Et oui, et oui. Si Mary-Lou ne prend absolument, mais vraiment absolument hein, pas conscience que parfois, très rarement, elle peut être pertinente et dire des trucs presque intelligents, moi, humble narratrice, je me gausse et me délecte de la surprise que je lui fais susciter chez les gens avec lesquels elle interagit. Bref, il n'y avait pas non plus de quoi casser trois pattes à un canard, et il y avait fort à parier que si un papillon était passé au même moment entre elle et William, son beau discours serait passé aux oubliettes et elle aurait niaisement tenté d'attraper ledit papillon... Mary-Lou vivait d'amour et d'eau fraîche en quelque sorte. L'amour spirituel, Agape, faute d'avoir l'amour charnel.
Erreur cependant. Lou ne l'avait pas traité d'Alien. Elle lui avait demandé s'il en était un, et m'est avis (allez savoir pourquoi) qu'elle aurait ouvert de grands yeux et répondu quelque chose du genre "Que la force soit avec toi!". Et oui, comme quoi on peut mélanger Star Trek et Star Wars, après tout, ça commençait pareil et les deux histoires étaient galactiques et cosmiques alors... A quand un duel entre Chewbacca et Mr Spok? Probablement jamais, si ce n'est dans l'imaginaire débridé de la jeune Mary-Lou. Quelque chose me dit d'ailleurs que ce sujet a déjà été visité par elle... Bref.
William Dolan coupa court à la discution qui se serait plus que probablement enlisée sans sa réponse en demi-teinte, mais qui pourtant savait clore le débat d'une façon tout à fait adéquate. De toutes façons, Lou n'aurait jamais pu argumenter contre lui, et du reste ça ne l'avait jamais intéressée. Néanmoins, il fallait se méfier. Si Lou ne disait pas grand chose pendant les grandes discussions, elle écoutait énormément. Et sa mémoire, à défaut du reste de son cerveau, était particulièrement efficace. Elle apprenait donc sans vraiment s'en rendre compte et pouvait ressortir à point nommé, comme un peu plus tôt, certaines réflexions qu'elle avait entendues. Elle faisait aussi certaines connections, certains liens entre des sujets et d'autres et brassait parfois le tout. Comme dans un shaker, pour voir à quoi ça ressemblait. A rien en fait, il fallait le dire. Mais tant qu'elle-même ne s'embrouillait pas, où était le problème?
Dormir dans un rêve, voilà qui était curieux... Finalement, la toile se déchirait lentement et révélait les incohérences à l'esprit lent de la jeune femme. Plus ça allait, et plus elle parvenait à se convaincre qu'elle ne rêvait pas. Elle était de plus en plus désorientée, mais ses yeux étant toujours grands ouverts sur le monde qui l'entourait, ça ne changeait pas vraiment de d'habitude le fait qu'elle paraisse perdue et hébétée. Cela dit, pour une personne la connaissant bien ou ayant bien cerné son caractère, un seul détail aurait suffit. Celui qu'elle ne proteste pas au moment où Dolan lui proposa d'aller à l'auberge. Elle n'avait pas le moindre sou, et la jeune femme était tout sauf une profiteuse. Elle se serait normalement opposée farouchement à ce qu'on lui fasse l'aumône de quelques pièces, mais là, elle se contenta de suivre William, sans mot dire, levant juste à sa remarque brièvement des yeux inquiets vers lui.
Elle ne fit attention ni à l'ambiance ni au décor, elle était en fait perdue dans ses pensées. Si tout était réel, est-ce que le temps s'écoulait de la même façons ici et à Seikusu? Ses parents allaient-ils s'inquiéter pour elle? Est-ce qu'elle manquerait beaucoup de choses... Elle ne fut tirée de ses rêveries que par la voix de William et le contact d'une pièce froide dans sa paume. Une fois encore, les petites pupilles grenat cherchèrent le visage du juriste, et elle se détourna de lui, obéissant avec docilité. Elle n'était pas du tout contrariante.
Quand elle arriva au comptoir, elle prit quelques secondes pour réfléchir.
- Bonsoir... Je voudrais... Un verre d'eau et ce que vous pourrez mettre du meilleur hydromel possible avec ceci s'il vous plaît.
Elle fit glisser la pièce jusqu'au barman et... Parvint à susciter la pitié de l'aubergiste. Selon lui, il était évident que cette jeune femme n'avait pas la moindre connaissances des cours de monnaies du Nexus, et que le verre d'hydromel n'était pas pour elle... Alors forcément, ça force la sympathie une femelle qui ne pense pas d'abord à elle. Surtout, à souligner, elle n'avait pas du tout l'air d'être une esclave. Et non, sinon ça aurait été normal. Non, et puis... Sa peau était beaucoup trop lisse, beaucoup trop fraîche... Autant qu'une pêche dans laquelle on aurait envie de croquer, pour être une esclave... Alors il fit un petit geste pour elle. Il lui donna une carafe d'eau fraîche et un verre pour elle, et un pichet de son meilleur hydromel. Pour qui que ce soit. La jeune femme s'inclina légèrement pour remercier l'aubergiste et prit ses boissons avant de gagner la table où le sieur Dolan était assis. Elle poussa le pichet d'alcool doux vers lui, en lui souriant avec une gentillesse non feinte.
- J'ignore si tu bois ou non de l'alcool. Mais je me suis dis que si c'était le cas, tu apprécierais.
Elle s'assit et remplit son propre verre d'eau, avant de le mettre au même niveau que le pichet d'hydromel, l'ayant fait glisser avec lenteur sur la table sans quitter William des yeux.
- A moins que tu ne préfères de l'eau? Je t'en prie, à toi l'honneur.