Ce n'était peut-être pas une si bonne idée ... ( Pv )

Déambuler dans les rues, si tard le soir, seule et vêtue comme une jeune femme bien sage ... n'était définitivement pas une bonne idée. Que foutait-elle là, d'ailleurs ... ? C'était une excellente question. Pas plus tard qu'une heure auparavant, la jeune fille était posée sagement dans l'appartement d'une de ses amies, à l'aube du quartier de la Toussaint. Elle y avait passée une soirée douce et posée, à fumer comme elle ne l'avait plus fait, à ingérer quelques substances qui rendaient son équilibre actuel légèrement instable, à rire, rire et pleurer de rire, pour enfin ... se retrouver dehors.

Quand l'alcool et la marijuana avaient pris possession d'elle, elle en venait à avouer certaines choses ... Et avouer à une de ses amies qu'elle avait couchée avec son petit ami par erreur, un soir, venait de l'expédier dehors, sur les pavés, et ce sans aucune délicatesse. Et voilà qu'elle arpentait les rues, marchant de manière peu assurée, s'imaginant que des ombres étranges prenaient vie derrière elle, se retournant sans cesse. Les substances et leurs effets s'estompaient de son organisme petit à petit, mais elle demeurait totalement perdue. La jeune femme se massa vivement les tempes, reprenant le contrôle de son corps. Elle s'arrêta de marcher, s'adossant à un mur pour s'allumer une cigarette. Vêtue d'un tailleur noir et blanc, comprenant un chemisier blanc, une veste cintrée, une jupe et une paire de bas ainsi que de des chaussures couleur d'encre, elle ressemblait à la parfaite secrétaire ... C'était d'ailleurs le poste qu'elle occupait en ce moment, histoire de pouvoir se payer son appartement et ses virées en boîte. Un job qu'elle n'aimait pas, mais qu'elle devait supporter.

La jeune fille se remit en marche, jusqu'à sentir quelque chose glisser sur sa joue. De l'eau.

- Putain ... soupira t'elle.

Elle retira sa veste, la plaçant sur le haut de sa tête, et se mit à clopiner pour échapper à cette pluie qui devenait de plus en plus violente. Elle s'enfonçait alors peu à peu dans les ruelles du quartier de la Toussaint, ne prenant même plus garde aux ombres autour d'elle, qui, cette fois, étaient bien réelles ...

Dans sa course folle, elle ne vit même pas cette ombre, devant elle, et heurta de plein fouet une silhouette, manquant de tomber en arrière tant le choc fut violent. Elle parvint cependant à reprendre le contrôle de son équilibre, et releva les yeux vers l'inconnu.

- Navrée, je suis ... navrée ... bafouilla t'elle.

Il jurait, pestait, râlait, se maudissait intérieurement de sa stupidité ! Comment avait-il pu se faire flouer de la sorte ! C’était inadmissible ! Intolérable !  Il serra les poings de rage. Ça n’allait pas se passer comme ça… ô douce Némésis, si tu existais, le vampire nommé Liam Eckart aurait volontiers demandé d’avoir ta grâce ! Restait à voir ce qu’il allait faire après cette perte de temps et d’argent ! La première chose serait de trouver une victime quelconque et de se nourrir en passant ses nerfs sur elle le plus violemment et le plus douloureusement possible !

La pluie se manifesta soudainement, venant accroitre son mal être de l’instant. Dans ce genre de moment, il aurait dû chercher à s’abriter, mais rien à fiche ! Son chauffeur l’attendait une petite centaine de mètres plus loin pour le ramener à sa résidence japonaise, un petit manoir dont la petitesse devait le contenter quand il était ici. En effet, il n’y avait qu’une petite douzaine de pièces seulement. Bien insuffisant pour son confort, mais il s’en devait s’en contenter.

Lentement, son duffle-coat s’humidifia avant de se gorger d’eau, son costume noir  restant pour le moment au sec dessous. Le vampire accéléra son pas. Marre de marre de marre ! Il vit la voiture, une Bentley des plus chères. Voilà, il aurait bientôt un toit au-dessus de la tête et il pourrait bientôt avoir la paix. Et parmi ses esclaves, ce serait la plus gentille, la plus douce, et la plus avenante qui serait sa victime. Par pur plaisir sadique.

