La lamia allait droit au but, mais ce n'était pas pour déplaire à la créature végétale. Le baiser qu'elle lui donna fut totalement incomparable avec ce qu'elle avait déjà vécu. La longue langue faisait des merveilles. La force utilisée sur son sein droit lui procurait un plaisir terrible, puisque sa peau était beaucoup plus sensible (au plaisir tout du moins) que celle d'une humaine.
Lorsqu'elle sentit l'appendice caudal de sa partenaire entrer en elle avec toujours la même force, elle se mit à y sécréter un liquide. Pas vraiment pour lubrifier, elle n'en avait pas besoin, mais il donnerait aux écailles une brillance, un éclat et une douceur qu'elle n'avait jamais connu jusque là. Une sorte de crème nourrissante naturelle en quelque sorte.
Elle fut surprise quand la serpente se mordit elle-même. Puis, sentant sa chaleur augmenter ainsi que ses pulsations, elle comprit le pourquoi de la chose. Un petit cocktail bien utile qu'elle utilisait parfois sur ses victimes quand elle en voulait encore.
Seulement, elle était un peu sous-estimée. A-t-on déjà vu une plante se fatiguer?
Elle vit du coin de l'œil la vampire tenter de mordre gentiment la maitresse des lieux, qui la repoussa tout aussi gentiment. Il faudrait qu'elle fasse attention elle aussi: elle n'avait pas de sang et doutait que boire la sève vomitive qui en faisait office soit à son goût.
Du côté de la dernière arrivée, la discussion allait bon train. Par chance, le nom de sa sœur lui était parvenu par les rumeurs récentes d'une caravane qui fit son quatre heure sur la route pour venir ici.
Elle se doutait qu'une créature d'une telle puissance se devait d'être un tant soit peu orgueilleuse, et en eu la confirmation lorsque celle-ci éclata sa tête dans sa main.
Elle en fit pousser une autre immédiatement avant de lui dire avec un grand sourire:
« -Je n'en attendais pas moins de toi. Tu veux voir mon corps? Je vais te le montrer. »
Puis la liane disparut comme elle était venue, rentrant dans la nuque d'Alraunya.
Au même moment, la réplique exacte du corps au prises avec Alice entra dans la pièce, se dirigeant droit vers son interlocutrice.
« -Je ne suis pas comme toi ou les autres femmes que tu vois ici. Pour voir mon véritable corps, il faut aller à la fenêtre. Tu y verras une grande forêt. Voilà ma véritable nature. Ce qui te parle, de même que ce qui prends du plaisir avec la femme-serpent ne sont que certains de mes nombreux appendices. La tête que tu as donc éclatée n'était pas un intermédiaire mais bel et bien moi. Une extension, certes, mais ça fait partie de mon vrai corps. »
Pendant ce temps, elle diffusait une nouvelle substance. Pas un parfum ou une phéromone, mais une molécule qui allait neutraliser celles de la demi-formienne. Elles risquaient d'agir en sus de son propre parfum et, si les doses augmentaient trop de chaque côté, cela pourrait être dangereux pour les autres membres de ce club si particulier.
« -Je vais donc me représenter. Alraunya, fille et prêtresse de notre mère, reine du monde végétal.
Et toi tu es Scylla, mi-déesse, mi-formienne. L'aura dégagée à ta naissance était impressionnante, et ne laissait aucun doute quant à tes origines.
Je me dois d'admettre être moins puissante que toi, je regarde la vérité en face, mais attention à ne pas me prendre pour une vulgaire plante de jardin. Je considère toute créature vivante, à une ou deux exception près, comme ma nourriture, donc inférieure à moi en bien des points.
Saches également que je ne suis pas ton ennemie, bien au contraire. Nos objectifs sont plus ou moins les mêmes et il se peut que nous venions à coopérer à quelques occasions dans l'avenir.
Mais je parle, je parle! J'aimerai en savoir plus sur toi. »