Perdu dans le désert... depuis trop longtemps...

Tout commence dans un décor sauvage, vide, désertique presque. Une silhouette s’y déplace pourtant, lentement, faiblement. On croirait une âme damné cherchant le chemin pour atteindre le repos éternel. Impossible de savoir ce qu’un humain faisait dans les environs, et s’il cherchait le repos, c’est qu’il en avait réellement besoin. Ses vêtements en pièces, la poussière recouvrant son visage blafard et ses yeux éteint indiquaient tous l’état de fatigue dans lequel était plongé ce pauvre homme.

   - Je vais mourir comme ça…

C’était ce qu’il pensait. En vérité, ce jeune homme répondant au nom de Faeris était un jeune Lycanthrope.  Infecté depuis quelques années, il avait tenté de contrôler la bête qui était née en lui. Ses premières victimes furent sa femme et son fils à naître, et il n’est pas dur d’imaginer que lui-même, fut une victime de son état. Qu’importe ce qui l’avait mené jusqu’ici, il avait résolu de faire pardonner ses crimes, d’obtenir rédemption mais pour cela, il devait contrôler, ou du moins museler la bête.

  Étant un ancien maître d’arme, les méditations spirituelles l’ont beaucoup aidé à entrer en contact avec cette fameuse bête. Et s’il parvenait la majeure partie du temps à la maintenir en cage, l’influence d’une lune pleine était de trop. Comme si, à l’instar des marées, la Lune déterminait si la bête était en retrait ou au contraire en avant.
  C’était exactement ce qui s’était passé. Alors qu’il marchait le long d’une rivière, pensif, il avait fait une halte non loin d‘une ville. Réveillé dans la nuit, il avait sentit la lune monter avant même de l’observer. Il savait le danger réelle, une ville non loin, des femmes, des enfants, des victimes potentielles. Il ne voulait pas que ça recommence aussi, il prit la fuite.
  Il avait bien fait de partir le plus loin qu’il pouvait. Son unique but était de s’éloigner du village, sans savoir dans quelle direction il courait. Quelques heures plus tard, il sentit son sang bouillonner, sa vue s’améliorer, ses instincts s’endurcir. La terrible transformation avait commencé, il ne lui resterait probablement que très peu de temps avant de totalement perdre le contrôle.

  Lorsque cela arrivait, il n’avait plus de conscience propre. Il n’agissait qu’à l’instinct telle une bête sauvage, embrumé par une faim dévorante qui se glissait hors de son être. Lorsqu’il se réveilla, bien plus tard, le soleil était haut dans le ciel. Il ne savait pas ou il était, mais il était fort probable qu’il fut à des lieux de toute civilisation. Dans les terres sauvages de Terra !

  Il était épuisé, peut-être la bête l’avait-elle ainsi mené pendant de longs jours. Sans gibier, sans trace d’odeur, elle s’était finalement calmée, la lune ayant cessé d’apparaître, et la faible condition de la créature jouant en la faveur de Faeris.

   - Voila au moins une chose de faite se disait-il. Au moins la bête semble endormie pour l’instant…

Mais observant le paysage alentour, il ne se sentait pas à l’aise pour autant.
  Son sac de voyage avait probablement craqué lors de sa transformation, son épée pendouillait toujours à sa hanche, mais sans rations, sans eau et sans énergie, quelles étaient ses chances de survie.
Lentement, il s’affala prenant un peu de repos, inconsciemment, il ferma les yeux, déraisonnablement, il s’endormit…

"Bordel de ..."

Naoya avait manqué de trébucher sur une espèce de racine qui était bien planquée dans le sol. Ce qu'elle faisait dans une région aussi désertique ? Et bien, Inita s'était quelque peu aventurée dans le désert, dans les terres sauvages, à la recherche de quelques herbes spéciales. Apparemment, la terranide, dépourvue d'attributs suite à un mauvais traitement par Majo, avait eu dans l'idée de préparer une soupe spéciale, ou quelque chose dans le genre. Naoya n'avait pas tout capté. Mais comme l'infirmière lui avait dit, à plusieurs reprises, Inita n'était pas bloquée dans le chalet comme si c'était une prison en or. Non, la terranide pouvait faire ce qu'elle voulait, quand elle le souhaitait. Tout ce qu'elle devait faire, c'était tenter de ne pas se faire attraper. Après, pour le reste, elle décidait de son propre sort.

Donc, reprenons. Ce que Naoya faisait donc dans les terres sauvages ? Elle était partie à la recherche de la terranide, qui n'avait pas donné de signes de vie depuis la veille. Elle avait quitté le chalet juste après être revenue de la place publique, et avait eu le loisir de croiser quelques temps le jeune Agito, un pauvre jeune homme qui avait été battu et attaché à un herbe. Elle avait déposé ses quelques courses sur la table de la cuisine, les avait rangés, et s'était alors absentée, prévenant tout de même Naoya qu'elle en aurait seulement pour quelques heures et qu'elle serait probablement rentrée avant la tombée de la nuit. Sauf que, Naoya n'avait vu personne. La terranide n'était pas revenue. L'infirmière avait décidé de ne pas s'aventurer dehors, la nuit. Après tout, y'avait tout plein de créatures étranges qui pouvaient se balader dans Terra. Alors, de nuit, c'était pas forcément génial. Au petit matin, se munissant de quelques armes, Naoya avait, à son tour, quitté le chalet, à la recherche de la terranide.

"La barbe ... J'vais finir par me perdre ..."

Dans le pire des cas, elle pourrait toujours rebrousser chemin et suivre ses propres traces. Mais bon, ce n'était pas génial non plus. Naoya poussa un long soupir et leva le nez au ciel. Fâcheux, très fâcheux. La nuit n'allait pas tarder à tomber. Et elle était bien loin de son chalet. Faire demi-tour maintenant ? Plutôt risqué, puisqu'elle avait mis pratiquement toute la journée pour attendre ce point. Nan, le mieux, pour elle, c'était de se trouver un abri, ou un truc dans le genre, histoire de passer la nuit. Tssss ... Elle aurait bien dû prendre le matériel de "camping". Mais non, Naoya s'était dit qu'elle n'en aurait pas pour toute la journée et qu'elle retrouverait facilement la terranide. Apparemment, elle avait merdé sur ce coup là. Vraiment merdé. Mais elle ne se ferait pas avoir une deuxième fois.

***************

La nuit avait fini par tomber et Naoya n'arrivait même plus à se guider correctement. La lune s'était cachée derrière des nuages, ou quelque chose dans le genre. De là où elle était, elle ne voyait même pas les quelques milliers d'étoiles qui, habituellement, parsemaient le ciel. Dans le pétrin, elle était, en quelque sorte, dans le pétrin. Elle aurait mieux fait de s'arrêter losqu'elle le pouvait encore. Là, marcher, et bin, c'était la seule chose qu'elle avait trouvé à faire. Un autre soupir s'échappa de sa bouche. Ennuyée, oui, Naoya était fortement ennuyée.

"Qu'est-ce que je fais maintenant ?"

Bonne question, très bonne question. Naoya ne pouvait pas non plus continuer à marcher indéfiniment. Tssss ... Si ça se trouvait, Inita était rentrée au chalet et l'infirmière avait fait tout cela pour rien. Elle hocha la tête et fit un nouveau pas vers l'avant. Sauf que, son pied buta dans quelque chose. Elle manqua de tomber mais au dernier moment, elle parvint, tout de même, à reprendre son équilibre. Son regard se baissa alors et Naoya remarqua alors une masse au sol. Quelqu'un était là, simplement couché sur le sol, là, comme ça.

