Miya ne comptait sur personne pour venir la sauver. Ironique, de la part de quelqu'un qui aimait tant avoir l'attention des gens, n'est-ce pas ? Elle était trop indépendante, et dépendante de l'affection qu'on pouvait lui offrir. Terriblement complexe et contradictoire. Mais personne n'a jamais dit que Miya était une fille simple, n'est-ce pas ?
Pourtant, elle n'aima pas ce que dit cet homme dont elle ignorait toujours le nom. Il était trop sûr de lui. Avait il vraiment les moyens de faire épier Kotaro Ochinose sans que ses yakuzas ne le remarquent ? Elle ne voulait pas le mettre dans l'embarras. C'était ainsi : quand elle se décidait à faire confiance à quelqu'un, ce n'était pas à moitié. Et elle ne voulait pas que Ochinose se retrouve en mauvaise position par sa faute. Juste parce qu'elle avait fait une erreur. De désinvolte, son regard devint noir. Elle n'avait toujours pas peur, bien entendu - ce ne sont pas cinq hommes armés qui allaient lui faire du mal avec leurs joujoux. Le blondinet disparut dans le bureau qu'il cherchait à atteindre depuis tout à l'heure. Cela acheva d'irriter la demi déesse. Trois hommes à son niveau, deux en hauteur. Elle baissa son arme, sa dague, la gardant en main, mais le bras le long de la cuisse. Son regard se fit blasé, vers l'homme en face d'elle.
- Non mais franchement. Je suis pas plus bête qu'une autre, mais j'ai rien compris à ce qui s'est passé. L'un de vous va m'expliquer ?"
Seul un silence obstiné lui répondit. Le regard de la jeune femme alla d'un homme à l'autre, comme si elle attendait une réponse quelconque.
- Hé ho ? Vous avez perdu votre langue ? Vous ne parlez pas japonais ? Vous êtes débiles et ne comprenez rien ?"
Toujours aucune réaction. Miya roula des yeux. Il y eut le silence, qui l'énerva encore un cran. Soupir, alors qu'elle commence à taper du pied. Elle veut faire un pas, au hasard, parce qu'elle déteste rester immobile. Le bruit des armes, ensembles, résonnent dans le hangar. Elle en aurait presque été surprise, de les voir soudain faire quelque chose.
- Ah. Vous vous décidez à faire quelque chose ? J'ai cru que vous n'étiez que des statues."
Toujours pas un mot. Ils n'allaient pas y passer la nuit, quand même ?! Miya leva les bras au ciel, tenant toujours sa dague.
- Bon, je vais voir votre patron. Je n'ai pas que ça à faire. J'ai une dure journée de boulot dans les pattes, moi. Et si vous n'avez pas de siège à proposer à une ravissante jeune femme comme moi, j'irai en exiger une."
Ils allaient la tuer pour ça ? C'était sans doute les ordres. Car dès qu'elle fit un pas, il y eut un coup de feu, et un trou fuma juste devant son pied. Miya soupira un "Waw", vraiment impressionnée. Puis tout se passa très vite. Quelques bonds, elle évita les rafales de balles, et trouva refuge derrière un des hommes qui se fit tuer par ses potes. Bon bien entendu, Miya n'avait pas tout évité. Deux balles lui avaient effleuré les jambes, et les plaies de refermaient déjà. La blessure de son épaule gauche mettrait un peu plus de temps à guérir - et elle avait un mal de chien, en attendant.
Il fallait savoir que Miya n'accordait aucun intérêt à la vie d'illustres inconnus. Celui qui pesait si lourd sur son dos, elle s'en moquait éperdument, contrairement à Michiru - le blond paierait pour sa mort. Les coups de feu avaient cessés. Miya ne quitta pas le refuge derrière l'armoire à glace, pas tout de suite. Elle lança d'abord :
- Mais vous êtes malades ou quoi ?! Tuer des gens juste pour une chaise !"
Elle tenta de se retourner assez vite, pour jeter sa dague en hauteur, vers un des hommes. Quand elle entendit l'arme retomber au sol, elle sut qu'elle avait loupé sa cible - il faut dire qu'avec le poids de l'homme mort sur ses épaules, ce n'était pas forcément facile... Et elle se faisait à nouveau canarder. Vite, elle courut jusqu'à un abri provisoire, après être tombée à cause d'une balle dans la cheville - et celle là n'était pas ressortie. Avec des larmes, des gémissements de douleur, elle dut se forcer à retirer l'intruse, pour que son corps puisse se régénérer. Faisant fi des règles élémentaires de survie dans ces conditions, à savoir, se taire pour ne pas donner sa position à l'ennemi, Miya hurla :
- Mais bon sang, c'est quand même pas grand chose de chercher à avoir un siège ET savoir pourquoi votre patron fait une fixette sur moi, merde !"
Elle pouvait toujours beugler tout ce qu'elle voulait, les quatre hommes étaient là pour, sans doute, protéger Hiro. De quoi avait-il peur, hein ? Miya lutta un bon quart d'heure avant que trois d'entre eux ne tombent, morts, et que le troisième ne soit en bien piteux état. Essoufflée, la demi déesse le regarda agoniser, y prenant un certain plaisir. Elle avait gagné l'étage, avait récupéré sa dague, et après quelques secondes, elle vint s'assoir sur le ventre de l'homme, lui coupant un peu la respiration, déjà difficile.
- Je veux juste son nom. Je pourrai te soigner, si tu me le donnes."
Et comme il lui cracha au visage, Miya lui trancha la gorge. C'est aussi simple que ça, non ?
Elle était en bien piteux état, quand elle ouvrit la porte du bureau. Ses vêtements étaient tachés de sang, certaines déchirures de ses habits ne pouvaient être expliquées que par des blessures par balle, évidemment invisibles. La dague dans sa main droite désigna une chaise, et elle demanda :
- Je peux m'y asseoir ? Oh, et vous auriez une clope, que vous seriez adorable. On pourra peut-être enfin discuter, entre gens civilisés, sur ce que vous me voulez ? Je veux bien être gentille, et surtout jolie au point que vous soyez devenu fou de moi, mais vraiment, tout ça me dépasse. Si on commençait par le début, hein ? Vous savez que je m'appelle Miya. Donnez moi votre nom, et expliquez moi enfin ce que vous attendez de moi, hein ?"
Elle sourit, avant de s'affaler, finalement, dans un fauteuil dans le coin de la pièce, avec un grand soupir.