forcer. Le truc était simplissime, en vérité : ils s'étaient grimés en agent de nettoyage et de sécurité des locaux d'une grande banque et avaient pris en otage les membres du conseil d'administration qui ce soir devaient rester jusque tard pour une importante réunion où se jouait l'avenir de pays du tiers-monde et de plusieurs milliards de dollars. Les prisonniers en main, nos malfrats pensaient facilement pouvoir obtenir des bons au porteur et autres lingots d'or... Ce sur quoi ils avaient continué à avoir raison, avant que tout ne s'emballe.
Un des otages était parvenu à alerter la police qui était rapidement intervenue, forçant les malfrats à faire tout bonnement exploser deux étages qu'ils avaient complètement plastiqué pour couvrir leur fuite. Gagnant ainsi du temps, les malfaiteurs avaient contacté leur hélicoptère et entamé le petit voyage qui devaient les mener sur le toit.

Moi ? Pour une fois, j'étais occupé et avec une fille ! Une japonaise plutôt mimi et sexy, qui avait plus de seins que la moyenne nationale. Bon, je galérais encore avec le japonais mais mes écarts de langue semblaient lui plaire. Vous savez, le côté "mignon" et tout ! La soirée avait été looooongue, mais agréable. Sushi-bar, salle d'arcade (si si), rencontre avec quelques un de ses amis... Bref, tout allait bien et je m'apprêtais à la raccompagner chez elle lorsque nous passâmes devant un magasin de TV. Tout les écrans affichaient un flash-spécial concernant une prise d'otages de haute-volée et digne d'un film à l'américaine.
Ma petite amie semblait très excitée par la situation, mais moi je la voyais d'un mauvais oeil. Je ne pouvais pas laisser les choses comme ça, pas vrai ? Putain... J'allais conclure, quoi ! Ceux là, ils allaient manger. Sévère, en plus.
A contre-coeur, je dûs trouver un prétexte creux pour m'éclipser et me changer dans une ruelle. L'austère Kyle laissa sa place à Sentinel Prime, qui fila comme une flèche bleue vers le coeur de Seikusu.

Sans faire dans le détail, je passais à travers les fenêtres de l'étage où se trouvaient les vilains, mais sur le côté opposé. Filant à travers les bureaux sans faire attention aux dégâts matériel, je fondis sur eux dans un bruit de tonnerre. Ah ça, l'effet fût garanti et la distribution de pains commença avec générosité.
Celui qui me sembla être le chef passa deux étages en passant par le plafond. Rien de bien solide, heureusement pour son crâne.

- Soixante-quinzième étage, connard. Tout le monde descend !

Et HOP ! je le balançais à travers la fenêtre pour lui filer les chocottes, avant de filer pour le retrouver dans les airs afin de l'aggriper au vol. Et croyez moi, le gaillard ne faisait plus le malin, blanc comme un linge. Mais curieusement, ce n'était pas moi qu'il regardait alors que pourtant je le tenais par le col... En plein ciel.

- Elle a p-p-p-p-p-p-p-as d'cu-u-u-u-u-u-lotte !

- De quoi ? Non mais qu'est ce que tu raconte ? Tu as fondu ton boulon, conn..

Il me désigna un point par-dessus mon épaule, fébrile. Le plus vieux coup du monde, sérieux ? Il pensait que ça allait marcher ?
...Bon, oui. Mais j'avais toujours été curieux.
Tournant la tête sans trop y croire, je tombais nez à nez avec.. Ben..enfin...un entrejambe de nana. Comme ça, ouais. Une gonzesse volant le cul plus où moins à l'air et... Endormie ! Du moins avait elle les yeux fermés et l'air paisible. Sous le choc de la surprise, j'en laissais tomber le malfrat qui se mit à hurler dans sa chute.
Ca suffit à me réveiller moi-même et je filais le récupérer avant qu'il ne joue les crèpes sur le macadam. Nous remontâmes à hauteur de la jeune femme et j'envoyais sans ménagement l'homme dans l'immeuble, par le trou dont il était sorti.

- Le premier d'entre vous qui bronche, il déguste.

Bon, les malfrats étaient tous sonnés et les otages avaient apparemment prit la poudre d'escampette. A l'abri, probablement. Je verrais ça plus tard.
La nana volante, maintenant.
Je la récupérais avec précaution, la portant comme les mariés portaient leur élue pour la nuit de noces. Waouh... Jolie, avec ça. Et bien foutue de fond en comble ! Bon, je garderais cet élément là pour moi et allait tâcher de ne pas y penser.
Mon collant risquait d'un peu trop me mouler l'intimité si je laissais mes pensées s'égarer.

- Mademoiselle ? Mademoiselle ?

La secouant doucement, j'en oublais que les malfaiteurs n'étaient peut-être pas si sonnés que ça et qu'ils avaient encore leurs armes à portée de main.
Je ne cessais de pécher par assurance, mais bon...
La fille était vraiment mignonne.

Toujours au pays des rêves, Kara était étrangère au drame qui se déroulait non loin d'elle. Ni les cris ni la légère brise de la réveillèrent. Confortablement installée dans les bras de Morphée, elle restait imperméable à l'agitation de ce qui se passait autour d'elle. Et puis, ce n'était plus les bras métaphoriques de Morphée qui l'enserraient, mais bel et bien des bras humain qui venaient se glisser sous ses genoux et dans son dos. Et c'était bien une voix humaine qui l'appelait doucement, la secouant légèrement pour la réveiller.

Elle qui a d'ordinaire le sommeil lourd, voilà que pendant sa crise de somnambulisme plutôt étrange, elle s'éveille au moindre toucher. Elle étouffe d'abord un bâillement, comme si elle était dans son lit, et ne prend conscience de la présence du héros qu'en cherchant à s'étirer. Normal. Tout à fait normal. Elle reste inexpressive un instant, sous le choc, puis ouvre et referme plusieurs fois la bouche pour dire quelque chose sans qu'aucun son n'en sorte. Enfin, son regard se détache des yeux bleus de l'homme en costume, et se pose sur les alentours.

Et là, en réalisant où elle était, elle étouffe un cri en se mordant la lèvre et ses bras vont, automatiquement, s'accrocher à la nuque du jeune homme alors que son regard avise la marge qui la sépare du sol. Non, elle n'a pas le vertige. Mais se réveiller en plein ciel, c'est pas non plus anodin. Les yeux écarquillés au possible, elle s'accroche presque convulsivement au héros, frissonnant même légèrement compte tenue de la tenue légère.

- Ohmondieu. Ohmondieu. Oh. Mon. Dieu. Je... Vous... Merde alors, on flotte !

Les paroles se bousculent en sortant d'entre ses lèvres frémissantes. Elle souffle sur une mèche de cheveux qui la chatouille, et repose son regard sur le pauvre infortuné dont les épaules souffrent de la crispation de ses doigts. Elle-même ne s'en rends pas compte, mais elle fait preuve de plus de.. Force... Qu'un simple humain. Et elle se met à trembler légèrement. De froid.

- Ohmondieu.

Elle se répète. Mais son regard s'est à présent tourné vers l'immeuble dont les flammes des premiers étages commencent à monter, léchant la construction de béton. Face à elle, à eux, les malfrats s'étaient remis de leurs émotions et braquaient les mitraillettes et autre armes automatiques vers le couple en l'air.

- Ohmondieu. Ils vous nous canarder. Comme du tir au ballon sur la wii. Ohputain.

Et effectivement, c'est bien ce qu'avaient l'intention de faire les malfaiteurs. Le chef, d'ailleurs, braquait sa mitraillette en visant la tête du jeune homme. Kara était paniquée, mais elle essayait de se contrôler. Plutôt bien jusqu'à maintenant. Son ton n'avait pas encore grimpé dans les aigus, et elle avait encore la voix chaude et mélodieuse. Bien que le rythme de sa diction soit un peu haché.

- Faut s'bouger monsieur. J'ai pas envie d'finir en gruyère, et j'pense que vous non plus...

Le ton de sa voix virait lentement à l'hystérique, à mesure que son regard voyait les gestes des hommes en noir. Elle entendit parfaitement le déclic de la sécurité qu'on enlève. Elle ne se posa même pas de question sur comment elle faisait pour l'entendre. Elle crispa de plus belle les doigts sur le costume du héros et ferma les yeux en nichant sa tête au creux de son cou, comme pour se protéger. Raidie comme un piquet, elle attendit le déclic de la détente que l'on presse.