"Hé ..."

Naoya posa alors son sac à dos au sol et s'approcha de la personne qui était là. Peut-être qu'il ou elle était mort ... Elle s'en assura alors en prenant son pouls.

 Son nez l’avait légèrement chatouillé. Il avait sentit une vague odeur. Une odeur humaine. Il n’avait pas la force d’ouvrir les yeux, mais sentait qu’on se rapprochait de lui. Il ne pouvait savoir qui venait à sa rencontre, ni pourquoi mais tout ce qu’il espérait c’était qu’on ne le trouve pas. Il ne pensait plus avoir à subir l’influence de la lune, mais à bout de force, cette odeur de chaire mêlée à la sueur, rajoutée à un petit gout sucrée… Une femme surement. Sa faim semblait grandir, lentement mais surement, et ce n’était pas pour le rassurer.

  - Non, partez, ne vous approchez pas de moi, je suis dangereux.

Il avait essayé de prononcer ces paroles, mais sa bouche ne s’était même ouverte. Il soufflait des suppliques inaudibles, priant tout les dieux de tout les univers de faire changer de chemin cette pauvre âme égarée. Mais toujours aussi faible, il n’arrivait pas à bouger, et sa conscience vacillait dangereusement. Jusqu’ici, il avait espéré ne pas être un danger pour autrui, mais comment s’en sortirait-il si le danger venait justement d’autrui, s’il était attaqué, capturé ou pire…
Il savait que de viles créatures pouvaient rôder alentours, et que la capture et la revente d’humain comme esclave n’était pas qu’un mauvais conte destiné à faire peur aux enfants.

  Il sombra finalement dans l’inconscience. Et lorsqu’il rouvrit enfin les yeux, une main était posée sur sa gorge. Il aurait voulu réagir, s’extirper de là, mais ses forces n’étaient toujours pas revenue. Il faisait nuit, sombre, il percevait à peine le visage de celui ou celle qui se tenait au dessus de lui. Mais à en voir ses formes, et à sentir son odeur corporelle, il s’agissait bel et bien d’une femme. Une humaine.
  Elle prenait son poult. Essayait-elle de l’aider ? Il trouvait l’intention louable, si louable qu’une larme perlât sans qu’il puisse la retenir.
   Il avait peur d’être un danger pour elle, mais plus que tout, son instinct semblait lui interdire de mourir. Comme un accord silencieux entre l’humain et la bête. Il devait se laisser aider, et de toutes façons, il n’aurait pas eut la force de l’en empêcher. Dans un effort considérable, il réussit enfin à exprimer quelques mots…

  - Aid… moi…

  Devant la mort, les hommes sont faibles et égoïstes, et Faeris n’était qu’un homme.

Faible ... Naoya avait réussi à trouver son pouls mais il était faible. Le pauvre homme était dans un piteux état. Comment savait-elle que c'était un homme qui était au sol ? Et bien, comme elle avait cherché un peu à tâtons son pouls, ses doigts étaient passés sur sa pomme d'Adam. Donc, à moins que ça soit un travesti, ou bien une créature bizarre, hein, c'était bien un homme. Il murmura quelques mots, mais Naoya avait eu du mal à les entendre du fait qu'il parlait faiblement.

"N'essayez pas de parler. Economisez vos forces."

Oui, c'était mieux qu'il se taise, du moins, pour l'instant. Naoya se tourna quelque peu et rapprocha sa main de son sac à dos. De là, elle fouina dans celui-ci afin de sortir une lampe torche. Elle n'allait pas braquer la lampe sur son visage, bien sûr que non. Non, ce qu'elle allait faire, c'était l'allumer et éventuellement éclairer les alentours. Au moins, elle pourrait voir son visage et surtout, elle pourrait faire un diagnostic, du moins, voir ce qui clochait chez lui. Si c'était à cause de la maltrunition, s'il n'avait pas bu depuis longtemps, s'il avait été battu, des trucs dans le genre quoi. Oui, oui, Naoya pensait toujours en tant qu'infirmière, du moins, si elle voyait quelqu'un dans le besoin, ou qui était dans un sale état. Et là, c'était le cas. Naoya pointa la lampe de poche dans une direction tandis qu'elle attrapa une des mains de l'individu.

"Avez-vous mal quelque part ? Si oui, serrez-moi la main."

Il était vrai que ce n'était pas la meilleure des solutions pour communiquer mais bon, au moins, ça lui évitait de parler et il pouvait garder quelques forces. Quoi que, peut-être que ça serait un peu trop lui demander. Déjà qu'il avait eu du mal à lui murmurer les quelques mots. Peut-être qu'il n'arriverait pas à lui serrer la main. Bah, elle verrait bien. Elle trouverait bien une solution. Fouillant une nouvelle fois dans son sac, Naoya en sortit une gourde d'eau. Boire un peu lui ferait très certainement du bien. Elle ôta alors le bouchon et tenta de redresser l'individu.

"Essayez de boire un peu."

Ca lui permettrait peut-être de se remettre un peu d'aplomb. Deux jours plus tôt, Naoya avait ramené Agito dans son chalet et lui avait offert un bol de soupe, et du riz. Et il allait déjà bien mieux après s'être restauré. Bon, là, elle allait lui donner de l'eau, ce qui n'était pas pareil mais bon, avec un peu de chance, ça serait efficace.

 S’il avait eut confirmation que son bienfaiteur était en réalité une bienfaitrice, il ne savait pour autant à quoi s’attendre. De prime abord, il apparaissait évident pourtant qu’elle semblait vouloir l’aider. Pourquoi rester ainsi méfiant, alors que quelques instants auparavant il lui avait demandé son aide.
C’était ainsi, sa nature ne changerait surement jamais, et ses yeux mis clos exprimèrent la crainte qui sommeillait au fond de son cœur. 

Elle lui avait conseiller de ne pas parler. Généralement, lorsque l’on prononçait ces mots, c’était pour que économiser les forces d’une personne faible. Maintenant c’était sur, elle l’aiderait. Elle prit sa main pour essayer de le faire réagir, et le contact d’une peau si douce affuta les sens de Faeris. Comme une potion magique, son corps semblait frémir au contact de la belle inconnue. Belle ? Il le savait, l’odeur peut en dire long sur quelqu’un, surtout quand ce quelqu’un a passé sa vie à se renseigner sur autrui. Elle était probablement jeune. Ce léger gout sucré qui émanait d’elle était distinctif, elle avait surement la peau pâle, comme lui, et surement, ses cheveux étaient doux et bien soignés.

  Les pensées de Faeris le firent sourire. Même dans un état avancé de faim, alors que ses forces refusaient de l’accompagner, il trouvait tout de même l’énergie d’inspecter la personne à qui il faisait face. Déformation professionnelle dit-on. Ce devait être ça. Elle lui demanda s’il avait mal en lui proposant de serrer sa main pour répondre. Il avait suffisamment de force pour répondre, mais il ne fit pas, il n’avait pas mal sinon au cœur. Il n’était que faible, laissant sa vie lui échapper. Son combat quotidien contre la bête engageait continuellement son énergie, et s’il n’avait pas de séquelles physiques, cela ne voulait pas dire pour autant qu’il était en pleine forme.
 