Il allait bientôt arriver à l’intérieur de la Bentley, une trentaine de mètres…quand quelque chose….ou quelqu’un plutôt, vint le heurter de plein fouet. Lui, il ne broncha pas et regarda la personne qui était l’auteur de ce choc. Elle avait dû supporter quand même pas mal la pluie, vu qu’elle semblait trempée à la lumière du lampadaire. Elle par contre, failli tomber. A la bonheur, ça lui était égal. Mais toujours est-il qu’une idée germa dans son esprit, et quand elle leva les yeux sur lui, il plongea son regard dans le sien, mêlant dédain et orgueil à son regard.

« Navrée, je suis ... navrée ... »

Il soupira avant de prendre lui aussi la parole, passablement énervé..

« Faites attention non de dieu !  C’est bien gentil d’être navré, ça l’est mieux d’être attentif ! Vous auriez pu me blesser ! »

Il posa une amin sur l’épaule de la jeune femme avant d’ajouter, plus doucement, plus posément et un brin plus chaleureusement.

« Vous n’avez rien de cassé ? »

Il siffla et une voiture démarra pour se porter à sa hauteur. Un homme d’âge mur sortit et ouvrit la portière arrière. Pressé, un parapluie déployé au-dessus de son employeur, et vu la taille du parapluie, la jeune femme était couverte aussi.

"Madame est trempée, peut être pourrions nous la déposer en passant ou lui proposer de l'emmener au sec ?"

Il fusilla le cauffeur du regard, qui pâlit de suite avant de bredouiller des excuses. Il n'avait aucun droit de se mêler de ses afaires, il le payait pour le conduire pas pour le conseiller !

"Hmmm oui, bon ce n'est pas grave, passons pour cette fois car c'était une bonne idée. Qu'en pensez vous, Milady ?"

La jeune femme était aussi trempée qu’inquiète. Elle avait craint, un instant, que cet homme ne vienne l'agresser ... Après tout, elle était dans le quartier de la Toussaint, tout était possible. Surtout le pire. Parée à toute éventualités, elle était même prête à se défendre face à un quelconque assaut, armée de ses poings. Mais ce ne fut pas nécessaire ... L'inconnu n'eut aucun comportement brutal. Malgré que son ton soit assez exaspéré, il lui proposa ensuite de l'aide, s'inquiétant même pour la santé de la jeune humaine. Kina n'osa pas parler, impressionnée par ce déploiement d'énergie. Et ce, juste pour l'aider ... Elle en vint même à rougir légèrement, remettant une mèche de cheveux derrière son oreille en inclinant la tête.

- Je vous ... remercie.

Balbutia t'elle, sans oser lever les yeux vers l'inconnu qu'elle avait heurté.

Puis elle réalisa qu'elle avait omis de se présenter, et redressa son visage, pour lui adresser un sourire franc.

- Je m'appelle ... Kina Mara. Je ... Merci encore.

La jeune femme monta prestement dans la voiture, afin de se mettre à l'abri du froid et des gouttes de pluie. Cet homme était décidément son sauveur, ce soir. Il allait l'emmener loin du quartier de la Toussaint et de ces malfaiteurs qui hantaient ses rues. Rien ne l'effrayait plus que se retrouver seule dans un endroit sombre et mal famé.

Ah les jeunes, si étrangement crédules…t si influençable…contrairement à ce qu’il faisait sur terra, le majordome était parfaitement au courant des activités de son employeur, et celui-ci le payait par un salaire élevé et de sérieux avantages en nature, un peu comme un pourcentage si vous préférez. Le vampire, lui, continuait son jeu d’acteur, toujours souriant.

- Je vous ... remercie.

 Elle finit par le regarder, enfin, et son sourire, il fallait le reconnaitre, valait lme détour, même si autre chose devait aussi valoir le détour, et non seulement sa personnalité…si vous voyez ce qu’il voulait dire…d’autant que trempée, ses vêtements devaient lui coller au corps.

- Je m'appelle ... Kina Mara. Je ... Merci encore.

Il s’assit à ses côtés dans la voiture, et le chauffeur monta à l’avant, côté conducteur. Il remit le contact de la Bentley, alors que notre jeune ami tournait la tête vers son « invitée », toujours sourire, mais cette fois ci, un sourire en coin, un brin malicieux.

