Sa nouvelle maîtresse n'avait pas une énergie très saine, mais Véronique ne s'en inquiétait déjà plus. Elle était seule, toute seule, parce que Marine l'avait abandonnée, parce que Marine ne l'aimait pas. Mis-à-part son frère, Marine était le premier amour de la petite Inu, qui pleurait à chaudes larmes, incapable de se faire à l'idée que Marine la détestait, elle qui était si gentille, si douce. Elle sentait dans sa petite poitrine son coeur qui pleurait, qui avait mal, mais elle se refusait à rester dans la déprime. Si Marine ne l'aimait pas, tant pis pour elle, la Terranide trouvera quelqu'un d'autres, quelqu'un qui l'aimera autant qu'elle aimera ladite personne. Bien sûr, si la petite avait accordé son attachement à Mélisende, il va s'en dire qu'elle ne lui a pas donné son amour en plus. La jeune femme lui dit qu'elle allait la nourrir, mais malgré l'entrain qu'elle semblait montrer, la petite, elle, n'avait pas le coeur à sautiller et à sourire. Elle avait mal, et lentement, son jeune esprit se forcait à oublier les bons moments avec Marine, pour qu'elle lui paraisse odieuse et cruelle, et ainsi couper le lien d'affection qui aurait resté dans son coeur. Elle était désormais neutre. Elle ne l'aimait pas, et elle non plus.
Perdue dans ses pensées, elle déboula les escaliers après avoir loupé une marche, mais curieusement, tout semblait incapable de blesser, ici. Le sol duveteux malgré le marbre ne l'avait pas heurté, mais avait amorti le choc, au contraire. L'enfant qui ne peut grandir se releva et regarda autour d'elle. "Nuh?!" S'étonna-t-elle en voyant le sol redevenir parfaitement droit sous elle, la soulevant. Elle leva et abaissa la main pour taper sur le sol, mais celui-ci se contenta d'absorber le choc. Le sol était tout mou! La petite regarda son pouce, qu'elle avait dans la bouche depuis un moment... puis le retira de là, se disant qu'il lui faisait avoir des hallucinations... elle se tourna vers sa main gauche et prit son autre pouce en bouche. Fort heureusement pour elle, ses dents ne s'abîmaient pas de ce traitement douteux, alors qu'elle ne poussait pas des dents.
Melisende l'avait guidée dans la salle à manger... ou ce qui servait de salle à manger. Curieuse, la petite rejoignit Mélisende sur le fauteuil romain et s'allongea à ses cotés, se lovant contre elle pour avoir droit à un peu de chaleur humaine... contre cette peau presque dénudée, en agrippant sur son passage une grappe de raisin. Calme et surtout déprimée, ainsi que nostagique, la petite porta la branche à laquelle était attachée un raisin à ses lèvres et elle tira un peu pour l'arracher, mâchant lentement le fruit et l'avalant. Elle en reprit un autre, puisque la dame lui avait ordonné de manger à sa faim. Une fois le repas, maigre mais elle n'avait pas faim pour plus, la petite se redressa et alla se blottit contre sa nouvelle maîtresse, cachant son visage contre son cou, cherchant un peu de réconfort dans les bras de l'inconnue, de cette traitresse qui (Auteur, ta gueule!) oui, bon, enfin, vous voyez ce que je veux dire. Véronique se sentait affreusement seule et comme mélisende avait dit qu'elle se sentirait bien dans l'ile, à elle de faire respecter ses engagement, par la sainte patate.