De passage ( Alan )

La Terre. Riley aimait bien aussi. Pas aussi exotique que Terra, mais amusant. Et les gens étaient tellement faciles à berner, qu'ils soient de la Terre ou de Terra. Fou. Naïfs. Parfois violents et dangereux. Parfois. Mais toujours divertissants.

Vous me direz, mais pourquoi parler de ça en introduction, hmm.. ? Et bien c'est simple. Eliott avait réussi à lui décrocher un autre job hors du commun, mais sur Terre. Vous connaissez les cirques ? Oui ? Parfait. Parce que depuis deux semaines, Riley est acrobate/danseuse/dresseuse au cirque local de Seikusu. Ses numéros sont très appréciés. Chéri aussi. A tel point que le lycée de Seikusu demanda au cirque s'ils pouvaient bénéficier d'une représentation spéciale. Sous couvert d'une bonne rémunération.

Ce fut accepté. Et dans quelques minutes, ce serait au tour de Riley et Chéri de faire leur numéros. D'ailleurs, la musique retentit. Hop. Avec son fidèle costume de bunny-girl, elle entra sur scène avec quelques acrobatie, surgissant du haut du chapiteau tandis que Chéri s'avançait en rugissant. L'effet fut total. Admiration, crainte. Un parfait cocktail pour capter l'attention. Et hop hop hop, quelques acrobaties de plus au rythme d'une musique entraînante. Quelques exercices de souplesses. Puis le poids plume qu'était Riley se glissa sur le dos de Chéri. Debout. Elle se tenait sur un pied. En équilibre. Et un autre artiste lui lança des quilles avec lesquelles elle jongla. Avant de les lancer en l'air pour qu'elles soient rattrapées par le trapéziste.

Le numéro continua ainsi une bonne vingtaine de minutes au cours desquels les lycéens et le personnel du lycée devaient être sans voix. Puis Riley s'éclipsa, dans une gerbe de feu, avec Chéri qui sauta à travers un cercle de feu réduit. Et le numéro prit fin. Le clown passa, décontracta les gens, dénoua leur tension, avant qu'un autre numéro ne commence. Pendant ce temps, Riley but. Chéri but. Et la demoiselle sortit discrètement du chapiteau. Elle voulait visiter le lycée. Voir s'il n'y avait pas une fortune à voler pour faire un extra. Normal quoi.

Chéri sur ses talons, elle alla d'abord dans les salles de classes. Puis elle passa à l'infirmerie. Et ensuite dans le bureau du directeur. Elle trouva quelques babioles précieuses, mais rien de plus. C'est ainsi qu'elle erra dans un des couloirs les plus reculés du lycée, désappointée. Chéri sur ses talons. Grognant quelques imprécations contre ces lycées pauvres et banaux (banals ?).

Ah ce mal de crâne typique des lendemains de cuite. J’avais beau y être habitué, ça me laissait toujours un état second. Même si, au fond, je savais que rien ne m’empêcherait d’y retourner ce soir. C’était quand même démentiel, tout ça. L’alcool. La musique. La fumée de cigarette. Les étudiantes.

Je passais le portail d’entrée du lycée, mon corps toujours à moitié endormi. Je suis vraiment pas du matin, y a pas à dire. Je me dirigeai vers la salle des professeurs, bien décidé à me servir un café bien dosé qui ne pourrait qu'être réparateur vu mon état, lorsque le directeur vint à ma rencontre. Echange de courtoisie, blah blah. Bon sang il parlait toujours aussi fort ? J’avais l’impression que mes oreilles saignaient.. Hein ? Mon regard le fixa. J’avais bien entendu ? Pas cours de la journée ? Un cirque ? Surveiller les élèves tout en profitant du spectacle ? Haha, j’allais profiter d’une bonne sieste dans une salle de cours surtout. Ca ne pouvait tomber mieux. Mon visage restait impassible face à cette annonce, comme les conventions le souhaitaient, mais intérieurement.. Quel sourire je devais arborer derrière mon masque !

Il m’entraina avec lui au dehors, dans la grande cour, où de nombreux étudiants s’étaient déjà installés en attendant le début du spectacle, les retardataires s’installant dans les sièges les plus distants de la scène. Puis il prit une autre direction, m’intimant de veiller au maintien de l’ordre dans les rangs jusqu’à ce que tout commence. Je vais t’en donner de l’ordre moi..

