C'est risqué ( Sissi )

Engel attendait. Depuis une heure, clope au bec, elle attendait sous un arrêt de bus. La nuit avait chassée le ciel bleu, et il ne demeurait au-dessus de la ville qu’un dôme étoilé, étincelant. C’était une belle nuit, calme, avec un vent frais mais pas agressif, et une chaleur supportable. Ce genre de nuit calme, mais facilement étouffante si on reste sur place sans bouger une seule seconde. L’odeur du tabac mélangé à la menthe formait une bulle autour de la jeune sorcière, qui réfléchissait intensément. On lui avait donné – un ami de classe – un filon : il existait, non loin de là, une demeure des plus étranges, une sorte de « remise-grange-boutique-maison » qui contenait milles et uns trésors.
Cet ami y avait fait un tour, tantôt, et avait réussit à voler un bouquin assez rare. Ce qui avait donné envie à la jeune fille : elle n’avait plus d’argent, mais comptait bien se procurer un livre qui lui apporterait une certaine notoriété : La Poule Noire. Un livre puissant et ravageur, qui lui permettrait d’accroître ses pouvoirs.

Cigarette terminée. Elle la jeta sur le sol, et l’écrasa sous son pied. Elle portait, aujourd’hui, des grosses baskets de la marque « Van’s », et un tee-shirt trop grand pour elle, gris, surmonté d’un gilet sans manche à capuche, rabattue sur sa tête, où se trouvait déjà une casquette très colorée, qui retenait tous ses cheveux verts. Elle marcha en direction de la demeure indiquée, d’un pas vif. Elle sortit aussitôt sa baguette magique, et l’agita devant la poignée. Une lueur en sortit, tandis que la porte s’agitait, et qu’elle s’ouvrait enfin. Il faisait vraiment nuit noire, c’était désagréable. Elle entra, refermant la porte derrière elle, et se glissa à l’intérieur.
Un nouveau sort donna vie à un adorable petit feu follet, qui la suivait à la trace, éclairant l’intérieur. Elle resta bouche bée devant cet accumulation de choses, mais se mit en quête de la bibliothèque.

C'est immense, souffla t'elle.

Selon son ami, cette fille possédait la Poule Noire. Aussitôt, elle remarqua un amas de livres, et commença à les regarder, fouinant. Elle ne devait pas rester longtemps ici, où il lui en cuirait …

- Soit tu me rend ce bouquin, soit tu meurs, c'est au choix. Personne ne prend le Parabellum sans payer, sans compter que tu ne pourrais pas le traduire sans un décodeur unique que j'ai en ma possession.

- C'est de la contrebande, donc si je vais me plaindre à la police vous risquez gros et moi j'y gagnerai beaucoup.

- Dans ce cas adieu inconscient. Parabellum tue le.

Une énorme lame planta le jeune homme conter un mur, le coeur arraché au passage et réduit en bouillit. Sissi prit le livre et repartie vers l'une des planques où elle pourrait déposer le livre en toute sécurité. une fois cela fait, elle fit le tours des autres planques pour s'assurer que le jeune homme n'avais pas vendu la mèche.

C'est alors qu'elle vit que à sa dernière planque la poignet avait virée de couleur : vert, signe d'une intrusion magique c'était la propriété de ce métal, il changeait de couleur suivant l'agression qu'il subissait. Aussi, Sissi passa par la porte de derrière, la poignet contenait des symboles astrologique et le fait de bien les aligner permettait d'entrer dans la maison sans faire le moindre bruit. Elle défit ses chaussures, se baladant en collant, heureusement les salles étaient propres, Sissi faisait le ménage tout les jours.

Elle prit sous une pot de fleur une collier avec un scorpion de gravé dessus, cela permettait de se protéger des sortilèges et attaques magiques. Puis elle prit une pièce où était gravé un sort, un petit artefact bien pratique.

Sissi passa de salle en salle pour trouver Engel en train de lire des livres. La contrebandière vit au petit feu follet que la demoiselle était une magicienne, aussi elle savait quel genre de livre l'avait attiré, elle possédait un livre bien plus puissant que la Poule noire, même si elle l'avait en effet dans son inventaire.

