Surprise ! [ Pv ]

Les journées étaient affreuses, c’était habituel désormais. Il faisait si froid que les doigts de la jeune fille devenaient blancs et semblaient agonisants. Et pourtant, même si elle n’aimait point la neige, elle se plaisait à admirer le paysage, de la fenêtre de sa salle de cours. En cet instant précis, dans cette classe surchauffée, elle ne souhaitait que vagabonder dehors, et se nourrir de cette fraîcheur et de ce froid assassin. Elle continua doucement de regarder la neige tomber, avec une certaine grâce, tandis que sa professeur d’anglais tentait tant bien que mal de leur inculquer ce qu’était les verbes irréguliers, et qui ils étaient. Elles devaient toutes les connaître sur le bout des doigts. Ludmilla fit aller les siens sur la table, dans un rythme calme, ignorant ce qu’osait dire cette femme. Ici, il n’y avait que des femmes, et des filles. On parlait de l’homme comme d’un des pires démons de la création. Assoiffés de violence et de sexe, il était caricaturé à l’extrême, et tout le monde s’en méfiait. Ludmilla était la seule, sans doute, à s’en moquer prodigieusement. Elle conservait un intérêt violent pour tout ce qui concernait les choses étranges, répudiées et effrayantes.

Dehors, la neige tombait plus violemment, et l’envie de courir monta en elle. Elle se leva prestement,  calant sa main contre son ventre, regardant la professeur avec un air rempli de douleur. Absorbée par son cours, celle-ci accepta que la jeune fille sorte un peu pour aller se rafraîchir, et aussitôt, Ludmilla se retrouva dans le couloir, à enfiler par-dessus sa tenue d’écolière modèle un grand manteau noir. Elle enfila prestement sa longue écharpe en mailles épaisses, son gros bonnet, réajusta sa queue de cheval et s’enfuit dans la rue, évitant soigneusement la fenêtre de sa classe. Elle savoura alors le spectacle, se moquant du froid qui s’insinuait contre ses jambes fines, où de longues chaussettes noires se tenaient sagement. Ses ballerines vernies tambourinaient la neige, et sa jupe noire et blanche, au motif quelque peu psychédélique – elle n’aimait point le motif écossais habituel – volait à chacun de ses sauts. Elle avait certes froid avec sa chemise d’un blanc éclatant et son veston d’un noir profond, mais l’agitation et l’excitation la réchauffait. Aussitôt, la jeune fille se permit de courir un peu n’importe où, même dans les ruelles sombres, toujours souriante, et quand elle reçut ce fichu coup sur la tête, elle ne comprit pas ce qu’il lui arrivait. Arrivé comme ça, de but en blanc, elle resta surprise et s’écroula dans la neige, inerte.



Inertie qui disparut ensuite. Les paupières lourdes de Ludmilla daignèrent enfin se lever. Elle ne se souvenait que du noir et de la neige. Elle sentait que sa queue de cheval, même si elle était encore attachée, avait laissée des mèches tomber sur ses épaules. Rapidement, elle analysa les lieux, avec un regard neutre et une certaine fatigue. Et retint un cri. Un minuscule cri, qui mourut dans les tréfonds de sa gorge. Aussitôt, tout bascula. Les souvenirs remontèrent à la surface. Elle regarda, affolée, autour d’elle, cherchant où elle pouvait bien être. Et quand elle comprit qu’elle ne savait pas où elle se trouvait, elle sentit un malaise, une peur, l’envahir. Elle n’osait même pas demander s’il y avait quelqu’un, apeurée et tremblotante. Elle regarda sa tenue – toujours présente, dieu merci – et quand elle voulut porter ses mains à son front pour remettre en place son bonnet décidément trop grand, elle remarqua qu’un de ses poignets était habillé d’un peu élégant bracelet de métal, relié on se sait où. Elle paniqua aussitôt, cherchant autour d’elle, frénétiquement, une issue, mais le silence, plus assassin que les pires paroles, régnait autour d’elle. Elle renifla, relevant tout de même son bonnet, tandis qu’elle sentait le sol qui lui refroidissait les jambes.

Par souci d’esthétique, elle remit en place ses chaussettes qui étaient mal mise.

 « Mon ami,
Soyez le bienvenu dans la cité état du Nexus. Je vous attends avec impatience. Dormez bien cette nuit. La diligence viendra vous chercher tôt dans la matinée ; votre place est retenue. Ma seconde voiture, vous attendra au col de Borgo...Vous comprendrez aisément que notre rencontre doit demeurer secrète...si les autres clans apprenaient qu'un être de votre nature était dans mon château, alors les représailles seraient dès plus affreuses. Soyez surs que je vous ai préparer un met de choix pour notre première rencontre...»

