Un spectre ou deux dans le cimetière [Pv: Seffer Aelias]

   Il ne faisait pas si frais que ça, cette nuit. Une bonne raison de ne pas rester enfermée dehors, avec un temps pareil. Puis Frig n'aimait pas rester à l'intérieur, de toute façon. La voilà, en train de errer en ville, tel un fantôme errant hors de sa tombe, comme à son habitude... Mais cette option est plus préférable que de rester à la maison et d'être oppressée par le foyer familial. Ce soir-là, les parents de la jeune fille était pour une fois rentrés à la maison, après quelques durs jours de travail dans l'hôpital qui se trouve à Seikusu. Adelheid, ayant rejeté l'amour parental depuis longtemps déjà, pris l'excuse de la « soirée entre filles » afin de pouvoir s'en allé. Ce qui bien sûr était totalement faux. Elle ne voulait pas être connue de ses parents, et s'ils apprenaient ce qu'elle était devenue en réalité, elle les décevrait. Elle s'en voudrait, si ils étaient déçus par sa faute. Mais le fait qu'elle doive mentir pour conserver sa façon de vivre lui faisait se sentir mal, parfois. Comment avouer à ses parents, à l'âge de dix-sept ans, que vous êtes dépendantes de certaines drogues, que vous errez ivre en ville, et que vous prenez votre cuite presque tous les soirs... Cette fois-ci, Frig n'avait pas bu. Ses parents l'auraient surpris, si elle avait bu à la maison... et là les représailles auraient été assez dures. Fille de médecin, on ne boit pas, et on ne fume pas. Que tu crois... Mais si ils l'avaient surprise à prendre de l'alcool pour filer en douce, les représailles auraient été encore plus dures. Elle n'a pas l'âge d'allé dans un bar, ni à s'acheter de l'alcool, puis à quoi bon... Elle n'était pas d'humeur à boire, ni a faire quoique ce soit si ce n'est errer en ville...

   Errant dans chaque petite rue déserte, Adelheid marchait, tranquillement, cherchant un endroit tranquille, où elle pouvait être sûre que personne ne viendrait. Elle était habillée simplement: un chemisier blanc immaculé à col rond et à manches ballons, et d'une jupe noire remontant jusqu'au ventre et lui arrivant au dessus des genoux (genre ça). Les talons de ses ballerines coquets raisonnaient sur les pavés des rues les plus sombres de Seikusu. Tel un spectre, elle avançait sans savoir où elle se dirigeait, laissant voler ses cheveux blonds presque blancs derrière elle.

   « Le cimetière ». Cette idée jaillit de son esprit avec une telle force que Frig se fit peur toute seule. Le cimetière devait être vide, vers 21h30. Et personne n'aurait idée de venir la chercher ici... Un endroit parfait pour lire et méditer tranquille. Elle poussa la petite grille qui produisit un bruit de grincement fort désagréable lors de sous mouvement, et commença sa petite ronde dans le cimetière. Le vent était plus fort, ici, sûrement parce que ça devait être un endroit plutôt dégagé... Maintenant, il fallait trouver un endroit où s'installer. Plus profond dans le cimetière, il y avait un banc. Parfait. Adelheid se dirigea vers celui-ci et s'y installa, ouvrant l'une de ses œuvres favorite de son poète favoris qui est « Les Fleurs du Mal » de Baudelaire.

Il me semble parfois que mon sang coule à flots,
Ainsi qu'une fontaine aux rythmiques sanglots.
Je l'entends bien qui coule avec un long murmure,
Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure.

   CXIII, La Fontaine de Sang. Elle était tombé dessus totalement par hasard, en ouvrant son livre. Attentive à sa lecture, elle releva brusquement la tête. Un bruit atteint ses oreilles, et elle tourna la tête en vain afin d'en trouver l'origine. Mais sa curiosité la força à se lever et à aller voir l'origine de cet étrange son. Flânant de rangées en rangées, elle observait tout autours d'elle. Ses pieds s'arrêtèrent net et la jeune fille ne compris qu'après son corps qu'elle se trouvait à quelques mètres de quelqu'un. Elle n'était donc pas seule, dans ce cimetière...

