Tequila Sunrise (Kal)

Le bout d'une carte d'un côté de la porte, l'autre dépassant un tout petit peu derrière, longer la porte, la remonter, tout en forçant légèrement sur la poignée... Et clac, sésame ouvre toi. La porte du petit appartement de Kal s'ouvrit pour laisser dans l'encadrement de la porte une Sam accroupie, en tenue indécente, micro short, bas résilles et petit tee shirt trop transparent, comme d'habitude. Il devait être un peu moins de six heures du soir. Sans doute le flic n'allait pas tarder à arriver. Mais Sam avait bien le temps d'attaquer un peu ses réserves de bibine d'ici là. Enfin avant d'en arriver là, il fallait qu'elle rentre.

C'est ce qu'elle fit donc, se redressant sur ses longues jambes avant de franchir le seuil de l'appart' qu'elle connaissait comme sa poche. Et oui, elle avait eu le temps de fouiller partout pendant que Kal l'y avait retenue prisonnière pendant plus de deux semaines... Comment? C'est dramatiser quelque chose quand il n'avait fait ça que pour l'aider? Peut-être, mais en attendant, peu importait le fond. Tout ce qui comptait, c'était la forme et dans la forme, Sam avait été enfermée pendant plus de deux semaines dans cet endroit qu'elle avait passé à la pince à épiler. Autant dire que le flic n'avait plus aucun secret pour elle. Le problème ayant été que, quand elle avait commencé à jouer avec lui, il avait joué avec elle aussi. Du coup, c'était un point partout, la balle au centre. Elle savait pour lui, il savait pour elle. Et ça l'agaçait profondément. Mais bon, au moins cet endroit était tranquille, elle savait qu'on ne viendrait pas l'y faire chier. Après tout, on expulsait rarement les squatteurs que les collègues hébergeaient de gré. Remarque, de gré ou de force là pour le coup la forme n'avait pas d'importance et c'était le fond qui comptait. A savoir que Sam pouvait rappliquer ici quand bon lui semblait. Kal était plutôt cool là dessus de toutes façons, il gueulait mais elle savait qu'il se ferait chier comme un rat si elle n'était pas là pour égayer ses journées. Les égayer ou les pourrir, c'était selon. Selon l'humeur, selon le temps... Il n'y avait pas de règles particulières entre eux, juste chacun pour soit et Dieu pour tous, à celui qui fait le plus gros coup de pute à l'autre. Mais ils n'étaient pas fous. Ils s'emmerdaient mutuellement sans mettre leurs vies en danger. Enfin bref, toujours est-il que Sam prenait ses aises.

Elle ferma la porte derrière elle après être entrée, à clés (oui parce qu'elle avait le double), et se pencha pour défaire les lacets de ses Doc Marteens. Elle les envoya valdinguer à droite et à gauche, de toutes façons, c'était le bordel là-dedans, et sema ses fringues comme Hansel sème des cailloux dans la direction de la chambre de Kal. Ne vous méprenez pas, elle ne comptait pas l'attendre entièrement nue sur son lit et lui faire des avances, paaaaas du tout. Non en fait, elle alla lui taxer une de ses chemises, blanches, et une cravate. Noire. Elle laissait la chemise ouverte, bien trop grande pour elle, sur un soutient gorge noir, comme la cravate, qui lui faisait un décolleté des plus sexy. Intéressant le nombre de choses qui traînaient dans sa piaule. Elle garda le boxer noir également qu'elle portait, enfila ses chaussettes bien trop grandes pour elle et parvint même à trouver une grande paire de lunettes noires ainsi qu'un chapeau. Chapeau style Blues Brother qu'elle coiffa bien sûr. Idem pour les lunettes. Quoiqu'avec les couettes, c'était pas le top. Alors elle défit ses cheveux et les laissa cascader comme bon leur semblait. Une fois changée à sa convenance, elle fila vers le frigo, s'ouvrit une bière bien sûr qu'elle termina rapidement et sans besoin d'aide, avant d'aller fouiller dans les tiroirs où Kal mettait en général ses réserves de clopes. Elle lui piqua un... Trois paquets (quand on aime, on ne compte pas), et s'installa sur le canapé, en tailleur tout en fumant sa clope. Elle lisait les noms de ses différents CD, de très bons groupes. En cela, tous les deux s'accordaient parfaitement, un peu comme une prise mâle et une prise femelle. Le courant passait. Mais ça devait bien être la seule chose. Enfin presque, peut-être. Une fois qu'elle eut arrêté son choix, Bob Seger, Old Time Rock'N Roll, elle le mit dans la chaîne stéréo de Kal, mit le volume à fond et lança le CD. Ses voisins allaient le tuer, mais elle s'en fichait royalement. Le tapage nocturne c'était qu'à partir de 22h donc s'ils venaient frapper, elle les enverrait chier.

Enfin bref, la musique commence. Quelques accords répétés sur le piano... Sam qui se profile dans une glissade sur les belles chaussettes du flic... Bob Seger qui commence à chanter, et la jeune femme qui commence à délirer toute seule, dansant en caricaturant à peine les gogos danseuses, avec une parfaite maîtrise de son bassin, univers qu'elle connaissait très bien pour y bosser de temps à autre, alors qu'elle se marrait toute seule. Le chapeau relevé sur l'arrière de la tête, les lunettes sur son nez, elle avait une sacrée dégaine... La chemise grande ouverte sur ses sous-vêtements, elle espérait que Kal reviendrait avec une conquête. Elle se ferait un plaisir de lui gâcher son coup, pas par jalousie, mais juste pour l'emmerder un maximum. Quoique la musique était à un volume outrageux, il entendrait de loin que Sam squattait chez lui. Donc il choisirait peut-être de ne pas amener sa femelle en chaleur chez lui et de laisser la délinquante vider son frigo. A savoir, avait-il faim de nourriture ou d'autre chose? Cruel dilemne, parce qu'il savait très bien ce qu'il risquait s'il laissait Sam chez lui. Enfin, il aviserait comme d'hab. Et elle, continuait de danser. Elle n'entendrait pas la serrure cliqueter, donc il la surprendrait forcément. Ce n'est pas comme si elle avait honte de quoi que ce soit en même temps. Après Bob Seger, elle changerait pour les Blues Brothers, et ensuite pour... Boyzone. Boyzone? Oui, parce que la musique de la BO de Mr Bean la fait toujours délirer. Enfin, peut-être que d'ici là, le flic serait rentré et l'empêcherait d'écouter ça.

Advienne que pourra.

La petite vieille dévala l'escalier grinçant avec une rapidité surprenante, comme si Skynet lui avait greffé de foutues jambes de Terminator. Depuis que la jeune droguée aux couettes était entrée dans l'immeuble, Madame Bonpoil avait guetté l'arrivée du policier du cinquième, le jeune aux cheveux de vieux. Elle ne l'aimait pas non plus, celui là ! Trop sale, trop fumeur, trop sexy peut-être pour ses formes sèches et inintéréssantes de petite vieille. Mais ce qu'elle aimait, c'était qu'il déloge les inconnus de leur immeuble que tout le monde semblait prendre pour un refuge de quartier mal famé. Et puis madame Bonpoil le savait, la punk était l'amie du policier, qu'elle soupsonnait de proxénétisme tant il avait l'habitude de traîner avec la nana aux bas-résille troués et aux tee-shirts indécents. Sûr qu'il la faisait passer dans des caves, dans des plans sordides dont les JT de 20h regorgaient toujours ! Enfin peu lui importait tant qu'il délogeait l'importune et qu'il faisait taire la musique de sauvage qui inondait les couloirs.
Elle l'avait donc attendu et dès qu'il eut garé sa moto de sport aux lignes agressives et ôté son casque, la vieille avait filé vers lui depuis son appartement comme un aigle qui aurait voulu se faire un bon rat bien gras pour son repas.

Kal' pour sa part n'avait rien entendu. Vêtu d'une combinaison totalement noire de motard, il portait les écouteurs de son mp3 qui crachaient violemment les accords de King Nothing de Metallica et était occupé à relever son courrier. Il ne fût pas sans sursauté lorsque Bonpoil lui attrapa le bras sans douceur pour le faire se retourner, le fusillant du regard.
Docile mais passablement agacé d'avance, le flic stoppa son baladeur et ôta les oreillettes pour entendre le vacarme de la chanson de Seger. Pas besoin d'être un génie pour savoir pourquoi la vieille lui tombait sur le poil.

-  ELLE EST REVENUE ! ENCORE ! ENCOOOOOORE !

- Et elle va r'partir, madame Bonpoil...

- VOUS DITES CA A CHAQUE FOIS, JEUNE HOMME ! A CHAQUE FOIIIIIIIIIIIIIIS !

Kalhenn soupira, mettant les enveloppes dans son casque. Bonpoil avait raison, il avait dit ça la dernière fois et celle d'avant encore. Mais Sam était plus collante qu'une crotte sous une semelle et il peinait à s'en débarasser, bien qu'au fond il n'a jamais réellement cherché à le faire. Où si, la fois où elle avait fait foiré une sortie au resto avec une brune superbe qui n'avait pas apprécié de trouver chez Kal une gamine allongée à moitié à poil dans ses draps.

- C'est bon, c'est bon... Laissez la police faire son travail. Je vais lui coller une amende et quelques jours de prison, ça la calmera.

- Bonne idée ! Prison à vie ! Peine de mort ! Loubarde ! Junkie ! Droguée ! Put...

Elle ne continua pas, le regard glacial de Kal la dissuadant d'en rajouter. Ca ne le dérangeait pas qu'on insulta Sam puisqu'elle s'amusait elle-même à inventer de nouveaux jurons trois fois par jours, mais elle restait un être humain avec une dignité. Et son amie, enfin à leur façon particulière. La discussion coupée court, l'homme salua la vieille d'un geste de main et monta les escaliers en pensant à l'amende et aux jours de prison. Comme si Sam avait de l'argent pour payer ! Sans compter que de toutes façons elle passait pas mal de son temps en garde à vue, et lui à l'en sortir. Kal en était persuadé : il faudrait l'abattre pour la faire taire. Et encore, le flic la sentait bien capable de revenir le hanter une décénnie où deux.
Finalement, son palier et sa porte s'offrirent à lui, ainsi que le regard compatissant de son voisin d'en face. Un éducateur social où un truc du genre, qui voyait des ados difficiles à longueur de temps. Les hommes se saluèrent poliment et se sourirent alors que l'éducateur apostrophiait notre policier à la barbe mal rasée et à la combinaison à peine ouverte sur son torse.

- Ils vont appeller tes collègues, un jour, Kal !

- Et ils viendront pas l'embarquer, ils savent qu'elle leur pourrirait la vie à peine menottée.

- Tu sais qu'elle pourrira la tienne aussi si tu te laisse trop bouffer ?

Ce n'était pas un reproche de la part de l'homme, mais une mise en garde amicale. Kalhenn savait qu'il n'avait somme toute pas tort, mais voyais la chose différemment.

- Elle serait pourrie si elle venait pas me bouffer un peu.