« Moi je suis Ethan Varyus, je me retrouve assez souvent dans les bas fonds pour régler divers problèmes…j’entretiens plus ou moins une milice privée que le contribuable paye pour la protéger, même dans ce quartier mal famé. Nous y faisons régulièrement des décentes en nombre et nous éliminons des branches de la pègre. Mais vous, que faisiez vous dans un tel endroit à une telle heure ? »

Son regard interrogateur était feint bien sur, il s’en foutait. L’important était déjà de la convaincre de sa bonne foi. Le reste viendrait tout seul. Doucement, il prit sa main dans la sienne et la fixant dans les yeux, comme pour un sermon, il lui dit.

« Ce n’est ni prudent ni sage. Surtout ici. Vous savez sans doute qu’il y a un viol, ou un enlèvement à chaque coin de rue, et le risque est d’autant plus grand quand la personne est aussi ravissante que vous… Edgard, avons-nous une serviette à proposer à miss Mara ? »

Le chauffeur acquiessa anat d’ajouter, d’un geste des plus vagues.

« Certes monsieur, il y a deux serviettes propres dans le coffre doud le siège de madame. Et Il se trouve aussi dans le votre je crois aussi  un costume de rechange pour votre dernière conférence de cette soirée. Mais avant cela, je devrai être informé de l’endroit où madame souhaite aller… »

Quand il se présenta, la jeune femme fut rassurée ... Ainsi, il cherchait à régler les soucis de ce quartier ? C'était une initiative qu'elle accueillit avec un grand sourire. Kina se sentait totalement rassurée ... Après cette escapade sous la pluie, elle avait enfin trouvé un refuge. Et ce, auprès de quelqu'un qui pouvait lui garantir la protection qu'elle attendait. Elle se rendit compte qu'elle se triturait nerveusement les doigts, et cessa brusquement, rougissant légérement. Face à des gens qu'elle ne connaissait pas, la jeune femme n'était jamais vraiment à l'aise, il fallait l'avouer. Elle tâcha cependant de répondre à sa question, du mieux qu'elle put.

- J'étais chez une amie pour la soirée et ... Je devais rentrer chez moi. Mais je me suis perdue, dans toutes ces rues ...

Elle arbora temporairement un sourire gêné.

- Je dors à l'hôtel, pour le moment, prés du centre-ville. Il s'appelle ...

Merde. Le nom lui échappait, encore une fois. C'était un hôtel français, fraichement installé ... Elle fouilla dans sa mémoire.

- " Le charleston " ! C'est un ancien bâtiment, qui a été restauré. Sa façade est rouge.

Elle sourit à nouveau, remerciant du regard le chauffeur. Elle avait eu du mal à trouver un travail, et n'avait plus d'appartement. En attendant, elle dormait dans cet hôtel ... Une de ses amies lui faisait un prix sur les chambres, afin de l'aider.

- Je vous remercie encore, Ethan. Sans vous, je pense que j'aurais passé un mauvais quart d'heure, ici ...

Kina tremblait légérement, à cause de ses vêtements trempés. Son chemisier blanc était imbibé d'eau, et elle tentait de dissimuler les parties du vêtement qui étaient transparentes à cause de l'eau en serrant sa veste contre elle, et en croisant les bras face à sa poitrine. Ce genre de situations étaient plutôt gênante ...

Pourquoi rougissait-elle ? était-elle gênée pa sa présence ? Pourquoi donc ? Officiellement, il ne lui voulait pas de mal, officieusement, elle souffrirait, certes, un minimum, mais bon, il n’avait rien révélé de tout cela, et il ne le révèlerait pas avant qu’il ne soit trop tard pour faire demi-tour.

« Je dors à l'hôtel, pour le moment, prés du centre-ville. Il s'appelle …" Le charleston " ! C'est un ancien bâtiment, qui a été restauré. Sa façade est rouge. »

Le majordome sembla difficilement comprendre l’endroit dont elle parlait, mais il ne dit rien pour le moment, se mettant en route, se concentrant sur sa tâche actuelle, conduire dans la nuit noire à la seule lumière des phares.