C'était mon heure, mon moment Prince Charmant.
Le superbe type qui était là quand la princesse se réveillait c'était pour une fois moi et je comptais bien en profiter pleinement. Hop, je me gonflais les muscles l'air de rien et affichait mon sourire le plus "beau-gosse innocent" destiné à faire tomber la belle comme une mouche devant mon charme. Je voyais d'ici le tableau : elle m'offrant son corps encore et encore pour me remercier de l'avoir sauvée, moi lui faisant l'amour comme un dieu des heures durant, elle en parlant à ses copines, moi faisant l'amour à ses copines. Bref, l'amorce d'un cercle vertueux qui allait faire de moi le mâle le plus courtisé de la planète ou au moins du Japon.
Lorsqu'elle s'aperçut de sa position, la jolie blonde m'aggripa le cou avec ferveur et force, se réfugiant contre moi du mieux qu'elle le pouvait. Ouais, se réveiller à plus de 300 mètres du sol devait tout de même faire l'effet d'une bombe et je ne pouvais que comprendre sa réaction tout autant que j'en profitais, sentant sa poitrine s'écraser contre mon torse.
"JOUR DE CHANCE" s'affichait en néons lumineux dans ma cervelle, tandis que je prenais une voix qui se voulait rassurante pour lui parler.

- On ne flotte pas, on vole. Bonjour, mademoiselle.

Bon sang, cette pression sur ma nuque ! Je l'ai sentie craquer ! Les bras de cette fille... Etait-ce seulement le stress qui lui conférait une force pareille ? J'en grimaçais. Entre ça et sa capacité à flotter, il me semblait clair que j'allais avoir à lui parler.
Tandis qu'elle approche à nouveau Dieu, je suis son regard et tombe sur la scène qui doit faire battre son coeur. Les malfaiteurs se sont relevés et ont réarmé leurs armes alors que l'incendie se propage. LE CON ! J'avais complètement zappé les flammes ! Avec ça, les otages ne risquaient pas de sortir du bâtiment. Le chef de bande me braque, mais je ne vois pas tout à fait quelle partie il vise. Pas que je ne suis pas invulnérable, mais si une balle ricoche sur moi, ma petite protégée pourrait en pâtir. D'ailleurs, son petit parallèle avec la wii m'arrache un petit rire amusé avant qu'elle ne suggère de fuir.

- Ca va aller, je ne laisserai personne vous faire du mal.

...Ce n'était pas TROP CLASSE comme réplique, ça ? SI SIIIIIIIIII ! Lancée avec assurance et ce petit sourire séducteur, je pouvais je crois me vanter d'assurer un maximum ! J'allais conclure ce soir, c'était sû-
Une balle, puis une autre. Elles nous frôlèrent, emportant quelques mêches de la blonde et sifflant à côté de ses oreilles. J'eu même l'impression qu'un des projectiles l'avait effectivement touchée, mais ça pouvait être un effet d'optique dû au stress, non ?
Toujours était-il que les suivantes seraient certainement beaucoup mieux ajustées et léthales. Vite, agir ! Lâchant les jambes de ma princesse volante, j'affirmais ma prise sur son buste en passant mon bras sous sa poitrine pour la maintenir plus fermement. Ma main libre se tendit rapidement devant moi et je pûs sculpter un mur de défense bleuâtre qui vint intercepter les balles qui étaient destinées à s'abattre sur nous.
Ouf.

- Je devrais vous déposer quelque part, mais le temps de l'aller-retour ces cinglés auraient tôt fait de retrouver leurs otages ou de les laisser brûler dans l'incendie. Alors excusez moi, mais vous allez m'accompagner. Ca ira, vous verrez. Je vous le promets.

Après lui avoir fait frôlé la mort par ma bêtise, j'étais tout à fait sérieux. Je n'avais plus envie de plaisanter où de prendre les choses à la légère. J'accumulais les erreurs bêtes et mettais de plus en plus de gens en danger... Quelle sorte de héros étais-je ? Mes paroles transpiraient la colère. La colère à ma propre encontre. Serrant les dents, je lui attrapais une main doucement et mêlait finalement mes doigts aux siens en la fixant.

- Laissez moi faire, je vais faire en sorte que vous n'ayez rien à craindre même si je dois tourner le dos.

Elle dû sentir la chaleur l'envahir. Douce, bienveillante. Je lui transmettais l'énergie qui caractérisait mes pouvoirs afin que cette dernière lui constitue une seconde peau. Elle ne pourrait pas la modeler ou l'utiliser comme je le faisais, mais les flammes et les balles n'auraient pas d'effet sur elle un temps durant. Je ressentis quelque chose de curieux pendant ce transfert. Quelque chose... Je ne sais pas. D'anormal. Peut-être ce qui expliquait qu'elle puisse voler ? Tant pis. Même si elle avait des pouvoirs latents, je ne pouvais en être sûr et il aurait été irresponsable de ma part de miser uniquement là-dessus.
Et voila, ma princesse sans culotte brillait d'une aura bleue protectrice. Ca devrait aller.

- Si ça tourne mal, filez. Ce pouvoir vous protégera assez pour que vous passiez à travers les fenêtres ou les flammes. Il va falloir me faire confiance !

Le déluge de balles continuait contre le mur que j'avais érigé et je n'arrivais plus à la quitter des yeux, ma main toujours dans la sienne. Merde, ce qu'elle était jolie... Je devais me reprendre ! A contre-coeur, mon regard la quitta pour se fixer sur les criminels et enfin ma main relâchait la sienne.

- Prête ?

Je n'attendis pas sa réponse et fonçait dans l'immeuble à toute vitesse, la jettant un peu malgré moi dans un coin de l'étage du bureau qui était déjà envahi par la fumée qui avait forcé les otages à quitter leurs cachettes.
De mon côté, je n'avais pas fais attention et avait entamé le rossage des criminels et tandis que je jouais du poing, j'espérais que tout se passerait bien. Ca serait rapidement fini avec ces types et m'occuper de l'incendie serait un jeu d'enfant, c'était sûr !

Applique toi, Prime !

On vole... Flotter, voler, c'est du pareil au même, non ?

Mais Kara ne dit rien, elle se contenta d'hocher la tête, ne relâchant pas son étreinte sur le jeune homme. Collée ainsi à lui, certaine de ne pas tomber, elle ressentait le corps du héros sculpté à travers son costume moulant. Pas désagréable. Elle en oublie presque le danger de la situation, mais tremble toujours légèrement. De froid et d'appréhension. Elle lui offre un sourire reconnaissant lorsqu'il assure ne laisser personne lui faire de mal. Dans d'autres circonstances, le sourire de l'homme volant la ferait fondre. Mais là, le risque était omniprésent. Et quelques balles les rappelèrent au présent. Les yeux fermés, les bras vissés autour des épaules de son sauveur, elle grimaça en entendant le sifflement des balles. L'une d'elle passa si près d'elle qu'elle eut l'impression d'avoir été touché. Mais en esquissant quelques grimaces avec son visage, elle ne constata aucune douleur trop foudroyante. Juste une sensation de... Chaleur... Comme si la balle l'avait heurtée, sans la blessée. Si ça se trouve, elle allait avoir un bleu le lendemain. La réalité était que la balle l'avait réellement touchée avant de tomber au sol, trente mètres plus bas. Mais à part une légère rougeur, elle n'avait aucune marque.

Le héros modifia alors sa prise sur la jeune blonde. Elle ne protesta pas, encore sous le choc. On lui avait tiré dessus. Enfin, on leur avait tiré dessus. Mais ses pensées étaient incohérentes. On m'a tiré dessus... Comme... On m'a prise pour un canard volant ! Mais quels malappris ! Ohmondieu. Heureusement que la sculpture grecque m'a protégée. Il a été touché ? Non. On dirait pas. Et ce.. Oh. D'accord. Il est pas humain à 100 %.

Elle ne broncha pas non plus lorsqu'il se saisit de sa main, après lui avoir dit qu'il allait devoir l'emmener avec lui pour la sécurité des otages, et qu'une étrange chaleur l'envahit. Elle réalisa un peu plus tard que cette douce énergie qu'il lui prodiguait l'enveloppait d'une étrange lumière bleue. Comme une aura. Kara sourit doucement. Elle commençait à se croire toujours dans un de ces rêves. Des flashs l'assaillaient parfois. Elle se voyait voler dans les cieux texan, mettre une branlée à des méchants pas beaux, etc.. Mais elle secoua la tête. Ce n'était qu'un rêve, n'est-ce pas ? Elle n'était pas dotée de fantastiques pouvoirs comme ce héros brun qui la soutenait. Elle se contenta de murmurer un vague " Hin hin ", lorsqu'il lui donna quelques consignes simples.

