Affaire bouclée.
Ce genre de mots résonnaient avec plaisir dans le crâne d'Amy. Farouche, encore une fois, elle avait sue combattre avec une fierté non dissimulée un adversaire de taille. Gagner cette affaire lui avait procurée un plaisir fou et foudroyant. Elle était prête à tout, ces temps-ci ... Aucun événement ne l'avait franchement effleuré au point de la transformer.
Car elle n'avait pas changée, non. Toujours aussi caractérielle, toujours aussi froide et dure, capable du meilleur comme du pire, ne baissant ni la tête, ni les yeux, elle continuait son bonhomme de chemin avec malice. Mais, ces temps-ci, il fallait avouer qu'elle était en forme. Au point de se battre avec une férocité digne des pires empereurs autoritaires. Personne ne gagnerait. Excepté elle.
Ainsi, cette affaire fut bouclée sur sa victoire, et sur son sourire fier et grandissant. Elle se farda à nouveau, face à un miroir de poche, regardant autour d'elle la salle d'audience qui se vidait. Elle se sentait imbattable, invincible. Les yeux brillants, elle regarda par une des fenêtres, la nuit qui tombait. En hiver, elle arrivait vite, cette pénombre si envahissante et peu engageante. Qu'importe, la jeune femme quitta le palais de justice à pieds, sa malette sous le bras, pianotant sur son portable, s'engageant dans les ruelles de Seikusu, connaissant son chemin, ne jugeant pas indispensable de regarder face à elle.
Portable qui, en l'espace d'une seconde, disparut de ses yeux, emportés par un homme qui courait. Un adolescent. Elle soupira, et sortit de sa poche un pistolet, bien huilé et assez rapide. D'un geste, elle visa son épaule. Il s'écroula, sans un cri, devant elle. Elle avança d'un pas lent vers lui, lui arracha des mains le téléphone, les yeux plissés par la colère.
- Me croirais-tu faible, crétin ?
Elle écrasa avec son talon la main du jeune homme, qui poussa un cri de douleur presque inhumain. Satisfaite, elle rangea dans sa poche l'objet, mais constata qu'elle s'était, par mégarde, trompée de chemin.
A nouveau, elle soupira, analysant les environs. Seikusu était un vrai labyrinthe ... Elle s'engagea, à tout hasard, son arme en main, dans une ruelle adjacente. Elle finirait bien par trouver la sortie ...