« Je vous remercie encore, Ethan. Sans vous, je pense que j'aurais passé un mauvais quart d'heure, ici ... »

Elle tentait de cacher ses atouts, quel dommage, en avait-elle seulement conscience ? Elle avait de la chance d’être ici, avec lui, et elle jouait les mijaurées. Elle ne savait pas ce qu’elle perdait. Enfin bon, la confiance semblant gagnée, il envlencha la deuxième phase d’un plan rodé avec le temps, un plan qui pouvait s’appliquer sur le tas si besoin est.

Il tapota légèrement la jambe de la jeune femme pour qu’elle la pousse et il sortit les serviettes du tiroir sous le siège. Il en passa une autour des épaules de la jeune femme et lui frictionna le dos en marmonnant.

« Sortir ici sous la pluie…quelle ânerie…vous allez attraper froid ! Si c’est pas une idée stupide… »

Il se stoppa et sortit une petite boite dans laquelle étaient rangés des cigares. Il l’ouvrit et en proposa un à la jeune femme avant de se servir après lui avoir demandé si la fumée la gênait.

« Vous souhaitez parler ? »

« Oui, monsieur, si monsieur veut bien pardonner mon audace…je me trompe sans doute…mais ce soir, ne devions nous pas intervenir justement dans cet….hôtel… ? »

Il réfléchit (faussement) avant d’ajouter, en s’exclamant.

« Ah si ! Sur demande du dirigeant de la ville ! C’est dans… - il regarda sa montre, il était presque deux heures du matin  - ah ça va commencer sous peu…oui, vous avez raison…ce n’est pas une bonne idée… »

Il se tourna vers la jeune femme avant d’ajouter.

« Vous savez, je pense qu’on va s’arranger. Je dispose d’un hôtel aprticulier, je vais vous y faire préparer une chambre ! »

Il sortit son téléphone et composa le numéro, ordonnant que l’on prépare, au cas où la demoiselle accepte, la chambre d’ami, en insistant pour celle se trouvant au dernier étage, la plus luxueuse de toute, ordonnant des draps en soie et de quoi réchauffer les entrailles (un alcool de poire excellent.).

La jeune femme arbora un immense sourire quand il lui proposa de l'héberger. Décidement, cette soirée était riche en surprises ! Surtout en bonnes surprises ... Il existait donc des gens bons et généreux, sur cette Terre. Une vague d'espoir a submergea, tandis qu'elle se remit à triturer ses doigts, aussi contente que gênée par cette proposition. Cet homme semblait être fortuné, au vu de sa voiture à chauffeur, de sa tenue, de sa stature ... Elle se sentait presque ridicule, elle, qui n'était qu'une secrétaire qui peinait à combler ses fins de mois. Elle le remercia d'un hochement de tête, sans quitter son sourire, puis releva les yeux vers lui.

- Vous êtes vraiment ... généreux. Merci encore ...

Sûr, elle n'allait pas décliner cette offre ! Elle s'imaginait passer une soirée dans un hôtel luxueux, manger de bonnes choses, dormir et rêver ... Des rêves d'adolescente qui lui collaient à l'esprit, en somme.

Elle regarda un moment par la vitre le paysage qui défilait, se sentant en sécurité totale.

- Si je peux vous rendre la pareille ... Enfin, n'hésitez pas à me demander.

Dans son ton, il n'y avait aucun sous-entendus ... Juste un ton aussi innocent et doux que possible. Le temps où Kina n'était qu'une strip-teaseuse mal payée était passé, et il ne repointerait jamais le bout de son nez. Elle était devenue, au fil du temps, une créature sage qui avait mis au placard des années de libertinage. Au point d'être la parfaite jeune japonaise, aussi prude que possible.

Elle le regarda à nouveau, souriante, avant de retourner à la contemplation de ce paysage, attendant d'arriver à destination.

Le sourire radieux de la jeune femme, le fit rire intérieurement. Qu’allait-elle imaginer    ? Un repas avec des plats rares et délicats ? Bon, ça, oui, normal, c’était mettre en confiance.  Elle s’imaginait dormir dans des draps de soie ? Bon, oui, elle réussirait peut être à profiter des drapes de soie, mais pas de la manière dont elle pourrait penser. Elle ne se coucherait dessus que pour mieux écarter les cuisses, ça il se le promettait.