- Votre seigneurie...

La scène se déroulait dans la bibliothèque du château gothique du clan vampire Aundae. Le nouveau dirigeant du clan, assis près d'un bureau en bois sombre d'acajou, écrivait une missive urgente tandis qu'un messager attendait non loin de lui. Les guerres entre clan vampire étaient dès plus rudes et les soutiens manquaient au duc Aelias. Dans le plus grand secret, il avait contacté un ancien vampire important, un ancien seigneur détroné avec l'espoir qu'il lui donne son soutien. Bien entendu, toute cette petite manigance devait demeurer secrete, aucune fuites ne devaient être faites et les adversaires du clan Aundae aussi bien vampires que chasseurs de vampires ne devaient pas être au courant de cette entrevue. Evidement, les règles diplomatiques étaient pointilleuses, cette rencontre devait être parfaite et une proie serait fournie au seigneur vampire, une proie de choix que le duc avait fait venir de la cité état du nexus.

Le duc vampire cessa d'écrire, la lettre était terminée, il plia délicatement le papier et le mit dans une enveloppe. Prenant un sceau, le suceur de sang mit alors un cachet en cire pour fermer l'enveloppe, sceau en cire avec les armoiries du clan Aundae et la tendit au messager.

- Tenez, vous savez à qui vous devez l'amener...Autant vous dire, tout de suite, qu'aucun echec ne seras toléré. Partez maintenant, la nuit sera d'une aide précieuse.

Le messager s'inclina puis quitta la pièce tandis qu'un vampire plus agé, un homme au crane dégarni, avec une paire de lunettes et un regard fatigué emergea...Le chambellan Ocato, celui qui organisait toute la vie du chateau. Un vieux vampire décadent mais au combien utile.

- Seigneurie, elle est là, dans la cave.

- Bien, vous pouvez disposez Ocato.

Le chambellan disparut à son tour. Pour que la négociation se passe bien, le duc se devait de fournir une proie interessante au seigneur vampire qui arriverait demain. Seffer Aelias avait alors charge quelques sbires de trouver une femme dès plus charmante et de la ramener intacte au chateau.

Aelias se leva et quitta la bibliothèque. Le duc désirait voir cette proie, voir si elle conviendrait pour les négociations. Il descendit les marches du chateau et franchissait les différents étages avant d'arriver aux sous sols, aux caves, qui servaient de garde manger pour les membres du clan.

Il poussa la porte de bois et descendit les quelques marches restantes menant à la cave. C'était une grande pièce aux murs en pierre grise, au sol dallé et au toit vouté. Une pièce aussi silencieuse qu'un tombeau, ce qui était pratique, la cave servant parfois de caveau pour quelques vampires épuisés. La pièce n'avait que pour seule source de lumière, des torches sur le mur et une fine entrée de lumière assuré par une petite fenêtre inaccessible et avec des barreaux. Le seul mobilier présent était quelques caisses et tonneaux de provisions et un lit en fer, une table de torture plutôt.

La prisonnière était au centre de la pièce, maintenu en captivité par une chaine en métal rouillé. Décidément, ses sbires savaient obéir...Ils n'avaient pas touche à la jeune femme, elle était intact et ses vêtements étaient en états, aucun bas ni hauts demeuraient sur le sol...Preuve que les sujets du duc n'avaient pas abusé de la jeune femme. Cette proie était délicieuse, une peau pale, des cheveux longs bruns se terminant par une queue de cheval et un regard fascinant. Elle serait un beau cadeau pour le vieux seigneur vampire qui arriverait dans la semaine...Un beau cadeau pour une alliance.

Seffer Aelias demeurait dans l'ombre, son visage caché par les ombres et l'obscurité puis s'avanca doucement en direction de cette femme, de ce gibier apeuré qui cherchait frénétiquement et en vain, une issue.

- Madame, soyez la bienvenue dans mon humble demeure. Entrez de votre plein gré et laissez un peu de votre bonheur sur le seuil...Même si dans votre cas, le seuil est déjà passé depuis bien longtemps.

Il emergea alors, dévoilant son visage sans sourire pour autant. L'humaine n'avait pas besoin de connaitre sa vraie nature. Elle était destinée à ne pas durer longtemps, quelques jours de vie tout au plus alors intuile de jouer avec la nourriture.

- Veuillez epargner la brutalité de mes sbires, je ne leur avais pas demandé de vous faire du mal...Au moins, ils n'ont pas abusé de votre si joli corps. J'espere que vous vous plairez dans les murs de mon humble chateau.