Elle se faufila dans le dos de Engel, un poignard à la main, puis une fois assez proche, elle trancha le dos de la sorcière, enfin ses vêtements, puis déposa à la suite la pièce et le sort fit effet, des liens anti-magie ficelèrent Engel, la faisant tomber au sol de façon assez rude.

- Tss ! Tu sais qu'il est interdit de fouiner chez les gens, cela peut être dangereux.

Elle n'hésita pas une seconde à mettre son pied droit sur le visage de d'Engel pour montrer clairement qu'elle n'était à présent pas plus qu'un des objets de la salle.

- Tu me dis ton nom, ta situation sociale, tes pouvoirs et ta raison ici et je pourrais éventuellement me montrer magnanime.

Elle fit bouger légèrement son pied pour que la sorcière puisse répondre, mais Sissi le gardait sur le visage histoire de mettre un peu son poids en cas de moquerie.

Ouch.
Ça, elle ne l’avait pas sentie venir. Sous le choc, d’ailleurs, sa casquette avait volée, répandant ses cheveux verts sur le plancher. Elle s’était fait avoir. Elle voulut répliquer, mais n’y parvint pas, le pied sur le visage indiquant qu’elle n’était pas en situation dominante. En d’autres termes : il fallait qu’elle se taise, et ne fasse aucune bêtise. Bien qu’impulsive, Engel savait très bien comment réagir dans ce genre de situations, il fallait qu'elle attende d'avoir à nouveau la main pour attaquer. Elle voulut un instant appeler ses pouvoirs, mais aucun ne vint.
Des liens anti-magie. Elle aurait dû s’en douter. Elle soupira longuement, fronça les sourcils.

-   Je m’appelle Engel, je suis étudiante et …

Elle grimaça. Ces liens étaient plus douloureux qu’elle ne l’imaginait. Face à eux, une sangsue était aussi douce qu’une éponge. Elle voulut, à nouveau, appeler ses pouvoirs, mais résista. Si elle le faisait, les liens bloqueraient l’attaque, et le renverrait contre elle. Elle jeta un regard vers le livre ouvert, qui n’était pas loin.

-   Je fais toute sorte de magie, je suis étudiante … Je suis ici pour trouver La Poule Noire. Un ami m’avait dit que c’était ici qu’il avait trouvé ses livres …

Elle faillit ajouter qu’elle était fauchée, mais se retint. Cela se voyait. Si elle avait eue de l’argent, elle ne serait pas venue risquer sa peau ici en volant des ouvrages importants. Elle cligna des yeux, la douleur de la chaussure sur son visage lui chauffant la peau, piquant ses yeux. Elle n’aimait pas ce genre de situations, elle détestait même cela, pour tout avouer. Elle jouait la rebelle, défiant l’autorité, et détestait qu’on la piège. Elle grogna. La dernière fois qu'on l'avait traitée ainsi, elle avait arrachée la tête de la personne ensuite. Mais cette fois, son petit doigt lui disait qu'elle ne pourrait pas trop compter là-dessus pour s'en sortir ... 

Sissi voyait la jeune magicienne souffrir des liens l'emprisonnant, encore une qui croyait que le fait de détenir des pouvoirs est un avantage, alors qu'elle n'apporte que plus de faiblesse, c'est en partie pour cela que Sissi ne s'est jamais mise à la magie.

La contrebandière laissa un sourire carnassier quand le visage de Engel fit une légère grimace de douleur. La demoiselle savait pertinemment que la magicienne ne serait pas stupide au point de recommencer sa bêtise.

-   Je fais toute sorte de magie, je suis étudiante … Je suis ici pour trouver La Poule Noire. Un ami m’avait dit que c’était ici qu’il avait trouvé ses livres …

Sissi eut un léger rire, qui se transforma  en un rire malsain.

- Si tu parles de celui qui avait Parabellum, j'ai l'honneur de te dire qu'il ne pourra plus en parler, sauf avec les âmes. La poule Noire ... Hahahahhaha ... hahahahaha ! Tu aurais prit un peu plus de temps pour regarder les livres sans les feuilleter tu serais tombé sur celui-ci.

Sissi mit sous le nez de Engel un libre que tout magicien et sorcier se devait de connaître et craindre.