Le regard glacé de Kara semblait passer au rayon x les traits du jeune homme. Elle ne le faisait pas vraiment, non, mais elle le détaillait, comme pour ne pas oublier l'image de son sauveur. Elle émit un son étranglé lorsqu'il lui demanda si elle était prête, pouvant signifier oui et non. Et la jeune femme se roula en boule lorsqu'elle ne sentit plus les bras protecteur du héros la soutenir. Elle atterrit assez durement sur le sol, mais grâce à son réflexe, elle roula jusqu'à s'arrêter, sans se faire trop de mal. Pas qu'elle risquait grand chose en réalité, mais elle se croyait humaine, alors elle faisait gaffe.

La jeune blonde ne se souciait même pas de n'être qu'en tee-shirt. Elle leva la tête en apercevant un mouvement. Le héros en bleu et rouge se battait contre les méchants. Les otages, quelques personnes effrayées, fuyaient leurs cachette à cause de la fumée. Sans réfléchir, l'héroïne qui s'ignorait se dirigea vers un bureau renversé, où une jeune femme était coincée. Le bureau était trop lourd pour elle, et elle s'était sans doute brisé la jambe.

Utilisant un bout d'un autre bureau cassé comme levier, Kara aida la femme à ramper loin du bureau avant de relâcher le levier. Les otages grimpaient jusqu'au toi, espérant échapper aux flammes. Mais il y avait l'hélico sur le toit. Et possiblement une ou deux sentinelles. Kara l'ignorait, bien sûr, et pour échapper aux balles qui fusaient et aux flammes qui se rapprochaient, elle suivit les autres, entraînant avec elle la femme à la jambe blessée.

Heureusement, l'ascenseur n'était pas hors service. Dix étages à pieds, ça aurait été trop pour la blessée. Appuyant fébrilement sur les touches, elle cria au héros que s'il la cherchait, elle était avec les otages sur le toit. Et les portes automatiques se refermèrent. Et l'ascenseur monta. Il y avait en tout trois ascenseurs. Aussi, les autres étaient déjà partis. Kara et la femme étaient seules.

L'ascenseur se bloqua juste avant l'étage voulu. La femme paniqua. Kara aussi. Mais elle se reprit, et ne céda pas à l'hystérie comme elle en crevait d'envie. Elle se souvenait de films qu'elle avait vu. L'un d'eux, justement, parlait d'un type coincé dans un ascenseur en panne.

- On est coincées ! On va mourir ! Etouffées, brûlées, on va mourir !
- Chuuut ! J'ai une idée !
- Mais on va mourir !

Kara lui retourna un regard agacé, et leva les yeux au plafond. La trappe de l'ascenseur. Celle que le héros du film enlève pour monter. Elle sourit. S'agrippant aux rambardes qui faisaient le tour de l'ascenseur, elle se donna de l'élan et donna un grand coup de poing dans la plaque d'acier. Celle-ci vola et libéra le passage. La blonde s'étonna de la facilité de la chose, mais pensa qu'elle devait avoir été mal soudée. Elle s'accrocha à travers l'ouverture et se hissa sur le "toit" de l'ascenseur. Une fois montée, elle tendit la main à la femme qui avait cessé de gémir. Elle la hissa également, ne tenant pas compte de l'étrange facilité qu'elle avait à nouveau. Elles étaient juste à la hauteur des portes. Glissant ses doigts à travers l'interstice, Kara réussit à les écarter suffisamment pour que les deux femmes s'y glissent.

Elles se dépêchèrent d'atteindre le toit par l'escalier de service. Et tombèrent des nues en voyant la troupe d'otage tenue en respect par deux hommes armés. Immédiatement, la compagne de Kara leva les mains et se rendit. Kara, elle, fronça le sourcils. L'aura bleue que le jeune homme avait apposé sur elle brillait toujours. Il avait dit que ça la protégerait des flammes... Et des balles ? Elle l'ignorait. Elle préférait ne pas tester. Elle était courageuse, oui. Mais pas suicidaire. Alors elle s'agenouilla calmement, sous la menace de la mitraillette.

- Je me rends, enlever ce truc de ma nuque s'il vous plaît...

Elle fut conduite à l'écart des autres. La luminosité bleue la rendait suspecte, comme complice du héros qui l'avait sauvée. Ils n'avaient plus qu'à attendre le super héros et lui ordonner de se rendre où les otages seraient tués.

C'est mon jour de chance..., pensa ironiquement la petite blonde.

J'avais mal à la mâchoire.
L'un des types n'était pas tout à fait humain, en fait. Allez savoir d'où il sortait, mais alors que je m'employais à rosser ses petits copains rapidement et proprement pour aller m'occuper des otages et de l'incendie, il m'était tombé dessus comme la misère sur le pauvre monde et m'avait balancé un punch qui m'avait fait traversé l'étage de long en large avant de me faire m'écraser contre une poutrelle d'acier que je pliais à l'impact. Hmpf ! Ma tête sonnait comme les cloches d'une cathédrale et j'avais le cerveau un peu en compote, mais je n'eu pas le temps de me relever que déjà le type était sur moi, me chargeant comme un taureau furieux. WAAOH ! Le mec avait gonflé de partout et présentait à présent une peau verdâtre très mal assortie à ses muscles stéroïdés qui avaient prit énormément d'ampleur, à tel point que je passais à côté de lui pour une fillette maladive.
L'image me fît sourire, mais son coup d'épaule que j'encaissais tant bien que mal beaucoup moins. Merde, c'était possible de se transformer comme ça ? Ce con allait me casser quelque chose à me cogner comme un sourd !
Je décidais de lui rendre coup pour coup et nous commençâmes un affrontement de mano à mano que j'espérais rapide. Je n'oubliais ni les otages, ni le feu qui se propageait ni même ma blonde sans culotte. Tout ça devait rester ma priorité, pas ce gros balourd qui me saisissait par le col pour m'enfoncer de toutes ses forces dans le sol, nous faisant descendre en plein milieu des flammes dans un vacarme de tout les diables.

---

Le type n'avait pas ôté sa mitraillette de la nuque qu'il menaçait de cribler de balles. Bien au contraire, il l'appuyait avec davantage de force sur la peau du cou de la blondinette. Se penchant, il se mit à lui parler tout en lui postillonnant généreusement au visage en lui faisant profiter de son haleine chargée de nicotine.

- T'es une petite maligne, hein, sale pute ? Tu pensais pouvoir sauver le cul de ta copine ? TU PENSAIS POUVOIR BAISER ROGER-GUEULE-DE-LOUP, PETITE PETASSE ? Je vais te trouer, petite pute, t'entend ? Toi et le mec en collants avez fait capoter un coup RO-YAL ! TU VOIS MON PUTAIN DE FLINGUE, JE VAIS TE BAISER LE CUL AVEC, PETITE PETASSE ! T'ENTENDS CA ? T'ENTENDS ?

Roger était énervé, oui. Il ponctuait chacun de ses hurlements par une pression douloureuse sur le coup de la jeune femme et se retenait de lui éclater sa jolie petite gueule à coup de crosse. Car Roger était intelligent malgré tout et il ne voulait pas avoir un type volant sur le dos alors qu'il comptait fuir en hélicoptère. Non, ce serait les otages contre sa fuite. Avec ses millions.
Mais parce qu'il était salement en rogne, il lui attrapa sans douceur aucune les cheveux, la forçant à relever la tête pour le regarder avant qu'il ne lui lèche le visage. Les méchants des films faisaient souvent ça à la petite poulette, pas vrai ? Roger se sentait fort et méchant, ce soir. Et la blonde était une jolie petite poulette, pour sûr.

- Tu sais voler comme ton petit copain, pétasse ? J'espère pour toi qu'oui ! Il la força à se relever avant de lui déchirer le peu de tissu qui la couvrait, partant d'un rire gras et odieux en l'exhibant à ses camarades. On va t'aligner sur le rebord avec les autres otages et z'allez faire le grand saut ! D'ici à ce que ton mec vous sauve tous, on se sera barrés avec une petite assurance vie ! LES GARS, METTEZ MOI CES TROUS DU CUL SUR LE BORD !

Les gars s'excécutèrent donc, tandis que l'un d'eux faisait monter un homme dans leur hélicoptère. Un otage pour le "cas où".
Sous leur pied, le building tremblait de plus en plus.

- On dirait que la tarlouze en moule-boule a rencontré Diego, les gars ! Ouaiiis, notre petit mutant va lui aplatir sa gueule d'playboy... Du coup, on a bien cinq minutes. On va s'marrer, je me suis pas fait sucer depuis un moment !

Il balança la blonde à terre, aux pieds de ses camarades les plus proches. Un se mit à la tenir en joue pendant que trois autres approchaient en se marrant, ouvrant leurs braguettes à l'instar de Roger qui comptait bien s'occuper de la blonde, aura bleue ou pas.
Franchement, que risquaient ils tous face à une gamine sans défense ? Certainement pas grand'chose, et ils allaient prendre leur pied à la considérer comme un vide-couilles.