Agitée, Ludmilla se retourna, fixant l’inconnu avec un regard ébahie. Elle ne l’avait pas entendue entrer, était-il là depuis longtemps ? La peur, lente, se colla aux muscles de la jeune fille tandis qu’elle dévisageait le vampire. D’un geste vif, elle tira sur son bonnet, l’ôtant afin qu’il ne l’empêche pas de voir l’être. Elle dévoila ainsi sa cascade de cheveux noirs, comme s’il avaient trempés dans l’encre des nuits entières juqu’à s’en imprégner. Elle sentait son souffle devenir violent, tellement l’angoisse occupait son esprit, non désireuse d’ailleurs de quitter les lieux. Elle ne cessait de regarder l’homme, étrange, avec toujours les mêmes yeux. Des yeux brillants de peur, un regard tellement affolé qu’il aurait pû donner pitié à n’importe quel être humain normalement constitué. Que lui voulait-il ? Que faisait-elle là ? Des tas de questions venaient tambouriner en elle, mais elle s’efforçait de les ignorer, pour ne pas se faire de scénarios catastrophes.

Mais elle n’y tenait plus, il fallait l’avouer. Alors, doucement, d’une voix claire qui convient bien aux adolescentes, elle piocha au hasard une des questions qui volaient dans ses esprits.

-   Que me voulez-vous ?

Elle le regardait toujours, n’osant plus bouger. Elle attendait bien évidemment une réponse, et digne de ce nom. Puis elle baissa finalement les yeux, lasse de regarder cet homme. Elle sentit soudain le poids de ses vêtements sur son corps, alourdi par l’humidité et la moiteur de cette salle. Dehors, ces vêtements lui tenaient chauds, ici, ils l’encombraient. Elle regarda alors ses pieds, ses ballerines quelques peux abîmées par cette agitation, et brusquement, prise d’un excès de peur, en enleva une pour l’envoyer contre le vampire. Ce fut vite fait : sa main glissa, ôta la chaussure, et elle ne prit même pas le peine de réagir davantage. En bref, son seul but était de viser cet inconnu qui ne lui voulait pas que du bien, elle le devinait aisément. Une fois son méfait accompli, elle lui jeta un regard où la rage et la crainte se mélangeaient avec pertes et fracas, tandis que l’ombre de la frayeur se dessinait sur son visage. Elle ne voulait pas entendre parler d'instinct de conservation, il s'agissait juste d'une réaction comme une autre, afin de rester en vie.

Elle avait peur. De la cave, de l'inconnu, de son avenir. Juste peur.

      Agitée, troublée, cherchant frénétiquement une issue, désirant s'enfuir par tous les moyens...Cette jeune femme ressemblais désormais beaucoup à un gibier lors d'une partie de chasse à cours, un gibier traqué par les chiens ou piégé qui se débattait avant de connaître la mort.  Le duc vampire, Seffer Aelias, connaissais ces sentiments, il les avaient observé chez beaucoup d'humaines qu'il avait emmené et enfermé dans ce château, dans cette cave, au même endroit que la jeune femme. Cependant,  elle pouvait toujours se débattre, elle ne ferais que se fatiguer vainement et elle risquait de se faire du mal, ce qui n'était pas très bon pour elle.  Aucune issue pour l'instant n'était possible pour cette proie. La fenêtre était inaccessible et dotée de  barreaux et de toute façon, elle était trop haute. La seule porte présente était fermée à clef et des vampires demeuraient présents dans les corridors interminables de ce château. Fuir était donc une solution vaine...

Le vampire s'approcha pour mieux voir cette jeune femme, qui s'était maintenant défait de cette horrible bonnet pour dévoiler une splendide coupe de cheveux, des cheveux bruns aussi noir que l'encre avec laquelle, il avait écris la lettre dans la bibliothèque pour son invité de la semaine prochaine...Si cette alliance n'était pas importante, si seulement..Alors, il aurait bien put garder cette proie pour lui. Lui qui considérait les humaines comme inférieure ne pouvait qu'admettre que cette femme lui plaisait.

- Que me voulez-vous ?

Seffer Aelias ricanna.

- Mais moi, rien...Hélas pour vous, vous êtes doté d'une certaine beauté...une beauté fatale...pour vous. Savez vous seulement ou vous êtes ? et qui je suis ? en avez vous seulement une idée ? Je ne pense pas.

Il marqua une pause.

- Et dans un sens, il vaut mieux pour vous que vous ne le sachiez pas.