Les voisins échangèrent un regard entendu avant que l'éducateur ne rentre chez lui et que Kal ne pousse la porte de son logement et la referme derrière lui, posant son casque dans un meuble de l'entrée. Vu comment la stéréo hurlait, Sam ne l'avait sûrement pas entendu arriver... Parfait ! Se délestant de sa combinaison en faisant quelques pas chez lui, il la vit remuer superbement du bassin alors qu'elle était de dos dans ce qui lui semblait être ses fringues. Il grogna sans pour autant perdre une miette du spectacle tandis qu'il se deshabillait pour finir en boxer blanc moulant. Rien de bien sexuel là dedans, les compères ayant l'habitude de se trimballer plus où moins à poil dans l'appartement. Kal ne savait pas trop à quoi elle s'attendait, mais il s'était bien gardé de lui parler de sa dernière acquisition, un pistolet à billes qu'il cachait sous un meuble. Rien de bien méchant, juste de quoi faire quelques bleus et faire faire à la cible quelques bonds sous la douleur. Tranquillement, le policier vérifia le chargeur, s'installa, pointa... Et tira sur une des fesses appétissantes de Sam, qui ne fût certainement pas sans sentir l'impact sec sur sa peau ferme.
Pendant qu'elle réalisait ce qui se passait, Kalhenn éteignit la chaîne et la pointa finalement de son arme.

- J'envisage sérieusement de te coller un pruneau dans le buffet, tu le sais, ça ? Je te foutrais dans un trou et je mettrais sur ta tombe "J'ai été un gros parasite au cul parfait" et je viendrais tout les jours arroser tes fleurs à la bière.

Il souria en coin, la regardant d'un oeil pétillant lorsqu'il vit sa tenue. Ca l'agaçait profondément qu'elle fouille son armoire parce qu'il ne supportait pas qu'elle laisse son parfum capiteux mais particulier dans ses fringues, pourtant son style n'était pas pour lui déplaire.

- Comme t'es une fille bien élevée, tu as préparé la bouffe et mit la table, hein ?

Comme si la belle allait s'embarasser de ce genre de détails ! Kal soupira et vint se jetter dans le canapé qu'il était bien content de retrouver aprés une journée trop remuante à son goût et qui avait duré un peu plus de 36h. Lui qui espérait s'écrouler devant un film, une bière et une part de pizza... Raté. Son visage accusait le coup de la fatigue qui le tiraillait, d'ailleurs.

- Faut que je te menotte sur le lit et que je te baîllonne pour avoir la paix ce soir, où tu compte être sage ?

Dans le genre question complètement stupide...

La vieille concierge et le conseiller pédopsychiatre de ses deux, Sam s'en battait les steaks. Pire encore en fait, plus elle emmerdait la vieille, mieux c'était. Quant au voisin de Kal, elle était persuadée que si elle lui proposait une partie de scrabble, traduire par partie de jambes en l'air, il ne serait pas contre. En même temps, sans être présomptueuse, quand elle s'y mettait, elle n'était pas la dernière pour exciter les hommes. Et c'était heureux pour son business. Vous voyez vous, une femme aussi charismatique que Susan Boyle faire des strip tease? Non? Bah Sam non plus, de ce fait, il faisait ce genre de "métier", c'est qu'elle avait les atouts pour. Et si elle en était consciente, pourquoi ne pas s'en servir pour obtenir ce qu'elle voulait? Certains se servaient de leur intelligence, parce qu'ils étaient moches, voilà tout. Le fait est que la nature humaine va toujours au plus simple. Et là le plus simple, c'est de faire du gringue. Chacun son truc. Les maths et la physique, c'était réservé aux moches qui ne pouvaient se servir d'autre chose, voilà tout.

Alors c'était sans le moindre complexe qu'elle dansait au milieu de la pièce qui servait de salon et de salle à manger au flic, dos à la porte d'entrée, s'aidant d'accessoires comme le canapé, le mini bar de la cuisine ou autres meubles du genre. Et comme c'était à prévoir, elle ne l'entendit pas rentrer. Pas plus qu'elle ne l'entendit poser son caque ou se dessaper, pour la simple et bonne raison qu'elle avait... La tête dans le frigo. Pendant que Kal avait cherché son pistolet à billes, Sam avait ouvert le frigo et s'y était plongée. Décidément, y'avait rien à grailler dans ce taudis. Pendant ses recherches infructueuses, elle s'était penchée et exposait ainsi sa croupe, faisant une cible idéale pour la bille qui vint la frapper. Elle se redressa d'un coup, une douleur lancinante lui saisissant la fesse, avec un "Aïe!!" Sonore. Elle porta la main à sa blanche fesse qui rougissait déjà au point d'impact, se retournant avec vivacité alors que la musique se taisait. Elle grogna en voyant le flic à l'allure fatigué, et déjà dessapé, lui tournant délibérément le dos après lui avoir tiré la langue, avant de prendre deux bouteilles de bière dans le frigo et de les poser sur le bar, passant derrière. Elle posa ses mains sur le plan de travail et s'y appuya pour mieux répondre à Kal et l'envoyer bouler.

-Le cul parfait supplante le parasite. Mes plantes imbibées d'alcool cacheront l'offense pour laisser que l'hommage, tu l'aurais dans le cul Macross.

Elle haussa rapidement les sourcils avec éloquence et lui fit un petit clin d'oeil outrageux avant de prendre le décapsuleur qui lui avait déjà servi à elle, pour ouvrir les deux bouteilles. Elle rejoignit ensuite le policier, tout en levant les yeux au ciel et lui répondant avec toujours la même insolence.

-Comme si on avait déjà mangé dans des assiettes... La blague!

Elle vint s'affaler en travers du canapé à son tour, hissant ses jambes qu'elle allongea, les posant sur les cuisses de Kal tout en lui tendant une des deux bouteilles décapsulées et trinquant avec lui. Elle bu une gorgée avant d'arrêter de le faire languir.

-Je me suis arrêtée chez le pizzaïolo en venant, il va nous en faire livrer trois tout à l'heure.

Et oui, après avoir vécu avec lui quelques temps, elle avait fini par assimiler ses goûts. Et même si elle l'emmerdait le plus possible, ça lui arrivait de faire des petites choses pour lui. Par contre, sa dernière question la fit rire. Elle manqua, presque, de s'étouffer dans le goulot de sa bouteille. Mais pour sauver les apparences, elle en avala une gorgée juste après. Comme ça, ça passait inaperçu.

-Toi et moi, on sait bien que si tu fais ça, ça va te donner envie et tu seras loin d'avoir la paix avant un moment.

Elle lui tira à nouveau la langue et hissa une main jusqu'à ses yeux, pour en enlever les lunettes de soleil. Elle les coinça par une branche à la jointure de son soutient-gorge, entre ses seins et appuya sur le chapeau qu'elle portait toujours en regardant vers le plafond.

-Ca fait combien de temps que t'as pas dormi? T'as une gueule de déterré, tu aurais pu danser dans le clip de Thriller si t'avais un tant soit peu le sens du rythme...

Et ouais, même quand elle compatissait, il fallait qu'elle assaisonne le tout d'une vanne. Histoire qu'il ne se fasse pas d'idées concernant l'intérêt qu'elle lui portait. Et puis sans les vannes, ça serait moins drôle.

Comme c'était à prévoir venant de sa part, Sam avait réponse à tout. Dommage pour le coup de la tombe, parce que Kal n'avait pas été mécontent de sa petite pique. C'était là la grande force de Sam : foutre en l'air tout ce qu'elle touchait. P'tite garce ! Le flic grommella au clin d'oeil provocateur, ne trouvant rien de plus détestable à répondre sur le moment. Il lui concédait ce point mais se jura intérieurement qu'elle n'en aurait pas d'autre ce soir, sinon miss Destroy s'enflammerait jusqu'à ne plus se sentir pisser et il fallait voir à ne pas abuser non plus. Par contre, Kal ne manqua pas de répondre pour le coup de la bouffe dans les assiettes, lâchant sa réplique alors qu'il allumait la télé à écran plat, seul semblant de vraie technologie dans le studio hormis peut-être la chaîne Hifi.

- Vois le bon côté des choses, au moins tu n'fais pas la vaisselle. Tu imagine, tu serais obligé de toucher du savon et MEME ! Même d'avoir les mains propres !

Bien sûr que non, elle n'était pas sale où négligée. Sam avait son style un peu... Personel mais n'en restait pas moins une femme, qui s'entretenait un minimum. Et pour l'avoir vue nue une où deux fois, Kalhenn savait parfaitement qu'elle ne manquait pas à son hygiène. Maintenant, il adorait la chambrer là-dessus, point sensible si il en était.
Il l'acceuillit dans le canapé sans surprise et sans se pousser, sachant parfaitement qu'elle prendrait la place qu'elle n'avait pas. L'homme posa une main sur la cuisse de la fille et attrapa de l'autre la bière qu'elle lui tendait, avant qu'ils ne trinquent à deux. Si il y avait des avantages à fréquenter Sam, c'était là un atout majeur : leurs styles de vies se ressemblaient et se correspondaient. Il pouvait boire tout son soûl affalé dans le canapé, jamais elle ne l'engueulerait où le traiterait de soûlot, pas plus qu'il ne le ferait pour elle. Mais les compères sauraient s'empêcher d'en faire trop pour éviter de s'esquinter même si c'était à leur façon. Et puis profiter d'une bière tendue par Sam-les-couettes, c'était un privilège rare et appréciable, d'autant plus qu'apparement, elle avait commandé quelques pizzas. Enfin une vraie bonne nouvelle.

- Avoue, tu t'es remboursée d'un bon geste envers moi en paquet de clopes, hm ?

Pas besoin de vérifier les tiroirs, Kal savait bien qu'elle s'était servie comme une grande. D'ailleurs, il n'achetait plus les cartouches pour lui mais pour elle, se contentant de garder quelques paquets d'avance au commisariat et dans sa voiture. Avalant un peu de sa bière, il lui lança tout de même un regard rapide et clairement reconnaissant. Revenant à la télé qui diffusait une série débile mais ayant le mérite de reposer l'esprit, Kal entendit à peine Sam s'étouffer dans la mousse de sa bière. Ceci dit, c'est amusé et souriant qu'il tourna la tête vers elle.

- Comme si te voir allongée sur mon lit et attachée comme une bête de sexe pouvait me donner envie, non mais. T'as plutôt envie de retourner au 7ème ciel et t'ose pas d'mander, c'tout.

En réponse à sa langue, Kal lui asséna une petite claque sur la cuisse à la surface de laquelle il avait jusque là fait courir ses doigts sans réellement y penser. Son attention revint entièrement à la télévision, qui passait une pub pour un manga populaire. Tout de même, les filles de comics américains étaient plus jolies, plus tangibles. La délicieuse Black Cat par exemple, où encore Malicia version 90's, toutes avaient une place dans son bandomêtre personel qui parfois faisait des bonds quand Sam se trimballait dans la maison.
Sam d'ailleurs, qui se sentit obligé de relancer la conversation en étant désagréable. Sam, quoi.

- J'ai pas le sens du rythme, moi ? Avec mon coup de bassin légendaire ? T'as aucun sens artistique, gamine. Pourtant, m'semble que t'aime bien quand je me déhanche, hm ?

Un petit sourire entendu avant qu'on ne sonne à la porte. Le livreur de pizza, sûrement. Kal se leva, attrapa un billet dans son portefeuille qui traînait là et alla s'occuper du repas du soir. En quelques minutes l'affaire fût pliée et les pizzas récupérées, embaumant l'appart' de l'effluve suave du fromage bon marché et de l'huile d'olive. L'homme revint vers le canapé et posa sans délicatesse les pizzas sur la table basse avant de filer farfouiller le frigo à la recherche de nouvelles mousses. Tandis qu'il les décapsulait en prévision, il répondit à son invitée d'office.