       Les serviteurs morts vivants étaient dès plus serviables et dès plus utiles pour un duc vampire et son clan.  Cette main d'œuvre rudimentaire constituait la base de toute armée démoniaque et bien que peu fortes et guère résistantes, elle avait un grand mérite et avantage : se procurer des morts vivants n'étaient pas bien difficiles. Il suffisait juste de posséder quelques cadavres frais, d'écumer les cimetières et les hôpitaux et de connaître quelques bases de nécromancie. Ainsi le duc vampire, Seffer Aelias, qui connaissais la nécromancie, entrait dans le cimetière, en compagnie de quelques vampires-serviteurs, en profitant d'une brèche dans le mur d'enceinte nord. Cet endroit silencieux devaient être vide à une heure pareille, quel mortel oserais se balader dans un tel endroit à une heure pareille ?

Le noble vampire franchisa l'allée principale de ce cimetière, allée pavée bordée par des cyprès et quelques taillis, observant les rangées de tombes et les pierres tombales à la recherche du jeune cadavre enterré depuis peu longtemps. Un cadavre frais avait l'avantage d'être quasiment entier et de faire ainsi un zombie, un squelette faisait un squelette entier et animé, un corps qui avait gardé une partie de son âme faisait une sorte de liche. Les cimetières étaient les lieux parfaits pour se constituer une petite armée de morts vivants. Les gardes du corps surveillaient, cet endroit était aussi un parfait endroit pour tomber dans une embuscade de chasseurs de vampires.

Seffer passa devant maintes tombes et autres pierres tombales plus ou moins monumentales. Un mausolée était non loin de lui, sur le portique de style dorique, on pouvait lire l'épitaphe suivante :

Comtesse Dolingen de Gratz
Elle a cherché et trouvé la mort 
1801

Bah ! Trop vieux ! Cette comtesse aurait fait un pitoyable zombie ou il manquerait des membres...Non, non, elle ne suffirait pas. Mais si un jour, il cherchait une épouse de sang noble, il saurait vers qui revenir et tenterais alors de la ramener à la vie. Une autre pierre tombale, non loin, une tombe assez jeune avec une épitaphe particulière et une croix faite avec un long pieu en fer. On pouvait lire comme épitaphe :

Les morts vont vite.

Cette tombe était jeune, la tombe venait d'être posée, les fleurs n'étant pas fanées et les plaques étant en place. Le duc sentit l'odeur, il sentait l'odeur de la mort mais une petite odeur de vie titillait ses narines. Etait il seul dans ce cimetière ?

Le vampire plongea la main dans une des poches de son pantalon et en sortit une petite amulette, une main en bronze minuscule qui pendait au bout d'une chaine en fer. La main de la gloire...Symbole ésotérique puissant et servant aux rituels de nécromancie, il secoua l'amulette au dessus de la pierre tombale et adressa un ordre à ses serviteurs.

- Celui ci est frais, dégagez la tombe !

Quelques vampires arrivèrent, enlevèrent les fleurs et les plaques, et déplacèrent alors la pierre tombale, soulevant le marbre comme si c'était une plume, posant la pierre un peu plus loin. Sous la tombe, de la terre, le vampire murmura alors une parole sombre, usant du pouvoir de télékenisie et alors le cerceuil en bois remonta à la surface...Les serviteurs cassèrent le bois, dévoilant le corps d'un jeune homme bruns, qui commencait à se décomposer.

- Parfait ! Un bon zombie...

Le duc secoua l'amulette au dessus du corps et commenca alors une incantation, un murmure ancien. Le rite devait remonter aux temps oubliés, des paroles remontant à l'époque du temple de Salomon, paroles magiques des mages et sages d'orient, qui redonnais la vie, ou plutot animer les corps morts. Cela prit quelques secondes et le corps commenca alors à être secouer de gémissements...Le corps s'animait.

- Releve toi, ordonna le vampire.

