Défions l'éternité ... ( Arès )

Les matinées avaient ce goût significatif de miel, pour la reine des dieux. Penchée sur son balcon, le soleil levant coulant dans le ciel, Héra contemplait Olympe comme elle ne l'avait jamais fait ... Avec des yeux d'humaine qui s'émerveille à la moindre trace de magie dans l'air. Elle ne parvenait à se détacher de ce spectacle, les yeux fixant plusieurs points à l'horizon. Un bise se leva, l'obligeant à rentrer, frileuse, dans ses appartements. Les siens, à elle, et personne d'autre ... Même Zeus n'y mettait pas le pied. C'était une salle qu'elle affectionnait, parce qu'elle se livrait à tous ses caprices : lit rond recouvert de coussins, fleurs sauvages et tissées sur les murs, fenêtres multiples et rideaux pourpre et écarlate, tentures parsemées sur les murs, une source chaude dans une pièce voisine ... Des souvenirs du temps où elle vivait sur terre étaient rangés sur un des quatre murs : On y trouvait des affiches issues de la Terre, des tenues humaines accrochées à des cintres, des bijoux punaisés. Elle passa devant, cette fois sans le regarder avec une profonde et exacerbante mélancolie. La déesse quitta le peignoir qu'elle portait, lui préférant une longue et fine robe noire, une robe bustier qui venait toucher le sol, le décolleté paré de diamants. A son bracelet s'accrocha quelques bracelets d'argent, et un maquillage noir se posa sur son regard.

Elle passa devant son long miroir, se regardant avec un sourire. Elle était une déesse, et ne devait plus en douter ... Même si elle avait attrapée cette sale habitude de fumer du bot des doigts, faisant des ronds de fumée peu glorieux - comme beaucoup d'humaines - , elle restait Héra. La Grande, la Splendide, la Merveilleuse Héra. Promue au rang de reine des dieux ...

Par réflexe, elle se chercha une cigarette, et l'alluma en claquant des doigts. Et elle s'installa sur son lit, tirant par bouffée sur cette drogue tueuse. Une déesse pouvait-elle souffrir d'un cancer ? Mmh, non, sûrement pas ... Elle se lançait presque le défi de mourir ainsi. Histoire de défier l'éternité ... Cette remarque la fit sourire, tandis qu'elle se plaisait à écouter d'une oreille attentive les sons qui lui parvenaient : des rires idiots - de prêtresses, donc - , des chants d'oiseaux, des rires d'hommes, la voix de son frère Hadès qui parlementait avec Zeus, des pas dans le couloir ... Hein, quoi ?! Des pas dans le couloir ? Elle se redressa, restant cependant assise avec dignité sur sa couche, et tendit l'oreille. Des pas, là, qui venaient vers elle ... Vers ses appartements ? Qui connait l'adresse ? Elle pensait cette pièce secrète. Qui est-ce ? Elle se releva, tremblant presque de crainte et de curiosité, et dérouilla la porte d'un même claquement de doigt. Qui que ce soit, il ou elle entrerait, et là ... Elle plissa les yeux, curieuse. Qui pouvait bien connaître ce lieu ? Même Zeus ne le connaissait pas ... Même s'il n'avait jamais cherché, il fallait l'avouer. Quelle négligence ... Héra chassa vite cette pensée de son esprit.

- Qui es-tu ... ?

Murmura la déesse, tiraillée par une curiosité qu'elle ne parvenait pas à réfréner.

Elle se contenta de tirer une longue bouffée de tabac sur sa cigarette, parvenant, cette fois, à faire un rond de fumée convenable, au moment même où la porte s'ouvrait, dans un léger grincement ...

Tout etait en place désormais. Les choses avaient retrouvé leurs places d'origines, Zeus etait remonté sur le trône après son passage éclair sur terre, Hadès avait filé vers les territoires d'outre monde, Poséidon avait finit par abandonner son envie de femmes... Tout du moins pour l'instant. Mais la plus stratégique des actions du Dieu de la Guerre, avait été le retour de celle, autour de qui les Dieux pouvaient se recoller, la Reine dont Olympe ne pouvait se passer, la Déesse qui tenait tête au plus puissants d'entre eux, et qui se méfiait de cette femme plus que tout... L'unique Héra. Stratège hors norme, le Dieu guerrier avait traqué, de longue années durant, la Reine en fuite. Non sur ordre de Zeus, ni même la demande d'un de ses frères... Non, il savait, lui, que sans elle, Olympe ne serait pas unifier, et sans unification, pas de paix possible.

Drôle de mentalité pour un Dieu qui tire sa puissance des guerres et des actes Héroïques, et pourtant, il savait que son intérêt, et celui de tout l'olympe, passait par l'union, et qu'un ennemis tapis dans l'ombre, attendait sagement que le feu brule de l'intérieur du sièges des dieux. Non, il avait dut partir a sa recherche, mais il n'avait pas prévue la suite... Qui aurait put finalement, connaissant ces deux là?... Personne, pas même l'oracle.