- Ca doit faire... Boarf... Une journée et demie que j'ai pas pioncé. C'est pas énorme mais le truc c'est que j'ai passé mon temps à courir à droite à gauche.

Kalhenn revint à son assise et poussa les jambes de Sam pour pouvoir s'assoir, se penchant vers les pizzas pour s'offrir une large part de Reine dégoûlinante d'emmental. Il croqua de bon coeur dedans, mâchonnant alors même qu'il parlait.

- Alors... *mâchemâchemâche*...Tu compte schquatter combien d'temps ? *mâchemâchemâche* Pasch que là, chuis en repoch...*mâchemâcheavale* ...Qu'ques jours.

Un peu de bière histoire de faire passer le tout plus où moins bruyamment, sans omettre de faire retentir un rot de tout les diables.

- Wouhou, celui là vaut cinq points facile !

-Kal, Kal, Kal...

Un soupir presque exaspéré, une tête féminine qui se secoue négativement... Et la sentence tombe, aussi dure et difficile à avaler qu'un doliprane 1000 mg en comprimé.

-Ce n'est pas parce que tu es un gros cochon qui ne se lave qu'une fois toutes les 72h, et encore quand t'es en forme et bien disposé, que je suis aussi dans ce cas là.

Tête inclinée sur le côté, petit sourire mesquin et niais à la fois. Et toc, Sam 2-0 Kal. S'il comptait l'empêcher de prendre la grosse tête, il allait falloir qu'il se mette sérieusement à travailler son sens de la répartie de le petit flicaillon. Sam savait se servir de sa langue, dans tous les sens du terme. Tiens d'ailleurs en parlant de ça... Il faudrait qu'elle lui montre. Et puis, l'un de ses pieds se hissant jusqu'à l'épaule du jeune homme et le poussant légèrement pour l'embêter alors qu'elle buvait d'une main et retenait sa tête de l'autre...

-En plus, tu crois vraiment que je ferai la vaisselle? Non mais sans déconner, j'ai la gueule d'une femme au foyer des années 50, celles qui avaient besoin d'une gaine là?

Joignant le geste à la parole, sa main quitta l'arrière de sa tête pour ouvrir en grand la chemise du policier et dévoiler un ventre plat, ferme et tonique. Idéal. Aucun besoin de gaine. Elle tapota d'ailleurs son bidon avant de hausser les épaules et de remettre son bras derrière sa tête.

-Evidemment, tu me connais maintenant pas la peine de poser la question. Quoique j'ai été raisonnable cette fois. J'ai pris que trois paquets!

Affichant un grand sourire style publicité pour email diamant, la magie du blanc, elle lui donna un coup de pied dans l'épaule, plus fort que les précédents pour punir sa remarque concernant ses envies. Comme si elle avait envie de lui en permanence... Il la prenait pour une nymphomane ou quoi? Bon, peut-être, PEUT-ÊTRE, qu'elle en était une, et alors? Où était le problème? Cela dit, si elle avait vraiment envie de s'envoyer en l'air, elle ne le lui demanderait pas à lui, ça lui ferait trop plaisir et elle n'avait pas envie non plus que lui prenne la grosse tête. Non non non, elle changerait de crêmerie. Entre eux, c'était bien plus jouissif quand c'était désiré et inattendu par les deux. Parfois même, Sam était maso et s'imposait de longues périodes de jeun sexuel pour mieux profiter de la fois où ils le feraient. Elle était cinglée... Alors qu'elle cogitait rapidement tout ça, lui semblait absorbé par la télé, du coup, elle en profitait pour traquer toutes les imperfections de son visage. Mal rasé, des cernes, débraillé... En boxer en fait... Et une fois encore, la sentence tombe. Un zombie digne des effets spéciaux du clip de Micheal Jackson. La réponse de ce dernier à sa pique la fit pouffer avec ironie, et pendant qu'il va payer, elle se redresse et met son bras sur le dossier du canapé, y appuyant son menton pour mieux lui répondre avec sarcasme, pendant que le livreur de pizza était là en plus...

-Le fait que tu sois doué au pieu ne fait pas du tout de toi un bon danseur, chéri. Et à l'avenir, évite les blagues en dessous de la ceinture. Pour ce qui est de faire grimper les femmes au rideau, tu te défends mais pour le reste... C'est vraiment moche.

Petit sourire genre "Je t'ai bien eu", ayant fait ce qu'on appelle reculer pour mieux sauter, sa tête disparu de nouveau derrière le canapé dans lequel elle se rallongea avec flemme avant qu'il ne vienne virer ses jambes pour s'assoir. Elle aussi s'assit, mais en tailleur, prenant non pas une part de reine mais elle de Florentine. Une pizza à la viande hachée, à l'oeuf et aux lardons. Avec du fromage. Miam miam miam.

Typiquement américaine, Sam leva la part de Pizza au dessus de sa tête et ouvrit grand la bouche, sortant le bout de sa langue, pour mieux recueillir le fromage fondant de la pizza. A cette occasion, si Kal regardait dans sa direction, il aura pu voir la dernière acquisition de la jeune femme. Un piercing au centre de la langue, fait il y avait tout juste deux semaines. Le tout avait dégonflé, et bien cicatrisé. No traces. Mieux élevée que lui, elle ne parlait pas la bouche pleine elle, et ce porc en profita pour rôter, quelque chose de mignon. M'enfin, ce n'est pas comme si elle allait s'offusquer. C'était un homme et elle avait déjà vécu avec lui plusieurs semaines. Plus rien venant de lui ne pourrait la choquer.

-Bin en fait, je sais pas. Tout dépend du temps que tu vas mettre à me virer de chez toi à grands coups de pieds au cul. Y'a un derbie de rollers organisé chez moi, du coup les gens squattent jusqu'à pas d'heure et si j'reste là haut H24, je ne réponds plus de mes actes donc autant que je dois ici. Tiens d'ailleurs, j'y vais demain dans l'aprem, tu voudras venir? Je participe en plus. J'vais leur faire bouffer leurs dents à ces casos. Sinon, si tu me donnes l'équivalent de 200 US dollars en yens, je parie que je bats ton rot à plate couture.

Et oui, passer pour la plus dégueu alors que c'était une femelle, ça avait son prix. Soit, 200$.

Okayyyyyyyyyyyyyy...
La soirée n'était pas destinée à lui donner ne serait-ce qu'un semblant d'avantage et même si en temps normal Kal était à même de rivaliser amplement en coups bas verbaux avec son erzatz de protégée et d'amie, ce soir n'était pas un bon exemple. Pour parler simplement, il se faisait latter la tronche en 16/9ème et en venait presque à regretter de ne pas avoir passé la nuit dans son bureau à dormir dans son fauteuil, les pieds sur le sous-main Playboy qu'il adorait. Franchement, se coltiner Sam dans cet état était certainement mauvais pour son coeur et le policier avait le sentiment qu'il perdait de l'espérance de vie à chaque pique qu'elle lui adressait. A ce rythme là, il mourrait dans l'année...
Seule chose qui le rassura un peu, le sourire du livreur lors de la tirade de la punkette. Elle avait pensé l'enfoncer en jouant sur les détails mais il n'y avait rien de plus agréable pour un homme que d'entendre une femme -jolie en plus, comme l'avait constaté le gamin en veste et casquette rouge en tentant un coup d'oeil curieux- les complimenter sur leurs performances sexuelles. Petite victoire personelle certes, mais îlot de fierté suffisant pour se sentir affronter la soirée sans en devenir un peu acide. Kal n'avait rien contre Sam, bien au contraire. Mais il ne se sentait pas l'âme assez solide pour la supporter sans broncher, du moins maintenant. Une affaire de la journée l'avait amené à assister à l'autopsie d'une gamine à peine plus âgée que Sammy, qui n'avait finalement pas eu un parcours si différent... A la différence qu'elle avait finit sur le trottoir et qu'un cinglé avait semblé pensé qu'elle serait plus baisable les tripes à l'air. Kalhenn n'avait pas pû s'empêcher de penser à sa squatteuse : et si elle finissait comme ça ? Si un coup du sort... Non, l'homme refusait de l'imaginer. Aprés tout il était là pour elle et saurait faire ce qu'il fallait pour la préserver d'un sort funeste. Kal n'était pas infaillible non plus mais avait décidé de s'occuper de Sam sans trop savoir pourquoi. A sa façon oui, passant du rôle de grand frêre de l'ombre à celui d'amant et de bon copain (si toutefois ce terme s'appliquait à eux) afin de la contenter et d'avoir un oeil sur elle et sur ce que la jeune femme avait dans la tête et sur le coeur. Quand il parvenait à lire entre les lignes, exercice ardu si il en était lorsque Sam en était l'auteure. Pourtant il s'acharnait, ce bougre de flic, et affrontait généralement sans ciller les accès d'humeur de Sam qui trouvait en sa personne un adversaire qui jamais ne baissait la garde mais qui jamais ne la frapperait au coeur. C'était pour ça que l'inspecteur refusait parfois d'aller au conflit avec l'espèce de tête de bois à couettes : pour éviter des mots trop hauts. Tant pis si il devait lui, encaisser. Prétentieusement peut-être l'homme s'estimait plus solide, plus invulnérable.
Plus con peut-être aussi.

Tranquillement, l'homme avala ce qu'il restait de part de pizza dans sa main, se félicitant intérieurement de son superbe rot, véritable Mona Lisa du genre qui n'avait d'égal que ses petits frères naissants aprés une bonne charge à la bière aprés le service avec le vieux Chuck. Aucun sens artistique, avait-il dit à Sam. Et bien là, il le pensait encore tandis qu'il s'essuyait la bouche avant de daigner répondre à sa partenaire de soirée qui attendait ses mots depuis dix bonne minutes déjà.

- Tu parles. Si je te sors à coups de pieds au cul, tu reviendra quand j'aurais le dos tourné.

Il soupira, de lassitude non feinte mais sans plus s'attarder sur le sujet. Kal savait bien qu'aprés une bonne nuit de sommeil, il s'avérerait plus disposé à la supporter et même qu'il se montrerait content de l'avoir avec lui. Une rasade de bière, puis un changement de chaîne pour passer sur un bouquet numérique américain qui passait une série de flics... Enquêtant sur le meurtre d'une pute de même pas vingt ans. L'homme jura entre ses dents, signe d'agacement solide chez lui, et revins à Sam.

- Pas mon délire, le roller... Une petite course illégale de bécanes, je dis pas... Mais des guignols mal fagottés qui se tirent la bourre sur des roues modèle réduit, merci bien, hein. En plus, je te rappelle que j'ai mis au trou la moitié de ta petite famille et que j'ai botté le cul de l'autre. Je te laisse t'éclater tout seule, j'en profiterais pour faire changer la porte dans l'espoir de n'plus te revoir. Paf.

Son ton avait été sérieux mais le sourire discret et son regard pétillant d'une certaine malice cassèrent bien vite l'intonation froide. Kal se saisit de sa bière et en vida d'un trait une bonne partie, ce qui rappella à son bon souvenir son rot fantastique.