Et un zombie se leva et quitta la tombe. C'était un bon début. Le vampire allait se pencher sur une autre sépulture mais une odeur arriva jusqu'a ses narines, une odeur de vie...Une femme ! Le vampire n'y pensait pas, il ne pensait pas qu'une mortelle aurait put penetrer dans cet endroit. Il se tourna vers ses serviteurs.

- Nous ne sommes pas seuls, fouillez le cimetiere.

Aussitot dit, les serviteurs partirent fouiller cet endroit. Le duc se dirigea vers un mausolée non loin, une sorte de caveau familial et prononca une invocation...Deux squelettes animés en sortirent.

- Allez ! Fouillez aussi cet endroit !

Le vampire quitta sa rangée de tombes et marchait accompagnées de mort vivant, peut être que cette humaine avait vu l'horrible spectacle. C'était un témoin génant ! C'est alors que l'odeur fut encore plus vive, cette humaine était, en fait, juste sous son nez...Une rangée derrière lui, dissimulée derrière une tombe. Le vampire s'approcha un peu mais pas trop, il pouvait la voir et décidement cette humaine serait une bonne proie...

- Bonsoir Mademoiselle, vous pouvez sortir de votre cachette, je vous prie. J'espere que vous avez appréciez le spectacle...Ce n'est pas tous les jours qu'on voie une invocation de mort vivant.

Pour l'instant, il était seul avec elle, il avait laissé le zombie un peu plus loin en arrière, quelques vampires fouillaient le nord et le sud du cimetière. Les deux squelettes l'est...Avait elle tout vu ? Allait t'elle s'enfuir ? Il allait le savoir maintenant...

   Si le cerveau de la jeune fille se trouvait dans ses pieds, elle se serait déjà enfuie depuis... longtemps? Maintenant, Adelheid regrettait presque d'être venue ici. Pourquoi fallait-il qu'elle se fasse surprendre, à cause de sa curiosité? Elle se frappait intérieurement pour sa sottise. Comment peut-on faire pour être aussi stupide... Il suffit d'être un être humain, voilà tout. Mais là, la situation devenait critique. Elle allait s'attirer des ennuis, c'était sûr. Sa peur se retranscrivait sur son visage, ses yeux, ses mouvements... Tout la trahissait, elle était angoissée rien qu'en pensant à ce qui allait se passer. Sa peau blanche blêmit encore plus (comme si c'était possible) lorsqu'un homme l'interrogea sur ses intentions.

   Frig tourna sa tête vers lui. Que répondre à de telles accusations? La jeune nordique était juste là où il ne fallait pas au  mauvais moment, c'est tout...

- J-je ne comprends p-pas de qu-quoi vous parlez...

   Balbutia-t-elle. Sans mentir, pour une fois.

- Je cherchais s-seulement un endroit c-calme, c'est... c'est tout...

   Le doute s'empara d'elle. Devait-elle partir, ou attendre une réponse?

- Je... v-vais partir, m-maintenant...

   Sur ce, elle se retourna, toute tremblante. Avant qu'elle puisse faire un pas, la réalité la percuta à toute vitesse. Mais bon Dieu, qu'est-ce que quelqu'un vient faire ici?! On pourrait poser la même question au sujet de Frig, mais elle savait déjà la réponse. Là, elle était au bord de la crise d'angoisse, et cela se voyait dans ses petits pas maladroits et tremblant. Elle avait un pré-sentiment, un très mauvais pré-sentiment.

         La présence de cette humaine était plus que dérangeante, encombrante et gênante pour le duc et leader du clan vampire Aundae...Cette femme à la peau pâle avait surement vus tous le rite, elle avait surement vu l'invocation d'un mort vivant, les autres vampires et les squelettes animés. Bien sur, cette humaine ignorait surement tout de la nature vampirique de ces hommes qui se baladaient dans le cimetière, peut être les prendraient elle pour une secte de mage noir et nécromanciens ? Mais, malgré tout cela, malgré le fait qu'elle était dès plus craquante, dès plus charmante, elle était maintenant un témoin gênant et le duc se devait de préserver son clan. Si un chasseur de vampire apprenait cette petite expédition vampirique dans un cimetière alors les choses évolueraient mal pour Seffer Aelias et les siens. En tant que chef de son clan, il ne pouvait pas se le permettre.