Je rejoignais un groupe de 4/5 élèves, installés à part, en rond. En me rapprochant, je voyais s’échapper de leur pow-wow improvisé une épaisse fumée, et une fois à leur niveau je saisis rapidement cette cigarette qui ne semblait pas contenir que du tabac. Ils commençaient déjà à se justifier. J’ai horreur des gosses dans ces moments là. Toujours à brailler en groupe. Je tirais une première fois sur leur roulage, puis une seconde, plus intense. Mes yeux se plissèrent, et une petite grimace s’afficha sur mon visage. Les étudiants, ébahis devant pareille scène, ne bronchèrent même pas lorsque j’écrasais le reste à leurs pieds.

- Hé les mioches, si déjà vous prenez le risque de fumer dans l’enceinte de l’établissement, et ce à quelques dizaines de mètres de tout le personnel du lycée, faîtes en sorte que ce soit avec de la bonne qualité.. Maintenant filez, et si je revois un seul d’entre vous dans la journée, vous regretterez de pas être d’avantage stone pour encaisser ce que je vais vous faire.

Et déjà ils fuyaient la queue entre les jambes. Chez les jeunes étudiants comme eux, la carotte n’avait aucun effet, seule la crainte des coups de bâton marchait, même si cette méthode allait sûrement me voir quelques insultes dans mon dos.
Enfin bref. Je baillais une nouvelle fois. J’estimais avoir fait mon travail de la journée. Je méritais bien une bonne pause non ? Le spectacle commença dans les minutes qui suivirent, mais déjà je m’esquivais dans le lycée, rejoignant ma salle de cours au deuxième étage pour m’installer sur ma chaise et fermer les yeux, les jambes posés sur mon bureau, le dossier de la chaise basculant en arrière jusqu’à toucher le tableau. Pas très confortable, mais ça fera l’affaire. Mais comme rien ne se passait jamais comme je le souhaitai : le bruit de la foule d’élèves et la musique qui s’élevait de sous le chapiteau m’empêchaient de m’endormir. Soupirant, je me relevais, me dirigeant vers la fenêtre pour observer cette grande prison de toile où tout le monde semblait si bien s’amuser. Qu’ils me foutent la paix plutôt ouai ! Et là, un détail attira mon attention. Enfin, je ne sais pas si le terme de détail est suffisant pour décrire une jeune femme en costume de bunny suivie par un tigre assez impressionnant. C’est pas le genre de chose qu’on voit tous les jours dans un lycée.

Aiguisant mon intérêt en entrant dans l’établissement, je me décidai à aller voir ce qu’il en retournait. Je me baladais dans les couloirs, mais ne la trouva nulle part. Foutu lycée, bien trop grand pour retrouver une seule personne. Enfin deux avec le tigre. Je commençais à désespérer lorsque des bruits de pas (de pattes ?) résonnèrent dans les couloirs. Juste au coin à droite. Bon sang, on était vraiment au fin fond du lycée. Ca me paraissait un peu gros de s’être perdue à ce point. Malgré tout, j’avançais, relativement sûr de moi, tâchant de ne faire aucun bruit. Au croisement, j’aperçus juste la queue du tigre disparaissant dans une salle de classe. A ce moment là, j’avoue que la perspective de me retrouver face à un tigre ne m’enchantait qu’à moitié, mais bon, de toute façon j’étais trop curieux pour repartir ainsi. M’approchant lentement, je vis la jeune femme fouiller dans le bureau de la dite salle.

- Vous avez peut-être besoin d’aide ?

Le ton n’était ni sec, ni autoritaire. Juste une phrase que l’on aurait pu sortir en pleine discussion.

Oh, un coffret ! Riley sourit. Elle sortit le petit coffret de bois du renfoncement où il était, sous le bureau, et essaya de l'ouvrir. Infructueusement. La serrure était facile. Mais elle avait la flemme de sortir son kit de crochetage de son décolleté où elle le cachait. Elle ferma les yeux, se concentra, et posa le coffret sur le bureau. Elle l'observa sous toutes les coutures. Et elle le leva à hauteur de son visage, pour venir léger doucement la serrure. Plus élégant que de cracher, non ?

Elle sourit lorsque l'acier commença à se dissoudre, et reposa le coffret. Elle finit le tour de la pièce pendant que sa salive faisait son œuvre. Elle avait très peu dosé l'acidité de sa salive, afin de ne pas endommager ce que pourrait contenir le coffre. Il fallait donc un petit moment pour que ça agisse. Et pendant ce laps de temps, elle trouva une sublime broche en or dans un coin d'un placard. Sans doute oubliée là vue la poussière qui s'était accumulée dessus. Elle sourit et se rapprocha à nouveau du coffret. Chéri s'était couchée sur l'estrade, attendant qu'elle ait fini. Riley lui adressais un sourire, avant de secouer la tête négligemment lorsqu'un voix lui proposa de l'aide.