- T'es incapable de roter comme moi, j'te dis. Je suis le Superman du rot, tiens ! Les miens, même les Green Lanterns les entendent quand ils se torchent le cul dans une supernova, oui madame ! Et puis 200 dol'... Avec le pressing que tu va me devoir pour la chemise et la cravate et les clopes que tu me piques... Hm... Tu peux me faire toute une caisse de rots d'avance que t'aura pas encore soldé ton compte.

Savourant son petit calcul, le policier s'accorda une nouvelle part de Reine tout en lorgnant sur la Florentine de sa voisine de canapé dont il avait rapidement repéré le piercing à la langue. Aprés tout, ça faisait partie de son travail, la physionomie même de base. Cette fois tout de même, Kal avala avant de parler et de désigner sa propre langue préalablement tirée.

- Morticia Addams s'est trouvé un nouveau Gomez pour faire joujou ? Ca n'serait pas du luxe que t'aille voir dans un autre appartement si je n'y suis pas, tiens.

L'aspect "pratique" du bijou lui était venu en premier sans trop qu'il sache pourquoi. Peut-être qu'il prêchait le faux pour savoir le vrai, pour savoir si un type était entré dans la vie de Sam par la grande porte. De peur qu'il ne puisse pas faire attention à elle et qu'elle se fasse embarquer dans n'importe quoi, où peut-être simplement parce que malgré tout il ne voulait pas qu'elle cesse de le parasiter. Le flic en était intimement persuadé : un jour, ça s'arrêterait. Et à chaque fois qu'il y pensait, son coeur balançait entre "MORTEEEEEEEL" et "Oh putain, la tuile".
Ah oui, c'était forcément un peu ambivalent, hein.

Honnêtement, on pouvait se demander ce que ferait Sam sans Kal. S’il avait concédé que sa vie serait un peu morne sans elle, elle-même ne voulait même plus penser à « l’avant » lui. Tout simplement parce qu’à ce moment là, elle avait été comme un radeau à la dérive. Pas d’attaches, queudal. Mais c’était à double tranchant. Si on n’a pas d’attaches pour nous entraver, on n’a pas d’attaches non plus pour nous retenir de sauter dans le vide. Et puis, elle l’aimait bien son flic. Il avait une patience qui l’impressionnait… Parfois, elle se disait que ça devait sérieusement le démanger de lui en mettre une dans la tronche, mais il ne l’avait jamais battue, si ce n’est de petites tapes derrière la tête ou un coup de coude complice. De toutes façons, il savait qu’aussi costaud soit-il, s’il lui venait l’idée de s’en prendre à elle, elle n’avait rien d’une poupée barbie sans défenses et serait très à même, non seulement de lui rendre ses coups, mais aussi de lui faire mal. Dans ce cas-ci, ça la faisait rire à l’idée qu’ils se retrouvent tous les deux emmenés à l’hôpital et mis dans la même chambre. Oui vraiment, il y avait du comique. Surtout s’ils avaient des trucs « graves » genre lui un bras de pété et elle une jambe. Combat de plâtre laser ! Elle les imaginait déjà jouer comme des gamins, et ça la faisait rire. Mieux encore, ça lui faisait croire que même s’ils en venaient à se taper sur le coin du nez, rien n’était irréparable. Enfin bref, tout ça pour dire que Kal avait bien mérité sa petite congratulation sur son niveau sexuel, même si elle n’avait pas eu tellement d’occasions que ça de juger, c’était la moindre des choses à souligner après tout ce qu’elle lui mettait dans la tronche continuellement. Une somme de paradoxes, voilà tout ce qui unissait ces deux là. Paradoxes qui s’annulaient quand ils écoutaient de la musique, ayant relativement les mêmes goûts.
Par contre, si elle n’était jamais surprise de voir Kal la tirer du poste de police, elle ne se doutait pas qu’il la surveillait d’une façon discrète. Et ça valait mieux pour le matricule du policier, parce que si elle venait à l’apprendre, ça pourrait détruire leur « amitié ». En même temps, c’était normal. Une jeune femme traquée par ses collègues, comme par hasard un seul prend sa défense, et le plus improbable de tous en plus, il l’héberge et tout… Elle a la réputation d’être une junkie, à tort… ? Clairement, elle aurait l’impression d’être un appât et rien de plus, et franchement, elle le vivrait très mal. Parce que ça voudrait dire que Kal avait feint toute leur relation et ça, ça aurait été un désastre de trop pour Sam, sans commune mesure. Et sa vengeance aurait été mémorable. Sans doute la réduction en cendres de l’appart du traître et de son lieu de travail. Excessif ? Peut-être, mais c’était Sam en même temps.

Elle n’espérait plus de réponse de la part du jeune homme, aussi se contentait-elle de manger avec appétit, donnant une part de sa pizza à son compagnon, histoire qu’il y goûte aussi. Sam ne lui faisait peut-être que rarement des compliments, mais elle avait beaucoup de petits gestes pour lui, auxquels il ne prêtait aucune attention. Et c’était ça l’astuce. Elle tourna la tête vers lui, une langue de pizza dépassant de ses lèvres, quand il répondit. Elle croqua et déglutit rapidement, tentant de contenir le petit rire qui menaçait de la faire s’étouffer.

-Arrête d’essayer de me faire rire, toi et moi on sait très bien que je te manquerai trop. Et que tu reviendrais me chercher, ne serait-ce que par curiosité.

Elle tira la langue, sûre d’elle, quoique se disant que si elle avait tort, elle ne serait pas dans la mouise. Pragmatiquement parlant, si Kal la jartait de chez lui, elle manquerait d’un squate tranquille où la pizza, les bières et les clopes étaient gratos. Mais ça à la limite, elle pouvait vivre sans. Par contre, Kal lui manquerait. De leurs joutes verbales à leurs « jeux demain, de mains, jeux de vilains », en passant par le cap ou pas cap’ qu’ils se lançaient de temps en temps, ça ferait un gros trou. Triste, morne… Non, elle n’avait pas la moindre envie que ça n’arrive. Mais bon, il tendait la perche aussi…


-‘Faut toujours que tu te la racontes… Une course de moto… Tu sais ce qui serait drôle ? Une course de Papa Mobile (la voiture du Pape). Ca, ça serait marrant. Avec un gogole dedans à la place du Pape évidemment, le vrai Pape ne voudra jamais jouer, le but du jeu ça serait de faire tomber le gogole de l’autre sans que son propre gogole ne tombe. A tester. Quant à ne plus me revoir, si y’a que ça pour te faire plaisir, je disparais pendant un, deux, dix ans… Tu m’dis bye bye, et j’me casse. Tu pourras te faire plaisir.

Elle haussa les épaules avec indifférence, bien qu’en réalité, cette perspective ne l’enchantait pas du tout. Mais bon, parfois, quand il faut, il faut… Elle s’arrêta de manger lorsqu’il monologua sur les rots et les Green Lanterns, personnages de Comics si elle ne s’abusait pas, et regarda, perplexe, la dernière des trois pizzas. Est-ce que son estomac avait encore de la place… ? La réponse ? Non. Mais ! Oui, il y a un MAIS, il y a toujours le moyen de tasser si c’est pour empêcher Kal de se goinfrer toute la pizza en solo. So… Elle piocha une part de la dernière tarte italienne et l’observa, la menaçant du regard que son sort serait terrible si elle s’avisait de la faire vomir, avant de répondre.

-C’est chaud comment tu te vantes d’être le plus dégueulasse entre nous deux. Je te laisse ton titre va. Par contre t’exagères. Ta chemise, je te l’ai mise même pas une heure. Elle est pas sale, pas de tâche de pizza, idem pour la cravate, donc ton pressing, tu te le mets au cul Macross. Par contre pour les clopes… Je plaide coupable votre honneur.

Et hop, elle croque dans sa part qu’elle avait suffisamment menacée à son goût. Elle haussa les épaules ensuite à la question de Kal concernant sa vie privée.

-Tant que je ne serai pas mariée, c’est-à-dire maintenant et à jamais, ça sera Mercredi et pas Morticia. D’une. De deux, je ne vois pas très bien ce que ça peut te faire que je change de crèmerie de temps en temps, mais oui, des fois je joue avec un autre que toi. Quant aux idées que tu as eues en voyant le piercing, que je devine sans mal via tes questions, tu peux direct les flouter, Canal a résilié ton abonnement.

Avec un sourire, elle mit sa main devant les yeux du jeune homme pour l’empêcher de voir. Il se fourvoyait, son piercing n’avait pas l’utilité qu’il lui avait prêté, pour la simple et bonne raison que, sauf cas exceptionnels, elle ne faisait jamais ce genre de choses, beaucoup trop dégradantes pour une femme aussi indépendante et insoumise qu’elle. Et pour ne pas y avoir eu droit lors de leurs quelques ébats, Kal aurait pu s’en douter que le premier à mettre autre chose que sa langue ou de la nourriture dans sa bouche aurait non seulement de la chance, un peu d’orgueil c’est toujours bon pour le moral, mais aussi, si c’est consenti par elle, droit à quelque chose d’extraordinaire. Mais ce moment n’était pas encore arrivé.

-Et puis, t’es déjà resté deux semaines sans me voir, je te manquais pas ? Même un tout petit peu ?

Elle lui tira sa langue percée, juste pour le fun, pour l’embêter, et se laissa aller contre le dossier du canapé. Son ventre était légèrement gonflé après la tonne de bouffe qu’elle venait d’ingurgiter. Elle passa sa main dessus et le tapota légèrement.

-Mouaf ! On dirait presque que j’ai un alien dans le bide ! Ca m’apprendra à manger pour deux…

Plus discrète que lui, elle étouffa un petit rot et ferma enfin son caquet, regardant plutôt la télé. Mine de rien, elle aussi était claquée.

Le flic ne répondit pas de suite à la question du ver solitaire à couettes épaisses, préférant digérer les informations qu'il venait de collecter et pour une en particulier, d'encaisser proprement. C'était quelque chose de trés bête et presque infantin de sa part, pourtant Kal n'avait noté que ça et curieusement ça l'avait plus marqué que tout le reste de la conversation. Sam "jouait" avec d'autres que lui. Ouais, ça n'avait rien d'une nouveauté où même d'une suprise, c'était certain. Lui-même ne perdait pas une occassion de soulever quelques minettes histoire de passer quelques heures et parfois même plus longtemps si tant était que la donzelle en question eut envie de la même chose. Ce qui n'était vraiment arrivé qu'une fois et qui avait duré près de trois ans avant que ça ne s'achève brutalement pour une histoire d'adultère qui avait failli l'envoyer en taule. Eclater la tronche de l'amant dans le mur en crépi de l'appartement de celle qui convenait d'appeller à cette seconde son ex n'avait pas été une bonne idée, non. C'était aprés un mois de traversée du désert qu'il avait rencontré si brutalement Sam, la secourant sans trop savoir pourquoi. Peut-être avait il comprit qu'elle était plus esquintée que lui, peut-être qu'elle lui avait tout simplement plus. Où comme toujours, peut-être qu'il avait été plus con que la moyenne. Enfin, Kal ne regrettait rien pour autant et était assez intelligent pour savoir que la belle déglinguée avait ses petites aventures dans d'autres draps même si le réaliser lui faisait toujours un petit pincement au coeur.
Non, franchement c'était con comme réaction. Puéril aussi. Pour chasser cette impression, le policier attaqua l'une des dernières parts de pizza en revenant à quelque chose de moins intime.