« Vous êtes vraiment ... généreux. Merci encore ...  – Elle se tut quelques instants avant de reprendre la parole - Si je peux vous rendre la pareille ... Enfin, n'hésitez pas à me demander. »

Oh, c’était si gentiment propos…il n’allait bien évidemment pas refuser, après tout, c’était son initiative, pas la sienne. Il prit le temps de bien choisir ses termes avant de parler.

« Je ne pense pas que tu…tu permets que je te tutoie au moins ? Je ne pense pas que tu aies besoin de me rembourser quoique ce soit. Mais si jamais j’en éprouve le besoin, promis, je te ferai signe ! »

La voiture ne roula que quelques minutes avant de se stopper devant des grilles qui s’ouvrirent. Elle entra ainsi dans une cour, et suivant une allée, elle se stoppa finalement devant des marches. Le chauffeur se dépécha pour aller ouvrir la porte du côté du vampire, qui sortir et fit le tour pour ouvrir à son invité et lui proposer son bras.

« Je vous souhaite la bienvenue chez moi, dans mon humble demeure ! »

La vieille bâtisse qui rappelait l’Angleterre victorienne s’élevait sur quatre étages. Les pièces étaient pour la plupart illuminées. C'était presque un manoir modèle réduit !

« Je suppose qu’un bon repas accompagné d’un bon vin vous serait plaisant , non ?

Déjà, la voiture démarrait pour se rendre au garage.

Kina était estomaquée ... Devant elle s'élevait une riche demeure, aussi grande que sublime. Jamais elle n'avait été confrontée à un tel luxe, sauf quand elle exerçait en tant de maid dans la demeure d'un marquis. Encore des souvenirs délicats et fragiles ... Elle tâcha de ne plus y penser, et se concentra sur la soirée qui s'annonçait, et qui allait être prometteuse. Kina se sentait comme une princesse, à qui on allait offrir une soirée fabuleuse. Si elle savait ... Celui qu'elle voyait presque comme un prince charmant était tout sauf tendre et aimant.

Elle prit le bras de Liam, souriante, achevant de refermer sa veste qui dévoilait un peu trop de son anatomie, et se laissa guider. Quand il lui proposa un repas, elle répondit d'un ton enjoué :

- J'accepte volontiers !

Sa crédulité et sa naiveté risquaient de lui coûter cher, ce soir ... Mais en cet instant précis, elle était aveuglée par la soirée idéale qu'elle s'imaginait.

- Vous vivez dans un très bel endroit ...

Kina avait beaucoup de mal à tutoyer les inconnus, et ce depuis toujours. Elle n'osait même pas tutoyer Liam ... Mais cela viendrait sans doute par la suite.

La voyant se réjouir, du repas, il bondit intérieurement. Bon sang mais toute personne sensée aurait sans doute du réfléchir, mais elle, non. Certes, son sort quasi permanent lui offrant un charisme énorme, mais bon, il ne fallait pas non plus confondre être sous le charme et être stupide !  Et là, elle était stupide ! c’était le seul mot qui convenait !  Aussi continua-t-il e sourire, la regardant dans les yeux, détaillant les traits de son visage à la lueur de la lumière de l’auvent avant de lui faire monter les marches une à une, doucement. Pour qu’elle profite du luxe de l’endroit, à ‘en sentir écrasée par lui presque.

« Je pense que, connaissant mon personnel, ils auront déjà prévu un repas bien chaud, et sans doute aussi des vêtements secs. Pour vous comme pour moi. La salle de bain est au premier étage, en face des escaliers. Mais vous savez, je n’ai pris cette masure que par défaut. Faute de mieux j’ai été habitué  mieux là d’où je venais. J’ai l’impression qu’ici je suis écrasé, c’sest beaucoup trop restreint. »

Pour une fois il lui disait la vérité. Et quand ils posèrent le pied sur la dernière marche, un homme en livrée ouvrit.

« Si monsieur veut bien se donner la peine…ma dame. »

Il fit une courte révérence. Suivie d’un baisemain. Puis une jeune fille arriva. Le lord la lui présenta comme étant Annie, sa femme de chambre pour le temps où elle serait là. Elle lui procurerait des vêtements et autres. Puis il la laissa  avec sa demoiselle de chambre alors qu’il partait lui-même s’habiller.