Et vu les tremblements qui continuaient de secouer l'immeuble, Prime n'arriverait pas à temps.

Ouch... La mitraillette lui faisait mal. Pas qu'elle risquait quelque chose, mais elle ressentait tout de même la douleur car elle se croyait humaine. C'est un peu comme les hypocondriaques et l'effet placebo. Les mecs se croyaient malades alors le cerveau produisait de quoi faire les symptômes. Et un verre d'eau présenté comme un médoc' les faisait miraculeusement guérir.  Et là c'était pareil. Elle se croyait humaine, donc elle croyait avoir mal.

Plissant les yeux et grimaçant sous l'haleine épouvantable du postillonneur Roger Gueule de loup, Kara était raidie pour ne pas être renversée sous la pression de la mitraillette renforcée à chaque cri. Son tee-shirt se soulevait parfois avec la légère brise, mais elle n'en avait cure. Elle n'était pas pudique de nature. Par contre, elle pouvait être très miss-prude lorsqu'elle s'y mettait. En réalité, elle ne l'était pas tellement. En fait, c'est juste qu'elle ne s'y intéressait pas. Elle avait déjà assez de problèmes avec son amnésie.

Elle poussa un gémissement étranglé lorsqu'il lui renversa la tête en arrière pour la faire le regarder. Elle grimaça de plus belle lorsqu'il lécha son visage. Eurk, eurk, eurk ! Sale cabot ! Elle n'appréciait pas ça du tout. Son regard perdit de sa résignation, et se durcit. Elle serra les dents pour s'empêcher de répliquer, et ne broncha pas lorsqu'elle fut obligée de se relever. Le tee-shirt ne lui manquait pas comme barrière à sa pudeur, mais plutôt comme coupe-vent. Elle frissonna de plus belle, et ravala une réplique cinglante. Il y avait d'autres vies en jeu que la sienne. Elle ne pouvait pas se permettre de jouer l'arrogante ou les vilains pas beaux pouvaient très bien les utiliser comme moyens de persuasion. Elle trébucha un peu lorsque l'immeuble trembla, et ne put donc se retenir à quoi que ce soit lorsque le Roger la poussa à terre. Elle aurait dû s'érafler les genoux en tombant ainsi, mais elle n'avait aucune marque. Elle se contenta de grimacer en étouffant un gémissement douloureux.

Elle n'avait pas tenu compte des paroles de l'homme, son regard étant fixée sur la femme blessée qu'elle avait aidé à remonter. Mais à présent, elle se les remémorait, et se raidit en leur jetant à tous un regard mauvais.

- Parce que vous imaginez que des trous du cul comme vous sont à la hauteur de mes talents ? Peuh !

Kara n'avait pu retenir la provocation qui s'échappa de ses lèvres aussi lestement qu'elle leur eut échappé s'il n'y avait la vie d'autres gens en jeu. Mais en même temps, c'était aussi bien qu'ils se concentrent sur elle. Au moins, les otages étaient saufs. Pour le moment. La blessée vacilla d'ailleurs, et un de ses collègues l'aida à se maintenir debout. Pendant que les hommes étaient focalisés sur la blonde à aura bleue, les otages en profitaient pour s'asseoir au lieu de se tenir debout sur le rebord. Ils cherchaient à s'éloigner, pour se placer de l'autre côté de l'hélico.

Quant à la Kryptonienne, elle se sentit d'humeur impulsive. Négligeant l'arme braquée sur elle, elle se redressa comme un ressort et bondit sur l'homme le plus proche, le renversant sous la surprise (et probablement aussi la force surhumaine qu'elle possédait en l'ignorant) et en profitant pour lui mordre méchamment la clavicule avant de rouler par-dessus lui, s'éloignant de l'hélicoptère (donc des otages) et des hommes.

- Bah alors, vous allez pas vous laissez faire par une nana à poil ?

Sa voix était légèrement aiguë, signe qu'elle agissait impulsivement mais qu'elle était un poil hystérique quand même. Cependant, son regard brûlait d'une lueur de défi. Elle essayait de gagner du temps, pour que le héros puisse battre leur mutant. Qu'il puisse faire ce dont elle se croyait incapable car trop humaine.

Elle tremblait. De froid. De peur aussi. Mais elle ne voulait pas leur laisser voir cette dernière émotion. Elle s'essuya le visage avec une moue dégoûtée, et continua de les harceler verbalement.

- Très sérieusement, avec tout cet argent, vous devriez vous acheter une hygiène les mecs. Si vos dents ne tombent pas dans quelques semaines, ce serait un miracle. Et vu la touffe de poil qui couvre votre matériel ridicule, j'pense que ça doit être infesté de bestioles. Pas étonnant que vous n'osiez pas sortir votre petit attirail devant les nanas sans les braquer avec un flingue !

Elle secoua la tête, comme si elle masquait un fou rire. L'un des subordonnés de Roger grogna :

- Mais la petite pute se rebelle ? C'est pas bien ça. Elle veut un peu de plomb dans la cervelle pour se montrer docile ? Parce que je peux lui rendre service à la petite garce...

Elle ricana. Roger paraissait sur le point d'exploser. Qu'on le ridiculise ainsi, qu'on se moque et qu'on mette en doute sa virilité, ça le tuait. Il fondit sur la jeune femme qui lâcha un petit cri aigu lorsque son poing heurta sa pommette. Elle se débattit, cherchant à filer en lui glissant entre les bras comme une anguille, mais il la bloqua en glissant son genou entre ses cuisses et en lui agrippant la chevelure d'une main. Elle grogna, comme un chaton mécontent, et le griffa en le giflant.

Mais déjà les autres étaient là. Le canon de l'arme se posa contre sa tempe. Elle se figea. Sa main vint s'enrouler autour du canon en plastique, mais elle n'osait faire des mouvements brusques. Malgré tout, elle n'avait pas envie de mourir. Cette aura bleue ne la protégeait peut-être pas des balles à cette distance. Les malfaiteurs éclatèrent de rire. Et Kara serra les poings de rage, sa main broyant alors le bout de la mitraillette. Elle se figea net. Les méchants aussi.

- Bah merde alors...

C'est exactement ce que pensait la jeune femme. Elle se dit que ça devait être un effet secondaire de l'énergie prodiguée par le héros. Et elle en profita. Elle tira la mitraillette et repoussa les hommes avec, les frappant où elle pouvait. Elle s'arracha à l'étreinte des hommes médusés,  et jeta l'arme de toutes ses forces. L'arme vola. Littéralement. Et elle atterrit deux immeubles plus loin.

Se rendant compte de ce qu'elle faisait, Kara écarquilla les yeux. Et grelotta. La nuit était fraîche à Seikusu quand même. Elle pria pour que le super-héros s'en sorte rapidement avec le mutant, parce qu'elle ignorait qu'elle allait être la réaction des braqueurs...

En colère, Roger était encore plus moche que de bonne humeur et même là, il faisait peur aux enfants.
Imaginez donc sa tête tandis qu'il écumait de rage contre la blonde qui lui avait filé entre les doigt et qui maintenant se montrait aussi forte qu'un buffle peroxydé ! Roger n'avait pas peur, non. Il était trop furieux pour craindre une fillette, surtout qu'il avait un monstre mutant comme Diego à sa botte. Ce qui le rendait dingue en vérité, c'était surtout que ses hommes allaient perdre en assurance et faire capoter pour de bon ce qui pouvait encore être sauvé de ce braquage de merde qui décidément tournait de plus en plus mal.
Tant pis, il allait agir. Dégainant un flingue qu'il avait à la ceinture, il tira au hasard en direction des otages et en toucha un, qui s'effondra. La balle lui avait perforé le crâne et les cris de ses compagnons d'infortune s'élevaient dans la nuit froide alors que Gueule-de-loup en menaçait un autre en fixant la blonde.

- On va te baiser, pétasse. On va tellement te baiser que tu ne sentira pas ta petite chatte s'élargir quand on calera nos queues dedans ! T'as des pouvoirs, pétasse ? Tu bronche, j'aligne un otage. Gentiment. On lui cassera juste les jambes, puis les bras, puis les doigts. Un par un. JE TE JURE QUE JE VAIS LE FAIRE, ESPECE DE PETITE PUTE ! TENEZ LA, LES GARS !

Et la blonde fût priée de s'allonger, les hommes l'écrasant face contre terre en veillant à juste lui relever le bassin tandis que Roger lui passait une main sans douceur sur les fesses avant d'approcher son sexe déjà bandé à l'idée de punir une jolie petite poule. Déjà son gland avançait, frôlait presque la délicate chute de reins.

- N'ouvre pas grand, surtout... Je vais commencer par défoncer ton petit cul bien serré, histoire de t'apprendre comment te comporter face à un homme !