- Ma chemise est froissée, retardée du bulbe. Inmettable, donc bonne pour le pressing. Et je suis sûr que t'as foutu ton parfum dedans... Et ce n'est pas le même que moi. Sauf si maintenant tu te sers AUSSI dans ma salle de bains.

Comme si ça l'aurait seulement étonné, tiens ! Comme le reste, Kal s'en secouait le flingue royalement tant que sa comparse avait la politesse de garder la salle de bain propre. Avalant goûlument ce qu'il restait de la Florentine en rab, Kal réfléchissait au piercing. C'était bien un mec pour penser directement à cette utilité là ! Maintenant, il ne voyait pas d'autres intêret à ce semblant de bijou. Et puis ce genre de gourmandise ne lui avait jamais été accordée par Sam, c'était vrai. Pourtant, la belle ne s'était jamais montrée reservée où coincée avec lui. Peut-être que c'était une sorte de barrière à ne pas franchir ? Vexant, surtout si elle l'accordait à d'autres.
Grmbl, voilà qu'il recommençait avec ça ! D'un claquement de langue enervé l'homme ponctua son départ du canapé pour aller fouiller dans son petit congélateur à la recherche d'un cône à avaler.

- Un Magnum chocolat blanc, ça te dit ? Sinon j'ai un reste de yaourt... Périmé depuis une semaine. C'est meilleur avec quelques champignons, miam.

Un petit rire léger puis le bruit de paquets qu'on bouge dans un petit espace. Kal revint vers Sam et lui balanca un emballage couleur or gonflé d'un esquimau avant d'aller éteindre la télé et de fouiller dans ses cd tout en parlant.

- Canal ? Ma chérie, tu joues dans la cour des grands ici, c'est XXL plutôt ! ...Enfin en ce moment, c'est plutôt Fox Kid, remarque.

Un haussement d'épaules presque anodin qui traduisait son attitude blasée par sa vie sentimentale. Sam le savait : la sexualité de Kal, c'était un peu la surface lunaire dans un mêtre de draps froissés. Le pauvre n'avait pas le temps de vraiment draguer et jamais l'occassion de conclure. Sam représentait ses trops rares incursions dans l'intimité d'un couple et ces dernières se faisaient bien rares elles aussi. Avec le temps, le jeune homme s'était résigné à oublier ses envies lubriques qui revenaient parfois avant de mourir presque aussi vite. La police aurait été une femme, Kal lui aurait fait assez d'enfants pour remplir Disneyworld.
La galette brillante trouvée, le flic l'inséra dans la chaîne aprés avoir ôté celle de Seger. Aprés quelques instants, un son un peu plus brutal sans être désagréable montait dans les enceintes. L'homme se retourna vers sa compagne, s'adossant à un meuble pour la regarder un instant. Jolie, vraiment. Finalement, Kal désigna la chaine d'un mouvement de menton.

- Danko Jones, tu connais ? Ca dans la Mustang dans la nuit... Miam miam, quoi.

Son sourire était large et clair. Si il y avait deux choses que Kal aimait, c'était sa bagnole et sa moto. Le reste pouvait parfaitement aller au Diable que ça ne lui aurait pas posé plus de souci que ça, en fait.

- Un peu.

Les mots sortirent de n'importe où sans sembler avoir de rapport avec le reste de la conversation jusque là livrée. Pourtant, le regard azuré du flic aux cheveux blancs se darda dans celui de Sam, alors qu'il levait deux doigt séparés par un espace insignifiant.

- Tu me manquerais un peu.

C'était presque une déclaration entre eux deux, ce genre de chose ! Pour ne pas voir Sam s'enflammer et le reprendre d'une volée cinglante qu'il n'avait pas envie d'entendre, Kal enchaîna.

- Le temps de fumer une clope où deux, quoi. Où d'aller faire un tour en caisse où en moto.

Ses lèvres se fendèrent d'un petit sourire aussi amusé que sournois, qui pouvait prêter à confusion sur le sérieux de ses paroles. Tant pis, elle l'avait bien cherché et de toutes façons il venait en plus de lui offrir un point supplémentaire. Sam pouvait bien supporter une vanne à son tour, non mais des fois !


[Musique : http://www.youtube.com/watch?v=b1n30pOGxbY&NR=1 Excellent artiste, au passage ^^]

Si Sam avait su... Si elle avait pu ressentir le petit pincement au coeur de Kal... Elle aurait été perplexe. Si les mots peuvent mentir, par les émotions, c'était bien ça le plus troublant. Elle affichait un air tranquille et désinvolte, imbécile heureuse qu'elle était, de jouer à un jeu dont elle ignorait les règles de base. Qu'est-ce que ça aurait changé qu'elle les connaisse? Pas mal de choses. Choses dont elle ignorerait les limites au moins jusqu'à un possible coup du sort. Coup du sort qui n'arriverait peut-être jamais. Elle s'imposait comme règle de ne jamais demander à quelqu'un plus que ce qu'elle n'estimait valoir. La monogamie par exemple. Une fille comme elle ne pouvait décemment prétendre à la monogamie! Après tout, elle était tout sauf "une fille bien" alors de quel droit demanderait-elle ce genre de choses? Et si elle-même ne recevait pas, elle n'allait pas donner. Parce que ça serait injuste, et surtout parce que ça serait la porte ouverte à tout et n'importe quoi, et la jeune femme était déjà suffisamment en vrille comme ça. Mais si elle avait su pour ce petit pincement au coeur, que se serait-il passé...?

Ce qui l'étonna cependant c'est l'absence de réactivité de Kal. Etait-il fatigué à ce point là? Elle lui avait tendu une perche monstrueuse de lui faire payer en une fois, magistrale, toutes les insolences qu'elle lui avait fait endurer depuis le début de la soirée et il n'avait pas relevé... Il devait vraiment être fatigué. Enfin, elle haussa les épaules avec flemme.

-Ca sent bon le patchouli je te signale. Et si, des fois je te pique des vaporisations de ton parfum. J'aime bien les parfums masculins et le tien sent bon.

Elle pouvait bien lui faire des compliments quand même, après tout ce qu'elle lui chipait. Et le "pire", c'était qu'elle pensait sincèrement tout ça. Par contre pour la salle de bain et tout, y'avait aucun soucis de ce côté là, Sam était particulièrement soigneuse, contrairement à ce que son apparence négligée laissait penser, elle était maniaque sur les bords en ce qui concernait la propreté de pièces comme les salle de bains, les cuisines et les toilettes. Très méticuleuse.

Elle sourit quand il lui proposa le yahourt aux champignons. Courageuse mais pas téméraire!

-Je vote pour le magnum. Sauf si les champignons de ton yahourt sont "space".

Petit sourire en coin et clin d'oeil complice échangé avec le policier, dont les collègues, elle le savait, n'arrêtaient pas de la qualifier de Junkie alors qu'elle ne toucherait jamais volontairement à toutes ces merdes. Sans doute que si elle n'avait été qu'une camée parmi tant d'autre, Kal ne se serait sans doute pas montré aussi généreux avec elle. Ni aussi patient. Elle chopa le magnum lancé au vol et l'ouvrit en exerçant une pression sur l'un des côtés de l'emballage, l'autre bout cédant en un POC sonore. Elle retira la glace du papier et la porta d'emblée à sa bouche, croquant dedans avec appétit. Son soupir fut cependant très audible lorsqu'il clotura sa prise de parole par "Fox Kids". On ne frappe pas une bête blessée. Sam ne répondit rien et se contenta d'écouter en grignotant sa glace. Comme elle ne connaissait pas ce Danko Jones, elle secoua négativement la tête et ouvrit grand ses oreilles. Pour qu'une musique plaise à Sam, ça n'était pas compliqué tout en l'étant. Il fallait une musique sympa et rythmée, un refrain accrocheur et surtout une belle harmonie entre le son et la voix du chanteur ou de la chanteuse. Pari réussi, Danko Jones adopté, Sam aimait bien ce qu'elle entendait.

La suite par contre la fit afficher un grand sourire victorieux. Elle le coupa, l'empêchant d'ajouter un mot de plus après un peu, se levant carrément pour venir lui plaquer sa main sur la bouche.

-Ttttt... Un peu. Je t'aurai manqué, certes un peu, mais je t'aurai manqué. C'est ce qui compte, fin de l'histoire.

Quoique dans les "memements" de Kal, deux mots s'étaient tout de même rendus audibles. Tour et caisse. Ca avait donné une idée à Sam qui relâcha la bouche du policier pour monter sur son dos et nouer autour de son cou le bras qui ne tenais pas sa glace.

-Prends le CD et Vamolos, andale! On va faire un tour. T'es obligé de me porter, j'ai pas de chaussures, non ce n'est pas vrai, ne regarde pas dans leur direction, et si tu es trop fatigué, je conduis. Promis, je fais attention. Allez, vamolos!

Les cuisses serrées étroitement sur sa taille, elle remua comme elle pu pour l'enjoindre à avancer, avant de glisser sa tête dans son cou. L'espace d'un instant, sa longue cascade de cheveux noirs dégringola le long de son torse. Peut-être ça l'aurait-il chatouillé.

-Et n'oublie pas les clefs et le CD...

Elle lui mordilla légèrement le lobe de l'oreille avant de se redresser et de reprendre la dégustation de sa glace. Manifestement, ça ne la dérangeait pas elle de sortir à moitié nue. Peut-être que ça serait le cas de Kal. Peut-être pas. Si c'était le cas, elle finirait sans doute allongée par terre avec de la glace partout. C'était l'jeu ma pauv' Lucette, le métier qui rentre comme dirait l'autre. De toutes façons, avec toutes ces choses qu'on lui avait étalées sur le corps pour mieux les lécher ou les manger (pour le travail lors d'enterrements de vie de garçon ou dans l'imité), on pouvait dire qu'elle était habituée à avoir du consommable sur le dos. Tiens en parlant de ça, il faudrait qu'elle pense à demander à Kal s'il avait déjà testé les sous-vêtements bonbons. Elle aimerait bien s'en voler un jeu, mais ignorait si ça serait vraiment bien comme truc. A méditer.

Evidemment, Sam n'allait pas lui donner si facilement une occassion de la battre à son propre jeu. Puérilement mais à bon escient (pour elle surtout), la belle déglinguée avait fait taire Kal d'une apposition d'une de ses mains sur ses lèvres, étouffant ainsi la justification du flic. Petit point positif, ce qu'elle avait entendu semblait ne pas déplaire à la Blues Sister étant donné qu'elle ne cherchait pas à le contester. C'était peut-être partagé, finalement ?
Avant que Kal ne puisse répliquer quoique ce fût, Sam l'escalada habilement et rapidement pour venir se poster dans son dos et s'y accrocher comme un petit koala bouffeur de pizza. L'image avait quelque chose d'amusant et la situation n'était pas sans être attendrissante pour le flic en boxer qui ne pût s'empêcher de penser qu'il ramollisait... Et qu'en plus, ça lui plaisait. En tout cas, la remuante adolescente avait apprécié la musique que son compagnon lui avait fait découvrir puisqu'elle proposa d'embarquer le cd pour une virée en voiture. Séduisante perspective quand on savait à quel point Kal appréciait conduire sa vieille Mustang. Rarement les deux s'étaient fait ce genre de sortie et ce soir semblait être une bonne occassion malgré peut-être la pluie qui tombait en cognant sur les carreaux de l'appartement. Tant pis, de toutes façons ça n'était pas sans avoir un certain charme non plus.

