Gurdal voulait apparemment rentrer dans l'histoire, et serait prêt à tout pour y parvenir, inscrire son propre nom dans le marbre de l'éternité pour ne jamais être oublié, je jetais effectivement un regard sur son bouclier, sa hache, et son armure... il semblait déjà sortir, à lui seul par son allure, d'une légende, malgré cet interêt pour la gloire il avait également à coeur de l'aider, quant à en faire une épée bénite... là Khaléo demandait à voir quand même, cette horreur lui avait pourri longtemps l'existance, à de rares fois qu'il put compter sur ses doigts, les morts vivants animés par les âmes renfermées dans cet épée avaient pu être utilisées de façon "stratégique" dans une mêlée de nuit en s'infiltrant dans un bivouac ennemi, laissant les "pourris" occuper les soldats pour permettre à son régiment de passer en douce, mais le reste du temps ils cherchaient tout simplement à lui arracher sa vie, à ramper dans les ombres, comme à cet instant précis, dans les ombres de l'arme à cette heure de la nuit, elles étaient particulièrement agitées, des "limules" ombrageuses, dégeulasses, comportant des semblants de visages noirs aux orbites cramoisies, glissaient et rampaient donc à la surface du corps de l'épée, dans ses propres ombres, fuyant la lumière, leurs corps étaient semi organiques, semi éthérés, on pouvait presque voir au travers, mais regarder au travers des ombres, des ténèbres, ce n'est que regarder dans le néant.
Parfois ils tendaient leurs bras vers Khaléo, enfin, "bras" des petits moignons de chair qui semblaient calcinées, déformant leurs visages, leurs bouches d'une plainte horrible, mais inaudible, Zack releva sa capuche pour ne pas les voir bouger du coin de son oeil, même s'il devait en avoir l'habitude aujourd'hui, celà le mettait encore mal à l'aise.
Et bien mon ami, je vais donc te laisser prendre une chambre dans cet établissement, je t'aurais bien invité chez moi mais j'ai aucun lit adapté à ta taille, c'est que je ne reçois pas d'invité en tant normal. On se voit donc demain matin, un peu de temps après le levé de soleil, ici même, cela te va ou as-tu un autre endroit à proposer ?
"-Je ne penses pas avoir envie de me tapper plusieurs centaines de kilomètre cette nuit accompagné de ma fidèle... "épée" si tant est qu'on puisse appeller celà de cette manière, N'ayez crainte Gurdal... je sais depuis longtemps comment..."
Les gesticulations provenant de l'épée commençaient à stresser Khaléo, et devenaient presque bruyante à son âme, il envoya son pied dans le corps de lame pour qu'elle s'étale au sol, entre deux tables, sous l'éclairage le plus vif de la taverne, quelques clients sursautèrent, mais c'était aussi pour leur propre sécurité, ainsi les "limules" se cachèrent sous la lame, pour enfin sortir de sa vision.
"...empêcher ces petits salaupards de m'emmerder pendant la nuit, autrement je serai déjà mort depuis longtemps si j'avais à affronter "l'armée des morts" chaque fois que la lune se lève... Je me contenterai du comfort modeste d'une chambre dans cette auberge, je ne voudrai pas non plus abuser de votre hospitalité, ni défoncer les chambrants de porte de votre habitation avec ma tête et mes épaules. "
Khaléo se leva de son siège, en profitant pour "marcher" enfin "tituber" sur l'épée, et rebondir quelques fois avec son poids sur ses chevilles, faisant mine "d'écraser" la vermine planquée sous son épée, apparemment il ne les aimait pas, mais ils le lui rendaient bien quand ils avaient l'occasion de sortir.
-Je te souhaite une bonne nuit et décuve bien surtout, c'est que demain, nous aurons une journée chargée.
"-Je ne vais plus tenter le diable ce soir, pas dans mon état... la dernière fois que j'ai eu envie d'une ballade au clair de lune pour désaouler, j'ai mis "accidentellement" les pieds dans un cimetière, en fait, je ne savais plus réellement ce que je faisais, ni où j'allais, et avec la chance qui me poursuit, il fut pile minuit quand ma lame réapparut à mes pieds au millieu d'un vivier de cadavres qui ravit les appéttit morbides des âmes renfermées là dedans... j'en portes encore quelques cicatrices qui me rappellent de ne plus "jouer" avec elle."
