Il était de retour... Sur Terra... Après une expédition "forcée" sur le plan terrien, forcée par un alchimiste répondant au doux nom de Grits Lestcraft, cet enfoiré lui ayant promis, en retour d'une paire de burnes de troll, de cerveaux de gobelins et crottes de loups blanc des montagnes enneigées d'Asgard, une potion capable de rendre une apparence, soit disant humaine à son buveur.
Tu parles... d'une arnaque, ce mec prononça une étrange litanie en latin avant qu'il ne s'exclame "Le voilà parti dans les couloirs du teeemps ! ha ha ha !" Histoire de pas avoir à me payer cet espèce d'escroc de mes deux !
Ah je te jures, parfois le métier d'aventurier et de mercenaire attire autant son lot de bonheur paysager que de profonds emmerdes, bref, me voilà de retour après avoir réussi à emprunter un vortex donnant sur Terra, j'avais été projeté au milieu des terres sauvages, à équidistante distance du nexus, là ou se trouvait ce pauvre con, et de ma forêt, ou se trouvait ma tanière pour aller me reposer, et comme j'étais plutôt du genre revanchard, il m'a pas fallut plus de deux putains de secondes de réflexion pour prendre la direction du Nexus, même s'il faudrait que je loues une caravane, une roulotte sur le chemin en passant à coté de la première ville, ou marches plusieurs centaines de kilomètres plusieurs jours durant, tout un programme !
...
La chaleur et l'évaporation de l'humidité hors du sol, rendait floue l'image d'une silhouette sombre, d'un chevalier noir à l'horizon, on pouvait deviner la poussière s'élevant en étranges volutes, dissimulant chacun de ses pas, un peu hésitants, qui étaient il y a de celà encore plusieurs jours, une marche fière, millitaire et déterminée, rapide et lègère, mais là, ils étaient bien lourds du poids de la fatigue, et de jours de marche, parfois de course à travers la lande.
Et ce foutu soleil tappait, bon sang, Khaléo secouait l'outre en cuir qui autrefois fut remplie au dessus de sa tête, de ses lèvres et sa gorge sèche, quelques gouttes, résidus de la condensation sur les parois internes tombèrent miraculeusement sur sa langue, puis glissèrent jusqu'au fond de sa gorge, humidifiant enfin ses cordes vocales, ce qui le fit tousser, et s'agenouiller par terre, prenant une bonne bouffée de poussière soulevée par sa chute qui annula tout bénéfice qu'avait pu lui procurer ces quelques gouttes d'eau.
Il referma l'outre en jurant, resserrant les lanières de cuir à cet effet et la rattacha à sa ceinture, sa cape munie d'une capuche le protégeait bien sommairement de l'agression de l'astre céleste, en plus de servir de véritable serre retenant la chaleur dans son armure, il serra les dents tout en empoignant fermement ses genoux, et il se releva pour continuer sa route, plaçant sa main au dessus de sa ligne de vue, trouvant enfin les formes floues qui se déclaraient à ses yeux comme un mirage au loin, l'illusion d'une ville.
Les cliquetis métalliques des diverses pièces de son armure rythmaient sa marche, encore un peu et il pourrait prendre un repos bien mérité, quelque part dans cette grande cité, s'étant reposé durant son séjour sur terre, après un accident violent sur le périphèrique une fois qu'il attérit au beau milieu des bagnoles, il était resté en convalescence plusieurs semaines, ça faisait donc pas mal de temps qu'il n'avait plus marché aussi longtemps avec tout son bardas sur le dos, les petits contrats de mercenariats proposés par les villes et villages aux alentours de la capitale, c'était pas mal pour se remettre un peu dans le bain, mais ça ne payait jamais aussi bien que les petits soucis des noblions qui offraient des contrats parfois idiots pour des sommes alléchantes.
L'appat du gain ? Peut être, mais pour des bonnes raisons, et puis, surtout, cette envie de vengeance hein, il n'allait pas oublier le tour pendable que ce salaupard lui avait joué ! Cependant, si le mercenaire était obligé de sortir de sa tanière pendant l'hiver, c'est que la forêt n'offrait pas son pesant de ressources naturelles pendant cette période afin qu'il survive, ça le poussait en dehors de son habitat qu'il considérait "naturel", mais jamais sans une forme de conscience, il a déjà été soldat et quoi qu'on en dise il garde certains principes fondamentaux, il analyse toujours un contrat avant de s'engager, mais ça ne l'empêche pas de se faire avoir de temps en temps et d'être utilisé à des fins peu glorieuses, et de celà il s'en mord parfois les griffes, comme là, puisqu'il revient de s'être fait entuber !