- Le jour où tu conduira ma Jessica, c'est que je serais mort et enterré, Parasite. Par contre, t'aura le droit de mettre le cd dans le lecteur, chanceuse.

Kal ne craignait pas les conduites dangereuses, non. En tant qu'amateur de courses illégales et violentes, l'homme n'avait plus d'appréhension au volant mais vouait une adoration à sa gimbarde en piteux état qui ne répondait qu'a lui. Jessica était capricieuse et douée d'une vie propre d'aprés son propriétaire, qui se plaisait à lui parler de temps à autres comme à une amante. Complètement cinglé ? Mouais, solitaire surtout.
Il souria non sans tendresse lorsque Sam lui mordilla le lobe de l'oreille. Elle n'était décidée ni à descendre, ni à s'habiller ? Trés bien, il ferait avec. S'assurant qu'elle était fermement accrochée l'homme se déplaca dans la maison pour aller chercher un jean et une paire de baskets usées avant d'attraper le cd et les clés. Kalhenn était solide et bien bâti, assez remuant dans sa vie professionelle pour prouver que ses muscles étaient plus que de la facade. Sam sentait elle contre sa peau le roulement des attributs de son comparse alors qu'il se mouvait avec une relative facilité malgré son poids ?

L'étrange attelage prit donc la porte, la refermant derrière lui avant d'y asséner un tour de clé. Pour se faciliter la tâche, Kal passa tout de même ses mains sous les fesses de Sam et en profita pour tâter de la fermeté appréciable de ce qu'il nommait affectueusement "son superbe petit cul".

- Merde, c'est quand même une merveille ce cul, Sam. La Joconde du derrière, quoi !

Il ria de bon coeur, bien moins amer que quelques minutes auparavant. La complicité qu'il entretenait avec Sam, si particulière fût-elle, avait le don de l'apaiser et de le faire sourire. De l'aider à tenir aussi, souvent lorsqu'il traversait des passes difficiles où menait des enquêtes douloureux pour l'âme. Malgré l'expérience engrangée jusque là, Kal n'avait pas l'insensibilité qu'on pouvait s'imaginer et pleurait parfois une fois dans le silence de son salon. Dans ces moments là, il adorait Sam et son côté pique-assiette qui avait le don de la faire débarquer avant qu'il ne craque solidement. Depuis elle, son penchant pour le whisky était muet même si il restait discret, presque inexistant. Ce démon là n'était pas facile a exorcisé et Kal savait que son amie avait trouvé les premiers temps pas mal de cadavres de bouteilles dans l'appart'. Un peu par honte, il avait bu moins pour ne plus avoir à tant cacher et avait finalement cessé, préférant partager une mousse avec elle.
Ce n'était peut-être qu'un sursis, mais avec un cul qui valait bien qu'on ait les yeux en face des trous pour le regarder.

Bonpoil leur tomba dessus comme la misère sur le pauvre monde, comme si elle n'attendait que le passage de flic.

- AHA ! Vous la dégagez alors qu'elle est à moitié nue et vous sans chemise, hein ? PERVEEEEEEEEEEEERS !

- Ah, techniquement, j'ai ma chemise sur le dos, madame Bonpoil.

La petite vieilla haussa un sourcil accompagnant sa fermeture de claquet et Kal enchaîna rapidement.

- Et c'était ça où elle menaçait de venir donner des cours de danse à votre petite-fille, hein. Pauvre Marie-Ange, si fervente catholique !

Comme si ça voulait dire quelque chose ! Marie-Ange était de l'âge de Sam et se faisait nommer SweetySexy lorsqu'elle "allait au catéchisme" dans le bar à strip du quartier Ouest où Kal se rendait parfois pour glisser quelques billets à Sam qui s'y trouvait de temps en temps en tant que danseuse. Marie-Ange lui avait fait promettre de garder le secret et le flic avait joué le jeu contre quelques spectacles en privé et avait poussé le vice jusqu'a lisser l'image de SweetySexy auprés de sa grand'mêre qui prenait Sam pour un démon lubrique. Si elle savait, la pauvre...
Toujours était il qu'elle ne manqua pas de blêmir sous l'oeil amusé de Kal, qui décrocha pour filer à l'extérieur sous la pluie, rejoindre la mustang garée une vingtaine de mêtres plus loin. Il ouvrit la porte et déposa précautionneusement Sam à l'intérieur.

- La limousine de la reine de la barre verticale est avancée !

L'homme la referma sur elle et fît le tour pour prendre sa place dans l'habitacle, passant une main dans ses cheveux alourdis d'eau pour les coiffer en arrière. De l'autre, il tendait le cd à sa passagère et termina en démarrant l'engin.
Accrochée au rétroviseur, la figurine de la pulpeuse Jessica Rabbit se mit à remuer et l'homme lui envoya un baiser. avant d'entamer le voyager vers nulle part.

- Fais gaffe dans la rue, Sam. Ces derniers temps, y'a un malade qui se trimballe à la recherche de petits culs à ouvrir. Au propre comme au figuré.

Facile à voir, Kal ne plaisantais absolument pas. Comme à chaque fois qu'il s'inquiétais pour elle, qu'il la mettait en garde. La belle savait sûrement que si Kal ne prenait pas une chose à la plaisanterie, c'était son travail. C'était bête, mais l'arrivée au coeur de la ville avait ravivé les souvenirs de l'enquête en cours et l'homme avait exprimé ce qui en partie le contrariait ce soir.
Ca passerait vite, en voiture avec Sam et un peu de bonne musique.

- Tiens, mets la piste 4, sûr que ça va te plaire.



[piste 4 : http://www.youtube.com/watch?v=HKhhlUdskwc ]

Sam aimait la pluie. Elle aimait l'eau. Le flux et le reflux, l'instabilité, le mouvement perpétuel. La beauté de cet élément, transparent, qui pouvait aussi bien être calme et paisible que violent. Un élément un peu comme elle, qui ne se décourageait jamais, et qui s'il n'avait pas ses opposant du premier coup, finissait toujours par l'emporter, à l'usure. Finalement, le plus coupant entre un couteau et de l'eau, c'est de l'eau. Avez-vous déjà essayé de couper un roc au couteau vous? Curieuse idée n'est-ce pas? Toujours est-il que la jeune femme se démarquait encore par cet aspect des autres femelles de son âge, adorant rester sous la pluie sans avoir à se préoccuper de son brushing ou de ses fringues. Petit Bonus, non négligeable, Kal ne la dégagea pas de son dos, signe manifeste qu'il était partant pour leur petite virée, malgré son état de fatigue. Top. Au pire, s'il était vraiment trop naze, ils s'arrêteraient et partageraient la banquette arrière. Ou quelque chose comme ça. Ca n'était pas la pudeurs ni la réserve et encore moins la gène qui les empêcheraient de le faire. Enfin, ils n'en étaient pas encore là. Elle se cramponna quand il alla chercher ses affaires, mangeant par occurrence sa glace quand elle le pouvait, et ne put s'empêcher de sourire en l'entendant commenter ses fesses. Ah ça... Elle n'en était pas peu fière de son cul. Il lui permettait de s'acheter pas mal de petits trucs quand elle était motivée à bosser.

-Mais j'espère bien! 'Faut bien que j'ai un truc pour moi tu crois p..?

Sa question fut coupée par l'intervention de l'insupportable, irascible et aigrie concierge de l'immeuble de Kal. Grr à chaque fois que Sam passait devant chez elle en plus, elle sonnait à sa porte avant de partir en courant, et en se foutant de sa pomme naturellement, rien que pour la faire chier cette pisseuse. D'ailleurs, le policier pu clairement l'entendre chuchoter "Qu'est-ce qu'elle veut encore cette sale conne?". La réponse ne tarde pas à lui être donnée, et l'échange entre les deux la fait sourire largement. Pire, pour appuyer les propos de Kal, elle lança un regard éloquent à la dame Bonpoil et lui tira la langue mais aussi... Elle glissa rapidement le bâton terminé de sa glace, parfaitement nettoyé, dans la poche du jean du flic et mit son majeur et son index en "V", les portant devant sa bouche et décrivant des mouvements de langue suggestifs dans le dos de Kal.

-Des leçons de danse et plus si affinités...

Voilà qui suffirait à finir de la choquer. C'est hilare que Kal l'entraîna sous la pluie, et elle eut le temps de se faire copieusement rincer par l'averse avant qu'il ne la dépose, comme une princesse, sur son siège. Elle secoua légèrement la tête, un peu comme l'aurait fait un chien, pour chasser l'eau avant de remettre un peu d'ordre dans sa tignasse, puis jeta un oeil à la chemise blanche du policier, devenue transparente à causede la pluie. Alors qu'il rentrait dans l'habitacle...

-Ah ouais j'ai compris, en fait cette chemise elle te sert pour gagner les concours de chemise mouillée organisés à la maison poulaga, c'est ça?

Elle secoua légèrement la tête avec un sourire, et clipa rapidement la ceinture.

-Hey avoue n'empêche que t'aimes bien quand je te fais des petites démos privées de mon talent via ton lit.

Elle lui tira la langue et prit le CD qu'il lui tendait, donnant un tout petit coup d'index dans la silhouette peinturlurée de la femme du célèbre lapin gagoman.

-Je préfère Betty Boop quand même. Elle fait moins radasse que Jess. Mais elle s'est mariée avec un lapin blanc, c'est donc qu'elle a de l'humour.

Elle se fit marrer alors toute seule, ayant une petite idée en tête, qu'elle mettrait en application dès qu'elle le pourrait. Bref, ils prennent la route et avant de mettre le CD, Sam se pencha sur Kal pour tirer sa ceinture et la cliper à sa place. Pas besoin de commentaire, elle faisait ça pour lui. Curieuse, elle mit ensuite le CD et écouta. Entre la vieille voiture, la pluie, la nuit et Kal...

-Très à propos...

Elle lui adressa un petit sourire agrémenté d'un clin d'oeil, bien qu'elle ne jurait pas qu'il l'ait vu vu qu'il conduisait, et hissa ses pieds au dessus de la boîte à gants, sur le cadre de la voiture, tapant légèrement la mesure et faisant s'élever des "Claps" à chaque fois que ses doigts claquaient doucement sur la peau de ses genoux ou de ses cuisses. Elle aimait, c'était manifeste. Un peu après, elle répondit d'un ton neutre à la remarque du policier.

-Je ferai attention. Promis.

Elle n'était pas vraiment habituée à ce qu'on s'inquiète pour elle, et ça faisait naître chez elle des sentiments contradictoires. D'un côté, ça gonflait son coeur de reconnaissance et d'une impression de sécurité, de l'autre ça lui donnait l'impression de se voir couvée, surprotégée et craignait, à tort, de voir sa liberté s'envoler.
Avec la chemise mouillée de Kal sur le dos et ses cheveux dans le même état tombant et collant à sa peau et au tissus, Sam allait sans doute attraper froid. Mais elle s'en fichait un peu en réalité.