 Finalement la jeune femme porta une gourde à sa bouche. De l’eau, plus encore que le contact humain pour un homme détruit, était salvatrice. La fraicheur cristalline s’instilla dans son être, son sang se fit plus vif, ses organes plus vivant. L’eau n’était pas magique, mais sa soif étanchée, son métabolisme Lycantrope recommençait de prendre le pas sur sa faiblesse momentanée. Lorsque ses forces lui permirent, il écarta lentement la gourde. Ouvrant alors pleinement les yeux il constata que ses hypothèses étaient toutes vérifiés, car devant lui se trouvait une jeune femme d’une rare beauté…

  - M… me..merci…

Il avait du faire un nouvel effort, mais cette fois ci, à défaut d’être claire, sa voix avait suffisamment portée pour qu’il soit comprit. Il allait mieux, c’est vrai, mais passer plusieurs jours en mode hybride, sans gibier ni point d’eau ne serait pas effacé d’un claquement de doigt, aussi prenait-il son temps, rassemblant son énergie, se redressant lentement mais surement. Et lorsqu’il eut enfin réussi de se mettre sur les coudes, dans un long et éprouvant soupir,  il remercia de nouveau celle qui lui avait probablement sauvée la vie.

  - Merci inconnue… Je te dois probablement la vie. 

Tendant la main, il souhaitait boire une petite gorgée de plus. Mais il en profita pour observer autour de lui. Il était toujours en plein désert, il faisait nuit, et les nuages couvraient le ciel.   Le temps ne serait pas favorable à une nuit en extérieur. Il valait mieux ne pas rester dans les environs. Se redressant un peu plus, mais toujours aussi douloureusement, il reprit la parole.

 - Je me sens déjà mieux. Merci encore. Le ciel semble chargé, nous ferions bien de trouver un abri ou vos soins aurons été inutiles…

Il souriait. Certes, il faisait de gros efforts pour y parvenir, mais l’intention était là, il était heureux d’être envie, et pour remercier Naoya, dont il ignorait le nom, la moindre des choses serait de lui éviter de mourir d’une pneumonie. Puis, se souvenant des régles de politesses renchaina.

 - Je me nomme Faeris… Pourrais-je connaître le nom de celle à qui je dois la vie ?

Ses yeux fixaient à présent ceux de Naoya. Non seulement elle l’avait sortit des griffes d’une mort lente et douloureuse, mais quelque chose chez elle lui rappelait…

  C’était peut-être le premier pas vers la rédemption ? Il devait lui rendre la pareille… Il y pensait, même à ce moment. Faeris avait toujours été bourrés de principes et ce n’est pas la bête en lui qui lui ferait y renoncer.

Inquiète ...

Naoya était quelque peu inquiète. Pourquoi ? Et bien, ils étaient là, en plein milieu du désert, personne dans les alentours, du moins, à première vue. N'importe quelle créature étrange, bizarre, pourrait surgir de nulle part et les attaquer. Et dans l'état actuel du jeune homme, c'était pas forcément bien. Pourquoi ? Bin, il faisait nuit. Les nuages cachaient la lune et les étoiles. Naoya n'avait que la faible lueur de sa lampe torche pour les éclairer. De ce fait, si jamais on les attaquait, et bin, ça serait pas évident pour tirer. Ah ... Fallait qu'elle arrête de penser négativement. Après tout, peut-être que personne ne leur tomberait dessus. Peut-être que tout irait bien pour eux. Et peut-être que le jeune homme reprendrait vite des couleurs et que tout irait bien pour lui. Du moins, l'infirmière l'espérait fortement. Parce que le traîner sur des kilomètres et des kilomètres, et bin, ce n'était pas génial non plus. Cette idée ne l'enchantait guère d'ailleurs. Non pas qu'elle n'en serait pas capable, mais ça serait quelque peu compliqué. Sans oublier que si elle le traînait, et bien, il finirait par avoir ses vêtements dans un piteux état. Donc, hein, à oublier.

L'ayant un peu redressé, histoire qu'il puisse absorber l'eau un peu plus facilement, Naoya avait rapproché la gourde de sa bouche. Et hop, une première gorgée. Et hop, une seconde. L'individu remua alors quelque peu et finalement, après quelques instants, il repoussa la gourde de la main. Apparemment, ça allait déjà un peu mieux. Bien ... Naoya était soulagée de voir ça. Bon, il était vrai qu'il ne piquerait pas un sprint dans l'immédiat, mais bon, c'était déjà mieux que rien. Ses paupières s'ouvrirent. Ses yeux noisettes fixaient la jeune femme. Elle avait l'impression qu'il était fatigué, ou qu'il avait vécu des choses pas géniales. Ca lui faisait penser à quelques uns de ses patiens. Des gens désespérés qui avaient perdu le goût de vivre suite à des maladies graves, voire incurables. Ce n'était pas donné à tout le monde de se battre. Il cligna des yeux, tandis qu'il la remerciait. Sa voix était toujours aussi faible, mais pas autant que précédemment. Ce n'était plus un murmure, elle l'avait clairement entendu cette fois-ci.

A première vue, il semblait aller un peu mieux, mais ce n'était peut-être pas encore tip tap top. Dans des efforts hors du commun, il avait tenté de se redresser.

"Doucement, doucement. Ne faites pas d'efforts inutiles."

Fallait pas non plus qu'il retombe dans les pommes maintenant. Mais il se redressa tout de même, histoire d'être sûrement plus à l'aise pour parler, mais aussi pour boire, et regarder Naoya. A nouveau, il la remercia.

"Vous avez surtout de la chance que je sois passée par là."

A bien y penser, si Inita n'avait pas quitté le chalet pour récupérer les maudites herbes, et bien, Naoya ne se serait pas aventurée aussi loin et ne serait jamais tombée sur l'inconnu. Ou du moins, elle ne l'aurait pas malencontreusement percuté et n'aurait pas non plus manqué de trébucher et de se retrouver par terre. Comme quoi, le destin est parfois un peu bizarre. A moins qu'il soit complètement tordu ... Qui sait ? Brèfle. L'individu venait de tendre la main vers la gourde et Naoya la lui donna, histoire qu'il puisse boire autant qu'il le souhaitait. Peut-être aussi qu'il avait un creux ... Ouais, mais là, Naoya ne pourrait pas rassassier sa faim avec seulement quelques biscuits. Car oui, elle n'avait pas emporté beaucoup de trucs puisqu'elle pensait qu'elle serait vite rentrée. Si elle avait su qu'elle tomberait sur quelqu'un dans le désert, peut-être qu'elle aurait emmené d'autres vivres. Mais bon, elle n'avait pas le pouvoir de lire dans l'avenir.

Mieux, il se sentait mieux, du moins, c'était ce qu'il venait de lui dire. C'était pas à un médecin de constater cela ? Naoya allait le croire. Après tout, il se connaissait bien, ainsi que ses forces. La remerciant une nouvelle fois, il lui proposa de trouver un abri. Ouais, ça, c'était une bonne idée. Ca permettrait à l'individu de se reposer correctement et Naoya pourrait éventuellement lui prodiguer d'autres soins, du moins, si c'était nécessaire.

"Un abri ... Oui. Seulement, j'en ai vu aucun en venant ici."

Peut-être qu'il faudrait alors qu'ils poursuivent la route, ou du moins, la route que Naoya voulait emprunter. Car si elle partait dans la direction d'où elle venait, à part le désert à perte de vue, ils ne trouveraient rien d'autre. Si, une forêt, et un chalet, mais pour cela, fallait au moins une dizaine d'heures de marche, si ce n'était plus. Donc, chercher un abri dans cette direction, c'était niet.