- J-je ne comprends p-pas de qu-quoi vous parlez...

La jeune femme était égarée et ne savait pas quoi répondre. Après tout, c'était un peu normal, que répondre à un être qui vient, devant vous, d'invoquer des morts vivants ? Le duc en profita et se dirigea vers la proie. Une idée venait de traverser son esprit...Pourquoi ne pas profiter un peu de ce témoin gênant ? Il pouvait bien s'amuser un peu et après, il l'éliminerai. Une pierre, deux coups, comme disait le dicton. Aelias franchis une rangée de tombes qui le séparait de la  jeune femme mais celle ci, avait déjà commencer à reculer.

- Je cherchais s-seulement un endroit c-calme, c'est... c'est tout...

Instinctivement, le vampire répondit.

- Je ne peut que vous comprendre, moi meme, j'apprécie les endroits calmes et silencieux...Mais vous êtes juste tombé au mauvais endroit, au mauvais moment...

- Je... v-vais partir, m-maintenant...

Sur ce, elle se retourna et se préparait surement à fuir. Le vampire sortit, de nouveau l'amulette et prononça alors une formule invocatoire. Cela ne lui prit quelques secondes tellement il était habitué à invoquer des serviteurs morts vivants. Un squelette émergea alors devant la jeune femme...Seffer ne désirait pas qu'elle parte...pas maintenant en tout cas.

- Mais non, non, restez maintenant...Nous pourrions discuter et faire plus amples connaissances.

Le vampire s'approcha alors un peu plus de la jeune femme.

- Cela me vexerait beaucoup que vous partiez maintenant. En plus, mes "amis" gardent l'entrée et eux, ils ne seraient pas dès plus doux avec vous. Je me le pardonnerais pas, si il vous arriverait un malheur...Et le serviteur qui est devant vous n'a pas l'intention de vous laissez passer, les morts ne sont pas très obeissants.

C'était mort. Elle était dans un sacré pétrin et elle ne pourrait pas s'en sortir. Et si c'était un rêve, enfin... un cauchemars? Eh bien non, il faut que ça soit la réalité... la triste et dure réalité... Et Frig allait être victime de la mauvaise fortune, elle en était persuadée, même si une petite partie d'elle refusait de l'admettre. « Il y a TOUJOURS une chance! ». Et un petit conflit intérieur éclata entre une partie optimiste et une partie pessimiste d'elle même. N'empêche, la situation était critique.

   La voix de cet homme lui glaça le sang. Une voix si attirante, mais en même temps si... froide, si distante... Ces propos n'étaient pas une invitation. Ils étaient un ordre. Et Adelheid n'en réchapperais pas. Elle avait peur, et c'était voyant comme une tache d'encre sur du papier. Elle tremblait comme une feuille, et encore, ce n'était pas fini... Un squelette apparut en face d'elle et elle dut se retenir de hurler. Mais de toute façon, la panique l'étranglait et empêchant tout son de sortir se sa bouche. Et si elle se mettait à crier, il y aurait de sévères représailles, et peut-être que son « nouvel ami » ne serait pas très content... Par peur, elle recula de quelques pas, et finit par se retourner vers son interlocuteur, qui lui aussi s'était rapproché. Ils étaient maintenant tout proche.

   Y'a des fois où on se dit « J'aurais mieux fait de ne pas me lever ce matin. » C'était presque pareil pour Frig, sauf que l'on aurait du rebaptiser cette citation en « J'aurais mieux fait de rester chez moi ce soir. ». Elle s'en voulait presque à mort d'être partie de chez elle. Maintenant, elle se retrouvait au milieu d'une scène surnaturelle en compagnie d'étranges personnages n'étant pas prêts à la laisser partir...

- D'accord, j-je reste...