La chaussure de la jeune femme vola a travers la pièce, se dirigeant rapidement vers le visage du duc vampire. Ce dernier prit la chaussure en pleine face, le talon lui fit une égratignures sur la joue gauche et une goutte de sang perla puis tomba sur le sol dallé. Comment osait elle, cette humaine ? Comment osait elle le blesser ? Si elle n'était pas prévu sur le menu de la semaine prochaine, il lui aurais fait payer cette acte ? Mais pourquoi ne pas lui faire payer, le seigneur n'en saurait rien...

- Comment osez vous, simple humaine...Croyez vous seulement que c'est cette chaussure qui fera que je vous libererais. Je pourrais, vous faire tellement de chose. Mais sachez juste que vous êtes mon invité, même si vous ignorez pourquoi.

Il marqua une autre pause et passa son doigt sur sa joue gauche, elle l'avait bien blessé. Le vampire s'approcha alors.

- Et que vous resterez dans cette cave pendant plusieurs jours alors ne vous epuisez pas trop, et surtout, ne tentez pas de fuir. Peut être que je pourrais faire de votre sejour, un sejour plus agréable. Désirez vous quelques choses, des vetements propres par exemple...Ces frippes ne vous vont guère.

La jeune fille continuait de le regarder, avec toujours ce regard affolé. Que sous-entendait-il ? Qu’est ce qu’elle devait ne pas savoir ? Etait-elle au centre d’une immense mascarade, ou enfermée dans une antre sectaire ? Les questions fusèrent, comme ceux qui naissent dans l’esprit d’une enfant curieuse. Sauf qu’ici, Ludmilla n’était pas atteinte d’une curiosité innocente. Elle avait toutes les raisons de craindre ce qu’il pouvait lui arriver, et de craindre même cette personne, ces lieux. Elle l’écouta avec un visage toujours aussi empreint de sentiments humains et angoissés, sans pour autant lui lancer la seconde chaussure dans le visage. Et surtout sans lui répondre. Elle se contentait de lui jeter quelques regards, mais son regard essayait de deviner à quoi ressemblait cette pièce si obscure. Elle ne voulait même plus tenter d’imaginer ce qu’elle subirait, tellement cette perspective l’effrayait. Mais quand il acheva sa phrase, elle ne put s’empêcher de ressentir un peu de sympathie.

Ainsi, elle leva doucement son visage vers celui du vampire, sans pour autant afficher un grand sourire.

-   Je suis obligée de rester … ici ? demanda t’elle.

Puis elle réalisa sa bêtise. Elle n’était pas en camp de vacances, tout de même ! Il en allait de sa vie, de sa survie !  Elle n’était pas en ces lieux pour vagabonder et s’amuser impunément ! Elle sentit son cœur battre violemment dans sa poitrine, tandis qu’elle portait sa main non entravée à son cœur, lui ordonnant intérieurement de cesser de battre frénétiquement. Des frissons, de froid et de peur, parcouraient son corps, et la théorie du suicide effleura son esprit. En bonne adolescente compliquée, elle ne cessait de penser, une bien fâcheuse habitude.  La jeune fille releva les yeux vers l’inconnu, cette fois en affichant un regard noir.

-   Je ne vous servirai pas ! Je préfère mourir ! tonna t’elle.

Décidément, elle allait passer pour une schizophrène, à alterner colère et tristesse ainsi. Elle remit une de ses mèches en place, tremblante comme jamais, tandis que les questions assaillaient son esprit, menaçantes.

           Décidément, cette humaine était dès plus intéressante. Il l'avait fait enlevé par quelques sbires bien obéissant pour la donner comme cadeau ou nourriture à un vieux seigneur vampire, il désirait acheter son soutien par le don d'une victime innocente et si jolie.  Ces hommes avaient fait le bon choix, cette femme serait parfaite et conviendrait a ce futur allié. Elle convenait...Elle convenait trop bien. En effet, le duc vampirique l'aurait bien gardé pour lui, pour son usage personnel cette petite humaine. Et alors, il se surprit à imaginer des petites idées perverses en compagnie de cette mortelle...Quel pensée ! C'était un cadeau pour le bien du clan dont il était le chef ! Le clan passait avant tout, avant son plaisir personnel, surtout que ce n'était qu'une humaine ! Il n'allait pas se salir en accordant un peu de pitié à cette femelle !

Elle le regarda, redressant la tête et quittant son aspect de victime. Dans un sens, c'était bien. Le noble voulait servir une proie en bonne santé et belle pour qu'il soit un peu plus a l'aise dans les négociation. Un bon cadeau fait toujours plaisirs et ouvre l'esprit et surtout, cela faisait partie des règles diplomatiques entre vampire. Mais cette femme avait du caractère et elle ne désirait pas rester ici, cela se voyait, elle chercherais à s'enfuir. Et cela serait plus idiot qu'elle parvienne à s'évader la veille de la visite du seigneur vampire ! Il faudrait alors que le duc fasse lui même le boulot et qu'il trouve lui même une proie intéressante pour le seigneur ! Non, non, elle ne quitterait pas cette cave et il veillerait dessus.

