-Non! Lâchez-moi!
-Allez, viens là, ma mign... ARGH!
Un sifflement semblable au cri d'un oiseau, un sabre noir déchirant la chair et une tête coiffée d'un casque militaire tomba en même temps que les pieds de Kamui heurtèrent le sol. La terranide-chat qui venait d'être sauvée poussait un cri de stupeur et d'horreur en voyant le corps du garde décapité tomber sur ses genoux puis tomber sur le côté. Le Seigneur de Meisa en exil avait été appelé par les rumeurs qui couraient les plaines. La révolution commençait, il arrivait juste au bon moment pour se joindre aux réjouissances. Alarmés par les cris de la terranide et le son du métal déchirant la maille qui couvrait le cou du guerrier, deux autres gardes jaillirent de la ruelle tels des serpents. La dernière image que leur cerveau perçut fut celle d'une lame qui décrivait un arc de cercle pour trancher leur tête avant même qu'ils ne puissent réagir et se protéger. Au loin, la rumeur des chocs des bâtons et des épées criait le combat. La terranide derrière lui courut se cacher dans sa maison, sans remercier son sauveteur, verrouillant la porte et se barricadant à l'intérieur. Tant mieux pour elle, car ainsi, il n'aurait pas à se préoccuper davantage de son sort. Les combats l'appelaient, il devait se battre, il devait plonger dans le chaos, frôler la mort et s'en sortir. Il était fait pour ça, même s'il aspirait plus que tout à disparaître dans le néant.
Il courut sur la grande place, passant sous le nez des gardes avant de les faucher d'un tournoiement mortel, le bras armé tendu où reposait son katana d'ébène vers les gorges de ses ennemis. Les têtes tombent, le sang coule. Deux gardes tombent, morts, un autre lève son épée juste à temps pour parer le coup avant que le Seigneur ne lui saute dessus pour ensuite lui percer la gorge d'un coup brusque de poignard. Il se débat, mais le sang coulant dans sa gorge l'étouffait. Trois secondes plus tard, il s'éteignit, et Kamui le relâcha, se relevant sur ses jambes. Un son de frottement de métal contre la pierre et un sifflement caractéristique d'un coup de lance parvint à ses oreilles et il exécuta une roulade sur le côté pour éviter l'arme qui s'abattait sur sa tête. Il se releva, et son capuchon tomba de sa tête, dévoilant son visage, ce qui consterna le soldat, qui reconnut les traits de l'homme qui dirigeait autrefois un territoire sous le contrôle de Nexus, un des vassaux de la Reine, un homme supposé capturé par les forces d'Ashnard des années plus tôt.
-Comment osez-v...!
Kamui lui plaqua une main sur la bouche pour l'empêcher de parler.
-Le vent du changement souffle, camarade, et j'y répond, dit le déchu avant de taillader d'un coup de sabre la gorge du soldat.
Le sang s'échappa de la plaie. La jugulaire était tranchée, il ne survivra pas, mais il souffrira avant de mourir. Il sentira la vie le quitter, lentement mais inexorablement. Le sol de pierre se teintait de sang, mais Kamui ne s'en préoccupai déjà plus. Il abandonna le garde à son sort et leva les yeux vers le château, à bien des kilomètres de sa position, où la Reine devait probablement attendre son sort avec un fatalisme attristant. "Arriverais-je à la tuer si j'arrive le premier ou un autre le fera à ma place? Parviendra-t-elle à me pousser à me retourner contre les révolutionnaires pour protéger sa vie?" Ces questions l'intriguaient tout comme elles l'excitaient. Il avait hâte de voir où tout cela allait le mener. Il se dirigea donc vers l'attroupement des révolutionnaires qui se dirigeaient vers le château.
Pourquoi se mêlait-il de ce combat? Cela ne le regardait pas, il n'en avait rien à faire. Seulement, l'appel de l'action, le besoin irrépressible de tuer naissait en lui en même temps que le combat qui faisait rage. Au moment du discours de Loki, il était là, parmi la foule. Il avait ressenti l'énergie agressive des citoyens de Nexus, il avait senti leur révolte, leurs cris, leurs appels aux armes, et il avait crié, lui aussi, encourageant ce révolutionnaire. Les terranides étaient les plus fervents partisans. La plupart était composé d'esclaves ayant brisé leurs chaînes pour se joindre à la révolution, d'autres avaient perdu leur femme, leurs enfants ou des amis proches pour le bénéfice des riches. Certains étaient d'anciens habitants de Meisa, mais aucun ne le reconnut. Fort heureusement, car les insurgés se seraient empressés de s'attaquer à lui pour démontrer leur foi en cette guerre civile.
Une motivation était certaine; il ne perdrait pas une occasion de mourir sur un champ de bataille. "Venez, chiens, venez vous battre! Venez me tuer, si vous le pouvez, lâches que vous êtes!" hurlait-il intérieurement, alors que d'un côté, les révolutionnaires se ruaient vers le château et de l'autre, les soldats protégeant le château se ruaient sur les révolutionnaires pour leur apprendre à suivre les puissants comme les animaux domestiques qu'ils étaient; les remettre à leur place, en gros.