Elle ne le revu que peu de temps avant le diner, dans le petit salon, l’attendant pour lui demander si les vêtements lui convenaient. Pour la soirée, Annie lui avait dégoté une petite merveille dans les affaire appartenant à sa jeune sœur, une tenue simple mais ravissante : une superbe robe de lin blanc, sans manches, et donc les bords étaient brodés de petits symboles géométriques.

... Eeh oui, stupide. Enfin, elle s'en rendrait compte par la suite ... Pour l'instant, cette stupidité l'aveuglait au point qu'elle se pensait aussi crédule que jamais. Et quand elle se retrouva face à cette robe, elle crut halluciner. Elle du se pincer le bras trois fois de suite pour réaliser qu'elle était encore en vie. Non, elle n'était pas assoupie et shootée en train de rêver : tout se réalisait. Elle enfila la tenue, se détachant de ses vêtements trempés, et s'admira un moment devant une glace. Décidemment, quelle soirée ! Emportée par les vapeurs du rêve, la jeune fille se laissait entièrement guidée. Jamais elle n'avait vécue ce genre de soirées, et pourtant, elle en avait rêvée de nombreuses fois. Elle était passée de jeune femme à jeune adolescente aussi naïve que possible.

Elle descendit en souriant vers le petit salon, guidée par Annie, hâtive de découvrir ce que lui réserverait cette soirée. Kina acheva de se triturer nerveusement les doigts, décidée à être aussi calme que possible.

- Bonsoir ...

Murmura t'elle, avant de s'installer sur un fauteuil.

- Cet endroit est très intimidant ... C'est la première fois que je viens dans un tel endroit en tant qu'invitée.

Elle faisait référence, sans le dire, à son passé de maid.

- Je vous remercie pour la robe, elle est très ... belle.

Il sourit en la voyant, les vêtements mettaient en valeur son teint albatre et sa belle chevelur. De plus, de par sa coupe, elle mettait vraiment en valeur sa taille et même son buste en général. Il en sourit.

« Bonsoir ... Cet endroit est très intimidant ... C'est la première fois que je viens dans un tel endroit en tant qu'invitée. Je vous remercie pour la robe, elle est très ... belle. »

Il sourit et lui dit d’un ton chaleureux en prenant sa main pour y déposer un baiser, comme un gentleman digne de ce nom :

« C’est mon plaisir, vous méritez cette tenue, je vous en prie, acceptez la comme un cadeau de ma part. Elle vous va si bien, que savoir qu’elle va se retrouver dans un placard pendant encore longtemps m’attriste après l’avoir vue sur un mannequin comme si il s’agissait d’une seconde peau tellement elle vous va bien ! »

Il n’avait jamais eu de sœur ou il l’aurait vendue. Mais disons que ce genre de vêtements étaient autrement plus aptes à obtenir la confiance des jeunes femmes crédules, Annie était dans la confidence bien évidemment.

Bientôt, une domestique, habillée comme toute bonne soubrette, apporta un plat encore fumant, qu’elle déposa sur un guéridon. C’était un mélange d’odeur salée et sucrée.

« Poulet au caramel accompagnés de ses petits légumes assortis. Bonne appétit. »

Elle leur servit une belle assiette, réservant le cervelet et le croupion pour son maitre. Offrant une belle part de blanc, finement coupée. Puis elle s’éclipsa en silence et avec une discrétion des plus agréables.

Le vampire répéta le bon appétit à destination de Kina et avant de commencer, attendit qu’elle ait gouté à tout le savoir-faire de son cuisinier. Un vrai artiste ce brave homme !

« Puis je vous proposer un petit verre de vin ? Préférez vous du rosé ou du vin rouge ? »

Le vin blanc était inconcevable, surtout avec de la viande !

Tout se passait à merveille, pour la jeune femme ... Les yeux étincellants, le sourire aux lèvres, Kina découvrait les fastes de la vie d'une personne riche. Enfin, elle devait avouer qu'elle avait déjà eu droit à ce genre de découvertes, mais d'une tout autre manière. Quand elle était domestique, elle avait appris que les gens riches avaient un droit sur tout, et qu'ils n'avaient que peu de scrupules. Son employeur adorait l'appeler quand il peinait à s'endormir, et il n'avait de cesse de la reluquer sans l'ombre d'un scrupule ... Cette période était, certes lointaine, mais assez violente quand elle y pensait. Et surtout, c'était une période difficile de sa vie ... Jamais elle n'avait connue de tels moments, où on prenait soin d'elle.