-Le seul truc que je reprocherai à ta vieille gimbarde Kal, c'est de ne pas avoir de toit panoramique pour qu'on puisse voir les étoiles.

Se penchant pour observer le ciel, elle ne verrait rien cependant à cause des nuages.

-Tu crois qu'on pourrait rouler assez loin et assez vite pour esquiver l'orage et les villes et aller au milieu de nul part pour mieux les voir?

Sa ceinture bouclée par les bons soins de Sam, Kal lança la vieille guimbarde un peu brinquebalante à travers les rues de Seikusu. Comme toujours en début de soirée les rues étaient passablement désertes et l'état de la météo aidait à jouer les videurs. Concentré sur la route, le flic gardait tout de même pour sa compagne une oreille attentive à la discussion. Assez satisfait de lui, il vit Sam battre la mesure de la musique sur sa cuisse et de son genou aprés s'être installée les pieds sur le tableau de bord. Ah, il ne supportait pas quand elle faisait ça ! Combien de fois Kal lui avait il dit que "Merde Sam, cette bagnole c'est la femme de ma vie ! Dégage tes pieds de sur elle tu va abîmer son corps de rêve !" ? Un nombre incalculable de fois, assurément. Et comme toujours la peste s'en foutait royalement en se contenant d'hausser les épaules ce qui ne manquait pas de faire râler Kal comme un petit vieux.

- Betty Boop... T'as vraiment aucun goût. Tu veux que j'te dise ? Tu serais branlée comme Jessica Rabbit, je te demanderais en mariage ! C'est un fantasme, cette bonne femme ! Pourquoi tu crois que ma bagnole s'appelle Jessica, hm ? Et vire tes pieds !

L'inspecteur lança à la jeune fille un regard noir ainsi qu'un petit claquement de langue qui traduisait son agacement mais ne fît rien de plus, son regard préférant vagabonder entre la route glissante et les formes de Sam, joliment moulées dans le peu de tissu qu'elle portait. Cette nana... Cette nana était une bombe, à n'en pas douter. Parfois, Kal ne pouvait s'empêcher de se mettre en colère lorsqu'il apprenait qu'elle dansait dans un club à la réputation douteuse et s'arrangeait pour venir la voir, du moins les premiers soirs. De cette façon il assurait les arrières de Sam d'un éventuel fan trop collant et de l'autre il se rinçait l'oeil bien volontiers en poussant le vice jusqu'a lui glisser quelques billets dans le string, façon pour Kal d'assurer à son amie des revenus suffisants pour une semaine.
Il se ruinait pour cette fille, où presque.

- "Tu feras attention" ? Alors que tu fricotte avec la plupart des racailles que je passe mon temps à foutre derrière les barreaux ? Mouais... Je me demande pourquoi je m'inquiète pour toi, tiens.

L'inspecteur ignorait le quotidien habituel de son amie. Il lui connaissait quelques fréquentations mais aucun amant, aucun passe-temps.. Avec qui Sam pouvait elle vraiment passer son temps ? Kal s'en inquiétait souvent, mais comment pouvait il faire autrement alors que lui-même passait son temps à risquer sa peau pour sauver celle des autres ? Kal avait vu des choses immondes au travers de ses enquêtes, qui l'empêchaient souvent de passer des nuits entières tant son esprit était barbouillé d'images et d'histoires sordides.
Une fois encore, la jolie rebelle tira Kal de ses pensées noires.

- T'es jamais contente, avoue ! Tu monte dans une bagole de rêve pour être en compagnie du plus sexy des flics et tu te plains encore ?  Y'a des femmes qui tueraient pour être à ta place, parfaitement !

La demande qui suivit ne l'étonna pas. Mieux encore, Kal ne pût s'empêcher de trouver l'idée excellente. Dans sa tête se dessinèrent différents itinéraires vers diverses endroits. Finalement, l'inspecteur se décida pour l'une d'elle et fît virer sa Mustang à droite dans le carrefour qui suivit en direction de la sortie Est de Seikusu.

- Pas besoin d'aller aussi loin que tu ne le pense, parasite. Je connais un petit coin pas loin qui devrait te plaire.

Agrémentant d'un sourire mystérieux, Kal acceléra l'allure en désignant du pouce la banquette arrière.

- Y'a ma veste en cuir derrière, enfile la. Pas que le spectacle me dérange mais tu vas attraper la crève.

Protecteur ? Oui, comme Kal l'avait toujours été avec "sa" Sam. Pendant ce temps, la voiture avalait les mêtres et laissait progressivement Seikusu derrière elle et filait à travers le rideau de pluie qui s'attenuait alors que les lumières de la villes se réduisaient à des points lumineux dans le rétroviseur. Assuré dans la conduite de son bolide, Kal les mena finalement dans la campagne qui baignait la cité. Aprés un ensemble de petits chemins, les compères et leur bolide s'arrêtèrent aux abords d'une haie épaisse et entretenue. Garant la voiture dans un coin discret, Kal l'arrêta finalement et invita Sam à sortir à sa suite. Fermant les portes à clé, le flic fila fouiller la haie avant d'y faire une trouée aprés une exclamation de satisfaction.

- Amène ton fantastique petit cul ici, Sam, et passe là-dedans. Je ferme la marche histoire de profiter du roulement de tes fesses... Miam miam.

D'un mouvement de bras digne d'un valet à sa maîtresse, Kal laissa la première place à Sam. Derrière la haie elle trouverait un grillage solide mais ouvert par une main trés sûrement malveillante. Et encore derrière, une nouvelle haie semblable à la première. L'intêret ne viendrait qu'aprés, lorsque la déglinguée passerait ces obstacles relatifs.
En effet, une vue superbe d'un jardin japonais de la plus pure tradition lui servirait de spectacle, le ciel étoilé baignant un petit lac intérieur parsemé de nénuphars superbement fleuris, à l'instar des bosquets taillés colorés et entretenus avec soin. Sam verrait elle également le petit promontoire de bois au-dessus du lac miniature où flottait une barque blanche, arrimée à la rive. C'était là le décor bucolique d'une partie du Jardin des Plantes de Seikusu, bien évidemment fermé à cette heure çi.

Arrivés là, Kal poserait certainement une main sur l'épaule de la jeune femme dans un geste doux et tendre, lui adressant un regard en lui désignant d'un geste de la main le spectacle qui s'offrirait à eux.

- Y'a pire pour observer les étoiles... Non ?

Non seulement Sam ne vira pas ses pieds, mais elle décida de s'amuser un peu plus avec Kal. Elle défit complètement ses cheveux et les mis en ordre, dans son dos, rabattant sa mèche violette sur son oeil gauche, se coiffant ainsi comme la célèbre invention peinturlurée, et courba les reins, faisant ressortir sa poitrine et son magnifique derrière, son dos décrivant une courbure des plus sensuelles alors que ses yeux bleus, enfin son oeil unique, l'autre étant caché par une mèche de cheveux rappelons le, se fixaient sur le flic. A l'instar de Jessica Rabbit, elle se mit à parler d'une voix suave et sucrée, aisé quand on avait déjà, comme elle, une voix plutôt douce et caressante, exprès pour coller avec l'idée qu'avait Kal du personnage de Jessica.

-J'suis pas mauvaise... J'suis juste dessinée comme ça... Je ne voulais pas faire picoti picota avec Warner, mais on m'y a forcée...

Dans tout le Japon, elle aimait particulièrement être avec Kal, précisément parce qu'ils étaient américains tous les deux, parce qu'elle pouvait donc parler anglais avec lui, et surtout parce qu'ils avaient les mêmes références. Elle mit fin à son petit jeu de comédie en secouant légèrement la tête, découvrant ainsi son deuxième oeil et afficha un grand sourire à Kal, avant de lui faire une grimace en tirant la langue.

-Plutôt fidèle mon imitation de Jess non?

La grimace qu'elle fit cependant à la suite de ses mises en garde était loin d'être amusée. Elle était bien plus agacée.

-Parce que je te manquerai si je mourrai, voilà pourquoi. T'as pas à t'inquiéter Kal, ces mecs là me feront rien...

Elle songea ensuite très fort qu'elle ne leur en laisserait pas l'occasion. Kal savait beaucoup de choses à son sujet, le plus important, mais elle avait toujours tu ses dons de pyromane. Peut-être que ça l'aurait rassuré de la savoir équipée de ce genre de facultés, mais elle aimait plus qu'elle ne détestait le savoir derrière elle. Et puis ça lui faisait plaisir de le voir venir "faire la police" quand elle se faisait embaucher dans un nouveau club et montrer sa bouille, le mec aux cheveux blancs, cordon de sécurité de Noola, la strip aux cheveux bleus. A eux deux, ils faisaient la paire si on pouvait dire. Et puis si elle lui avouait ça, rien ne lui disait qu'il ne la bouclerait pas, que son regard à son encontre changerait du tout au tout et qu'il ne vienne à la considérer comme dangereuse, comme une alien ou elle ne savait quoi d'autre. Ca serait vraiment pire que tout. Donc elle préférait se taire. Du moment qu'elle lui revenait en un seul morceau, où était le mal? Ensuite, elle loucha et tira la langue lorsqu'il se distribua des fleurs, mais retira ses pieds du tableau de bord, détacha sa ceinture et passa derrière lorsqu'il lui parla de sa veste. Seulement, elle était plus fourbe que ça.

Une fois dans son dos, Kal pu voir les bras à la peau laiteuse de Sam venir se nouer autour de lui, sans gène ni complexes, alors que son souffle ne tardait pas à se faire sentir dans son cou.

-C'est pour ça que tu m'aimes... Parce que tu dois toujours faire plus pour m'avoir...

Elle savait qu'elle disait n'importe quoi, mais aimait bien se lancer ce genre de fleurs. Avec un sourire, elle lui mordilla la peau du cou, déposa un rapide baiser pour effacer l'affront des dents et aussi vite qu'elle l'avait attrapé, le relâcha. Elle prit sa veste et la passa, puis revint s'assoir sur le siège passager avant. De son poignet, elle tira des élastiques et s'en servit pour attacher sa chevelure d'encre, à l'exception de sa mèche violette, en deux couettes derrières les oreilles, de celles qui retombaient sur le devant, style lycéenne perverse. Elle aimait bien se faire des couettes. Ca lui rappelait Britney Spears. Ne vous méprenez pas. Elle n'aimait ni l'artiste et pas vraiment sa musique, quoiqu'à force de danser sur des reemix de ses chansons on finit par apprécier, mais chaque fois qu'elle pensait à cette femme qui avait tout et rien en même temps, ça la faisait rire. Tordu? Possible. Enfin, ils finirent par arriver là où Kal avait décidé de la conduire, et elle sortit à sa suite.

Un petit sourire fendit sa bouche lorsqu'il les appela, elle et ses fesses. Elle savait qu'il les appréciait, tous les mecs hétéros les aimaient ses fesses, mais la façon qu'il avait de l'afficher la faisait toujours rire. Au début, elle l'avait menacé de le cogner en croyant qu'il se moquait, mais il s'était vite avéré qu'il était sincère, et qu'il n'exagérait à chaque fois qu'un tout petit peu. Raison pour laquelle elle lui sourit et s'amena vers lui en roulant des hanches, se donnant une petite claque sur la fesse, histoire de bien enfoncer le clou.

-Il arrive.

