Dans un ultime déclic, les aiguilles de la pendules s’alignèrent verticalement, à peine quelques instants avant que la sonnerie ne retentisse dans le lycée. Sabu serra fermement le poing sur son bureau avant de calmement relâcher la pression, en expirant lentement par la bouche. Une manière comme une autre de retrouver son calme après cette légère période de stress. Il était dix-huit heure, enfin... Il attendit néanmoins quelques minutes, le temps de s'assurer que la professeur quitte bel et bien l'établissement. La précipitation, ou le manque de discernement, étaient des choses qui pourraient bien lui être fatales s'il ne faisait pas suffisamment attention. Elle passa d'ailleurs en face de son bureau, la saluant d'un gracieux signe de tête, auquel il répondit par un léger sourire. Parfait. Tout semblait parfait... Raison supplémentaire pour faire preuve de la plus grande prudence, n'est-ce pas ?
Il attendit encore une minute ou deux, afin de lui laisser la longueur d'avance nécessaire à ses plans. Il se leva ensuite calmement, enfila son veston et sortit de la salle, en prenant soin de fermer la porte à clef au passage. D'un pas léger, il quitta l'établissement, en saluant poliment la femme de la loge, et inspira une grande gorgée d'air frais à la vue du ciel sans étoile qui surplombait les rues de la ville. Il adressa un regard furtif à son coéquipier, assis sur la terrasse d'un café qui avait une vue irréprochable sur le lycée, ses entrées, et ses sorties. L'homme en question acquiesça d'un signe de tête tout aussi discret, lui affirmant qu'il était prêt à l'action, et nos deux hommes prirent la route à la suite de la jeune femme, qu'ils parvenaient à apercevoir au loin. Sabu marchait d'un pas calme, les mains dans les poches, avec insouciance, tandis que l'homme accélérait vivement l'allure pour parvenir à rattraper la brebis qui s'égarait...
Merde ! A leur grande surprise, Shylee n'emprunta pas le chemin qu'ils avaient prévu, qui passait par un petit parc tranquille, à l’abri des regards indiscrets, ce qui aurait été tout simplement parfait pour eux... Non, elle préféra faire un détour par la rue centrale, bien moins paisible, surtout aux heures de pointe comme celle-ci. Fais chier ! ... Il était cependant hors de question de faire marche arrière, pas maintenant. Le rouquin aurait très bien pu patienter, attendre un jour plus propice où elle se montrerait assez insouciante pour emprunter le chemin escompté... mais il n'était absolument pas sûr que ce jour arriverait. Et il n'aimait pas beaucoup ça... Les regards des deux hommes se croisèrent, et Sabu lui indiqua d'un hochement de tête appuyé qu'il devait continuer comme prévu. Seul le lieu changeait, pas le plan en lui même. Il espérait que tout se déroulerait effectivement comme prévu...
Les trois protagonistes poursuivirent leurs routes, sur la grande avenue, qui ressemblait énormément à un mille-patte géant vivant, de part l'important flux de personnes qui y circulaient, mais aussi par les innombrables rues plus ou moins petites qui en partaient ou qui y débouchaient. En particulier ces rues étroites, qui séparaient parfois deux bâtiments, des ruelles à l’atmosphère sombre et étouffante, où la lumière avait du mal à s'imposer, entourées par de hauts murs gris et maussade, parsemées de bouches d'égout et de bennes à ordure... L'homme continuait de s'approcher de sa victime, inexorablement, d'un pas vif mais sans paraitre pressé. Les mains plongés dans les poches de son sweet-shirt gris, une large capuche couvrant sa tête baissée, empêchant à des regards indiscrets de pouvoir identifier son visage, il suivait calmement la valse insolite de ces deux couettes bleues, attendant une occasion suffisamment favorable pour entrer en scène...
Avec une vivacité déroutante, et impressionnante, une main robuste vint bâillonner les lèvres de Shylee avec la paume, pendant qu'une autre s'était abattue sur la chair tendre de sa gorge, laissant l'acier froid de la lame qu'il tenait lui lécher désagréablement la peau. Il lui intima d'une voix rauque, avec violence.
- Au moindre faux pas j't'égorge, pétasse !Il l'attira ensuite sans ménagement vers lui, à reculons dans l'une des nombreuses ruelles qui donnaient sur cette avenue, la trainant avec brutalité par le cou et la mâchoire jusqu'à destination. Un endroit éloigné de la rue principale, assez calme si l'on ne se fiait pas aux bruits de la circulation environnante, et aux couinements des rats qui festoyaient près d'une poubelle renversée. L'homme la poussa violemment contre le mur, toujours en restant dos à elle, avant de l'y écraser en posant une main ferme sur ses omoplates. Il joua ensuite avec son couteau, appuyant doucement sur la nuque de la pauvre Shylee, y effectuant des aller et retour menaçant. Son visage était blottit contre un rempart de pierre, excessivement froid, et qui lui éraflait la joue. Le couteau, en réalité, était aussi effrayant que ceux que l'on pouvait distribuer dans certaines cantines, et qui avaient généralement bien du mal à couper quoi que ce soit. Une arme aussi pathétique que peu tranchante, mais ça elle ne le savait pas encore...
- Comme on s'retrouve, Shylee... mais j'suppose que tu n'te souviens d'jà plus d'moi, hein ?Ça non plus, elle ne le savait pas, en fait. Ils ne s'étaient jamais vu auparavant, ni n'avaient été en contact de quelque manière que ce soit. Une simple mise en scène, pour la perturber davantage, et l'effrayer un peu plus... Le tranchant de sa lame serpenta lentement sur sa peau, l'effleura et remonta en un doux virage, avant de finir sur la joue de la demoiselle innocente, laissant un fin sillage rouge sur tout son passage, là où son arme avait un peu trop pressé sur l'épiderme. Approchant ses lèvres de l'oreille de sa captive, se décalant légèrement pour éviter d’être blessé par une éventuelle tentative de coup de tête, il chuchota avec une excitation malsaine, toujours aussi vulgaire.
- Ho putain, t'es aussi bonne que dans mes souvenirs ! Hé p'tite pute, t'sais quoi ? C'est dingue comment tu m'excite la bite... R'garde, mate ça... *
Il rapprocha ses hanches des siennes, le corps de Shylee pris en étaux entre le mur et le corps vigoureux de son agresseur*
Tu la sens, hein, tu la sens bander entre tes deux petites fesses... Hé, t'entends ça ? Ton joli cul qui m'supplie de l'enculer ? Ouais, i'me supplie pour une bonne sodomie... Ho putain, ça va être sa fête, et j'te jure que tu va en hurler d'plaisir, ma jolie... # # #
Pendant ce temps, Sabu avançait avec une lenteur presque insolente en direction du lieu de rendez-vous improvisé. Il avait clairement vu où est-ce qu'ils étaient entrés, il avait juste à s'y rendre, et à jouer son rôle dans ce petit jeu. Comme convenu dans le précédant plan, que trop peu de chose avait changé pour le rendre caduque. L'homme avait été d'une efficacité redoutable, saisissant Shylee et l'emmenant "en lieu sur" sans attirer l'attention de qui que ce soit. Un boulot propre et bien fait, comme il l'aimait. Le rouquin inspira un grand coup, avant de souffler doucement. Il semblait si calme, à marcher ainsi dans la rue, qu'il était impossible de deviner qu'actuellement son cœur battait la chamade, s'agitait avec une frénésie folle. Une réaction assez naturelle au vu de la situation ... non ?