Il avait été frapper plus qu'il ne le pensait... Héra n'avait pourtant rien fait pour, jouant la petite humaine chétive, alors qu'elle etait sa Reine, Leurs Reine, elle n'avait pas le droit d'abandonner.. Ni même relâcher ses efforts. Elle avait un rang a tenir, et tout en la ramenant, il avait tenté de le lui apprendre, n'oubliant pas d'user de sa force du moment... Mais alors que l'échange avait été cinglant, il s'était passé une drôle d'alchimie... Le Sucré trouva le salé... La Haine frappa l'amour, le désir se maria a la passion, et ainsi, le Cœur sombre d'un guerrier en mal de sentiment, trouva partenaire obscur...

Il longea les couloirs sombres, inconnus, tout en souriant... Elle seule pouvait avoir une telle idée. Ici, sur Olympe, ou rien ne reste secret longtemps, elle avait trouvé le moyen de rester en paix, au calme, loin de l'agitation et des trames politique. Mais étrangement, et ce depuis toujours, ils avaient un lien... Spécial... Que personne n'avait réussi a briser. Elle ne pouvait se cacher de lui, tout comme il ne pouvait échapper a sa surveillance à elle. Il trouva enfin cette porte aux accès si mystérieux, et la poussa lentement, non verrouillée... Héra avait donc retrouvé confiance en ses pouvoirs. Il s'arrêta sur le pas de la porte, prenant cette fumée en plein visage, l'écartant d'un geste simple de la main, avant de laisser ses yeux planer sur les murs de ce petit logis... Des vieilleries Humaines... Décidément, sa mère avait prit ce monde en affection.. Posant son regard sur la cigarette qu'elle tenait en main, il claqua des doigts, la faisant bruler.

"Tu as gardé de mauvaise habitudes.... Avec les... Parasites."

Il sourit, elle savait qu'il ne les supportait que peu, et tout en avançant, il la regarda de bas en haut, dévisageant celle, qui avait a jamais changé sa vie d'immortel, sans vraiment étre capable de le lui avouer pour l'instant...

"Tu as stabilisé Olympe Mère... Zeus est enfin revenue, et nous allons pouvoir mettre à exécution la paix durable... Avant de faire front, si un jour nous devons le faire..."

Tournant vers elle un sourire conquérant.

"J'ai joué mon role, tu as ta puissance, hooo Ma Reine."

... Ainsi donc, il avait trouvé sa cachette. Quand elle le vit entrer, elle fut prise d'un vague envie de lui sourire. Quand il fit brûler sa cigarette, elle poussa un grognement significatif. L'entendre parler des humains en tant de "parasites" lui faisait presque du mal, ces derniers temps. Héra s'était humanisée ... ou affaiblie. Chacun choisit ses termes, et chacun choisit son camp. Se prendre pour une humaine avait été un exutoire, une manière de s'apaiser quelque peu ... Mais son rôle de déesse revenait la gifler, lui rappelant que ce genre de mélancolie était inutile ici-bas. La déesse acquiesça chacune de ses paroles avec un sourire las. Reprendre ses fonctions risquait d'être pour le moins acrobatique. Surtout pour la plupart des dieux qui la prenait pour une lâche ...

A cette pensée, elle angoissa, et en vint à s'allumer une cigarette. Elle fixa Arès, l'interdisant d'un simple regard de faire griller celle-là, et osa prendre la parole.

- Je suis à nouveau "reine", souffla t'elle, comme pour se le rappeler à elle-même.

Quand au sort d'Olympe ... Advienne que pourra. Certaines déités se prenait à rêver de gouverner cette terre des dieux. Elle leur taperait sur les doigts, au besoin ... Personne ne devait prendre la place de Zeus, personne ne devait bouleverser l'ordre établi. C'était ainsi, chacun restait à sa place : une règle immuable. Elle tira une bouffée sur sa cigarette, regardant le Dieu avec un sourire. Elle n'osait même pas penser qu'elle avait espérée, un instant, qu'il entre, qu'il vienne la voir, lui parler ... Elle secoua la tête. Ne rêve pas ...

- C'est grâce à toi, si je suis là ... admit-elle en souriant.

Elle le savait : une déité oubliée sur Terre devenait vite une humaine, incapable de réintégrer Olympe. Au fur et à mesure du temps, elle avait oubliée ses pouvoirs, sa puissance ... Arès lui avait rendu son statut de Reine. Et sans doute davantage ... La déesse ne parvenait pas à oublier leur rencontre sur Terre. Chaque soir, un verre à la main, elle repensait à cette danse, à cet instant ... Héra fit claquer sa langue sur son palais, faisant taire ses souvenirs. Elle s'approcha de lui, posant sa main qui ne tenait pas la cigarette sur son épaule.

- Héra fut ressuscitée par tes soins ... Beaucoup de tes frères et sœurs te jettent des regards envieux. Ils auraient aimé pouvoir se vanter de m'avoir ramenée ici ... Ne serait-ce que pour bénéficier d'un traitement de faveur ...

Elle retira sa main, tira une bouffé et recrachant la fumée loin du visage d'Arès, s'arrangeant pour qu'il ne soit pas gêné par l'odeur et la présence même du tabac.

- Dis-moi ... Si tu devais avoir une récompense pour cela, qu'exigerais-tu ?