   Cette phrase sortie toute seule de la bouche de la jeune nordique. Elle avait beaucoup trop peur pour tenter de s'échapper, mais pas assez pour s'évanouir. Ce qu'elle trouva dommage... Elle se serait effondrée, et elle n'aurait aucun souvenirs de ce qui s'est passé et de ce qui se passera. Quelqu'un l'aurait retrouvé au petit matin, puis tout reprendrait son cours habituel, enfin presque, mais ça finirait peut-être « bien », au final.

- Qu-que... que voulez-v-vous...?

   Ce soir, tu aurais mieux fait des rester chez toi...

        Décidément, cette soirée était dès plus particulière pour le duc et leader d'un clan de vampire, il ne devait se contenter de quelques invocations de nouveaux serviteurs et désormais, il se retrouvait avec une humaine sur les bras...Humaine dès plus charmante d'ailleurs. Une soirée qui aurait dut être asses simple, on entre dans le cimetière, on profane quelques sépultures, on invoques quelques morts vivants et on repart au château avant le lever du soleil pour se coucher dans son cercueil. Planning simple, dérangé par une humaine trop curieuse...Elle aurait bien put choisir un autre endroit quand même pour méditer, pourquoi un cimetière ? Le vampire soupira...Tout aurait put se passer autrement. Pauvre mortelle ! Mais bon, la situation avait un peu du bon, il pourrait profiter de la situation et de cette humaine.

L'innocente avait eut le temps de réfléchir et il fallait avouer que la présence d'un serviteur squelette juste devant elle, ne pouvait que la convaincre de rester. Et en plus, même si elle s'était enfui à toute jambe, elle ne serait pas aller bien loin dans cet endroit de mort, surtout quand une multitude de vampires parcouraient les rangées et gardaient les issues.

- D'accord, j-je reste

Seffer Aelias sourit et s'avança doucement vers cette pauvre humaine, totalement égarée dans une scène surnaturelle et ubuesque. La pauvre ne devait pas s'attendre à tomber sur un nécromancien en pleine nuit ? Et surtout, elle ne connaissait pas encore la vraie nature du duc..

- Vous m'en voyez ravi, Mademoiselle. Il n'est pas vraiment prudent de quitter cet endroit...Alors que ma compagnie est dès plus agréable.

- Qu-que... que voulez-v-vous...?

Le démon de la nuit s'avança alors plus près encore de cette humaine, il était maintenant juste devant elle et un court espace les séparaient, le duc pouvait même la toucher. Aelias leva délicatement son bras gauche pour effleurer la joue blanche et pale de la jeune femme. Elle ne pouvait qu'avoir froid dans une tenue pareille, le démon, faisant semblant d'être un peu gentil, se défit de sa cape et la tendit à la jeune femme.

- Tenez, vous risquez de tomber malade. Mais, je ne veux rien, Demoiselle...je veux que votre bien, comprenez qu'espionner est une vilaine chose et le spectacle auquel vous avez assisté est assez horrible, non ?

Le vampire s'avanca encore plus, il n'y avait plus d'espace entre eux et le vampire était maintenant contre la jeune femme, son regard plongeait dans celui de sa future victime.

- Mais dites moi...Que suis je pour vous ? Un gourou d'une secte ? Un mage noir puissant qui invoque des morts ? Avez vous seulement une petite idée de ma nature ?

   En fait le cimetière, c'était pas tellement une bonne idée... Il y a toujours des personnes « étranges » à l'intérieur de ceux-ci, surtout quand on s'y attend le moins... Frig était tétanisée, son corps refusait de lui obéir. Elle ne pouvait plus bouger, et elle aurait tout donner pour mourir à la seconde suivante. Cette étrange personne s'approchait d'elle, et elle ne pouvait rien y faire. Elle aperçut son visage plus pâle que la normal, et dans cette région ici, ce n'est pas normal. Ce n'est pas normal. Rien n'est normal, de toute façon, la jeune nordique en avait le cœur net. Elle sentit la main de l'inconnu effleurer sa joue et elle fut parcouru d'un frisson. Il lui tendit sa cape d'un geste qui pouvait sembler amical (et qui le semblait vraiment pour Frig) et elle la mit sur ses épaules. Peut-être qu'il ne voulait rien de mal, après tout... Mais lorsqu'il ouvrit sa bouche pour parler, cet être lui semblait un peu moins sympathique...

