Il ne manquait plus que ça... [Lilac Mortem]

La nuit avait plongé les contrées de Terra dans le noir et même si par endroit la lune était visible, la voute stellaire de Linnea se composait essentiellement de branches et autres feuilles, pour le moment. Et comme si cela ne suffisait pas, la pluie commença peu à peu à tomber. Elle accéléra, sentant les premières gouttes percer la couche de verdure. Sa frimousse afficha une moue déconcertante, son nez se plissa et un grognement s’échappa d’entre ses lèvres.

« Quelle poisse ! »

Elle ne tarda pas à être trempée jusqu’aux os ce qui la rendit plus bougonneuse encore. Sur son visage les dernières petites traces de sang de son festin passé, glissèrent sur ses joues en de courts filets rosâtres. La silhouette neigeuse s’agita alors que la robe qui l’habillait, tentait de redessiner ses courbes. Ses mains remontèrent jusqu’au sommet de son crâne et descendirent jusqu’à sa base, emprisonnant dans ses mains la chevelure cendrée. La Sangsue attrapa le tout et le ramena sur le devant pour essorer ses cheveux. Quelques gouttes tombèrent sur le sol en plus de la pluie et cela suffit à l’exaspérer d’avantage.
Linnea grogna une nouvelle fois. Elle ne resterait pas sous la pluie une minute de plus. D’autant plus que dans ce genre de situation, aucun de ses sens, aussi développés soient-ils, lui étaient utiles.

Il lui fallut quelques minutes pour trouver refuge. Une grotte. Une simple grotte. On était bien loin de son habituel goût pour la démesure et confort. Un luxe dont elle saurait se passer le temps que cette mascarade cesse. Là, à l’abri, elle s’adossa à l’une des parois. La demoiselle s’en dégagea aussitôt alors que la roche poussiéreuse laissa une énorme trace sur ses fesses. Les lèvres pincées, fronçant les sourcils elle fulminait de se retrouver dans une telle situation. Vivement la demoiselle s'épousseta pour faire partir le gros.
Et dire que tout ça arrivait à cause d'une simple envie. La gourmandise est parfois cruelle. Au moins elle avait le ventre plein. Voilà il fallait relativiser. Linnea souffla doucement en tentant de se détendre et inspira. A sa grande surprise, une nouvelle fragrance était apparue.
Son intérêt détourné, elle avança aussi prudemment que possible.

« C’est quoi qui pue ? »

Qui pue ? Oui, quand quelque chose ne lui plaît pas, ça pue. C’est assez simple mais au moins ça préserve de toute morsure. Du moins, tant que la faim ne se montre pas. Les sourcils rehaussés, elle tenta quelques secondes d'identifier l'odeur, mais en vain. Rien qui ne lui soit connu pour l'heure.
Les cheveux collant sur sa peau, la jeune femme avait des allures de petite fille proche de la découverte d’un véritable trésor. Tous les sens en éveil, elle était prête à tout éventualité.

Lilac ne se rappelait plus comment elle avait atterri ici, tout ce qu'elle savait c'est que dehors il y avait de drôle de monstres et que rester caché dans cet endroit était le meilleur moyen de se faire discrète. Comme toujours des bestioles tentèrent de profiter d'elle pendant son sommeil, finissant en tas de poussière.

On ne pouvait pas dire que la situation de Lilac était mauvaise en soit, elle n'avait pas faim, ayant trouvé une arme primitive, elle put chasser repas en prenant énormément de précautions pour toucher la viande avec son arme  ce qui permit à la jeune file de se nourrir, il était impossible de faire cuir la viande et donc elle était vite sujet à des douleurs aigus à l'estomac, mais au moins elle était nourrit.

Ce fut d'ailleurs une mauvaise digestion qui la réveilla, devant purger son estomacs de ce qui ne voulait pas passer, un temps qui était fort désagréable pour la demoiselle qui se forçait à vomir dans un trou qui menait on ne sais où, mais d'où les odeurs ne remontaient pas.