- Je suis obligée de rester … ici ? demanda t’elle.

Le vampire s'apprêtait à répondre et d'un coup, subitement, elle passait de la douceur à la violence. Surement pour montrer au vampire qu'elle ne se laisserai pas faire.

- Je ne vous servirai pas ! Je préfère mourir ! tonna t’elle.

Seffer Aelias était agacé par le comportement de cette proie et une leçon de bonne conduite s'imposait. Il s'approcha rapidement de la jeune femme, saisit ses longs cheveux noirs et tira sa tête en arrière. Approchant ensuite son visage du sien, plongeant son regard dans les siens, si il l'aurait voulu il aurait même put lui voler un baiser, il lui dit :

- Je vous aurais bien amené dans un endroit plus confortable pour que vous puissez passez un sejour plus agréable...Mais je n'amenerai pas une personne aussi mal éduquée que vous dans ma chambre, humaine !

Il radoucit un peu sa voix.

- Comprenez que je décide, que je donnes les ordres et je ne vous demande pas de me servir...pas pour l'instant. Cependant, sachez que vous n'etes pas en position de force...Alors mesurez vos paroles !

Il lacha alors les cheveux de l'humaine et s'eloigna un peu, elle allait peut être lui lancer sa deuxieme chaussure.

- Vous resterez ici tant que vous ne serez pas capable de vous comportez correctement. Et ne vous inquietez pas, la mort arrivera...

-   Mais je ne veux pas mourir !

Les mots, violents, se heurtèrent au mur, feignant de les écorchés. En prononçant cette phrase, Ludmilla s’était penchée en avant, les larmes naissant au coin de ses yeux. Une voix outrée, apeurée, alarmée, avec les sanglots qui tapissaient le ton. Elle regardait le vampire, maintenant, respirant à pleines bouffées, comme si elle venait de se prendre un coup monumental dans le ventre, comme si ses poumons la trahissaient. Elle avait la sensation, que des ronces naissaient en elle et entouraient chacun de ses organes, malmenant son cœur au point que le laisser battre lui était presque fatal. Elle gardait une attitude d’adolescente basique, en quelque sorte. L’adolescence, ou ces moments où la vie s’étend devant vous … Mourir à cet âge, elle trouvait cela d’une tristesse et d’une injustice terrifiante. Elle baissa finalement le visage, regardant le sol comme si elle regardait du sang s’écouler d’une de ses blessures fictives. Non, elle ne voulait pas périr.

Puis elle se remit à peu prés droite, récupérant sa dignité, remettant en place ses quelques cheveux rebelles, et ôta son long manteau noir, sentant comme s’il l’étouffait sous son poids. A cause de son poignet attaché, elle ne pouvait pas l’ôter complètement, mais le principal était qu’elle se sente moins lourde. Elle s’adossa doucement contre le mur, passant une de ses mains frénétiquement sur sa nuque et son front, toujours aussi tremblante. Elle se jura intérieurement de ne pas pleurer. Tout, sauf pleurer, même si l’idée de mourir l’achevait.

-   Vous êtes atroce ... Les humains sont atroces … lâcha t’elle avec un ton empli de déception.

Elle laissa son visage tomber en arrière, regardant le plafond, comme s’il allait lui apporter LA réponse, LA solution. Ce qu’il ne fit évidemment pas. Elle rabaissa la tête, et brusquement, prise d’une sorte de spasme, balança l’autre chaussure en direction du vampire. Réalisant son acte, et sentant ses pieds devenir plus froid, elle mit son visage dans ses mains, accablée.

- Mais je ne veux pas mourir !
         
      C'est un cri profond qui sortit de sa bouche et résonna, pendant quelques minutes, dans cette pièce, dans les caves du château. Un cri de désespoir comme l'aimait tant le duc vampirique, un être cynique comme lui ne pouvait qu'adorer mettre en pièce une proie, la rendre folle de désespoir, mais il se devait de faire attention, il ne désirait pas qu'elle mette fin à ces jours pour éviter de souffrir les tourments que lui réservait le vampire. Elle baissa la tête et observa le sol dallé, surement pour éviter de devoir regarder son tortionnaire.