- Je... je n'espionnais pas!

   Elle aurait beau se justifier, Adelheid était sûre qu'il ne la croirait jamais. Pourquoi a-t-il fallut qu'elle se lève pour voir l'origine de ce bruit... Maintenant, elle se retrouvait à une distance insignifiante de cet homme. Il la regardait dans ses yeux, et elle ne peut s'empêcher de faire la même chose. Ses yeux azurs n'avaient rien d'humain, elle en était persuadée. Lui, tout ce qu'il pouvait voir, c'était ses yeux noirs embués. La jeune fille était à la limite de tomber en pleurs, mais elle se retenait. Ce la, en plus d'être embarrassant, aurait sûrement attiré l'attention des autres personnes qui peuplent ce cimetière.

   Aux nouvelles questions de son interlocuteur, elle se demandait vraiment à quoi penser. Que faire, que dire, que penser, se réveiller... Qu'était-il... qu'est-ce qu'il faisait ici... Que répondre?! Un autre conflit intérieur éclata en elle. Autant dire la vérité, mentir ne ferait qu'aggraver la situation.

- V-vous... vous êtes...

   Sa peur l'empêcha de réfléchir normalement. Mais elle du se retenir afin de ne pas l'insulter ni de jurer dans sa langue natale. « Fy fæn... FY FÆN! Misfoster! » Mais bon, dans un moment pareil, ça ne servait à rien, plus à s'attirer des ennuis...

- Je... je ne sais pas...

   Elle secoua la tête de droite à gauche afin d'appuyer son ignorance.

- L-laissez-m-moi p-partir... s'il vous plait... J-je ne dirais r-rien!

   Adelheid était à la limite d'implorer cet homme. Elle a horreur des surplus d'émotions, et là c'en était trop pour elle.

          La situation était dès plus cocasse et dès plus fantasque. Un cimetière avec ses tombes et ses mausolées, la nuit noire et la pleine lune, des serviteurs morts-vivants, des gardes du corps, un méchant duc vampirique et une humaine à la beauté flagrante...On se serait crut dans une série américaine pitoyable, sauf qu'à la différence de cette série, il n'y avait pas de tueuse de vampire à la blondeur écarlate et à la forte poitrine. Ce n'était qu'une mortelle sans défense, à la pâleur nordique et aux prunelles noires embuées de larmes. Au moins, elle ne risquait pas de faire du mal à Seffer Aelias, elle ne l'attaquerais pas avec un pieu et de toute façon, le duc ne craignait rien. Dans un sens, ce coté inoffensif de cette curieuse faisait qu'il s'était permis de lui tendre sa cape, un geste de pitié envers un oisillon tombé du nid.

- Je... je n'espionnais pas!

L'humaine n'espionnait pas ! Le vampire sourit puis émit un petit rire sarcastique. Bien sur qu'elle l'avait vu, elle avait vu un vampire en flagrant délit, en train de faire un rituel de nécromancie. Le duc savait même qu'elle avait du deviner sa véritable nature. Cette pauvre humaine se doutait juste qu'elle finirai en cadavre, puis en serviteur mort vivant, si elle disait la vérité. Maline ? Non, elle tentait juste de gagner un peu de temps...Le vampire s'approcha encore un peu et regarda sa proie dans les yeux. Décidement, elle était dès plus charmante.

- Vraiment ?

Dit il, avec une teinte d'ironie dans la voix.

- Pourquoi vous cachez alors ?

Il s'approcha de sa proie et écouta ses paroles. Le vampire se moquait éperdument de son discours, de ses larmes et de ses supplications. Il était un suceur de sang et nécromancien par la même occasion, pas un chevalier servant.

- V-vous... vous êtes...