Une fois l'épuration faite, elle partie près d'une rivière, usant d'une cruche en pierre pour saisir l'eau et pouvoir la boire, elle en profita ensuite pour s'asperger le corps et, avec une pierre spongieuse, elle se mit à laver son corps de la poussière et de la crasse accumulé, tournant le dos à la seule entrée et sortie de la pièce où elle se trouvait, elle ne chantonna pas, il ne fallait pas attirer les monstres du dehors.

Elle devait trouver un moyen de retourner chez elle, mais pour l'heure, il fallait éviter de tuer quelqu'un en le touchant. D'ailleurs un serpent-rocheux voulut mordre l'ESP.er et un nouveau tas de poussière était à présent au sol, Lilac avait sentit sa présence, mais que pouvait-elle faire, si elle avait fuit, elle aurait dû tuer des monstres dehors, elle n'aimait pas ce pouvoir, c'était le malheur.

*Malheur, malheur, c'est le bonheur oui ! Imagine tu pourrais dominer le monde.*

Lilac ne put retenir une réflexion.

Je ne suis pas comme toi, tu es mauvaise, fourbe, cruelle, je haïs ce pouvoir.

Avant qu’elle ne puisse voir quoique se soit, se furent des mots qui vinrent chatouiller son ouïe. La demoiselle s’immobilisa alors. Jamais, ô grand jamais on avait osé lui parlé ainsi. Ignorant la fin de sa phrase, Linnea le prit pour elle, bien évidemment. Même durant sa vie d’humaine, elle avait été considérée comme un véritable joyau et sa mort n’avait rien arrangé. Elle était ce qui était de mieux. Aussi, c’était la surprise qui dominait pour l’heure. Un sourcil se rehaussa, son acuité visuelle tentant aussi bien que mal de s’adapter à cet environnement… étranger.

Reprendre un comportement normal lui prit quelques secondes. Si tant est qu’on puisse un jour considérer ses agissements comme tels. Linnea s’éclaircit la gorge, comme s’il fallait signifier sa présence avant de répliquer. Elle n’avait pas vociférer, c’était un début plutôt positif.

« Mauvaise, c'est du chipotage tout dépend du point de vue qu’on prend, mais soit, soupira la belle en haussant les épaules. Fourbe j'accorde, quant à cruelle… »

Une moue s’empara du minois délicat. Mauvais, cruelle, ça va ensemble non ? Quoiqu’il en soit pour elle, c’est plus que discutable. Linnea fait souvent les choses avec passion et savoure la moindre blessure causé, prête une attention à la moindre goutte de sang. Associer ça à de la cruauté lui paraît invraisemblable.

« Bref. Pour la magie, non. Je ne suis pas d’accord. La magie est hors propos. C’est pour ceux qui n’ont aucune imagination. Pas besoin de magie pour tuer quelqu’un. »

Dans son monde à elle, un simple baiser pourrait être fatal si la faim se fait trop pressante. Tuer est tout un art et loin d'être perçu comme une mort. Forcement, avec une éducation comme la sienne, difficile de concevoir le Mal. Aussi, elle est bien loin d’imaginer qu’autre chose puisse mettre fin à une avec pareille facilité. Une forme de naïveté peut-être.

« Voyons voir, souffla la Vampire en réfléchissant. Le mieux, c’est lorsqu’ils pensent pouvoir passer la nuit en ma compagnie. Ils la passent, certes mais jamais entièrement. Comme si un humain avait la capacité de répondre à tous mes désirs. Ils donnent, ils donnent, ils donnent en espérant quelque chose en retour. J’accepte leur offrande c’est déjà largement suffisant, non ? »

Le monde tourne autour d’elle. Et encore, elle a la gentillesse d’être le rouage centrale. On ne sait pas trop ce que son esprit pourrait servir comme idiotie pour la rendre plus intéressante encore. Mais dans tout ça, Linnea en a complètement oublié de prendre note sur la créature non loin. Une petite chose, qui à son sens, ne sent pas assez bon pour qu’elle ne daigne goûter.

« Et puis il n’y a personne à tuer là. »