Malgré la chaine, la jeune femme se défit un peu de sa veste, se mettant un peu plus à l'aise tandis que le duc se mordait la lèvre pour ne pas lui sauter dessus et planter ses canines dans la gorge de sa captive. Non, non, il ne pouvait pas y toucher...Juste une gorgée ! Non ! Elle était réservé, elle devait servir l'avenir et le bien du clan ! Son don était inévitable ! Mais quel femme ! Femme humaine inférieure certes, mais quelle vampire aurait t'elle faite !  Elle s'adossait contre le mur en pierre grise tandis que Seffer Aelias s'approchait, de nouveau d'elle.

- Vous êtes atroce ... Les humains sont atroces … lâcha t’elle avec un ton empli de déception.

Le noble évita la seconde chaussure et evita de se mettre en colère, elle devait demeurer intact jusqu'a la semaine prochaine...Elle se mit la tête entre les mains tandis que le vampire s'approcha.

- Cessez donc de geindre, humaine, votre espéce est bonne qu'a ca...En plus, je ne vous ai pas encore frapper que je sache, ni fait de mal.

Il marqua une pause, s'approcha de cette femme et s'agenouilla devant elle, saisissant sa tête, il la redressa pour qu'elle le voye.

- Et qui dit que je suis humain...

Il ouvrit alors délicatement la bouche et montra ses canines à la jeune femme.

La dernière phrase intrigua la jeune femme. Aussitôt, d’un mouvement lent, elle releva les yeux, des yeux brillants et humides, puis une partie de son visage, pâle mais aux joues rosies. Elle ne demandait pas ce qu’il voulait dire exactement, elle ne voulait que le voir. Ses yeux donc cherchèrent dans l’obscurité le visage de l’être, et son regard se heurta violemment à la bouche du vampire. « Ah ! » Elle aurait pu hurler, se débattre, tenter même de fuir, mais elle était consciente qu’elle était tout contre un mur, un mur de pierre froide qui lui caressait rudement le dos. Elle se contenta d’ouvrir de grands yeux, immenses et perdus. Là, c’était le chapeau. Elle était captive, dans une cave, avec un vampire. Ah, mais qu’allait-il faire d’elle ? Comptait-il la tuer ? Non, il l’aurait fait maintenant. Il était si méprisant qu’il ne prendrait pas le temps d’attendre quelques jours pour vider une humaine basique de son genre de son sang. Elle devait donc avoir un rôle crucial, un rôle important. Elle tira sur son écharpe, étouffant tout à coup. Elle avait l’impression de brûler de l’intérieur, de se dissoudre.

Déstabilisée, et ne se rendant pas compte du danger, elle tira vivement sur son écharpe, attrapant le peu d’air frais qui subsistait dans ses poumons et le savourant, tandis qu’elle portait son écharpe à moitié détachée. Elle fixa longuement le vampire, l’implorant du regard.

-   Je ne sais pas à quoi vous jouez … Ni ce que vous me voulez … lâcha t’elle dans un souffle, se massant la nuque.

Elle était mal à l’aise, et se sentait tellement en danger qu’elle sentait son cœur et son pouls s’alarmer.

-   Mais, je vous en supplie … Ne faites pas de moi une vulgaire poupée …

Elle soufflait ses mots, presque des murmures, tandis que la peur, plus armée que jamais, venait se coller à elle pour mieux lui faire peur. Ce qui réussit aisément. Elle porta sa main à son front, sentant qu’elle allait tourner de l’œil devant toute cette agitation. Les mots se bousculaient dans sa tête, ils se battaient, et son cœur battait tellement vide que sa respiration devenait difficile. Elle sentait ses paupières papillonner.

            L'attention du vampire pour cette jeune proie grandissait de minutes en minutes, elle était jeune et jolie, son teint blafard ne faisait que la rendre encore plus attirante pour le démon de la nuit et ces longs cheveux bruns, couleur encre, ne faisaient qu'accentuer cette peau blanche. Son corps était dès plus charmant et cette jeunesse faisait que son sang devait être dès plus délicieux..La proie changeait un peu des classiques femelles qu'il mordait. Après tout, pourquoi ne pas en profiter ? Il pouvait bien réussir à faire conjuguer plaisir personnel et bien du clan. Une simple gorgée, le plaisir de la tourmenter, un peu de plaisir charnel, que demander de plus ? Il ne demandait pas la lune...et le seigneur vampire n'arrivait que la semaine prochaine, il avait le temps de rafistoler la proie après qu'il se soit amuser avec elle...

Elle l'implorait du regard. Croyait t'elle vraiment que cela marcherait ? Que le vampire prendrait pitié d'elle et la relâcherais comme ca.  Aelias ne désirait pas relâcher cette proie...Non seulement, car il la désirait et qu'elle devait servir de cadeau à un allié probable. Mais aussi, car désormais, elle en savait trop. L'humaine avait vu sa vraie nature, si il la relâchait, elle ameuterait tout les chasseurs de vampire du pays et ils étaient légion. Le duc avait du mal à se défaire de certain d'entre eux, Van Helsing Junior était présent sur Terra et tous les deux avaient une vielle vengeance à régler...