Puis elle se figea. Une voix ? Masculine. Sur un ton de palabres. Elle haussa les sourcils et se retourna lentement. Puis prit la pose. La hanche contre le bord le bureau, une main sur la taille et l'autre posée à plat sur le meuble de bois. Elle secoua brièvement la tête, ses cheveux réunit en deux petites couettes pour le besoin du numéro, tout en dévisageant l'intrus. Un sourire amusé aux lèvres, elle pencha la tête sur le côté.

- Hmm.. Non,merci. Je crois que je me débrouille assez bien. C'est gentil de proposer !

Son sourire s'élargit alors que Chéri s'étirait, ronronnant doucement.  Et elle se retourna à nouveau, comme si de rien n'était, prenant appui sur le bureau d'une main, la gauche, et occupant la droite à ouvrir le coffret tout en se cambrant "naturellement" pour voir dedans. Position volontairement aguicheuse, faite avec naturel. Se foutre du monde ? Elle ? Nooon ! Elle n'oserait jamais !

Son regard pétilla au vue de la flasque d'argent et du paquet de cigare contenu dans le coffret. Elle en sortit également un stylo et un coupe-papier en or. Eeet bien. Le propriétaire de ceci tenait à ce que ça reste caché. D'un geste vif, elle inséra le coupe-papier et le stylo dans son décolleté, ouvrit le paquet de cigare pour en sortir le briquet d'argent qui rejoignit le stylo et le coupe-papier. Les cigares, elle les laissa volontairement. La flasque... Elle la déboucha et en but une rasade.

Hmm... Bourbon. Pas mauvais. Mais elle préférait la vodka. Et au pire, elle pourrait toujours revendre la flaque. La broche trouvée précédemment était accroché sur son costume de Bunny. A l'emplacement de son cœur. L'air de rien. Sans paraître se préoccuper de l'intrus. Sexy d'ailleurs.

Elle devait sans doute se moquer de moi. J'aurais pu lui causer bien des soucis si j'en parlais à mes supérieurs, et pourtant, elle ne sembla même s'intéresser à ma présence. Mon regard se posa sur le félin qui s'étirait de toute sa longueur. Bon lui aussi il pourrait me causer quelques soucis.

A vrai dire la situation m'amusait plutôt. Il fallait être sacrement culottée –ou sûre de soi- pour se permettre d'ignorer ainsi quelqu'un qui la prenait en flagrant délit. C'est comme si quelque chose m'échappait. Pas ses courbes en tout cas. Il était vrai que je n'avais pu m'empêcher d'observer sa courbure lorsqu'elle s'affaira a étudier le contenu du coffret. 'Tain, on pouvait dire que son costume lui "collait à la peau". Littéralement parlant. Je secouai ma tête, tentant tant bien que mal de retrouver mes esprits. Le tigre ne cessait de m'observer d'un coin de l'œil, toujours bien installé sur l'estrade.

J'approchais très lentement, feintant une confiance en moi qui aurait bien vite disparu s'il ne s'était que mis à remuer la queue. Je m'assis sur le bureau, non loin d'elle, saisissant la flasque qu'elle venait de reposer pour la mener jusqu'à ma bouche, vidant le peu qu'il en restait. Pfouargh ! Du bourbon. J'aimais bien habituellement, mais servi à température ambiante, il perdait de suite de son charme. Une grimace s'installa sur mon visage pendant quelques instants, puis revint ensuite à son état initial, ma gorge toujours "en chaleur" après le passage de l'alcool.

Mes yeux se posèrent à nouveau sur la jeune voleuse, qui ne semblait toujours pas s'inquiéter de ma présence. Elle replaça la broche en or qu'elle venait de prendre sur son costume. Ce mouvement attira inexorablement mon regard sur son décolleté. Décidément.. Je tentais malgré moi de ne pas la détailler trop longtemps, toujours sur mes gardes, et saisi la boite à cigare, en sortant l'un d'eux.

- Pfff… Avoir les moyens de se payer de bons Havane pour ensuite en pré-couper la tête –avec un couteau de cuisine probablement, vu le résultat..- et ce bien avant de le fumer… Quel gâchis ! Je crois que vous avez du feu non ? dit-il tout en portant ledit cigare jusqu'à sa bouche.