Même si parfois, il piquait une crise, et, sortait dehors de lui même dans un élan auto destructeur, affronter le tas de machabée, d'abominations glaireuses, putréfiées, que la lame pouvait produire, se servant même des bouts de cadavres pour reformer des golems de chair, d'os et de sang pour s'acharner sur lui, et à vrai dire, lui aussi s'acharnait sur elles, dépensant une colère venue du fond des âges pour sa condition, sa malédiction, dans une farandole, une tornade de métal hurlant et de colére incoércible qui envoyait valser les cadavres autour de lui, les morts s'avançant toujours plus nombreux, tendant leurs bras, leurs mains, dandelinant leurs corps incomplets, comme s'il eut s'agit d'une danse païenne, désorganisée, dédiée à un veau d'or.
Sur cette pensée il hésita, il hésita à se saisir de l'épée et sortir dehors, la colère le prenant, sa "bête" rageant au fond de lui, ses poings se crispèrent, et quelques veines apparurent autour de ses bras, sur ses mains, mais à défaut de plonger sur sa lame il plongea sur une dernière choppe pour bien "s'assomer" et éviter de faire l'imbécile, s'il se battait toute la nuit le lendemain matin il ne serait jamais opérationnel pour leur journée chargée.
Il emporta sa lame avec lui, prenant bien attention de rester dans la lumière, couplée à son dos il sentait les "limules" dégoutantes essayer de s'emparer, de glisser dans ses ombres, écrasant du pied celles qui tombaient par terre, avant de séparer l'ombre de son corps de ces dernières, quand une de ces saloperies était plongée dans la lumière elle se mettait à fondre, un peu comme une limace sur laquelle on jette de grosses poignées de sel, elle disparaissait et laissait derrière elle des volutes de fumées spiraliques néantines, à l'odeur nauséabonde, et l'âme contenue dans cette "chose" retournait à l'intérieur de l'épée.
A cette heure de la nuit leurs manifestations physiques étaient à leur paroxysme, on pouvait pratiquement les entendre glisser sur la lame, Khaléo remplit un plaquard de lampes et de quelques bougies, prenant attention à ce qu'aucune flamme ne soit trop proche d'un mur ou d'un objet inflammable, la lame fut posée au centre d'un cercle de lumière avant qu'il n'en referme les portes.
Il resta quelques secondes figé sur place, lorsqu'il se regarda dans le mirroir de la salle de bain, il vit son visage... "fondre"... sa chair pourrir sur elle même, ses mains partirent à la rencontre de son visage se décomposant, essayant de replacer sa chair en place, mais rien n'y faisait, maintenant c'était l'un de ses yeux qui, sortit de son orbite et se mit à couler sur son visage, il se mit à paniquer en essayant de se "ravaler" la façade avec les deux mains, le décor aussi se mit à changer, ressemblant de plus en plus à l'antichambre de l'enfer, des corps entrelaçés se mirent à sortir par relief de la surface des murs, les lustres, les portes manteaux à pencher et à se tordre comme s'ils riaient silencieusement, irréaliste, la chambre d'auberge se mit comme à se distordre, le plafond à fondre, et à descendre, promettant de l'écraser, lui, et tout ce qui se trouvait dans la pièce...
...Il avait du mal à rassembler ses esprits, mais il avait déjà vécu ça, même s'il ne semblait, rien y avoir dans sa nuque, ses deux mains s'aggripèrent à quelque chose derrière sa tête, tirant sur la "chose" comme pour l'arracher de sa tête.
Lorsqu'il la retira enfin, toutes les hallucinations cessèrent, entre ses mains, une de ces horreurs, une de ces "limules" putrescentes agitant ses petites pattes dans tous les sens, avait réussi à se glisser sous l'ombre de sa cape, et remonté dans le dos de son armure, c'est sans doute pour ça qu'il ne l'avait pas sentie avant qu'elle ne s'accroche à l'arrière de sa tête et tentes de prendre le contrôle de son esprit, il la jeta au sol et l'éclata du talon, effectuant un mouvement lent, semi circulaire de son talon bien appuyé de son poids pour la tuer, un petit coup de ramassette et hop, direction poubelle, lui, direction son lit.
C'était loin d'être "sain" tous les jours de vivre avec une menace de ce genre planant sur votre tête, ça faisait aussi partie d'une des choses qui le mettait sans cesse sur les nerfs, en tension, sur la défensive et exacerbait sa paranoïa de soldat, il avait de la chance d'avoir un sale caractère, un esprit et une volonté assez résilientes pour ne pas sombrer dans la folie.