Il fallait croire que la frustration avait du bon, finalement. Un instant, Miya pensa presque qu'il fallait qu'elle revoit la vieille sorcière, si Ryuga était toujours aussi extraordinaire après. La porte en fer et froide de l'ascenseur ne la gêna pas une seconde, le corps frémissant de plaisir, ses jambes accentuant chacun des mouvements de bassin de son amant... Et tant pis si les voisins allaient râler pour le bruit ! Miya ne pouvait s'empêcher d'exprimer tout le bien que lui procurait son amant. A leur jouissance commune, complètement hors d'haleine, Miya s'accroche un peu plus contre lui.
- Ce que je t’aime toi… T’as pas intérêt d’essayer de fuir à nouveau mon cœur…
Miya sourit, la tête enfouie dans le cou de son amant.
- D'accord... Mais je sais que tu me rattraperais toujours. Et puis, si tu me punis comme ça à chaque fois que je veux fuir...
Elle rit doucement, et embrassa Ryuga.
***
La mère de Ryuga prolongea son séjour et resta une semaine complète. Inutile de dire que si les deux femmes ne s'étaient pas revues, elles se faisaient malgré tout la guerre - et c'était le pauvre Ryuga qui en faisait les frais. Chacune des deux était possessive à l'extrême, et la victoire de l'une était une bataille remportée dans leur petite guerre.
Et Miya, en plus ne de pas aimer partager, détestait perdre. Quand il venait la voir au bar, après le boulot, elle n'hésitait pas à user de tous ses charmes pour le garder avec lui... Et comme elle était douée à ce petit jeu-là, qu'il rentrait hélas forcément tard, Mme Miura rappelait à son fils unique qu'il ne devait pas rentrer à de telles heures, que son travail risquait d'en pâtir, alors elle l'appelait pendant ses heures de service - toutes les heures, au mieux... Au bout de trois jours de ce traitement, il avait décidé d'arrêté d'aller voir Miya. Une cuisante victoire pour la sorcière. Ce fut donc avec un réel soulagement quand la mère de Ryuga rentra dans son appartement, à l'autre bout de la banlieue de Kyoto. Pourtant, tout était loin d'être fini pour l'inspecteur : il lui restait à affronter le plus terrible des monstres : une Miya qui serait sans doute en colère. Mais au moins, les appels de Mme Miura se firent moins nombreux, en cette première journée...
Miya, de son côté, s'ennuyait de son amant. La vieille femme était diabloqie, et la chanteuse n'avait pas l'intention de faire le moindre cadeau à cette rivale. Elle soupirait, accoudée au bar, espérant que le soir lui amènerait l'homme de sa vie.
"Ah, Jhun ! Tu rirais bien, de me voir attendre après un homme, hein ?"
Les quatre jours où elle n'avait pas vu Ryuga, elle les dépensa à rêver de son jumeau. Du "bon" vieux temps où ils étaient ensembles. Il lui manquait toujours beaucoup, bien sûr. Mais l'amour de Ryuga l'aidait à moins penser à lui. Pourtant, cela lui faisait bizarre : quoi qu'elle ait fait, elle avait toujours eu besoin de l'approbation dde son frère. Miya ne pouvait s'empêcher de penser que Jhun aurait sans doute saboté toute relation entre elle et l'inspecteur. D'un autre côté, elle aurait tellement voulu l'entendre dire une banalité comme "tant que tu es heureuse" ! Ce qui était bien entendu impossible...
Quand le soir, Ryuga poussa la porte du bar, elle dut faire tous les efforts du monde pour ne pas courir l'embrasser. Pourtant, à la fin de son tour de chant, on pouvait noter un certain empressement de sa part, alors qu'elle traversait la salle pour le rejoindre. Elle s'arrêta devant lui, droite comme un pique. Et elle eut une réaction inattendue.
- Tu m'as manqué.
C'était prononcé doucement, sans animosité, avec une certaine humilité qu'elle n'avait jamais eue depuis les trois mois qu'ils se connaissaient, à présent. La demi déesse dinit par lui sourire, et prit sa main pour l'entrainer d'abord à leur table. Ils parleront toute la soirée, ils danseront, sans jamais évoquer une seule fois la mère de Ryuga. Une soirée de rêve, qui se finit merveilleusement bien dans la chambre de la chanteuse. Pas une seule fois, Miya n'aura laissé son caractère de cochon venir tout gâcher.
Nus l'un contre l'autre, Miya s'ennivre de l'odeur de son inspecteur qui lui a tant manqué. Elle a beaucoup de mal à s'endormir, et quand elle y arrivera enfin, son sommeil est agité. Elle rêve de Jhun, bien sûr. Et ce rêve n'est pas comme les autres, il a une autre consitance. Comme si les épaules sur lesquelles elle est perchée sont plus solides, comme si l'odeur de Jhun était plus présente, et son rire plus fort. En fait, il parait si vivant, même ! Elle lui parlera du couple qu'elle forme avec Ryuga, déjà prête à le défendre becs et ongles contre son frère à moitié aussi possessif qu'elle. Mais il ne lui répond que par son sourire, si chaleureux, un brin charmeur. Miya se retrouve seule, mais bizarrement, elle sait, d'un coup, qu'elle a l'aval de son frère. Ca ne change rien à ses sentiments envers Ryuga, mais ça lui fait malgré tout bizarre de savoir que son défunt jumeau n'a rien trouvé à critiquer, ou qu'il s'y oppose juste histoire de l'embêter. Non, rien de tout ça. Mais la demi déesse est terriblement heureuse, alors que ça n'aurait du rien changer.
Dans les bras d'un Ryuga qui commence à se réveiller, Miya sourit, et elle se serre un peu plus contre lui. Elle murmure un "je t'aime" légèrement pâteux. Elle soupire. Miya dort profondément, elle n'a jamais été du matin ! Et c'est dans son sommeil qu'elle va tout gâcher.
- Je t'aime, Jhun.
Et si elle n'a jamais donné le nom de son frère à qui que ce soit, inutile d'être devin pour savoir que c'est un prénom masculin qu'elle vient de prononcer dans les bras de son amant.