"Quoi que ... Comme il fait plutôt sombre, j'ai pu passer à côté d'un possible abri."

En marchant, Naoya n'avait pas sorti sa lampe torche. Pourquoi ? Elle préférait conserver, au maximum, les piles. Car elle n'en avait pas de rechange sur le plan de Terra et elle doutait de pouvoir en trouver ici. A son prochain voyage, elle penserait à emporter tout plein de piles, histoire d'être bien parée. Se présentant sous le nom de Faeris, il demanda alors comment elle s'appelait.

"Faeris ? C'est un nom peu commun. Je m'appelle Naoya."

Elle se redressa finalement. Elle en profita pour faire quelques pas avec la lampe dans sa main. Elle regardait les alentours sauf que ... Bin, la lumière n'avait pas une longue portée. Donc, la jeune femme ne voyait pas grand chose.

"Vous vous souvenez de quelle direction vous veniez ?"

Peut-être que lui même avait croisé un abri sur sa route ... Quoi que, non. Faeris aurait sûrement pris le soin de s'y arrêter pour s'y abriter.

  Sa voix était douce et réconfortante. C’était agréable pour un homme dans la situation de Faeris. Bien qu’il se sentait toujours mal à l’aise, ayant peur de blesser involontairement celle qui s’était présenté sous nom prénom de Naoya, il éprouvait une profonde joie de rompre sa solitude habituelle.

  Lorsque cette dernière lui fit remarquer que son prénom était peu commun, cela le fit sourire de nouveau, et une légère douleur naquit juste sous ses côtes, au niveau de ses flancs. Pas une douleur gênante, mais surement un animal ou quelque chose d’autre l’avait cogné à ce endroit. Qu’importe. Ses muscles retrouvaient leurs vigueur, et chaque gorgée l’aidait à se remettre d’aplomb. Quelques minutes plus tard, il se redressa à son tour. Il mit le temps qu’il fallu alors, et de légers tournis le firent tanguer comme une toupie cherchant son équilibre. Sans le mouvement giratoire évidemment. Une fois debout, il observa les alentours de nouveau sans avoir besoin de suivre le jet de lumière de la lampe de Naoya, car ses yeux à demi-lupin étaient désormais capable de voir dans une obscurité presque totale. Encore une fois, cette malédiction avait parfois du bon, quand il était possible de la contrôler…

  - En fait je…

Il n’avait strictement aucune idée de son chemin. Lorsqu’il avait voyagé, il était entièrement sous le contrôle d’un fauve agissant purement à l’instinct. Probablement avait-il voyagé pour rejoindre le gibier le plus proche, ou ses semblables, mais il était impossible de le déterminer, même pour un expert comme lui. Il est toujours plus difficile d’analyser une situation dont on est le principal acteur. Cependant, avant de finir sa phrase, il remarqua dans l’air une petite odeur. Ses narines gonflaient comme si elles essayaient d’attraper littéralement ces dites odeurs. Espérant que Naoya ne remarquerait rien, il se concentrait toujours sur cet étrange parfum qui n’était pas sans lui rappeler …

  Impossible de mettre la main dessus. La fatigue était toujours présente et cela l’empêchait de reconnaitre avec précision de quel type de créature il pouvait s’agir. Mais dans tout les cas cette rencontre serait bénéfique. S’il s’agissait d’un animal, le tuer pourrait apporter suffisamment de nourriture aux deux égarés, et s’il s’agissait d’un humanoïde, alors peut-être celui-ci pourrait-il les aider. Mieux, ce dernier bénéficierait peut-être d’un abri. Faeris avait conscience du risque, surtout en des terres aussi sauvages, mais son instinct, ou la nécessité de se reposer dans un  endroit convenable, lui indiquait de suivre cette trace. Pourtant, il ne pouvait pas dire à son «  amie » qu’il avait sentit la présence de quelqu’un sans éveiller de lourds soupçons sur lui. Il profita donc de la dernière Question de Naoya pour mentir, honteusement, mais nécessairement, se disait-il.

 - Oui il me semble avoir vu quelque chose dans cette direction, mais je n’ai pas réussi à l’atteindre. J’étais trop faible.

  Son doigt poussiéreux pointa alors le Nord Est. Par là bas se trouvait quelqu’un. Qui il ne le savait pas, mais ce serait mieux que de rester en plein désert abandonné à une nature plus hostile et dure que le plus fou des psychopathe humain.

  * Entre deux mots, choisissons le moindre* Telles furent ses pensées lorsqu’il fit un pas en avant. Il n’était toujours pas en état de faire un marathon, mais d’ici quelques heures, il était sur que son métabolisme aurait effacé ses dernières trace de fatigue, ses réserves n’étaient plus vide à présent, mais l’idée de survivre lui donnait des ailes, l’espoir de sa rédemption prochaine l’aurait mené jusqu’au bout du monde…

Fichus astres de la nuit ...

Naoya aurait eu sa vision quelque peu facilité si la lune, ou bien si les étoiles avaient montré le bout de leur nez. Mais non, ils semblaient tous être cachés par des nuages, ou du moins, c'était ce que se disait l'infirmière. Sûrement que c'était le cas d'ailleurs mais bon. La jeune femme se répérait, d'habitude, assez facilement du moment où y'avait un peu de lumière. Et la lune l'aidait dans ce processus. Mais là, elle n'avait que sa pauvre lampe torche pour se répérer. Et du fait qu'elle ne connaissait pas non plus les terres sauvages sur le bout de ses doigts, et bien, c'était aussi un problème. Ouais, en somme, rien n'allait vraiment comme elle le souhaitait. Sauf qu'elle avait encore aidé quelqu'un. Ca devenait une habitude ces derniers temps, mais ce n'était pas non plus pour lui déplaire. Tant qu'elle ne tombait pas sur des psychopathes, ça lui allait. Enfin.

Elle poussa un nouveau soupir tandis qu'elle observait toujours les alentours. Rien ... Nan, il n'y avait rien face à elle. Et même si elle se tournait ou bien qu'elle pointait sa lampe dans une autre direction, y'avait toujours rien. Les terres sauvages, c'était gonflant. Voilà pourquoi habituellement, Naoya évitait de s'y aventurer, du fait que tout se ressemblait et que se perdre, c'était assez facile. Elle aurait dû s'abstenir. Surtout que la terranide qu'elle cherchait était probablement rentrée au chalet et qu'elle devait se demander où l'humaine avait bien pu passer. Tsss ... La prochaine fois, elle y réfléchirait à deux fois. Ennuyeux, c'était très ennuyeux, y'avait pas à dire. Et Faeris ne semblait pas vraiment se souvenir de comment il était arrivé là. Si ça se trouve, il avait dû errer pendant des kilomètres, sans se rendre compte où il allait vraiment. Et puis, peut-être que lorsqu'il marchait, il faisait jour, et non pas nuit. Alors, pour se répérer, c'était pas facile.

*C'est pas de bol ... Vraiment pas de bol.*

Naoya finit par baisser sa lampe de poche et se tourna vers Faeris.

"Il ferait jour, on pourrait se repérer facilement ..."

