Pour une femme qui avait été blessée, elle ne s'en sortait pas trop mal. À vrai dire, je me demandais comment elle faisait pour tenir debout, la manière dont les villageois s'étaient occupés d'elle… j'avais pratiquement honte de ce qui allait arriver par la suite.
Alors que nous battions en retraite, tous sur notre monture respective, deux soldats étaient restés embusqués pour nous couvrir, et ainsi nous donner le temps de fuir, ils reviendraient d'ici quelques heures au campement, s'était la procédure habituelle. Et de toute façon, s'ils ne revenaient pas, ça nous ferait plus de provisions et nous pourrions nous déplacer plus rapidement. Enfin, ce n'était pas encore arrivé, et comme je connaissais ces soldats, ce n'était pas une poignée de villageois enragés avec leur fourche qui allaient faire peur, ni vaincre, les meilleurs soldats de Nexus, armés jusqu'aux dents qui plus est.
Nous pouvions voir le campement désert alors que la jeune femme s'affaissa sur son cheval. Étant des professionnels, l'escadron s'était resserré sur le cheval, pour éviter qu'il ne se perde et qu'il garde la trajectoire des autres montures. Une fois arrivés au campement, trois soldats la firent descendre de son cheval et allèrent l'emmener sur un lit, où ils prendraient soin d'elle pendant la convalescence, sur mon ordre, bien évidemment.
Lorsqu'elle ira mieux, emmenez la dans la grande tente, je vais lui "parler" en privé, compris?
Bien, Monsieur Atayoshi…Vous allez la forcer par l'histoire qu'elle aurait une dette envers vous?
Hé, je lui ai bien sauvé la vie, non?
Plusieurs soldats se mirent à rire puis chacun repartit s'occuper, attendant le moment de repartir.
Alors que j'étais à me restaurer avec d'autres soldats, le soldat qui veillait sur la jeune femme vint me voir.
Monsieur, deux bonnes nouvelles: 1- Les soldats de l'embuscades sont rentrés il y a cinq minutes.
2- Nous avons terminé de soigner la jeune femme, les herbes dans le coin sont puissantes! Toutes les équimauses ont disparues et sa lèvre ne comporte qu'une petite cicatrice, elle se repose en ce moment.
Parfait, n'attendez pas qu'elle se réveille, amenez la dans la tente, j'irai la rejoindre tout à l'heure. Oh et à ce propos, vous avez son pistolet?
Le soldat hocha la tête tranquillement puis me donna l'arme en question. Je souris en coin puis, après l'avoir pris, donnai congé au soldat pour qu'il exécute l'ordre que je venais de lui donner, je recommençai à discuter avec d'autres soldats, plus vieux, autour d'un repas de fortune… Enfin, on ne pouvait pas vraiment avoir un véritable repas dans un coin aussi reculé que la dictature d'Ashnard… Faudrait vraiment que j'essaie d'étendre mon marché jusqu'ici.
Bref, après une heure ou deux je me rendis alors à la tente, où m'attendais déjà la jeune femme, assise sur une petite chaise en bois, à la lueur d'une seule bougie.
Tu t'es bien rétablie, c'est bon signe… Je ne passerai pas par quatre chemins, je suis Hiro Atayoshi, peut-être que mon nom de famille te dit quelque chose; nous sommes une famille de puissants marchands d'esclaves, à Nexus.
Plusieurs de mes concurrents auraient joué la comédie, prétextant au départ être de bonne foi dans cette histoire, jusqu'à ce qu'elles tombent dans le panneau, c'est ce que j'aurais fait moi aussi, mais elle n'avait déjà pas le choix de se plier à ma volonté, je trouvais donc inutile de m'inventer une histoire, juste pour pouvoir l'amener à devenir mon esclave, alors qu'elle l'était déjà.
Mes intentions, lors de ton sauvetage, étaient loin d'être louables. Au contraire. Je me fou de savoir qui tu es et d'où tu viens. Sur Terra, une loi réside plus que tout: la dette. C'est ainsi qu'on marche ici, œil pour œil, dent pour dent. Je t'ai sauvé la vie, donc celle-ci m'appartient, tout simplement. Saches simplement que la vie n'est pas un droit, mais bien un privilège, si tu veux gagner le droit de la vie, tu vas devoir te plier à mes moindres désirs et tu dois te douter que je ne parle pas d'avoir une servante... Tu peux toujours espérer fuir, mais je ne donnes pas cher de ta peau si tu sors en courant de cette tente…
J'allais alors m'asseoir dans un grand fauteuil luxueux, qui était pliable, c'est fou ce qu'on arrive à faire avec des connaissances terriennes sur un territoire terranide, pour attendre qu'elle ne se décide. Elle n'avait pas vraiment le choix non plus, je ne lui en laissais pas vraiment, à moins que la mort ne soit envisageable…
Donc, à moins que tu ne veuilles que je reprennes ce qui m'appartient de droit, tu ferais mieux de te mettre à quatre pattes ici et me montrer ce que tu vau, petite cow-girl.