Il ria. Un rictus fou dans lequel se mêlaient colère et excitation primaire. Il allait l'empaler, ça y était !

- Ro.... ger.

La  voix était grave, un peu lointaine. Inquiétante, également. Les compagnons de Roger tournèrent la tête en même temps que lui en direction de l'accès au toit, découvrant la masse bestiale et grotesque de Diego le mutant qui avançait vers eux en boîtant, couvert de sang et un des bras visiblement cassé puisqu'il était plié selon un angle impossible. Roger ria encore, assénant une claque virulente aux fesses dressées face à son sexe.

- Diego, tu arrive à temps pour la fête ! Tu l'a dégommé, la tarlouze ? C'bien. Sort le bras qui te sert de chibre et vient profiter de ce petit cadeau !

Une nouvelle claque sur le postérieur de la jolie blonde, toujours tenue en respect. Roger se délectait d'avance du spectacle de ce petit cul littéralement déchiré par le chibre démesuré de son mutant. Ce dernier appréciait ce genre d'excercice odieux en général, mais l'invitation de Roger ne trouva pas d'écho. Diego se contentait d'avancer un peu lamentablement, son bras cassé et sa carrure animale le rendant plus sinistre qu'a l'accoutumée.
Il cracha un peu de sang lorsqu'il recommença à parler.

- Ro...ger...ca...fait...maAaaAAAaal !

Il n'ajouta rien et s'effondra lourdement dans un râle ressemblant à un gargouillis de noyé, arrachant aux malfrats une exclamation oscillant entre protestation et inquiétude. Alors que Roger cherchait quelque chose à dire, deux des crânes appartenant aux types qui maintenaient la blonde en respect se rencontrèrent avec force, les assommant sur le coup. Le troisième se plia en deux alors qu'un coup de poing lui percutait l'estomac et Roger ne pût que voir l'homme en collants qui relevait avec mille précautions la jeune femme, une lueur de fureur dans les yeux.

----

J'étais rivé sur lui, les dents serrées et les muscles tendus.
Après avoir aidé la jeune femme volante à se mettre sur ses deux jambes, je l'avais prise contre moi et serrée d'un bras aussi ferme que tendre. Du moins espérais-je qu'elle le comprenne comme ça... Je m'en voulais terriblement de l'avoir mise dans une pareille situation et j'en voulais à cette ordure qui se tenait encore la queue en me regardant d'avoir osé agir de cette façon.
Tandis que je caressais doucement le dos de la demoiselle, l'aura qui l'avait recouverte jusque là se fît plus opaque et s'improvisa vêtement le temps d'un moment. Habillée de lumière bleue et blanche en quelque sorte, elle avait le droit de retrouver son intimité.

- Désolé, lui glissais-je à l'oreille d'une voix douce, je ne peux pas faire plus pour le moment.

J'avais affronté le mutant à travers les étages et était parvenu à lui briser un bras tout en lui portant des coups assez sévères. Ses organes avaient certainement cédé sous les chocs répétés et il était remonté de lui-même vers le toit lorsqu'il s'était senti en danger de mort, me laissant le temps de m'occuper de l'incendie. Afin de surprendre les bandits, j'étais passé par une fenêtre pour arriver sur eux par le ciel, d'où j'avais vu le traitement qu'ils avaient infligé à cette drôle de fille.
L'effondrement du mutant m'avait donné l'ouverture nécéssaire pour me débarasser d'eux sans risquer de faire courir un risque à leur prisonnière et j'en étais là à chercher ce que j'allais faire du chef de la bande.
Tirant un rayon d'énergie dans les pales de l'hélico, je m'assurais qu'il ne décollerait plus et avançait vers l'homme qui lui commençait à reculer. Il tenta bien de me tirer dessus, mais je dégageais l'arme d'un revers de la main, lui brisant certainement le poignet dans le même temps.

- Tu es une ordure et tu va payer pour ce que tu as fait ce soir. Tu ne manquera à personne, raclure.

L'attrapant par le col, je le levais au-dessus du sol avant de regarder au loin. Le balancer en bas me serait si facile, si libérateur...
J'hésitais, puis armais finalement mon geste lentement. Je voulais bien être un meurtrier pour ce genre d'enfant de putain.

Un cri terrifié échappa à Kara alors que l'otage s'effondra. Elle écarquilla encore plus les yeux, si c'était possible, et pâlit considérablement. C'était de sa faute si l'otage était mort. Elle avait trop joué avec le feu à énerver le Roger. C'était entièrement de sa faute. Mais elle ne parvint pas à pleurer. Peut-être parce que ça c'était passé trop vite. Peut-être aussi parce que la succession d'évènement suivants ne lui en laissa pas le temps.

Parce que juste après la tirade du chef des vilains pas beaux, ses complices agirent. Forcée de s'allonger, dans une position dégradante, l'héroïne qui s'ignore garde son regard fixé sur les otages. Parce qu'elle ne veut pas d'autres morts inutiles. Elle réagit à peine aux odieuses paroles du Roger, préférant s'isoler mentalement.

Mais les sales pattes du bandit sur elle la firent serrer les dents. Elle était toute raidie, prête à s'enfuir. Et pourtant, elle n'esquissait aucuns gestes de fuite. Elle se laissait faire, pour la survie des innocents. Une voix étrangère la fit lever son regard du groupe d'otage pour se porter sur le nouvel arrivant. Il avait dû souffrir. Mais si le mutant était là... Kara n'avait aucune chance de revoir le héros si bien foutu... Et si le mutant était aussi amoché, elle n'imaginait même pas son adversaire.

Elle étouffa tant bien que mal un cri lorsque Roger abattit une de ses énormes mains (pour la jeune Kryptonienne) sur ses fesses. Elle pâlit encore plus à ses paroles, n'osant imaginer la taille de ce qu'il avait dans le pantalon. Elle serra les dents pour réprimer un nouveau cri alors que Roger réitérait, et tremblait de tout son corps en appréhendant la suite.

Mais le monstre, le mutant, n'avança que peu avant de s'effondrer, sans doute à bout de forces. Kara eut un peu de mal avec la suite, ne comprenant pas lorsque la force brute des hommes qui la maintenaient dans cette position peu flatteuse se relâcha. Mais elle comprit vite lorsque son héros en collant l'aida à se redresser. Elle tremblait toujours, et accueillit avec joie et soulagement cette étreinte réconfortante. Elle ne cilla même pas lorsque la luminosité se renforça, masquant son corps nu. Elle s'agrippa au super héros comme à une bouée de sauvetage, se remettant lentement de ses émotions. Elle était contente qu'il soit arrivé, contente qu'il n'ait rien.

- Merci. Merci beaucoup.

Elle laissa le héros s'occuper des méchants et couru voir les otages. La femme blessée s'était évanouie. L'homme au crâne perforé gisait juste à côté d'elle. Ce devait être trop d'émotion pour elle. Les autres étaient prostrés également. Kara fit de son mieux pour les rassurer. Elle se retourna ensuite brièvement pour observer les méchants se faire ratatiner par le surhomme.

Il était occupé avec Roger. Il allait le tuer. Kara aurait voulu jubiler, mais elle était trop bonne. Et la mort d'un être, aussi abject fût-il, ne la réjouissait pas. Elle grimaça, puis couru vers le héros. Elle s'accrocha à son bras, l'implorant du regard.

- Attends... Attends... Il n'en vaut pas la peine. ce n'est qu'un misérable ver de terre. la.. La police s'en occupera hein... Les autorités se chargeront de le mettre au trou pour un moment. Braquage, meurtre, tentative de viol... Il a tout pour y rester une bonne trentaine d'année. Il y crèvera peut-être même vu le peu d'hygiène qu'il a. Ne... Salis pas ta conscience pour ce type...

Un beau et grand discours. Dans le feu de l'action, elle avait tutoyé son sauveur. Elle espérait le convaincre. Surtout que s'il faisait ça pour la venger... Elle n'en valait pas la peine. Mais elle tut cette dernière pensée, et se contenta de ce qu'elle venait de dire.

- Tu vaux mieux que lui et ses complices. Tu es un héros. Tu m'as sauvée. Deux fois, même si le pourquoi du comment on s'est retrouvé à voler devant l'immeuble m'échappe. Tu es un .. euh.. Un homme bon. Un héros au coeur pur. Non ?