Mais dans ce cas-là, peut-être qu'ils n'auraient pas alors eu besoin de trouver un abri. Quoi que, Naoya doutait que Faeris avait totalement récupéré ses forces. Elle pensait qu'il était encore affaibli par tout ce qu'il avait pu vivre, bien qu'elle ne savait pas ce qui avait bien pu lui arriver. Nouveau soupir. Que faire donc ? S'élancer dans une direction sans avoir aucune garantie que c'était la bonne direction ? Attendre là ? Nan, mauvaise idée ... Attendre alors qu'ils étaient à découvert et que n'importe qui pourrait leur sauter à la gorge, c'était prendre des risques inutiles. A éviter donc.

Finalement, Faeris semblait retrouver peu à peu ses esprits et se souvenait d'où il provenait. Ou du moins, il semblait se rappeler qu'il avait vu quelque chose dans une certaine direction. Lentement, il avait alors levé son bras et avait pointé la direction qu'ils se devaient de prendre. Bah ... C'était toujours ça. Ils pouvaient toujours aller faire. Ca serait sûrement mieux que de rester à découvert et que de se faire manger par des saloperies de bestioles qui pouvaient traîner dans les parages.

"On va essayer d'y aller alors."

En espérant, bien évidemment, que les deux jeunes gens ne tomberaient pas sur des ennuis. Naoya se tourna une nouvelle fois vers Faeris.

"Vous avez besoin d'aide pour marcher ? Ou ça ira ?"

Elle pouvait toujours essayer de le soutenir. Bon, il était vrai que dans ce cas là, ils n'atteindraient pas rapidement l'abri mais bon, c'était déjà mieux que rien. Et puis, Naoya ne pouvait pas non plus le laisser en arrière alors qu'elle l'avait aidé. Ca aurait pas été très sympa.

Bien, la jeune femme semblait décider. Même s’il ne savait pas trop vers quoi il la menait, il valait toujours mieux tenter la chance, que de forcer l’appétit bestial des bêtes sauvages. Surtout qu’en l’absence de civilisation, la plus sauvage des créatures pourrait simplement être… lui-même.

  Elle lui avait proposé de l’aider à marcher. L’aide ne serait pas de refus, mais il préférait ne pas l’ennuyer davantage, elle était déjà venue l’aider. D’ailleurs, qu’est-ce qu’une jeune femme comme elle venait faire dans un sordide désert tel que celui-ci. Il lui posa simplement la question.

  - Je pense pouvoir marcher, je vous remercie. Mais dites moi, que faites vous dans un tel désert. L’endroit est plutôt dangereux et isolé de tout. Vous cherchiez un peu de tranquillité ?

  Il n’avait pas voulu être indiscret, et si sa curiosité naturelle le titillait, il voulait simplement faire un peu de conversation. Avançant de quelques pas, pour montrer la voix à Naoya, il ne réalisa pas qu’il s’avançait dans l’obscurité totale. Aussi, dès qu’il nota sa bêtise, il essaya de trouver une excuse. Qui n’en était pas vraiment une.

  - Vous pouvez vous fier à moi, j’y vois très bien dans la nuit, je suis un ancien chasseur de monstre.

Il invita ensuite Naoya à lui confier son sac, quel que soit son état, état qui s’arrangeait de minute en minutes de toutes façons, il ne saurait se montrer impoli et discourtois, et ces règles essentielles lui suggéraient clairement de tout faire pour alléger sa compagne du moment.

 - Nous allons probablement marcher plus d’un Kilomètre. Comme je vais mieux et que je vous suis redevable, la moindre des choses serait que je vous porte… vos affaires.

 Son hésitation était étrange. L’espace d’un moment lorsqu’il avait parlé, son esprit lui avait simulé une réalité alternative. Faeris, debout, portant Naoya dans ses bras. Il ne savait pas pourquoi son esprit lui jouait des tours ainsi, c’était comme si le désir avait frappé à la porte de son cœur, forçant son barrage éthique. Il secoua la tête. Avec un peu de chance, la jeune rousse ne remarquerait ni son hésitation, ni son visage empourpré. Bégayant légèrement, il se tourna pour avancer et reprit enfin.

  - Nous ..  devrions y aller, plus vite nous nous mettrons en route…

Une dernière fois, il fit face à Naoya, ses pensées le troublaient et il en ressentait une petite honte. Se disant que cela devait probablement venir des instinct répréhensible de la bête. Alors qu’il ne s’agissait que d’une simple attirance physique, certes poussée par ses sens développés. Tout chez elle était un pousse au crime. Ses doux yeux bleus ampli de bonté et d’amour, son parfum sucré et sa peau fraiche, ses lèvres fines appelant aux tendres échanges, sa poitrine avantageuse et des formes en tout point parfaites…

 Il secoua une nouvelle fois la tête. Arrêter de penser à ça, et tout de suite. Il était si rouge qu’en plein jour, on peinerait à distinguer ses cheveux de son visage. Dans un geste tendu, mais lent, il prit le sac de Naoya, se perdant dans son regard. Il déglutit, pourquoi ses pensées s’égaraient ainsi, jamais il n’avait été aussi troublé, et il commençait sincèrement à avoir peur de lui-même. La raccompagner, trouver un refuge, et dès que possible, partir.

Il installa finalement le sac qui n’était pas si lourd sur son dos. Il mit un certain moment à prendre la route, essayant de garder son calme. Et lorsqu’il fut suffisamment concentré sur l’odeur à suivre, il déclara enfin :

  - En route.

Coup d'oeil à droite, coup d'oeil à gauche ... Naoya regardait toujours dans la direction que Faeris venait de lui indiquer. Mouais ... Elle n'était pas totalement sûre que s'aventurer un peu plus dans la nuit, sans y voir clairement, était une bonne idée. Mais c'était toujours mieux que de rester là, à attendre le déluge ou bien que le jour se lève. Elle n'avait pas vraiment envie de tomber sur des bestioles qui voudraient la manger ou la découper en petits morceaux. Peut-être que son esprit affabulait un peu, qu'elle voyait les choses de manière un peu trop pessismiste mais bon. Fallait toujours rester sur ses gardes. Après tout, c'était pas pour rien que ce territoire là s'appelait les terres sauvages. Y'avait bien une raison et honnêtement, Naoya n'avait pas réellement envie de découvrir le pourquoi du comment de cette dénomination. Non, même, elle préférerait s'abstenir. Dommage, dommage qu'il ne faisait pas jour. Au moins, ils auraient pu se guider correctement. Mais bon, on n'a pas toujours ce qu'on veut dans la vie, non ?

A sa question de savoir si Faeris pourrait marcher seul, il répondit que oui, que ça devrait aller pour lui. Oui, et bien, si jamais ça n'allait pas, il ne devait pas hésiter à le lui signaler. Après tout, y'avait quelques minutes encore, il était au sol, pratiquement à l'article de la mort. Fallait pas non plus qu'il en fasse trop simplement pour épater la demoiselle. Vint alors une question tout à fait légitime : qu'est-ce qu'elle faisait dans le coin alors que c'était dangereux, que y'avait pas âme qui vive dans les alentours.

"J'étais à la recherche de quelqu'un. Une amie devait cueillir des herbes spéciales. Elle m'avait dit qu'elle n'en avait pas pour longtemps mais je ne l'ai pas vu revenir."

Elle marqua une légère pause avant de reprendre.

"Je suis donc partie à sa recherche. Mais si ça se trouve, elle est déjà rentrée depuis longtemps."