- Je ne sais pas à quoi vous jouez … Ni ce que vous me voulez … lâcha t’elle dans un souffle, se massant la nuque.

Un petit rire sortit de la bouuche du vampire.

- Franchement, vous ne voyez pas vraiment...Vous ne comprenez toujours pas ce qu'un vampire veut ? Etes vous si sottes, pimbeche ? Ou faites vous epxrès de ne rien voir ?

- Mais, je vous en supplie … Ne faites pas de moi une vulgaire poupée …

Une vulgaire poupée ? Mais ce n'était qu'une humaine...Le duc considérait toute espece non humaine comme de vulgaire poupée de chiffon, comme des jouets, et elle ne dérogeait pas à la règle. Le vampire abuserais d'elle ou jouerais avec elle, c'était certain, tout dépendait de son humeur.

- Une poupée ? Mais, ne l'etes vous pas deja ?

Se contenta t'il de dire.

- Allez debout, humaine, je veux vous voir de plus près ! Eviter de me désobeir, je ne voudrais pas...vous faire faire du mal.

Ludmilla se sentit réellement mal. Non seulement elle avait la sensation qu’elle allait tomber d’un moment à l’autre, mais elle tremblait tellement de peur que des frissons la secouait par saccades irrégulières. Mais soit, elle ne voulait pas d’ennuis avec ce vampire : si elle subissait ses foudres, elle le regretterait, et cela, elle en était consciente. Doucement, alors, la jeune fille se hissa sur ses jambes, pliant délicatement ses genoux. Elle parvint, en se tenant au mur, à se lever avec une certaine retenue cependant. Ce faisant, elle sentit son poignet lui faire mal, et se souvint qu’elle était maintenue en ces lieux insalubres par une chaîne des plus féroces. Elle toussa légèrement, et posa sa main sur le mur froid. Elle frissonna. Le froid et l’humidité des murs était des plus désagréables.

Elle se mit donc debout, doucement, légèrement penchée afin que la chaîne ne tire pas trop sur son poignet frêle, laissant tomber sur le sol son écharpe. Apparaissant devant le vampire dans la même tenue que celle empruntée pour aller à l’école : ses longues chaussettes, noircies, lui collaient à la peau. Sa jupe était un peu pliée et mal mise , et son chemise fripé. Seul son veston demeurait toujours en bon état. Elle porta ses mains à ses cheveux, remettant en place sa queue de cheval, puis regarda le vampire avec un air des plus désagréables. Elle détourna ensuite les yeux, regardant le sol avec une grimace de honte et de dégoût.

- Je ne suis pas de la viande, dit-elle d’un ton qu’elle voulait sûr. Je pensais quand même que les vampires se montraient plus tendres envers le femmes que les humains, mais voilà que vous me prouvez le contraire.

Elle sentait ses jambes fléchir, et se colla contre le mur, afin de ne pas chuter avec disgrâce, passant sa main contre son front. Elle se sentait un peu dépassée par les événements, et le coup qu’elle s’était prise sur la tête laissait des séquelles bien visibles. Elle releva finalement les yeux, le fixant avec toujours le même air, légèrement amorphe mais laissant entendre qu‘elle se battrait jusqu‘au bout. Ses yeux gris analysérent encore la pièce, imaginant une issue en un quelconque endroit.

- C’est-ce que vous vouliez, non ? grinça-t-elle en se frottant la nuque. Ai-je l'autorisation de me rasseoir ?

L'humaine semblait être en mauvaise santé, surement à cause de ce séjour dans la cave humide et sombre du chateau et aussi par l'enlevement brutale de sa personne. Le suceur de sang devrait punir les gardes du corps, ses sbires qui avaient enlevé la proie. Il n'avait pas à l'amocher. Cette pauvre mortelle faisait peine à voir, pitoyable morceau de chair qui tenait à peine debout, un simple petit coup de vent l'aurait fait basculer et l'aurait briser en deux. Seffer Aelias se demandait, si dans son état, elle serait un bon cadeau pour le vieux seigneur vampirique décadent et débonnaire. Malgré sa peau blanchâtre adorable et ses longs cheveux noires, elle demeurait frêle et un peu frêle. Le vampire la désirait certes mais un homme de son rang ne profiterais pas d'une proie dans un tel état...

Son écharpe était sur le sol dallé de la cave de ce vieux chateau en ruine, son chemisier était fripé et sa jupe était un peu plié et remontait légérement. Un petit air de défi dans le regard, cette jeune femme osa hausser encore plus un peu le ton.