S'il se retrouve à marcher depuis quelques jours, alors qu'il avait loué un véhicule, c'est également parce qu'on à réussi à lui voler la chariotte et les chevaux qu'il venait de troquer contre la tête de plusieurs bandits sévissant dans les champs et les fermes autour du Nexus, il avait juste cédé à une tentation bien commune aux félins, celle de se prélasser sous l'ombre de la bâche de la chariotte et de s'endormir en laissant le véhicule suivre la route, une bande de voleurs ont eu vite fait de l'attacher pendant son sommeil et de le jeter comme un vulgaire sac de pomme de terre sur le chemin.
Ca lui avait pris du temps, tout d'abord, beaucoup de temps pour entammer le baillon avec ses dents, faut dire qu'il n'avait pas beaucoup d'espace pour "mâcher" la bouche grande ouverte par ce dernier, mais avec la puissance écrasante de sa mâchoire, et un peu de salive, il eut réussi à ramollir la "chose" puis la déchirer avec ses dents, ensuite vint le temps de trancher le bout de cordage retenant ses chevilles avec ses dents, mais la chariotte avait déjà disparu de l'horizon.
Pour finir le tout il se déboita l'épaule pour se libérer des cordes attachant ses bras, trop serrée autour de son corps au point tel où il avait du mal à respirer.
Bref, après toutes ces péripéties, il n'en demandait pas tant vous vous en doutez bien, le soleil était en train de se coucher, il ferait bientôt nuit et il était enfin aux portes de de la ville mais n'avait pas fière allure, son armure poussièreuse reflettait encore quelque peu l'environnement par tâches noires, huilées de tallum, sinon il était recouvert de poussière grise, terreuse de la tête aux pieds.
A boire... c'était la première chose qui lui traversait l'esprit.
Celà faisait longtemps qu'il n'était plus venu dans cette ville, il avait déjà du mal à se rappeller comment était gouverné cet endroit il y a de celà plusieurs siècles, alors ne lui demandez pas s'il connait tel ou tel dirigeant ou homme politique il n'en sait foutre rien et c'est loin d'être dans l'ordre de ses priorités en ce moment...
Boire...
Son armure semblait encore fumer de la chaleur qui à légèrement dilaté son métal en cours de journée, si on écoutait bien on entendait les jointures et le métal de certaines plates articulées travailler de petits -tic-tic-tic-tic- répétitifs et courts, il cuisait la dedans, mais heureusement la fraîcheur de la nuit tombante était en train de le soulager.
Boire !
Et voilà, c'était une fois de trop, il s'approcha de l'abreuvoir à chevaux en face d'une grande bâtisse, et se pencha pour boire dedans, tant pis, jusqu'a y tomber à la renverse, l'eau se mit à s'évaporer doucement autour de lui, comme s'il était une pièce de métal forgée qu'on plongeait dans de l'eau pour la refroidir, il soupira d'aise en se laissant "baigner" quelques temps la dedans.
Bien sûr quelques regards courroucés se portèrent sur lui, c'était là aussi le cadet de ses soucis, il se releva quand il eut envie de se relever, secouant son corps nerveusement et rapidement pour s'essorer, ses pas étaient foutrement discrets maintenant, à chaque fois qu'il posait son pied à terre, le cuir et le tissus trempé s'écrasant exprimait son enthousiasme par quelques "-SPouitCH-" assez ridicules.
Bon, maintenant, direction la boutique de l'Alchimiste, placée pas loin de la place publique, il s'en souvenait comme si c'était hier, le son discret de ses pas le poursuivait jusqu'a l'enseigne, sa silhouette à l'extérieur de la boutique fut reconnue, et surtout redoutée par Grits Lestcraft qui se saisit de son arbalète, pris de panique ayant l'impression qu'il joue sa peau après s'être joué des désirs du mercenaire, chose qui n'est pas tout à fait fausse, même s'il cherchait plutôt à être remboursé en lui pétant quelques dents au passage, Grits lui tira dessus à travers la fenêtre de sa boutique alors qu'il s'apprêtait à toquer.
"-AAaah meeerrde !"
S'exclames Khaléo ayant reçu le carreau dans l'épaule droite, bien fichée dedans, il réplique, en défonçant la porte de la boutique, les dents serrées et, grognant :
"ça fait un putain de mal de chien, non mais tu le sais ça ? Et tu agraves ton cas mon salaud !"