Et Naoya se retrouvait, à présent, perdue dans un coin des terres sauvages, sans trop savoir où aller. Quoi que, avec un peu de chance, il ne se mettrait pas à pleuvoir et ses traces ne seraient donc pas recouvertes par la pluie ou de la boue.

"Enfin ... J'espère."

L'infirmière n'en était pas sûre. Après tout, il était possible que Inita était paumée dans un coin ou qu'elle était blessée. Oui, mais comment elle pourrait le savoir ? En rentrant ... Naoya verrait bien, quand elle rejoindrait le chalet, si la terranide était revenue saine et sauve, ou pas. Mouais, elle verrait bien ... Faeris fit quelques pas vers l'avant, mais s'arrêta presque aussitôt. Se tournant vers Naoya, il lui confia qu'il voyait très bien dans la nuit et que c'était un chasseur de monstre. Ou que du moins, dans une autre vie, pour ainsi dire, il l'avait été.

"Habituellement, je me guide assez bien aussi. Sauf que c'est bien plus éclairé."

Et là, y'avait pas de lampadaire, pas de lune, pas d'étoile. En somme, elle n'avait que sa petite lampe torche et ce n'était pas vraiment génial. Nan. La prochaine fois, elle prévoirait un truc qui éclairerait mieux les alentours. Du moins, si y'avait une prochaine fois. Selon Faeris, ils allaient devoir marcher pendant un kilomètre, plus ou moins. Et de ce fait, pour la remercier, il souhaitait porter son sac. Enfin, Naoya avait cru remarquer qu'il avait hésité pendant quelques instants, comme s'il pensait dire une bêtise, ou quelque chose dans le genre.

"Ne vous sentez pas obligé. Ce n'est pas comme si je portais des lingots d'or dans mon sac."

Ce qu'elle voulait dire ? Et bien, c'était que son sac n'était pas bien lourd. Elle l'avait porté jusque là, elle pourrait très bien le porter jusqu'à l'abri qui se trouvait un peu plus loin. Un kilomètre de plus ou de moins, c'était pas ça qui allait la tuer ou bien lui faire mal au dos. Après quelques instants, quelques hochements de tête, s'être tourné à plusieurs reprises, Faeris récupéra le sac de l'infirmière et le positionna sur son dos. Quelque chose avait changé, du moins, elle le trouvait distrait, pensif ... A moins qu'il était toujours comme ça qui sait. Après tout, Naoya ne le connaissait que depuis quelques instants. C'était pas comme s'il était une vieille connaissance.

"Vous êtes sûr que tout va bien ?"

Probablement. Peut-être qu'elle se faisait des idées. De toute manière, mieux valait-il ne pas s'attarder ici plus longtemps. Il avait bien raison, il était temps de se mettre en route.

"Oui, oui. Allons-y."

Et hop, les voilà qui se mettaient à marcher en direction de l'abri que Faeris avait remarqué avant de s'écrouler au sol. Naoya avait toujours sa lampe torche en main et elle pointait le sol. De cette manière, ça lui éviterait de trébucher sur une racine qui sortirait un peu du sol. Manquerait plus qu'elle se casse la gueule ! C'était pas vraiment le moment.

"Et vous alors ? Comment vous êtes-vous retrouvé ici ?"

Après tout, avant de prendre la route, il lui avait posé cette même question. Naoya avait aussi envie de savoir comment il était arrivé ici. Mais s'il ne répondait pas, elle comprendrait. Après tout, elle n'allait pas fouiner dans sa vie privée. Ce n'était pas son genre. De par son métier, elle se devait juste de poser les bonnes questions au bon moment. Et peut-être qu'il était temps de savoir comment il s'était retrouvé là, presque agonisant.

 Évidemment, la jeune femme essayait de préserver la santé de Faeris. C’était logique après tout, il n’était pas au meilleur de sa forme et prenant acte d’une sincérité innocente, il ne se vexa pas. Il remarqua alors que Naoya n’était pas très à l’aise pour marcher dans le noir. Même munie d’une lampe torche, il faisait sombre, et si Faeris n’était pas Nycta… s’il n’y voyait pas dans la nuit, il serait peut-être embêté. Il s’apprêtait à proposer quelque chose à la jeune femme lorsqu’elle reprit.

  Elle se demandait si tout allait bien chez lui. Avait-elle saisit le trouble qui l’avait assaillit, ainsi que sa nature. Une nouvelle fois, le sang de Faeris se prit pour un champion de formule 1, déboulant dans le circuit de ses veines à toute allure. Et très vite, à nouveau, son visage était devenu écarlate. Il inspira profondément espérant que son cœur retrouvait un rythme plus calme. Après tout il n’était pas sur que la jeune femme ai comprit ce qui dérangeait Faeris. C’était même sur, sinon pourquoi aurait-elle posée la question. Pour ne pas être impolie peut-être…

  - Ce n’est rien, je récupère encore un peu…

Le mensonge. Ah bravo, belle mentalité, il ne méritait vraiment pas d’être félicité pour ça. Mais entre un petit mensonge et la honte de passer pour un homme sans vertu, le choix était vite fait, et en tant que narrateur, j’aurais surement agit de la sorte.  Toujours est-il qu’il fut délivré de cette hypothétique réponse. Oui, il n’eut pas besoin de mentir car Naoya reprit avant qu’il ne réponde. Et enfin, il prirent la route.

  Voyant qu’elle avait toujours autant de mal dans l’obscurité, il se disait qu’un peu d’aide serait la bienvenue, mais une fois encore, alors qu’il s’apprêtait à parler, elle lui demanda à son tour comme il s’était retrouvé là. Il se figea net. Finalement il lui faudrait mentir et cette fois, il y avait peu de chances qu’elle l’interrompe. Mais que dire, que répondre.

*Je suis un loup garou qui ne se contrôle pas, et j’ai dérivé dans le désert comme une bête sauvage cherchant à se nourrir. Car c’est la vérité, lorsque la pleine lune pointe, je deviens un véritable monstre assoiffé de chaire fraiche. De la chaire aussi fraiche que celle d’une douce créature comme vous*

Moué, il ne fallait pas être un expert en psychologie pour comprendre que cela créerait surement un blanc dans la conversation. Il restait une solution. Dire la vérité, mais de manière détournée. Une profonde inspiration plus tard, il se lança, reprenant lentement sa marche.

  - J’étais sur les traces d’une bête sauvage. J’ai tout fait pour l’éloigner des contrées civilisées, l’attirant dans les parages. Puisque je suis ici devant vous, Il me semble évident que la bête doit être loin à l’heure actuelle. Je n’ai… pas été assez fort pour la contrôler.

La honte se sentait alors qu’il avançait dans son explication. Finalement il n’avait pas vraiment menti se disait-il. Puis, se tournant vers elle, lui tendit une main amicale, pleine de chaleur et de pardon. Il tenait vraiment à tout faire pour que Naoya se sente bien.

   - J’y vois parfaitement dans le noir. Donnez moi la main et je vous guiderais. Ainsi vous n’aurez pas à craindre de chuter.

  Quelque chose chez elle le rendait nostalgique. Depuis qu’il avait été victime de sa malédiction, il s’était efforcer d’aider son prochain, mais plus que jamais il voulait rendre service à Naoya, la guide, la soutenir, lui offrir tout ce qu’il aurait. Quelque chose chez elle, sa bonté surement, lui rappelait de plus en plus sa défunte femme.