Elle se mit ensuite à quatre pattes, pas précieuse pour deux sous, et suivit les indications de Kal, émergeant bientôt dans le jardin japonais. C'était vraiment très joli. Sam n'était pas vraiment friande de décors cuculs, mais parfois, ça avait du bon. En particulier quand on était, citation, avec le plus sexy des flics. Et effectivement, il l'ignorait mais Sam s'était souvent demandé combien de femelles seraient prêtes à tuer pour être à sa place? Au moins la brunette qui était partie déçue et très énervée, le jour où elle l'avait trouvé en culotte uniquement dans le lit du flic, la tête dans son oreiller en train de dormir comme une bien heureuse. Evidemment, ils avaient cru qu'elle était nue parce que le drap ne couvrait que ses fesses, mais en fait, non. Le réveil avait été brutal... Kal qui crie, Sam qui lui file un coup d'oreiller pour le faire se la fermer... Ahlalalala...

La main sur son épaule la tira de ses pensées, et elle fut obligée de lui rendre son sourire en voyant l'air tranquille qu'il affichait. Sa main trouva celle du flic et la prise pour la descendre sur sa taille alors que le bras de Sam venait enserrer ses reins.

-Je crois que tu as tout à fait raison...

Mais il fallait dédramatiser l'instant, sinon ça allait partir en sucette, et Sam n'en avait pas envie. Pas comme ça du moins, c'était trop... Trop Barbie au pays des licornes magiques! Alors elle prit la main de Kal sans lui demander son avis et le tira, pour ne pas dire le traîna, jusqu'à la barque blanche, en le poussant pour le forcer à y monter. Y montant à sa suite, elle se saisit des rames et... rama. Pour qu'ils se retrouvent au milieu du lac, avec juste les étoiles, l'eau... Et eux. Alors, pour casser ce moment, elle se mit à chanter...

-Ooooooh! La vie d'un pirate à bord d'une frégate! C'est la plus belle des vies! On s'dilate la rate quand on est pirate, oui on rit dans la piraterie... Oooooh! On rit dans la piraterie!

Elle se mit alors debout et retira la veste de Kal, ainsi que sa chemise. Ca n'avait pas l'air très profond mais suffisamment pour lui permettre de se baigner. L'eau de l'orage avait dû réchauffer l'eau... En simples sous-vêtements noirs, elle se pencha et fit tremper son gros orteil dans l'eau.

-Elle est bonne tu crois?

Son orteil sembla apprécier. Alors... Pas peureuse pour deux sous, elle plongea.

Si le parasite social qu'était Sam incarnait -avec un certain brio pour l'aspect déglingué- le célèbrissime Jack Sparrow, on aurait pût considérer Kal comme étant Will Turner où mieux encore, Elizabeth Swan. Et oui, le flicaillon n'avait absolument pas eu envie d'aller faire un tour sur les flots calmes du lac et effectivement sa compagne l'y avait traîné comme un boulet qu'elle aurait eu enchaîné au pied. C'était peu flatteur pour le mal-rasé mais c'était vrai : lui se voyait plutôt allongé sur l'herbe à regarder les étoiles. Il se faisait peut-être un peu trop fleur bleue ces derniers temps, expression d'un besoin de douceur qu'il n'aurait pas sû traduire autrement.
Où alors, tout ces films d'amour qu'il s'envoyait en cachette à l'appartement lui avaient ils bourré le mou aussi sûrement qu'a une adolescente au sortir d'une peine de coeur.

Regardant Sam ramer sans rien dire, Kal laissa son esprit vagabonder sur les minutes précédentes. "Tu dois toujours faire plus pour m'avoir" avait dit Sam. L'"avoir" ? Etit-ce là ce qu'il cherchait d'une façon où d'une autre par ses actions envers elle ? Kal ne s'était jamais posé la question où plutôt avait toujours fait comme si elle ne se posait pas. Sam était pour lui une amie "Dérangeante, collante et invivable mais accessoirement munie de seins et autres attributs féminins sexuellement utilisables". Pourtant, était-ce tout ? Leur relation était plus profonde qu'ils ne voulaient l'admettre tout deux bien qu'ils fussent incapable de la qualifier avec exactitude. Y'avait il... De l'amour, où une forme bâtarde de ce dernier dans leurs rapports si particuliers où n'était-ce là qu'une impression laissée dans les moments intimes partagés généralement sans paroles échangées ? Ils faisaient l'amour, oui. Mais Kal avait fini par remarquer que jamais ils ne s'adressaient la parole, préférant le langage du corps. Sexuellement, ils s'entendaient à merveille. Mais Kal soupçonnait que l'un et l'autre craignaient de se livrer trop sous l'emprise des hormones en ébullition.
La voulait-il de la façon dont la boutade de Sam le suggérait ? Il se mit en devoir de ne pas répondre à la question, ce en quoi elle l'aida à merveille en entonnant son chant aussi agréable qu'une griffure sur un tableau d'école.
Kal grimaça.

- Heureusement que tu danse mieux qu'tu chante ! Putain... Où alors ce que le manque de rhum s'fait sentir !

Interessé comme toujours lorsqu'il s'agissait du corps de Sam (de ça, il ne s'en était jamais caché et prenait un malin plaisir à assister à ses séances de "travail" afin de profiter de la vue), le flic aux cheveux cendrés la regarda ôter veste puis chemise avant de tester la température de l'eau alors qu'elle lui demandait si elle était bonne où pas.

- Qui ça ? L'eau ?

Amusé, il la regarda finalement plonger dans le lac à la surface scintillante mais au fond dissimulé dans les ténèbres de la nuit. Lui ne la rejoint pas, préférant largement s'avachir dans l'embarcation en pestant contre son étourderie qui lui avait fait oublier de prendre un peu de boisson avant de filer de la maison. Ca aurait été tellement agréable de s'enfiler un petit whisky en regardant Siren-Sam barboter dans sa flaque d'eau.
Tournant la tête vers elle, Kal la mat... Posa un oeil sur elle.

- Un bain de minuit ça se prend à poil, Parasite !

Il se décida alors à joindre le geste à la parole. Se dressant dans la barque, Kal entreprit d'ouvrir son pantalon en se déchaînant avec un certain manque de savoir-faire mais avec un amusement palpable. Fredonnant un air connu de sa voix grave (" You can leeeeeaaaave your hat on, tudu du du du duuuuuuuuuuuuuuuuuu !"), le flic s'amusa à parodier quelques unes des chorégraphie salée de sa compagne, non sans allégrement les massacrer au passage. N'est pas chippendale qui veut, aprés tout...
Se débarassant de son pantalon non sans difficultés, Kal se montra fier d'exhiber son boxer qu'il commença à abaisser en jouant du bassin de façon suggestive tout en tournant sur lui même.

- Je suis sûr que t'as le feu aux fesses, hein ? Ouaiiiiiiis... J'suis grave chaud !

Impossible de savoir si il se prenait au sérieux où si il se moquait de lui-même, pour le coup. Qu'importait, puisque dans un geste théatral il ôta finalement son sous-vêtement en tentant de prendre appui sur le bord de la barque... Qui pencha tant et si bien que Kal fût expulsé dans la flotte dans un plongeon pathétique figean une expression imbécile sur ses traits.
Le flic ne montra aucun signe de vie jusqu'a ce que, jouant au sous-marin, il n'agrippe Sam par les chevilles et lui fasse enfoncer la tête sous l'eau pendant que lui remontait à la surface.

- YohOOOOOOOOOOOOOOOOOOO !

Nu dans la flotte, Kal entonna alors un petit chant de pirate en attendant de voir remonter Sam.. S'amusant au passage du fait que dans la bataille, il était parvenu à lui baisser sa culotte, espérant l'avoir ôtée complètement dans l'action.
Un vrai gosse, ce flic.

Impossible de l'ignorer. Le regard de Kal alors qu'elle s'était dessapée devant lui. Elle savait qu'il aimait ses formes, elle savait qu'il aimait la texture, la couleur et même l'odeur de sa peau. Elle savait tout ça, et en partie parce qu'il n'avait jamais cherché à le nier, tout comme elle, elle n'avait jamais essayé de ne pas ne jouer, au contraire même. Pourquoi? Parce que ça la faisait rire, et Kal avait le plaisir des yeux. Il n'y avait donc aucune raison pour qu'elle se prive. Il avait même eu le droit à un sourire en coin, mais il ne fallait pas qu'il espère de trop. Elle ne se mettrait pas elle-même à nu devant lui, il faudrait qu'il y mette un peu du sien. Raison pour laquelle elle resta en sous-vêtements avant de plonger.

L'eau était très agréable. Ni trop chaude, ni trop froide. Le plongeon qu'elle avait fait avait suffit à faire partir les élastiques qui retenaient ses couettes, de ce fait, sa chevelure noire comme la nuit qui les enveloppait se retrouvait libre de tout mouvement, et finalement, dans l'eau c'était bien plus agréable. Elle fit quelques brasses, s'éloignant de la barque, avant d'émerger. C'était plus profond qu'elle ne l'avait d'abord supposé, elle n'avait pas pieds, alors elle devait nager quelque peu pour conserver la tête hors de l'eau. Elle revint vers la barque et Kal, tirant la langue à celui qui pensait lui donner une leçon de vie. Elle savait que les bains de minuit se prenaient nus, mais... Et alors? Les vêtements, ça se retirait non?

La suite par contre... Vraiment, chapeau bas à l'artiste. Rien ne l'avait préparée à cela, et si d'abord elle afficha des yeux ronds, elle se laissa vite gagner par le jeu et se mit même à souffler et à encourager le policeman dans ses gesticulations grotesques pour lui offrir un strip tease de maigre qualité en matière d'érotisme mais d'une valeur inégalable dans son riromètre. Car entre deux sifflements, la jeune femme riait à gorge déployée. Rire qui trouva son apothéose lorsqu'il lança lui-même être "grave chaud", ce qui la fit tellement rire qu'elle en bu la tasse, manquant de s'étouffer, mais toujours incapable d'arrêter de rigoler face à une phrase pareille dont l'écho revenait sans arrêt dans sa tête.

Elle en pleurait même presque quand Kal tomba à la flotte, entièrement nu, comme un vers, pareil à Adam, et elle se surprit à frapper dans ses mains pour saluer la performance. Elle galérait même à reprendre son souffle et son sérieux, quand elle fut tirée par les pieds... Et la culotte? Et que sa tête disparaissait sous l'eau. Kal assurément... Qui ou quoi d'autre? Sam n'avait jamais eu peur des monstres marins. Elle récupéra tout de même sa culotte du bout de l'orteil, noire dans cette eaux insondable elle aurait été perdue à vie et remonta, l'envoyant dans la barcasse après l'avoir roulée en boule. Elle vint ensuite se ficher devant le Kal, les bras croisés sur sa poitrine et un sourcil haussé.

- Hem hem... Tu te sens malin en plus j'suis sûre? Mais t'sais quoi? Je m'en fiche. Parce que moi j'ai toujours des vêtements quand même! Et toi non!

Elle lui tira la langue et s'approcha de lui d'une brasse.

- Je vais être bonne joueuse. Je te laisse dix secondes d'avance. Après, je te poursuis et je te coule.

Elle recroisa alors les bras et garda un regard insolent fiché sur le visage du policier, se mettant à décompter.

- 10...,9...,8...