- Je ne suis pas de la viande, dit-elle d’un ton qu’elle voulait sûr. Je pensais quand même que les vampires se montraient plus tendres envers le femmes que les humains, mais voilà que vous me prouvez le contraire.

Elle tremblait ! Pitoyable humaine comme toute son espece ! Dans son état, dans ce lieu, elle osait se rebeller ! Un animal insoumis qui se battait jusqu'a la mort...Décidement, le duc la désirait, désireux de briser cet espoir et cette insoumission. L'abattre pour en faire du gibier docile pour son futur allié. Voila le meilleur moyen de conjuguer plaisir personnel et bien du clan. Elle le fixait dans les yeux.

- C’est-ce que vous vouliez, non ? grinça-t-elle en se frottant la nuque. Ai-je l'autorisation de me rasseoir ?

Le vampire n'écouta pas ses dernières paroles, il s'abaissa et ramassa l'écharpe à la jeune femme. Seffer s'avanca alors près de la jeune femme et la saisit par les cheveux, tirant fermement dessus. Une main agrippa un bouton de son veston mais ne le défit pas, il n'arracha aucun vêtement. Près d'elle, très près d'elle, son regard dans le sien, il dit clairement, sans sourire :

- Mais que d'illusions avaient vous ! Croyez vous que les vampires sont tendres avec vous car ils vous mordent dans le cou...Oubliez l'idée de Dracula et des autres vampires de film, nous ne sommes guères tendres...Vous êtes de la viande, Miss.

Il relacha la jeune femme.

- Mais pour l'instant, vous n'êtes guère alléchante...même pour moi.

Une porte au loin dans la cave s'ouvrit et un vampire en costume apparut, arrivant jusqu'au duc et sa captive, apportant avec lui, un chariot contenant des plats de nourriture, de la viande, différents légumes, le tout dans des bols en terre cuite, sans couverts et une cruche d'eau. Il s'arreta et le duc lui fit signe de disposer, le vampire quitta la pièce et referma la porte. La seule issue valable de cette salle.

- Ce que je voulais...C'était vous faire lever pour que vous puissez vous nourrir un minimum...Cela, vous redonnera surement quelques couleurs.

Dit il avec ironie. Il désirait que sa proie soit en pleine forme avant qu'il en profite. Il poussa un peu le chariot près de la jeune femme.

- Mangez ! Avant que je ne change d'avis.

Autant dire qu’il ne fallait pas lui répéter deux fois cet ordre : la pauvre mourrait de faim. Même si sa dignité ne lui permettait pas de se jeter sur le plateau comme un animal, elle jeta sa main droite vivement sur une pomme qui se tenait calme dans un bol, avec différents autres fruits, et croqua violemment dedans. Le goût sucré aspergea son palais, et un sourire immense naquit sur son visage, tandis qu’elle savourait avec délice cette nourriture tant désirée et qu’elle se posait par terre, doucereuse. Elle acheva sa pomme en moins de deux, et fit un sort à un morceau de viande qu’elle saisissait habilement entre ses doigts fins, du pain, différents autres choses qu’elle trouvait au hasard et que son instinct lui ordonnait d’ingurgiter, pour finalement terminer son repas sur une petite figue innocente et solitaire. Une fois ce massacre terminé, elle se sentait un peu mieux, oubliant légèrement la situation. Ses lèvres étaient rougeoyantes, ses joues rosies, ses yeux brillants et tout son corps revigorés.

Elle en avait oubliée l’être face à elle. Aussitôt, elle se reprit à être méfiante vis-à-vis de lui, se doutant qu’il ne l’avait pas nourrie ainsi par bonté d’âme. Mais son éducation la força à baisser la tête pour le remercier, comme on le fait avec n’importe quelle personne qui vous aide un temps soit peu.

-   Merci, prononça t’elle donc.

Pas d’avantage de paroles, sur le coup elle ne savait pas très bien quoi redire. Elle venait de manger, et se sentait en pleine forme, même si sa fierté était descendue – tout de même, elle se comportait comme une misérable animal face à son maître qui la nourrit, et dieu sait que cette comparaison ne lui faisait guère plaisir – et qu’elle n’était toujours pas rassurée. Elle guetta à nouveau les alentours, constatant que non, une nouvelle porte n’était pas apparue en une minute, et jeta un regard vers le vampire, et vers son poignet toujours attaché. Elle soupira longuement.

- Mais … vous pouvez me dire à quoi vous jouez, au moins ? demanda t’elle d’un ton demi excédé, demi suppliant.

Elle voulait vraiment savoir ce qu'il adviendrait d'elle.