- Pandémonium  : Un livre détenant les secrets de toute magie, le moyen de les retourner contre son adversaire et d'anéantir un magicien d'un simple claquement de doigts. Il fut l'objet le plus dure à voler, j'ai attendu plus de deux ans pour qu'il tombe dans les main d'un abruti qui ne  savait pas le lire et me l'a revendue à petit prix. Malheureusement il ne s'agit que d'une copie bien moins puissante que l'originale, mais  il est tous de même plus puissant que cette Poule noire de pacotille, il ne vaut rien.

Sissi l'ouvrit, ne pratiquant pas la magie, le livre n'avait aucune raison de l'attaquer.

- Le seul ennui c'est qu'il faut réussir à le traduire.

La contrebandière mit un peu de son poids sur le visage de la magicienne.

- Je te propose un marché, tu me dévoiles tous sur tes pouvoirs, tu obéis à mes ordres et je te promet de te laisser en vie.

Elle retira son pied pour saisir les cheveux de Engel.

- Quand dis tu ?

La jeune fille n’appréciait que moyennement la manière dont l’inconnue la traitait. Elle n’aimait pas qu’on use d’elle comme d’une simple marionnette. Par fierté ? Sans doute. Engel restait quelqu’un de fier, qui avait une certaine confiance en elle, et qui pouvait se révéler aussi puissante qu’une battante. Mais là, se trouvant en position de faiblesse, elle ne pouvait répondre. Les liens lui brûlaient la peau, petit à petit, et elle ne devait faire appel à aucun signe de magie, afin que les liens n’entament pas son énergie.
Elle grogna en entendant son marché, mais dû reconnaître qu’elle n’avait pas le choix : elle se devait d’accepter, coûte que coûte. Ainsi affaiblie, il était facile de l’abattre et de la tuer. Elle se redressa quelque peu, trouvant comme position un appui sur ses coudes, afin d’atténuer la douleur qu’était celle du tirage de cheveux.

-   J’accepte, répondit-elle d’une voix sourde, la même voix qu’on utilise pour admettre qu’on a péché, ou qu’on a volé l’argent de mère-grand.

Elle se sentit tout de même soulagée, cette jeune femme ne voulait pas la tuer. Cependant, elle craignait un brusque revirement de situation. Cette femme n'était pas n'importe qui, pour posséder une des uniques copies de ce livre si puissant. Elle se releva doucement, sentant ses muscles se tendre, pour se positionner en tailleur. Ses coudes la brûlaient, et elle devait lutter contre les liens qui l’empêchaient d’agir à sa guise. Un geste brusque, et elle tombait sur le sol.

-   Je fais de la magie noire, blanche, élémentale, de la wicca, du chamanisme, de la magie mentale, énonça t’elle d’une voix épuisée par les traitement des liens.

Elle releva les yeux vers Sissi.

-   En quoi puis-je vous être utile ? osa t’elle demander.

Sissi aimait dominer cette jeune femme, même si la magicienne était un brin plus âgé qu'elle. Pour la contrebandière avoir une pratiquante de la magie n'est pas une si mauvaise chose, cela permet d'avoir toujours une carte en plus à jouer en cas de pépin. Restait à lui apprendre à tenir sa langue en cas de torture. Car les concurrents ne reculeront devant rien pour plomber son commerce.
Elle entendit enfin la réponse à sa question et laissa tout de même les liens, histoire de l'affaiblir davantage. Engel paraissait si fragile que cela ne fit que ravir davantage Sissi qui voyait en elle une possible aventure, surtout à l'annonce des magies qu'elle savait faire.

La magie noire sera idéale pour semer la confusion chez ses ennemie, la magie blanche sera pour le cas improbable où la contrebandière se fasse des blessures importante. La magie élémentale peut servir  bien des choses, comme le reste, la magie mentale est aussi bien pratique pour torturer que pour détendre. Oui vraiment cette petite magicienne allait être très utile.

-   En quoi puis-je vous être utile ?

Enfin une question qui eut comme effet de retirer son pied de la figure d'Engel, Sissi approcha son visage de la prisonnière et lui susurra à l'oreille.

- Déjà tu me dis ton nom d'âme et tu promet par ce dernier de ne pas utiliser ta magie contre moi sauf si je t'y autorise.

Sissi savait pertinemment qu'une fois le  nom d'âme révélée, elle ne risquerait plus rien.

- Ensuite je te libérerais pour parler des modalités de notre ... marché.