Elle se prit à espérer que cela dure, et profita du repas. Quand il lui demanda ce qu'elle voulait boire, elle répondit " Vin rouge " avec un sourire de remerciement. Le vin ... Elle adorait cela, mais n'y touchait que trop peu. Mais cette fois, elle comptait bien en profiter.

- Je vous remercie encore pour cette soirée, Liam ... Je me croirais presque dans un rêve.

Qui allait passer au cauchemar, par la suite, sans qu'elle le sache. Pour l'instant, elle était trop éblouie pour se rendre compte qu'elle était en réalité prise au piège ... A un moment, elle sentit ses muscles lui faire mal, éprouvé par la fatigue ... Elle ne tarderait pas à lui souhaiter bonne nuit. Elle était épuisée ...

Il lui souriait lui aussi, ne lâchant pas son regard du sien, comme i il s’y noyait. Il continuait de savourer sa portion de poulet au caramel. Le cuistot s’était encore surpassé. Le but de cette soirée était d’offrir un rêve éveillé à la jeune femme. Il voulait qu’elle en ait les étoiles dans les yeux, non sans arrière-pensée vous vous douterez bien, mais pour le moment c’était hors de propos.Le jeune vampire, savoura un peu de vin, un grand cru très bien choisi. Il se mariait avec la viande à la perfection !

« Je vous remercie encore pour cette soirée, Liam ... Je me croirais presque dans un rêve. »

Il sourit jusqu’aux oreilles avant de lui dire, sur un ton enjoué :

« C’est plutot à moi de vous remercier, si vous ne m’aviez pas percuté tout à l’heure dans la rue, je dois avouer que j’aurai peut être manqué cette soirée des plus agréables, cela aurait été fort dommage, puisque votre compagnie à elle seule vaut tout l’or du monde. C’est à moi d’être votre débiteur, milady, et non l’inverse ! »

Le cauchemar, s’il existait, n’était sans doute pas prévu pour tout de suite, en effet, le vampire avait quelques autres projets autrement plus intéressants en tête.

« Vous savez, le gros avantage des rêves, c’est qu’en y croyant assez, ils parviennent à se réaliser ! Et sachez que je n’ai nul envie de briser le rêve qui unit actuellement nos deux personne autour d’un excellent repas. D’ailleurs, au passage, je trouve que mon chef cuisinier es’est surpassé, vous ne trouvez pas ? »

Il sourit avant de finir par ajouter, sur un ton contrit.

« Excusez-moi, je viens de réaliser un léger détail, j’expose le faste et le luxe dont je dispose, mais cela ne vous gêne pas au moins ? Et que faites-vous dans la vie ? A part illuminer et embellir votre entourage par votre simple présence bien entendu ! »

Que de charme et de flatteriez déployées….le vampire commençait à beaucoup s’amuser, au détriment de la demoiselle bien entendu…

Que de flatteries, tout à fait ... La jeune femme s'en sentait presque mal. Jamais elle n'avait eu droit à autant de choses aimables. Enfin, si, à l'époque où elle était danseuse et strip-teaseuse ... Là, les hommes étaient aimable et tendres, histoire qu'on lui offre davantage qu'une simple danse. A cette époque, elle avait été habituée aux compliments, et sa confiance en elle était renforcée à chaque fois qu'elle avait affaire aux hommes. Mais tout était retombé par la suite ... De stip-teaseuse, elle était passée à prostituée, et avait tout plaqué pour devenir infirmiére, pour ensuite enchainer les petits boulots plus ou moins rentables. Et, en tant que secrétaire, elle ne gagnait pas grande-chose.

Juste de quoi s'acheter weed, tabac et nourriture. Un petit bonheur, quoi ...

- Je suis ... secrétaire, bafouilla t'elle.

Elle s'en sentait presque honteuse. Ses joues rougirent un moment, avant qu'elle ne se reprenne.

- Je ne suis pas gênée, je vous assure ... C'est troublant, certes, mais plaisant.

Ce n'était pas un mensonge. La jeune femme se sentait mal à l'aise au départ, mais cette sensation s'estompait petit à petit ... Elle finissait pas s'habituer à tout ce luxe.