Le vampire émit un petit rire, un rire plus fort tandis que la jeune femme lui sortait un " Je ne sais pas ". Mais si elle savait ! Elle ne pouvait pas l'ignorer...Le vampire devrais peut être lui montrer.

- L-laissez-m-moi p-partir... s'il vous plait... J-je ne dirais r-rien!

Le vampire s'approcha plus, enserra la taille de la jeune femme et l'approcha violemment contre lui, sa poitrine contre son torse. Sa main caressa la joue froide de la mortelle, passa dans son cou, effleura ses cheveux et les saisit fermement. Seffer Aelias tira la tête de la jeune femme en arrière, plongeant son regard dans le sien. Il sourit, dévoilant ses canines de vampire aussi. Ainsi, la jeune femme ne pouvait plus faire semblant d'ignorer le coté vampire du duc.

- Pourquoi vous laisserais je partir ? Donnez moi une raison de vous faire confiance, humaine ? Je n'ai aucune garantie sur votre silence...

Dit il tandis que son autre main caressait la joue de la jeune femme.

   Horreur et damnation... Toute once d'espoir s'était échappée. Ou alors c'était un cauchemar, un cauchemar plutôt réaliste, enfin... très réaliste. Frig se demandait si elle se réveillerait dans son lit, ou bien si elle se réveillerait tout court. Toute fuite était impossible. Elle baissa le regard, niant sa situation actuelle. Mais l'homme se rapprochait de plus en plus... allant jusqu'à lui demander pourquoi elle se cachait. Elle était de bonne foi, elle faisait tout pour qu'il la croit, mais ces efforts en vain la menaient plus à sa perte qu'autre chose. Sous le poids de ses mots froids et de son rire glacial, la jeune nordique finit par détourner le regard.

   Lorsque qu'il la plaqua contre lui, sa surprise lui fit couper son souffle. Adelheid se trouvait maintenant contre lui, dans une position de faiblesse. Ses tremblements s'interrompirent et en contrepartie son corps se crispa de peur. Persuadée qu'il ne pouvait pas y avoir de plus proches contacts, elle baissa les yeux afin de ne pas voir son visage. Mais cette trêve fut de courte durée. En effet cet homme osa lui tirer la tête en arrière en utilisant ses cheveux. Si c'était un simple humain, il se serait reçu une mandale monumentale, mais ici il ne valait mieux pas prendre le risque. Cet personne n'était pas humaine et là les indices étaient assez clairs. La jeune fille aperçut deux canines plus marquées que la normal. Alors il était... un vampire...?

   Adelheid n'avait lu ce genre de choses que dans des livres. Des livres bien connus de tous, écrits par des auteurs tels que Stocker, Le Fanu, Shelley... Et d'après ce qu'elle avait appris par le biais de ces œuvres, ces problèmes n'avaient fait que commencer. Elle deviendrait un jouet pour cet homme, et ce pour l'éternité, et dans la douleur la plus atroce. Elle savait aussi qu'il ne fallait pas chercher un vampire, à moins de vouloir souffrir, évidemment.

   Pourtant, Frig aimait ce genre d'histoire et éprouvait une certaine sympathie (voir attirance) envers ces protagonistes vampiriques, mais seulement sur papier... En réalité, c'était beaucoup plus effrayant en vrai, mais le fait qu'elle soit confronté à un enfant de la nuit attisa sa curiosité. Une expérience unique, un peu comme la Mort. Elle était en face de la mort elle-même...

   Leurs regards se croisaient, mais Frig n'arrivait pas à lire son expression. Emprisonnée, elle ne pouvait rien faire, juste attendre patiemment que son heure vienne. Énerver un vampire n'avait rien de bon.

- Je ne veux du mal à personne... et je me fiche de vos affaires...

   Son inquiétude reprit le dessus, attendant la réaction de cet homme avec appréhension, murmurant « Vår Gud er med oss, og hans makt er stor... », sait-on jamais, peut-être qu'un être de la nuit craint ce genre de prière. Mais la situation était trop critique, ses larmes commencèrent à rouler sur sa peau blanche.