Cathleen fuyait depuis des jours, poursuivie par l'ordre qui l'avait élevée. Et s'il y avait bien quelque chose à quoi elle n'arrivait pas à se faire, c'était d'être seule. Elle avait bien fait quelques rencontres, mais toujours éphémères... L'irlandaise refusait de s'attacher à qui que ce soit : des années durant, elle n'avait vécu que pour son frère, et à présent, elle se retrouvait séparée de lui : sa plus terrible épreuve, bien pire au final que la morsure du vampire qui lui avait fait retrouver les souvenirs de cette morbide soirée...
Aujourd'hui, elle avait été à deux doigts de se faire attraper ; les prêtres de l'Enklaster ne l'avait pas reconnue, elle en était persuadée ; Cathleen avait suffisamment altéré son apparence pour cela ! Et que Mère ne s'en offusque pas, dans l'au-delà, car c'était vital... Le souvenir arracha presque un sourire à la jeune femme : elle avait mis du crayon sur ses ongles pour faire comme certaines personnes qu'elle avait vues dans la rue ; Mère en avait été horrifiée... Qu'aurait-elle dit en voyant sa rousse petite fille à présent brune ?
Mais Cathleen n'avait pas le temps de se préoccuper de cela. Car si elle pensait trop à sa mère, nul doute que son esprit finirait par lui imposer cette terrible vision, où Mère hurle, la gorge ouverte, dans un gargouillement horrible... L'irlandaise secoue la tête pour chasser le souvenir.
L'après-midi est déjà bien avancée, elle devrait penser à trouver une auberge pour la nuit à venir. Un endroit pas trop fréquenter, pour changer ; la foule commence à lui donner des migraines. Pourtant, il y a une boutique ouverte qui l'attire étrangement. Elle voit l'écriteau : "Marchandises, sorts, et artefacts magiques." Et la prestidigitatrice en elle frissonne : Saint Dieu ! Elle a besoin de revenir un peu à son monde ! Cette fuite l'épuise, et si un peu de détente la tue, au moins mourra-t-elle heureuse ! Sans hésiter, elle entre.
Bien sûr, Cathleen est impressionnée par le gros chien noir, et elle l'évita soigneusement. Et finalement, quand elle le quitta des yeux, c'était pour constater que ce n'était pas comme la petite boutique de magie où elle avait l'habitude d'aller. Ici, point je jeux de cartes truqués, de chiffons colorés ou de hauts de forme avec une place pour le lapin. C'était intrigant. Le plus bizarre, c'est que Cathleen Bakaar, prestidigitatrice de son état, mais véritable magicienne qui s'ignore, se sentait bien ici. Elle observe les produits en vente, et finit par voir la liste des sorts disponibles à la vente...
Par tous les Dieux ! Elle veut y croire ! Et si la personne chargée de faire les sorts pouvait lui en faire un pour retrouver son frère ? Cathleen regarda autour d'elle et osa demander :
- Excusez-moi... Il y a quelqu'un ?