Lampe toujours pointée vers le sol, Naoya suivait, tant bien que mal, Faeris. Non pas qu'elle l'avait perdu de vue mais à dire vrai, elle préférait regarder le sol, histoire de ne pas chuter. Ca aurait été plus qu'ennuyeux. Manquait plus qu'elle tombe, qu'elle se fasse mal, très mal même. Comment rejoindre son chalet dans ces circonstances ? Hmmm ... Mais fallait arrêter de tout voir en noir et blanc. C'était pas parce qu'elle avait failli tomber une fois que ça allait forcément lui arriver. Enfin, deux fois ... Mais la deuxième fois, son pied avait percuté malencontreusement Faeris. Une chance, pour ainsi dire, qu'elle avait réussi à rattraper son équilibre. Elle aurait pu se faire mal. Mais surtout, elle aurait pu le blesser sans le vouloir. Mais bon, ça n'était pas arrivé, et c'était le plus important.

Même s'ils marchaient, ils n'avaient pas, pour autant, arrêter là leur petite discussion. Sauf que, à sa question, de savoir, comment il s'était retrouvé là, Naoya eut comme l'impression qu'il s'était braqué et qu'il n'avait peut-être pas forcément envie d'en parler plus que cela. Bah, elle ne voulait l'obliger à rien. Après tout, c'était son droit de ne pas répondre et de laisser la question en suspens. Elle ne lui en voudrait pas pour cela. Nan, il lui faudrait bien plus d'ailleurs. Alors qu'elle allait lui dire qu'il n'était pas obligé de formuler une réponse, Faeris se décida à parler. Il traquait quelque chose, une bête sauvage. Ca, Naoya voulait bien le croire. Y'avait plein de créatures bizarres qui se promenaient dans les parages Alors, elle pouvait bien croire qu'il traquait quelque chose et qu'il cherchait à l'éloigner le plus possible de la civilisation. Louable, c'était une action louable de sa part. Très courageux, y'avait pas à dire. Sauf que, le combat n'avait pas dû avoir la tournure qu'il avait souhaité.

"Une chance que je ne sois pas tombée sur elle alors."

Oui, parce que si Faeris avait pas su l'amadouer et la tuer, et bien, sûrement que Naoya n'aurait pas pu faire grand chose face à la bête. Oui, d'accord, elle avait une arme dans son sac, mais si la bête l'avait attaquée, la jeune femme n'aurait peut-être pas eu le temps de sortir son arme et de tirer. Et dans ce cas-là, peut-être, qu'au lieu de discuter avec Faeris, elle serait au sol, quelque part, dans un coin, avec le thorax ouverte parce que la bête aurait décidé de dévorer ses entrailles. Peureuse ? Nan ... La semaine passée, elle avait bien fait face à un vampire et elle était toujours là. Disons que sa curiosité avait été quelque peu piquée au vif et que Naoya aurait bien aimé savoir quel genre de bête c'était. Mais parfois, la curiosité est un vilain défaut et mieux vaut-il ne pas tout savoir, sous peine d'en faire plein de cauchemars.

"Oui, la bête doit être loin à présent. Du moins, j'espère qu'elle n'a pas élu domicile dans l'abri qu'on souhaite rejoindre."

Big problème dans ce cas là. Vision pessimiste, vission pessimiste, encore et toujours. Ne pouvait-elle donc pas penser un peu positivement ? Hmmm ... C'était plutôt rare, mais Naoya y parvenait, tout de même, de temps à autre. L'infirmière sortit alors de ses pensées et remarqua que Faeris s'était quelque peu tourné vers elle. Il lui avait tendu la main et lui expliqua qu'il voyait très bien dans le noir. Alors, elle n'avait qu'à prendre sa main et se laisser guider sans avoir peur de tomber ou bien de se prendre le pied dans une racine, ou un truc dans le genre.

"Vous devez avoir l'habitude de vous promener parmi ces lieux, non ?"

Enfin, se promener, c'était un grand mot. S'il chassait des bestioles, ce n'était sûrement pas pour le plaisir, mais pour éviter que des gens soient blessés. Quoi qu'il en soit, en confiance, Naoya déposa sa main dans la sienne. Au moins, elle éviterait de mettre les pieds n'importe où.

Ils avaient continué d‘ avancer. Et pendant toute la marche ils n’avaient cessé de parler de tout et de rien. La Jeune femme espérait que la bête se soit éloigné mais Faeris savait qu’elle était seulement en sommeil. Il ne voulait pas lui peur, l’effrayer, et si il se sentait mal de lui cacher la vérité ainsi il ne pouvait toujours pas se résoudre à lui révéler son secret.   Il en avait pourtant envie, le mensonge n’était clairement pas son domaine de prédilection, c’était presque comme une allergie et c’était un miracle que des boutons ne lui poussèrent pas sur le visage.

  Finalement, continuant leurs chemin elle lui accorda sa confiance, plaçant sa main dans la sienne. Encore une fois, sa peau était aussi douce que la jeune infirmière et ce seul contact semblait renforcer la volonté et le physique de Faeris.


  - L’habitude de me promener ? C’est vrai qu’il m’est arrivé de traquer des bêtes dans ces contrées. On peut dire que je connais, mais les terres sauvages sont vraiment vaste, j’imagine qu’il est impossible de les connaître sur le bout des doigts.

  Avançant précautionneusement à présent, il faisait tout pour éviter que Naoya ne trébuche. Sans le vouloir, il avait ralentit l’allure se rapprochant légèrement d’elle. Ses pensées étaient sous contrôle à présent, et bien qu’il sentait une douce chaleur l’envahir, il n’avait plus l’air d’être le frère jumeaux d’une tomate, même si ses joues étaient toujours légèrement rosies.

  Quelques minutes de silence suivirent cette conversation. Puis Faeris, essayant de se montrer le plus agréable possible essaya d’engager une nouvelle fois le dialogue. Souriant, ce qui n’était pas très dur aux vues du fait que la présence de la rousse apaisait, il demanda :

  - Vous savez quel est mon métier, mais hormis rechercher des personnes pour en trouver d’autres, que faites vous dans la vie ?

  Il avait posé la question un peu trop tard. L’odeur qu’il avait sentit se faisait plus fort, plus facile à analyser. C’était une odeur particulière puisque neutre. Tout le monde avait une odeur qui dépendait de sa peau, de ses cheveux, et d’une micro aération de ceux-ci que ce soit par le vent ou la transpiration. Mais il existe des créatures qui n’ont pas ce problème. Ils sont mort et ne transpirent pas, pourtant leur chaire n’est pas en décomposition et ne ressemble pas à celle d’un mort habituel. Faeris avait déjà croisé et combattu ce genre de créature. Des prédateurs de la nuit, comme lui. Il se disait que finalement, l’idée n’avait pas été très bonne de suivre cette piste. Mais encore une fois, ils n’avaient pas vraiment le choix. Et puis, dans un sourire confiant, il se disait qu’aujourd’hui était un jour de chance. Peut-être qu’il tomberait sur un vampire pacifique. Et peut-être que demain, en se levant, il ne serait plus un loup garou. Moué, pas très convainquant tout ça….