Engel soupira longuement, à nouveau.
Avait-elle le choix, réellement ? Elle aurait pû, une fois que la jeune femme eut cessée de lui écraser le visage avec son pied, riposter en lançant une attaque, mais malheureusement, les liens restaient là pour l’en empêcher. Elle aurait pu mordre, aussi, mais cela ne lui attirerait que des ennuis supplémentaires. D’un geste de la main, elle se recoiffa, sentant la douleur à nouveau tendre ses bras. Au moins, une fois le pacte fait, elle n’aurait plus ces entraves autour de la peau.
Elle se permettait de rester optimiste, et de chercher ce qu’il y avait de bon dans cette affaire. Cela lui permettait de ne pas flancher, en tout cas.

-   D’accord, lâcha t’elle comme à regret.

Elle monta ses paumes vers le ciel, des paumes où étaient gravés deux pentacles, avec une foule de symboles plus ou moins étranges, et joignit ces deux paumes de mains. C’était un cérémonial très symbolique, mais au fond d’aucune utilité. Elle aurait pourtant voulue ne jamais avoir à faire ce genre de pacte …

-   De par le pacte qui lie la sorcière à son maître, je me déclare offerte à vous, prononça t’elle à la manière d’un psaume. De par le pacte qui me lie, moi, Engel, à vous, je me promets de ne pas vous faire de mal.

Ses mains s’illuminèrent un instant.

-   Ainsi, je ne pourrais porter aucune attaque sur vous.

Les mains s’éteignirent, tandis qu’elle sentait le pacte agir sur elle. Aussitôt, au creux d’un des pentacles, le nom de Sissi se retrouva gravé. Ainsi, elles étaient liées. Il suffisait que son « maître » la libère pour que ce nom soit effacé, et sa liberté retrouvée.

Sissi appréciait la résignation de Engel à obéir, en effet, cette dernière n'avait pas une seule carte à jouer pour déstabiliser la contrebandière, elle ricana même en entendant la sorcière faire le pacte de servitude, bon il était dommage de ne pas savoir son nom d'âme, mais la solution que Engel avait prit ne déplaisait pas à Sissi, qui pourra dès à présent disposer de la sorcière à sa convenance.

La jeune femme savait comment fonctionnait ce genre de pacte,mais elle connaissait aussi les risques que cela voulait dire, une fois libéré, rien ne pouvait dire si la sorcière se vengerait de l'affront dont elle était victime à présent.

Sissi souleva le corps de la demoiselle et saisit la pièce en murmurant une phrase que Engel ne pouvait comprendre, les liens disparurent redevint la petite pièce. Puis la contrebandière se mit à détailler le corps de la demoiselle, il était alléchant et promettait bien du plaisir.

- Si tu veux tellement la Poule Noire je te propose de me procurer autant de plaisir que ton corps et la magie le peut et ceci pendant sept jour et sept nuit. Si je suis satisfaite, alors tu auras ton livre, sinon, tu serras ma subordonnée jusqu'à la fin de tes jours.

Sissi s'assit sur une chaise, les jambes croisée, en laissant à Engel un temps de réflexion.

La jeune fille la regarda, ébahie.
Que proposait cette folle ? Qu'elle, Engel, devienne son esclave durant un temps limité ? La jeune fille faillit hurler, la frapper, mais elle ne pouvait plus le faire. Même si le sliens avaient - dieu merci - disparus, elle ne pouvait pas se battre contre cette femme.
Elle avait un pacte avec elle.

Engel soupira longuement, passant sa main dans ses cheveux. Elle dévisagea Sissi : Non pas que cette femme soit laide, non au contraire, la contrebandière était plutôt agréable à regarder et même trés belle, du moins selon les critéres de beauté de la sorcière, mais ce marché ne lui plaisait pas.

- Sept jours ?

Elle posa la question, connaissant la réponse, et poussa un nouveau soupir, assez épuisée d'avance. Elle craignait de ne pas y parvenir. De se tromper. De mourir. Cette dernière idée la fit frémir considérablement, tandis qu'elle se recoiffait à nouveau, rougissant un peu, soudain prise d'une gêne considérable.

- Le jeu en vaut la chandelle ... dit-elle en enfin. Mais j'aimerais qu'après chaque journée, je puisse feuilleter la Poule Noire, au moins.

Elle voulait au moins émettre une condition, bien qu'elle se savait déjà battue d'avance.