- Tu n’as jamais voulu avoir un enfant ?
Ludmilla leva les yeux vers son mari, reposant sa fourchette. Ce genre de discussion, à table, alors que le repas devait être rapide pour son mari, qui avait un rendez-vous dans l’après-midi, n’était pas à sa place. Contrariée, elle fit la moue, et s’enfonça dans son siège.
- Ce n’est ni le bon endroit, ni le bon moment, répliqua-t-elle.
- Nous en reparlerons, prévint-il.
- On verra bien, souffla t'elle avec ennui.
Il se contenta d’hausser les sourcils, elle se contenta de se lever pour vider son assiette dans la poubelle de la cuisine. Tout le monde était content, comme cela.
Elle l’entendit se lever, sortir de la pièce et monter à l’étage, lentement, silencieusement, laissant la jeune femme dans la cuisine, silencieuse. Elle attendit qu’il soit bien enfermé dans la chambre, et s’alluma une cigarette, rapidement, les doigts tremblants. Ah, quelle source de problèmes, cette vie ! Elle n’avait pas souhaité tant de dommages. Elle se gratta la nuque avec frénésie, et attrapa son long manteau noir qui traînait dans le salon.
Elle n’aimait pas sa maison. Les murs étaient blancs, le rez de chaussée immense, et cuisine, salle à manger et salon étaient dans la même pièce. Un des murs étaient une immense baie vitrée, qui donnait vue sur la mer, et une piscine dormait sur la terrasse. Elle fit dos à ce spectacle, et sortit rapidement de la maison. Ciel, on aurait dit une construction du BauHaus. Elle n’aimait pas ce mouvement.
Grognant, elle décida de faire les boutiques. Tiens, ça la ferait déstresser, ça, et elle éviterait les questions gênantes ! Elle se dirigea vers la ville, et écrasa sa cigarette en entrant dans une boutique de vêtements chics et de haute marque. Sa carte bleue était dans sa poche. Parfait. C'était tout ce qu'elle voulait, une carte bleue et une jolie vendeuse. Cela lui raménerait le sourire.