  Quelques mètres plus loin, il s’immobilisa, il était parvenue à l’entrée d’une petite grotte. Hésitant, il se demandait ce qu’il trouverait à l’intérieur. Mais l’air se faisait lourd, et d’ici quelques secondes la pluie inonderait le désert. Au moins, le choix n’était pas difficile…

Cela faisait maintenant presque un mois que Calypso était devenue ainsi…Froide, sans cœur qui bat…Ce n’était plus elle en réalité. Ce « Robs » l’avait fait mourir à petit feu. Lui croquant le cou, lui insufflant son poison dans les artères, dans tout son corps. Désormais, ce n’était qu’un tas de chair glacée, au teint de neige éternelle, déambulant les nuits sombres. Oui, elle ne vivait plus. Plus comme avant en tout cas. Elle devait fuir ce soleil qui lui abîmait la peau tel de l’acide. Fuir les gens qu’elle aimait, sa mère, qui devait toujours s’inquiéter de sa fille disparue le jour de son anniversaire. Ne voulant pas se nourrir comme un sang-froid qu’elle était désormais, elle fuyait le monde, la foule, le moindre humain…

Peu de temps après sa transformation, elle avait fui la Russie, voulant perdre toute racine qui la rattacherait à sa vie d’avant. Sur son chemin, la nouvelle vagabonde nocturne avait appris l’existence d’un monde parallèle, une jumelle de la Terre, Terra, où peuplait d’étranges créatures, plus bizarres qu’elle encore…Elle avait trouvé une brèche pour aller sur Terra, et s’aventura dans les terres isolées de ce monde. S’écartant de toute civilisation.

La jeune sang-froid avait pris pour logis une caverne, creusée dans le peu de falaises que cachait le désert. Bien pratique pour se protéger des grosses pluies et tempêtes qui s’abattaient de temps à autre sur les terres. Calypso n’avait pas amené grand chose avec elle lors de son périple : un sac contenant un couteau, une couverture et une gourde…Elle ne sortait que le soir, se nourrissant du sang des animaux qui passaient dans le coin. Des fois, il passait plusieurs jours avant qu’elle ne puisse boire du breuvage…Dans ces contrées, seul un fou pouvait s’y aventurer…

Un fou dîtes-vous ? Deux plutôt on dirait bien…Il faisait nuit noire tôt depuis quelques temps dans les terres sauvages de Terra. Souvent, comme cette nuit-là, le ciel était assombri de nuages présageant rien de bon à l’horizon…Cela n’empêchait en rien Calypso de sortir sous une pluie torrentielle pour se trouver de quoi regagner en force jusqu’au lendemain, attendant la prochaine nuit, à l’abri des rayons solaires mortels. Ce soir-là, la jeune sang-froid regardait les nuages s’avancer vers elle, lui amenant de l’air frais et humide sur le visage. Elle partait pour la « chasse »…Quel mot ! Cela faisait d’elle une sorte de monstre à son humble avis…Enfin bref.

Cette nuit-là, en sortant de sa caverne, elle sentait deux drôles d’odeur venir lui chatouiller les narines : ce n’était pas des animaux. Des humains ? L’une oui, l’autre…Calypso ne savait pas mais l’autre odeur était plus puissante la première, elle ressentait quelque chose de bizarre au fond d’elle. Les deux odeurs s’approchaient rapidement et de plus en plus de la jeune femme. Ne pouvant aller plus loin, la sang-froid s’en retourna à sa caverne. Les deux personnes étaient là, devant sa « maison ». Elle restait cachée derrière un rocher…Elle était jeune vampire et faible encore. Elle ne savait pas à qui elle avait affaire…Il ne lui restait qu’à attendre que ces gens partent…

Depuis qu'il lui avait dit que y'avait éventuellement une bête qui se promenait dans les parages, Naoya était sur ses gardes. Du moins, elle essayait de vider son esprit pour faire attention aux moindres bruits qui pourraient paraître suspects. Car elle ne pouvait pas vraiment compter sur sa vision. Nan, la lampe torche n'éclairait pas vraiment et Naoya n'y voyait pas grand chose. Quoi de plus normal ? Après tout, elle n'était qu'une simple humaine, et surtout, elle ne connaissait pas vraiment les terres sauvages. C'était pas comme si elle s'y baladait tous les jours. Nan. D'ailleurs, quand elle venait sur Terra, la jeune femme ne s'éloignait jamais vraiment du chalet. Du moins, elle allait dans la plus proche forêt, se rendait aussi à Nexus. Mais c'était tout. Elle évitait de s'aventurer trop loin et de perdre, par la même occasion, son chemin. Et manquerait plus aussi que lors de ses ballades, elle tombe sur des créatures bizarres, qu'elle ne pourrait pas combattre ... M'enfin, Naoya n'en était pas encore là. Et puis, elle était, d'une certaine manière, chanceuse. Jusqu'à présent, elle n'était jamais tombée sur des personnes qui voudraient lui faire du mal. Et elle espérait bien que cela continue comme cela pendant ... Et bien, pendant toujours, que rien ne chance. M'enfin, ça, c'était pas encore gagné d'avance.

"Vous avez sans doute raison. Et je suis même sûre qu'il faudrait des jours et des jours, voire des semaines, pour pouvoir tout explorer."

Voire même plus. Naoya ne connaissait pas vraiment l'étendue des terres sauvages, ni le bestiaire de la zone. Après tout, y'avait peut-être tout plein de bestioles qui se cachaient dans les moindre recoins. Des bestioles qui n'attendaient qu'une chose : qu'on fasse un faux pas ou bien qu'on trébuche pour sauter sur le ou les pauvres malheureux qui auraient osé s'aventurer sur leurs territoires. Bah oui, ça pourrait arriver. Mais bon. Naoya avait beau tendre l'oreille et faire le vide, jusqu'à présent, elle n'avait entendu aucun bruit. Comme si les petits animaux ou rongeurs de la nuit s'étaient volatisés. A moins qu'il n'y en avait pas. La flore était peut-être trop ... comment dire ... trop "sauvage". Peut-être qu'une vie animal avait du mal à se développer et à survivre dans un endroit aussi hostile. Qui sait ? Enfin, passons.

Faeris prit une nouvelle fois la parole, brisant le silence. Il voulait savoir ce que Naoya faisait dans la vie, mis à part courir à la recherche d'amis perdus qui étaient probablement déjà rentrés et qui étaient au chaud pendant qu'elle se les gelait. Quoi que, encore, ça allait, il ne faisait pas trop froid. Mais ils n'étaient pas encore à l'abri d'une méchante averse qui ferait qu'ils seraient tout trempés. Et du fait qu'ils seraient mouillés, et bien, ils finiraient par attraper froid ... Ahh ! Encore une vision pessimiste ! Faut arrêter de voir le monde de façon si noire. Brèfle.

"Et bien ..."

Si Naoya lui disait qu'elle était infirmière, fallait aussi qu'elle lui explique quelques trucs, du genre, qu'elle exerçait sur la Terre, mais non pas en ces lieux. Quoi que, même ici, elle soignait les gens, sauf qu'elle n'exerçait pas dans un hôpital. Ouais, c'était différent.

"Je suis infirmière. Du moins, quand je suis chez moi."

Sûrement qu'il allait lever un sourcil interrogateur et se demander ce qu'elle pouvait entendre par là mais bon. Peut-être que la question viendrait un peu plus tard. Car les voilà qu'ils venaient d'arriver devant une espèce de grotte. C'était un abri comme un autre mais bon, il était vrai que c'était pas forcément génial non plus, surtout s'il se mettait à pleuvoir. La grotte deviendrait sûrement humide.

"Vous aviez raison. Y'avait bien un abri dans cette direction."

Restait à savoir, à présent, si le grand méchant loup se cachait pas dans les profondeurs de celle-ci.