Le carrosse, encadré de quatre cavaliers, quitta le domaine, emportant Malon dans la vaste cité-état de Nexus. Belgrif offrit à son invitée une visite digne de ce nom, n’hésitant pas à dispenser ses explications ou ses impressions sur les divers bâtiments croisés. Sur le trajet du seigneur chat, on s’écartait, on s’éloignait. La peur qu’inspirait le marchant d’esclaves était palpable. Dans le regards des citadins, on pouvait lire le respect, ou la jalousie, ou encore la rancune. Malon côtoyait quelqu’un qui n’hésitait pas à être monstrueux avec son entourage et cette visite le souligna. Pire encore, la jeune femme allait « bénéficier » de cette triste notoriété, ce n’était qu’une question de temps. D’ailleurs, le félin aborda le sujet alors que le carrosse, après une halte à la grand place, s’ébranlait de nouveau.
-Garder votre présence secrète aurait été, assurément, le plus pratique pour vous, Malon. J’aurais peut-être tenté de le faire mais voilà, mes hommes vous ont déjà vu, il est déjà trop tard. Alors n’oubliez surtout pas que, comme toutes personnes puissante, j’ai des ennemis. Mes ennemis deviendront bientôt les votre. C’est l’une des raisons qui me pousse à fortement vous inciter à rester au manoir, à ne le quitter qu’en ma présence.
La demoiselle n’allait pas être dupe, Belgrif voulait garder la griffe sur elle. Mais cette précaution allait, il est vrai, aussi dans le sens de sa sécurité.
-Et si jamais d’aventure vous deviez quand même quitter le manoir sans moi, ne vous séparez jamais des gardes qui vous accompagnerons.
Si une telle sortie devait avoir lieu, Belgrif même absent aurait préalablement donné son accord. Sans cela, les gardse refuseraient de laisser Malon sortir du domaine.
-Quand aux rumeur, puisqu’il va y en avoir, j’ai pris l’habitude de les contrôler, de laisser fuiter volontairement les informations que je désire. Ainsi, je sais ce qui ce dis. Ce qui ce dis, c’est ce que je veux. Alors il va falloir construire une histoire et s’y tenir. Le théâtre existe-t-il dans votre monde ? Parce que vous allez devoir, en public, joué un rôle. L’histoire à laquelle j’ai pensée est toute simple : vous êtes une amie de province. On choisira un village, vous vous renseignerez dessus un minimum. Il s’agira forcément d’un village ravagé par les esclavagistes, mes esclavagistes. Ainsi, j’ai fais une erreur et je me dois de la réparer. Vous avez perdu votre maison par ma faute alors je vous héberge en retour. La plèbe est prête à accepter cette histoire, elle colle bien à mon image.
Comme promis, la visite se ponctua d’emplettes. Belgrif, au moindre signe de Malon, était prêt à farie arrêter le carrosse pour aller acheter quelque chose qui plaisait à la demoiselle. Quand arriva le moment des vêtements, ce fut plus long. L’épreuve était de taille : trouver au moins quatre ou cinq tenues adaptées. Il en fallait pour la vie de tous les jours mais aussi pour les événements. Le choix se porta presque systématiquement sur d’amples robes. Vue la coupe de ces dernières, le secret de Malon allait être bien gardé. Par la même occasion, elle allait avoir l’impression de se glisser dans la peau d’une véritable princesse. Il s’agissait là de haute couture, de dentelles, de broderie, d’étoffe précieuse. Sa tenue de soirée, particulièrement, était magnifique. Et tout ceci s’accompagnait, bien évidement, de bijoux, bagues, colliers, diadèmes. Belgrif dépensait sans compter. Plus de 4 000 pièces d’or partirent en fumée en l’espace de quelques heures. La demoiselle, à l’abri de tous les regards, même de celui du chat, avait put essayer chaque ensemble et donner son avis. Rien ne fut acheté sans son accord.
Belgrif, quand il désirait quelque chose, était prêt à y mettre les moyens. Il conseilla, il donna lui-même son avis et surtout, il agissait avec autant de tact que possible envers son invité. Il en allait autrement pour le personnel des commerces fréquentés. Ceux-ci avaient intérêt à montrer le plus grand respect envers le chat et la demoiselle sans quoi le félin devenait très menaçant. Il ne fallait pas oublier qu’il avait quatre brutes en armes prêtes à faire un carnage au moindre claquement de doigt du Terranide.
De retour au manoir, Malon dut se séparer de Belgrif. Ce dernier avait un repas d’affaire. La demoiselle eut donc à faire aux serviteurs. Ceux-ci lui présentèrent la chambre qui allait être la sienne. Elle était moins luxueuse que celle du mètre des lieux mais sa fenêtre donnait sur le parc, là où il était le plus profond, le plus beau. On aida Malon a installer sa garde-robe puis on lui présenta la bibliothèque dont avait parlé le chat. Ce lieu était une véritable mine d’information sur Terra. Pour la suite, les serviteurs n’avaient plus d’instruction. Malon état libre de faire ce que bon lui semblait.
18 heures venait de sonner à la grande horloge. Le soir commençait à s’approcher. Le soleil déclinait. Le temps était toujours aussi radieux. Belgrif, un peu fatigué, s’avança dans le parc. On lui avait dit que Malon s’y trouvait alors il se mit à la chercher. Quand il l’eut trouvé, il s’approcha.
-Voilà mes affaires terminées pour aujourd’hui. J’espère qu’en mon absence, mes domestiques ont sut être aimables avec vous. Avez-vous trouvé votre bonheur dans la bibliothèque ?