Un deuxième carreau part, mais cette fois se fiche dans le cadran de la porte, juste à coté de sa tête encapuchonnée, Khaléo se rue sur le comptoir et renverse tous les obstacles entre lui et Grits, l'attrapant par le col et lui faisant visiter les étagères en brisant les fioles de produits divers avec sa tête.
"-Bon, ça tu vas pas m'dire que tu l'avais pas volé, mon vicelard..."
Les grandes paluches du mercenaire enserrées autour de la tête de l'Alchimiste lui "écrasent" le visage sur son comptoir, éclatant ses binocles de précision pour les dosages, il lui fermes la bouche pour qu'il se taise en plaçant ses doigts sur les lèvres de Grits, qu'il scèlle pour qu'il l'écoute attentivement.
"-Maintenant que j'ai toute ton attention, je veux que tu me paies, tu me paies et avec quelques intérêts pour le retard, et un pourboire parce que tu as bien failli me tuer, non seulement ici , mais aussi en m'envoyant de l'autre coté, au milieu d'une autoroute à 6 bandes... "
il dépressurise un rien ses doigts de sur la bouche du boutiquier, annonçant un relâchement prochain.
"-Là, je vais... te laisser parler... et tu as... intérêt à me dire un truc qui aille dans mon sens, et, qui plus est, en vaille la peine parce que j'ai ton arbalète pointée sur tes valseuses..."
Grits secoues positivement la tête, suant comme un porc tant il trouille, Khaléo relaches sa bouche et le prévient à nouveau :
"-Attention à ce que tu vas dire..."
Grits de répondre :
"-Je connais quelqu'un qui peut réellement vous transformer en hum..."
Les doigts se referment sur sa bouche et il fronce les sourcils durement, les rides léonides de la musculature autour de ses narines se bossele de rage et, entre ses dents grincantes :
"-Tu m'as déjà eu comme ça une fois pauvre con, tu as du mal à innover ou tes potions inutiles sont la seule chose qui titille un peu ta créativité ?"
Il secoues vivement la tête, la peur , l'envie de vivre se lit dans ses yeux, peut être qu'il dit la vérité tout compte fait, je le relâches trrrrès doucement à nouveau.
Grits :
"-Non, je... je vous l'assure, prenez l'argent de la caisse, aujourd'hui j'ai bien vendu..." Khaléo : "-Arnaqué..." Grits : "... vendu ..." Khaléo : "-A...RNA... qué.... dis le... c'est pas compliqué, dis la vérité, c'est tout... tu verras, ça libères..." Grits : "-A... Arnaqué pas mal de clients..."
Khaléo:
"-EEeh beh voilààà..."
Il le redresse en lui tirant les cheveux, puis, lui époussettes gentiment le col, qu'il lui replace, offrant une pichenette à son menton pour qu'il redresse enfin la tête et le regarde dans le blanc des yeux.
"-Maintenant, tu peux être fier de ce que tu fais, pas vrai ? Bon, mon beau connard, j'attends quand même la suite de ce beau discours, mais sache que si tu m'fous à nouveau dans la merde, je te promet de revenir et, te pourrir l'existence d'une force que ton imagination ne pourra jamais conçevoir..."
Grits :
"-Très... très bien, on dit que dans les rues commerçantes une jeune femme, très douée dans les philtres magiques en tout genre, fait des miracles, je ne connais pas son nom, mais je peux vous montrer l'emplacement sur cette carte..."
Il glisse une carte du nexus sous mes mirettes et traces le chemin jusqu'a l'endroit cité.
"-C'est là, promis, ça ne coûte rien d'essayer après tout, je... je suis... désolé d'avoir profité de..."
Khaléo :
"-C'est ça fermes ta gueule j'ai pas besoin d'entendre tes excuses alors que t'as essayé par deux fois de m'faire la peau, maintenant si tu veux bien m'excuser... Je vais aller confirmer ta théorie..."
Si son langage est effectivement ordurier avec ce bonhomme il faut bien comprendre, qu'il est tout de même la source de pas mal de problèmes qu'a traversé le mercenaire ce précédent mois, et, qu'il à toutes les raisons de n'être d'aucune bienséance ni politesse avec ce dernier, vous en conviendrez.
Khaléo sort, de la boutique mais pas sans percuter violemment la porte et, faire tomber la moitié de la vitrine éclatée au sol, les persiennes suivront dans peu de temps et le chambrant de la porte est, proprement défoncé, Khaléo suit le "plan" en le tournant un peu dans tous les sens, il se gratte derrière la tête en cherchant son chemin et finit par se repérer au bout de trois ruelles traversées...