Avec la force que j'avais réuni dans mon bras, j'étais prêt à envoyer Roger sur Mars.
Celle qui le sauva fût la dernière personne que j'aurais imaginé venir à son secours : la jolie blonde. Elle s'aggripa à mon bras avant de me lancer un regard plein de clémence qui parvint à adoucir le mien même si je n'en étais pas encore à relâcher ma prise sur l'homme qui tremblait de tout son long, remerciant même la demoiselle entre deux gémissements apeurés. Décidément, ce mec bouffait à tout les râteliers sans hésiter.
Quand la jeune femme étala les arguments qui plaidaient en faveur de la survie de Roger, je la regardais en haussant un sourcil. Ce type avait été à deux doigts de la violer une minute ou deux auparavant et pourtant elle était entrain de lui sauver la vie ? Je ne savais pas trop quoi penser et j'allais poliment la rembarrer quand elle déploya de nouveaux mots qui me touchèrent directement. Elle me considérait comme...comme un héros.
Oui, bien sûr que c'était ce que je voulais être ! Mais mon inexpérience et ma bêtise l'avaient entraîné dans un pétrin qui aurait pût la briser tant physiquement que mentalement et je ne pensais plus qu'à ça. Si j'étais arrivé deux minutes trop tard ? Si je n'avais pas pû arriver ? C'était moi qui l'avait amenée dans le building et j'aurais été aussi responsable de son viol que Roger.
L'idée me hantait et motivait ma colère contre le malfrat qui encourageait du regard la blonde, espérant sûrement qu'elle parvienne à me convaincre.

Je la fixais, la fixais, la fixais... Et envoyais finalement Roger valdinguer contre un mur. Pas de quoi le tuer, mais simplement de l'assommer avant de me passer une main sur la nuque en soupirant. J'allais dire quelque chose, mais quelques otages s'approchèrent de nous deux et... Une femme sauta au cou de la blonde en pleurant, la remerciant. En fait, ils la remercièrent tous les uns après les autres, saluant son courage avec sincérité. Hey ! Avec cette tenue de lumière et son joli minois, elle me fît l'effet d'un ange.
Un homme me donnant l'accolade me tira de ma contemplation.

- C'est votre petite amie ? Chouette, elle est du même calibre que vous, Sentinel !

- Non, c'est...euh...enfin...

Je cherchais mes mots en la regardant, avant de conclure ma phrase en souriant.

- ...C'est l'héroïne du jour.

Le type approuva et lança un hourra pour la jeune femme, reprit en choeur par les autres. J'ignorais ce qu'elle avait fait mais son courage avait surpris tout le monde, semblait il. Sacrée gonzesse ! La laissant à son succès, j'allais farfouiller l'hélico pour y trouver de quoi ficeler les bandits.
La suite se passa beaucoup plus tranquillement que jusque là. Je descendis les otages deux par deux en commençant par la femme blessée et terminait par la grappe de malfrats que je remis aux autorités accumulées en bas du building. Les pompiers et ambulanciers s'occupaient des otages enfin libérés et finalement, je pris la blonde dans mes bras comme au moment de notre première rencontre pour la faire descendre en dernière, princière. Curieusement, je n'avais pas envie de me presser et le vol de retour au sol fût plus lent qu'il n'aurait dû l'être.

- Merci d'être intervenue, tout à l'heure. Sans vous... J'aurais certainement fais une chose que j'aurais regretté. Vous avez été d'enfer, là-haut !

Je la regardais, hésitant un moment, puis je me lançais.

- Si je vous dépose en bas, vous devrez répondre à des tas de questions et tout... Si vous voulez...euh...je vous dépose chez vous...et euh...enfin...votre copain n'aimera peut-être pas que vous arriviez nue dans les bras d'un autre homme, je sais...mais bon...euh...

Décidément, il allait falloir que j'apprenne un peu à draguer, moi.

Le héros n'avait pas l'air de comprendre sa démarche. Mais, au fur et à mesure que Kara avançait dans ses arguments, il sembla se résigner à ne pas commettre de meurtre. Et pour finir, il balança Roger contre un mur. Le méchant aurait une bien vilaine bosse lorsqu'il se réveillerait en prison. Tant mieux pour lui, c'est un moindre mal comparé à ce qui aurait pu lui arriver.

Ayant fini son plaidoyer, et étant contente qu'il ait porté ses fruits, la Kryptonienne allait se réfugier dans les bras du sauveur comme tout jeune femme fragile respectable, mais malheureusement, un imprévu l'en empêcha. Une femme lui sauta au cou, la remerciant en pleurant. Maladroitement, la blonde tapota le dos de la femme, murmurant que ça n'était rien. Elle rougissait à vue d'oeil, très embarrassée par ce déluge de remerciements qu'elle n'attendait absolument pas. Tous les hourras des otages la rendirent nerveuse, mais elle leur sourit doucement. Elle n'était pas à l'aise. Elle n'avait rien fait d'extraordinaire d'après elle. Juste son devoir de citoyenne. Elle avait eu très peur également. Elle avait même été terrifiée. Et elle se sentait coupable. Si elle n'avait pas été si téméraire, l'otage tué serait encore en vie. Mais au lieu de ça, elle avait agi bêtement.

Pendant qu'on la félicitait de toutes part, une erreur selon elle, le véritable héros descendaient les otages deux par deux, puis les malfaiteurs. Kara, elle, s'était accroupie près du mort. Se mordant la lèvre pour retenir ses larmes, elle murmura des excuses et passa ses doigts sur les paupières de l'homme pour lui fermer les yeux, marmonnant rapidement une petite bénédiction. Elle n'était pas croyante, mais la croix autour du cou de l'homme attestait que lui, si. Alors pourquoi lui refuser ce en quoi il croyait ? Elle espérait qu'il ait trouvé la paix là où il était à présent.

Lorsque le héros revint la chercher, elle se laissa porter sans résistance, toujours sous le choc. En fait, elle se raccrocha à lui comme précédemment, ayant besoin de réconfort. Elle secoua la tête en lui souriant timidement.

- Je n'ai rien fait d'extraordinaire. J'ai... Juste pensé que vous agissiez sous le coup de la colère, après ce que cet horrible homme avait fait... Je suis contente de vous avoir épargné des regrets...

Elle réfléchit ensuite. Mais sa décision fut vite prise.

- Je préfère que vous me déposiez chez moi.. Je... Je ne suis pas... Cet homme.. Il est mort... A cause de moi... Je suis coupable... Si je n'avais pas.. Si je m'étais contentée d'obéir il... Il ne... Il ne serait pas mort...

Ses derniers mots s'étranglèrent dans sa gorge alors qu'elle luttait contre les larmes qui embuaient son regard. Elle resta silencieuse un bon moment, à se calmer, serrant convulsivement les épaules du héros, avant de poursuivre, la voix légèrement brisée.

- Excusez-moi... Vous devez me trouver bien pitoyable... Je.. Euh.. J'habite dans le quartier Français. Le dernier étage du plus haut immeuble. Et... Je n'ai pas de petit copain à m'attendre dans le loft. Je vis seule. Avec quelques animaux que j'ai recueilli par pitié parce que ça me faisait mal de les voir errer dans les rues et se prendre des coups par des abrutis.

Elle rit brièvement, timidement, et leva ses yeux rougis vers le jeune homme.

- Voudriez-vous... Prendre un verre ? J'aimerais vous remercier. Pour tout. J'ai aussi du café, même si je n'en bois pas. Ou du thé. Ou du chocolat. Ou du jus d'orange, ou même des alcools si vous le désirez...

Elle conclut son invitation par une ébauche de sourire.

A tout ce qu'elle me dit, je ne répondis d'abord rien et arrêtais mon vol.
Et là, à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol d'où nous regardaient tant les badauds que les secouristes, je profitais d'un moment pour la serrer contre moi avec force et tendresse. Je n'avais pas vraiment réfléchis et pour une fois, cet acte n'était pas calculé pour m'attirer d'éventuelles faveurs ou un peu d'attention, non. La jeune femme que je serrais ainsi contre mon coeur m'avait simplement semblée perdue, seule et fragile. Au sortir de cette soirée mouvementée qui avait été pour elle source d'émotion, j'étais la seule chose concrète à laquelle elle me semblait pouvoir se rapprocher.
Je...j'ignorais si elle avait un besoin réel de cette tendresse, pour tout vous dire. Mais je crois que moi, j'en avais besoin. Pour m'excuser d'avoir tardé à la sauver, pour m'excuser de l'épreuve que mes actes un peu inconsidérés avaient fini par lui infliger. Ma gorge s'était serrée lorsque j'avais vu sa détresse et les larmes qui tentaient d'envahir son joli regard et qu'elle contenait à grand'peine.
De nous deux à cet instant, je n'aurais pas sû dire qui avait le plus besoin de l'autre.

J'avais relâché mon étreinte et prit de l'altitude, puisqu'elle avait demandé à ce que je la ramène chez elle. Dans le ciel de Seikusu depuis lequel nous dominions la ville, je me sentis enfin capable de reprendre la parole alors que j'entamais le petit voyage qui nous menerait vers le quartier français. Vers le dernier étage du plus haut immeuble.

