Sam n’était pas si stupide, bien au contraire… Captivée par un sabre ? Pas le moins du monde, surtout que le dit sabre fut réduit en une flaque de cendres et de métal liquide à peine avait-il été lancé vers elle. Si les flammes que Sam faisait naître étaient d’une douce lueur blanche bleutée, c’était parce qu’elles étaient infiniment plus chaudes que les flammes rouges. Aussi n’avait-elle eu besoin que de tendre le bras et d’envoyer un jet bref mais concentré vers cette arme contondante pour s’en débarrasser. Elle dû cependant concéder que son adversaire était rapide. Aussi, malgré sa tentative d’esquive, Furokuro parvint à lui asséner son coup de pied, non pas dans l’estomac mais à la taille. Elle serra les dents, comme toujours, et se servit de ses bras pour amortir l’impact de son corps contre le mur. Des entailles, des griffures… De nouvelles marques, encore et toujours, qui viendraient s’additionner aux nombreux bleus et hématomes qu’elle avait déjà.
Elle se retrouva donc acculée, désagréable sensation que voilà. Plus désagréable encore, le son de dagues qui sifflent. Aucune douleur, il ne les lui avait donc pas lancées dans les chairs, merci à lui. Mais elle se demandait ce qui lui avait traversé l’esprit. Elle ne portait qu’un tee shirt… Elle n’avait pas de manches. Aussi, après avoir brièvement baissé les yeux et les avoir vues près de ses poignets ces dagues, elle s’interrogea… Très brièvement cependant puisque toujours avec la même vivacité de celle habituée à se battre pour survivre, elle ferma le poing tout en le tendant avec une rapidité impressionnante, l’envoyant s’écraser sur le nez de Furokuro. Elle exécuta ensuite un petit tour sur elle-même, profitant de l’avoir sonné pour quelques précieuses secondes, pour se donner de l’élan et donna un grand coup de pied dans la main qui tenait le sabre, suivit d’un autre, donné d’une détente habile de la jambe droite en prenant bien appuis sur le jambe gauche, directement sous son menton.
Furokuro se trompait. Elle n’avait pas peur. Elle n’avait strictement peur de rien, du moins rien de ce que ce tueur pourrait lui faire. Il ne connaîtrait jamais ni même ne soupçonnerait les moyens de pressions idéaux la concernant, il était bien trop brutal. Elle ne craignait pas de perdre qui que ce soit, c’était déjà fait. Une chose précieuse dans sa vie ? Elle n’était pas matérialiste et n’avait rien de valeur. Quant à sa propre vie, ayant été profondément merdique, ça se déplaçait allègrement sur les rails de son indifférence. Sam était dangereuse pour ces raisons là d’ailleurs. Elle n’avait peur de rien. Téméraire jusqu’au bout, elle ne renoncerait pas facilement, rien que pour le plaisir de tenir en échec le tueur à gages.
-Et si tu la fermais deux secondes ? Si c’est pour dire que de la merde, autant t’abstenir.
Pas une seconde Sam n’imaginait que la chevalière qu’elle avait au doigt était la raison de la venue de Furokuro. Elle l’avait volée en même temps que le sac d’une vieille… Alors comment voulez-vous qu’elle se doute que cette bague avait des pouvoirs magiques ou quelque chose comme ça ? Prudemment, elle recula, se tenant toujours sur ses gardes.
-Allez vous faire foutre vous et votre babiole. J’ai rien volé qui nécessite de me tuer. Je vous inviterai bien chez moi pour vous le prouver, mais rien qu’à l’idée que vous y foutiez les pieds, j’ai la gerbe… Foutez-moi la paix…
Méfiante, elle continua de reculer. Ses mains brillaient toujours de cette même aura douce et bleutée. Elle était prête à s’en servir, sans remords.