Le centre-ville. Vaste quartier où chaque rue est plus bondée que la précédente. Malgré le froid étant tombé depuis quelques semaines déjà, les allées et les voies sont surchargées de monde. Rien ne décourage donc jamais l'animal humain... Comment pourrait-il se le permettre, d'ailleurs? Du berceau à la tombe, chaque seconde s'inscrit dans cette lutte infernale où l'individu tente de devenir un Individu, cherche à se hisser plus haut que les autres, à devenir "quelqu'un"; au détriment de ses semblables, au détriment de ses plaisirs, au détriment de sa vie. Magnifique batterie de volailles toutes plus stupides les unes que les autres, battant sans cesse des ailes, sans jamais comprendre qu'elles ne pourront pas voler.
Pour tous vient l'heure où le temps s'arrête, où l'engrenage se brise; où tout se brise. On éructe, on grogne, on proteste, mais à quoi bon? Rien n'y fait, et chacun, tour à tour, nous sombrons dans l'oubli. Nous nous imaginions maîtres du Monde, nous voilà redevenus Poussière. Chaque pièce jongle sur l'échiquier, puis vacille et enfin s'abat, certaines en silence, humblement, d'autres avec fracas, laides jusque dans la Mort...
Loin de cette agitation nocturne, une ruelle est épargnée par le bruit et la foule. A son bout, une église, imposant chez-d'œuvre architectural du XVe siècle. De part et d'autres de sa façade, les gargouilles font la grimace aux statues des saints, figés dans leur adoration passive, à jamais nargués par les visage hideux de ces monstres de pierre. Dans la continuité de la lourde porte de bois massif, l'antre de pierre jette vers le ciel infini ses tours et son clocher, dernière tentative vaine pour atteindre un Dieu inaccessible à la banalité de ce monde.
Malgré tout, c'est Lui que j'implore, Lui en qui l'Homme ne croit plus, Lui ne croyant même plus en l'Homme. De toutes ces forces, on le prie. Pas pour expier une quelconque faute; ce serait inutile, il était déjà vouée au Tourment Éternel. Si il prie, c'est pour les âmes de tous ces êtres dont la fragile existence s'est fanée ce soir, emportée par le souffle du Vent.
Akimoto me trouve là, assis contre l'un des mur de cette église, réfugié dans l'ombre, le regard tournée vers la Lune qu'il aime, phare illusoire de ce monde où toute chose sombre dans le naufrage de nos existences...
Seigneur, ayez pitié de ces âmes et accordez leur le Salut qu'elle espèrent... Amen.
Akim baisse les yeux vers ses mains, ses mains coupables, tachées à jamais du sang d'innocents. Plus loin, sur les murs et au sol, encore du sang. Disséminés dans la ruelle, des cadavres jonchent le pavement sans âge, pantins désarticulés dont toute trace de vie s'est envolé. Brisé par un, deux...trois êtres infâmes. Mais qui a t-il tué lui ? Est ce que tué des innocents est dans l'agenda du vampire...votre hochement de tête en dit long mais ce soir, il regardait le spectacle infâme de monstres humains.
Réduit au rang de simple spectateur dans un corps idiot qui change d'avis souvent. Un jour, Akim tue une centaine de personne pour étancher sa soif de jeune vampire et d'autre il se tait. Est ce que parfois son ancienne âme d'enfant humain reprend le dessus ?
Il laisse passer quelques instant. A présent, il s'agit d'effacer toute trace de la présence des malfrat. Il se relève, jette un œil vers le cimetière jouxtant l'église. Un caveau est si vite ouvert... Et puis, quelques morts en plus dans un lieu prévu pour les accueillir ne devrait pas poser trop de problèmes... Pas immédiatement, en tout cas. L'idée lui paraît bonne. Se relevant, il regarde attentivement si le lieu est bien désert... Personne en vue. Il relève ses manches, et, surmontant son dégoût, entreprend de traîner les premiers cadavres sous le regard de toutes ces statues qui semblent m'accuser... Akimoto ne voulait pas d'adversaire dans le meurtre d'innocent aussi ces idiots, ces tueurs d'une femme sans défense ont signé leur arrêt de mort sur le front du vampire...
Puis, avec de petits sauts, le vampire très curieux se glisse dans la ruelle où à eu lieu le meurtre. Du sang, trop de sang... Le jeune vampire se cache le visage quelques minutes le temps de convaincre son minable cerveau d'oublier le sang de cette humaine. Ne voyant pas de corps, Akim reste sur ses gardes. Comme tout vampire, son odorat ne le trompe pas, la femme a reprit vit et se tient derrière la caisse au fond de la rue. Le mauvais spectateur avait assisté au petit tour de passe passe de la jeune femme. En plus de revivre, elle pouvait faire le caméléon ? Hmm...elle était plus qu'étonnante.
Le jeune homme aux yeux de sangs s'approcha de la jeune femme. Celle ci ne pouvant fuire par fatigue, il s'accroupit devant et lui sourit. Pour lui, le temps n'était pas au dialogue pour le moment...
[Pardon pour le retard ]