- Cet homme n'est pas mort à cause de vous, mademoiselle. Vous n'avez pas pressé la détente. Vous avez fait à ce moment là ce qui vous semblait juste et c'est le plus important. Ces types auraient tué tout le monde afin d'être sûrs de pouvoir fuir, vous savez. Le temps que vous avez sû gagner, ce sont aussi des vies que vous avez sauvées. N'oubliez jamais ça, sinon vous deviendrez folle.

Une vie pour plusieurs autres. C'était cruel, c'était immoral. Mais parfois, c'était nécéssaire et comme elle, je l'avais appris à mes dépends. Mes premiers sauvetages ne s'étaient pas fait sans erreurs, sans sacrifice. Tout les pouvoirs du monde ne pouvaient pas sauver systématiquement les innocents, même si je l'avais voulu aussi fort que ma protégée était triste.
Sa petite anecdote sur les animaux qui parcouraient son appartement parvint toutefois à désarmorcer un peu la morosité de la situation et je me laissais rire. Un peu.

- Vous avez vraiment l'étoffe d'une super-héroïne, vous ! Vous n'avez jamais pensé à enfiler des collants ultra-moulants ? Je la regardais et lui offrait un petit sourire taquin. Je suis sûr que ça vous irais à la perfection !

Oh... Elle me proposait un verre. De rester un peu, en somme. Je n'étais pas coutumier du tout de ce genre d'invitations, que ce soit dans ma vie civile ou dans ma vie "publique". Etait-ce très correct d'accepter, était-ce bien malin de refuser ? Je restais un homme et... J'avais envie de passer un peu de temps avec elle. Mais elle ne cherchait que la compagnie du héros. Pas de l'homme derrière.
Je me promis de ne rester qu'un petit moment.

- Un chocolat chaud, alors. Ah, voilà, nous arrivons.

Il me fallu un instant pour trouver la fenêtre ouverte qui l'avait sûrement laissée filer par le ciel durant son sommeil. Je la déposais dans sa chambre sans y entrer, préférant rester dehors.

- Je ne vais tout de même pas visiter votre chambre comme ça, c'est privé ! Je vais passer par le balcon, si vous voulez bien aller m'ouvrir.

Un sourire et je redécollais sans vraiment lui laisser le temps de répondre. J'avais besoin de souffler un coup avant d'entrer chez elle et de me poser mille questions sur ce que j'allais bien pouvoir dire ou faire. Bah, qu'importait ? Elle invitait Sentinel Prime, pas Kyle. La différence avait son importance et en ce sens, je n'aurais certainement pas trop à parler.
Voilà que j'atterissais sur le balcon, me passant une main sur la nuque en soupirant doucement. Quelle soirée, vraiment...

L'étreinte du héros lui fit du bien. Elle s'y abandonna totalement, réprimant ainsi ses larmes. Kara était heureuse de sa présence. Elle ignorait toujours comment elle avait été mêlée à tout ça, mais quoi qu'il en soit, il était la seule chose tangible à laquelle se raccrocher, l'incarnation du courage, de la probité.

La Kryptonienne hocha légèrement la tête, pour montrer qu'elle comprenait ce qu'il lui disait. Mais le fait était qu'elle se sentait tout de même responsable. C'était une émotion qu'elle ne contrôlait pas. C'était... Physiologique. Elle ne savait comment l'exprimer. mais au moins, les paroles du super héros la réconfortait un peu. Elle sourit doucement.

Et elle rit encore une fois. Son trait d'humour la détendit. Elle se mordilla la lèvre en réprimant un gloussement.

- J'dois en avoir une paire dans mon armoire... Merci du compliment monsieur le héros..

Elle hocha fermement la tête.

- Chocolat chaud. Bon choix. Merci. mais vous pouvez...

Rentrer par là... Trop tard, l'homme volant s'était déjà éclipsé. Elle haussa les épaules et voulu se dépêcher d'aller lui ouvrir la porte vitrée menant au balcon. Mais au passage, elle s'arrêta devant son armoire et enfila en vitesse un ensemble de sous-vêtement avant de sauter dans un jean bleu délavé, du genre slim, taille basse et assez moulant comme à son habitude, et de passer un débardeur noir. Plus à l'aise, elle glissa ses pieds dans des chaussons. Deux pantoufles qu'on lui avait offert. Elle ne savait plus qui, ni quand. Mais les chaussons étaient chauds bien qu'enfantins. Elle se passa une main dans les cheveux et trottina jusqu'au salon, en passant dans un couloir où, mis à part la porte de sa chambre, se trouvaient trois autres portes fermées. Une chambre d'amis. Une salle de bain/toilette. Un bureau. Elle arriva dans le salon aux tons flamboyant. Un canapé dont la structure était en chêne massif, avec des coussins rouge assez sombre, un tapis rouge plutôt écarlate tapissait le sol. Il y avait également des poufs orangé, des chaises en bois teint, un écran plat, une chaîne stéréo et une table basse en-dessous de laquelle étaient rangés DVD, CD, cassettes, etc... Les murs étaient peint en jaune pâle, et les portes avaient des bordures rouge sombre tout en étant de même teinte que les poufs. C'était chaleureux, accueillant. Mais simple et pratique. Elle passa devant le canapé pour ouvrir la porte vitrée. Face au balcon, il y avait une grande bibliothèque, remplie de bouquins. De tous les genres. Des livres d'Auteurs, de science fiction, d'Histoire, des contes, des policiers, etc... Mais nul part, ni sur les murs, ni sur les meubles, il n'y avait de photos. Tout simplement parce qu'elle ignorait qui était sa famille, qui étaient ses amis, et une bonne partie de son passé.

Après avoir ouvert la porte vitrée avec un sourire pour le héros, Kara glissa une caresse sur la tête d'un chaton blanc et roux qui sommeillait sur le dossier du canapé. Il y avait quatre petites "niches" un peu partout dans le salon. Deux autres chats, un angora blanc et un petit chaton tout noir mais un peu amoché, avec pleins de bandages, étaient couchés sur la table basse. Et un quatrième chaton sortit de la chatière installé sur une des portes près de la bibliothèque. Cette porte menait à un débarras où Kara avait entreposé les litières. La porte à côté menait à la cuisine. Un chien en sortit, se léchant les babines. Un golden retriever de six mois. Suivit de près par un petit shi tsu blanc et noir.

Oui, Kara aimait les animaux. Elle sourit au jeune homme en s'éloignant vers la cuisine.

- Installez-vous, je vous en prie. Je vais faire deux chocolats chauds.

Elle poussa la porte d'où venaient les deux chiens, l'ouvrant en grand, et sortit deux tasses d'un placard en cèdre. Deux gros mugs. L'un rouge, avec de jolies flammes stylisées tout autour, ainsi que le nom de Kara en noir. Et l'autre était noir, avec des motifs celtiques en blanc dessus. Elle mit rapidement quelques cuillères de chocolat au fond de chaque tasse, les remplit de lait, et les mit au micro-onde.

- Vous... Faites souvent ce genre de choses ?

Oui, tout en préparant, la jeune femme essayait de faire la conversation, curieuse. Elle se tenait dans l'encadrement de la porte en attendant que les tasses chauffent, et adressa un sourire radieux au héros. Elle était chez elle, en sécurité, loin de ces malfrats et de toute cette agitation. Elle était à l'aise. Le micro-onde sonna. Kara se détourna le temps de prendre les deux mugs, et referma la porte de l'appareil d'un coup de talon en se retournant pour rejoindre le héros au salon. Elle déposa les chocolats sur la table basse, et se mordit doucement la lèvre avant de reprendre :

- Au fait... Je m'appelle Kara. Merci encore, pour tout.

J'étais entré dans son salon après m'être assuré que personne ne nous observait depuis l'extérieur. Inutile que ses voisins la voient se faire escorter jusqu'à chez elle, aprés tout ! La demoiselle n'avait certainement pas besoin qu'on lui prête une quelconque réputation et ne semblait pas interessée par une célébrité artificielle parce que les tabloïds l'auraient présentée comme étant "la copine de Sentinel Prime". Elle n'aurait peut-être pas trouvé ça flatteur et ça lui aurait certainement attiré par mal d'ennuis puisque je ne comptais pas dans mes relations de travail que des "amis".
Une paire de désaxés aurait été satisfait de pouvoir s'en prendre à la jolie blonde sous pretexte de m'en mettre plein la tronche à moi. Bah.... Je n'aurais jamais de copine officielle, parti comme c'était parti.

Je lui avais rendu son sourire bien volontiers, avant de balayer la pièce d'un regard pour en apprécier l'atmosphère tranquille et chaleureuse. L'aménagement était sobre mais efficace  et donnait envie de rester un peu, tout simplement. Mince, mon appart' était à des années-lumière de ce coin de paradis, avec mon foutoir sans nom ! Elle allait me filer des complexes, à ce rythme. Curieusement, quelque chose semble ne pas aller. Cet endroit possédait un "manque", quelque chose qui clochait. Alors que je cherchais à déterminer quoi, je réalisais que l'endroit s'était rempli d'animaux que je n'avais jusque là pas vus. Donc non, ce joli minois blondinet ne vivait pas seule... Héhé, sa compagnie n'était pas causante mais ne m'en voudrait certainement pas d'être planté dans le salon, tout les muscles joliment moulés dans mon collant.
D'ailleurs, je n'avais pas l'impression qu'il y ait une trace masculine dans l'endroit. Rien qui permettait de dire que mon hôtesse partageait son temps libre avec un compagnon plus ou moins régulier, qui me soulagea. Bravo, SP, bel état d'esprit ! Ca aurait changé quoi, qu'elle soit en couple ? Tandis qu'elle me proposait de m'installer et que je la remerciais d'un nouveau sourire en prenant place sur le canapé, je pestais contre moi-même et me passait une main lasse sur le visage.
Mince... Mon costume était salement déchiré, en fait ! Je n'avais pas réalisé qu'au niveau du torse, il ne couvrait plus grand'chose. Bon, tant pis.

- Ce genre de chose ? Sauver des somnanbules volantes et faire avorter des prises d'otages ? Je lui fis un clin d'oeil. Tout les vendredis ! Plus sérieusement, non. Pas autant qu'on pourrait le penser, mais de trop nombreuses fois pourtant. Quoique vous êtes ma première somnanbule déculottée.

Riant doucement, je la détaillais tandis qu'elle se tenait dans l'encadrement de sa cuisine après avoir préparé les chocolats. Joli brin de fille, en vérité. Joliment fichue, je l'imaginais superbe dans un peu de lingerie.... Ou en costume moulant d'héroïne. Marrant, je n'avais jamais vu ma tenue comme quelque chose d'érotique jusque là mais maintenant, je crois que j'aurais bien voulu la voir portée sur une fille de son calibre.
Bah, je serais plus malin de laisser mes idées obscènes au placard. Quand je bandais, ça se voyait immanquablement.
Préférant me calmer, j'attrapais la tasse en la remerciant d'un sourire, avant de souffler sur le chocolat sans cesser de l'observer. Wahou... Le coup de la lèvre mordillée, c'était très sexy. Je lui répondis l'esprit un peu ailleurs à cause de ça, d'ailleurs.

- Moi, c'est Kyle.

Au moment ou mon prénom passa mes propres lèvres, j'ouvris grand les yeux. Quel con !  Spontané comme ça l'avait été, j'aurais du mal à lui faire croire que c'était une blague ou un mensonge. Tant pis, il n'y avait plus grand'chose à faire.
Prenant une gorgée de chocolat, je la regardais.

- Gardez au moins ça pour vous, Kara. S'il vous plaît. Et je ne parlerais de vos chaussons à personne, histoire de ne pas ruiner votre image de sex-symbol.

Les Bob l'éponge à ses pieds ne m'avaient pas échappés, bien sûr ! Pas plus que les lignes que lui faisaient son jean ou son débardeur, pour tout vous dire. Héros ou pas, je n'en restais pas moins un homme !

- Votre petit copain ne risque pas de s'étonner de vous trouver dans le salon avec un type au costume déchiré ?

La transition était grosse et le sujet maladroit, c'est vrai. Mais la question me trottait dans la tête bien que je me doutais qu'elle ne soit pas seule. Dans mon esprit, les jolies filles traînaient avec de beaux mecs pour partager une histoire idyllique et trop classe, du genre série à l'américaine.
Alors pourquoi cette Kara serait elle différente de l'idée que je m'en faisais ?

Si Kara devait décrire son héros du soir en quelques mots, elle lui octroierait l'humour et l'amabilité en premier. Et puis aussi la plastique avenante. Comme quoi, être un héros, ça muscle le corps. Elle sourit franchement lorsqu'il répondit à sa première question par un trait d'humour. Elle rougit d'ailleurs un petit peu, mais plutôt parce qu'elle était gênée qu'il sache qu'elle dormait avec un long tee-shirt uniquement et rien d'autre que parce qu'il avait sans doute vu de ses propre yeux cet état de fait.

Tout en buvant un peu de son chocolat, elle s'était présentée. Mais elle n'avait pas fait ça dans le but de connaître l'identité secrète du héros, non. La Kryptonienne avait juste.. Voulu se montrer polie et, en bonne hôtesse de maison, révéler au moins à qui est-ce qu'il avait à faire.. Et peut-être aussi pour entendre son prénom prononcer par sa voix masculine. Elle aimait bien le son de sa voix. Elle ne se l'avouerait peut-être pas tout de suite, mais elle espérait le revoir dans le futur. S'il était d'accord, bien évidemment. Kara n'est pas du genre à s'imposer, loin de là.

Donc, une fois qu'elle se fut présentée, elle ne s'attendait absolument pas à ce qu'il lui révèle qui est-ce qu'il était vraiment. Elle leva les yeux de son mug, surprise, et l'observa un instant, avant de lui dédier un grand sourire. Qui se mua un en rire, un vrai, un de ceux qu'elle n'avait pas sorti depuis longtemps. L'adrénaline qui retombait devait être pour quelque chose aussi à son état d'euphorie. A ses nerfs sensibles qui passaient des larmes au rire en un clin d'oeil. Reprenant son sérieux, elle plongea son regard clair dans celui de Kyle et prononça quelques mots d'un ton sincère et chaleureux :

- Ne vous en faites pas Kyle. Votre identité ne franchira pas mes lèvres en dehors de cet instant. Et.. Je ne suis pas un sex symbol, vous exagérez. Je.. Enfin... Il y a beaucoup mieux que moi, je ne suis que d'une navrante banalité.

Elle baissa les yeux à nouveau et tandis que sa voix s'éteignait doucement, un peu mal à l'aise par ce compliment légèrement déguisé, et elle reprit une gorgée. Elle secoua la tête à sa question suivante, et la réponse ne tarda pas :

- Oh ne vous en faites pas pour cela. Il n'y a aucun homme dans ma vie. Je... Suis arrivée récemment à Seikusu. Et, même si j'avais un conjoint, je ne m'en souviens pas. J'ai.. Une étrange amnésie qui a balayé tout les souvenirs de ma vie passée jusqu'à il y a quelques semaines. Je me souvenais juste de mon nom.

Remuant nerveusement les pieds, peu habituée à faire cet aveu à quelqu'un qu'elle ne connaissait que depuis quelques heures, elle posa son mug sur la table basse et murmura à Kyle de l'excuser un instant avant de filer dans sa chambre. Elle avait remarqué l'état déplorable du costume du héros au niveau du torse, et fouillait à présent dans son stock de tee-shirt large, ni féminin ni masculins, qu'elle gardait pour lui faire office de chemise de nuit. Elle avait bien des nuisettes un peu plus seyantes, mais elle préférait le confort du coton à la soie fragile ou la dentelle qui démange un peu à force.

Avec un tee-shirt large, blanc uni, et dix fois trop grand pour elle, la Kryptonienne retourna dans le salon et offrit un sourire avenant à Kyle.

- Je me suis dit qu'avec votre costume en pareil état, vous ne deviez pas avoir très chaud. Malheureusement, je n'ai pas de jean masculins à vous prêter, et je doute qu'un des miens vous soit adapté. Et vous ne me paraissez pas du genre à porter des jupes Kyle...

Elle rit légèrement, gentiment moqueuse, et lui tendit le tee-shirt. Il devrait lui aller normalement, vu qu'il était bien trop grand pour elle.

- Et.. J'espère que votre compagne ne vous posera pas trop de question en vous voyant revenir avec un tee-shirt sentant le parfum féminin...

Kara aussi était curieuse de savoir si ce super-héros en collant moulant avait une dulcinée qui l'attendait quelque part. Rougissant légèrement de son audace pour avoir prononcer cette petite remarque, n'ayant pas l'habitude de se renseigner sur un homme ou de vouloir le revoir, elle reprit son chocolat et s'installa sur le canapé, à distance raisonnable de son sauveur. A cet instant, le chaton blanc et roux se laissa glisser le long du dossier pour venir se blottir contre les cuisses de sa maîtresse en ronronnant à pleine balle. Elle le caressa distraitement d'une main, flattant son flanc et le gratouillant derrière les oreilles. Le chaton ronronna de plus belle, mais décida d'honorer l'invité de Kara en venant se frotter contre lui, laissant quelques poils blancs et roux en cadeau.

- Hem. Voici Fenouil. Il vous aime bien on dirait.