Alors le seul emploi à mi-temps qu'elle a potentiellement fait c'est à la bibliothèque de l'orphelinat, d'accord. Bon, elle est peut-être orpheline pour y avoir travaillé, et on dirait qu'elle est surprise d'avoir laissé échappé ce genre d'informations. Mais sinon, je peux passer outre ce genre d'informations.
Sinon, je me doute que c'est des emplois à plein temps, elle ne sait pas vraiment ce que c'est que le travail à mi-temps, donc des baito. Je hoche la tête avec le sourire.
"Tout à fait. Les baito, comme on appelle par ici, sont des petits travaux où on ne travaille que si le patron a besoin de nous. C'est très courant, par ici, beaucoup d'étudiants en font. Ca permet de gagner de l'argent sans compromettre leurs études. Certaines femmes au foyer aussi en font, pour subvenir aux besoins de la famille en complément du salaire du mari qui est encore insuffisant."
Sachant d'ailleurs que le critère principal de beauté d'un homme, c'est l'épaisseur du portefeuille. Moi-même je me baserai sur ce critère pour me chercher un homme, et ici je sais que je ne tomberai pas amoureuse de lui.
Je la laisse poser sa main sur mon épaule. Je m'y suis déjà faite. Tant qu'elle touche à travers mes vêtements, ça me va. Le harcèlement, ce n'était étrangement pas à mon travail, bien que c'était déjà dur de se faire insulter car je suis une graphiste dans le journal. Je soupire tristement.
"C'était à l'école. Vous voyez bien, on est en été, et pourtant je porte des vêtements chauds. Je suis une femme frileuse, donc imaginez au lycée où les camarades ont pour habitude de se mettre des ourlets à leur jupe pour les raccourcir et ainsi paraître plus mignonnes. Autant dire que j'étais la seule à porter ma jupe correctement, et il n'en faut pas plus pour que mes camarades me harcèlent. Cela dit, le suicide n'a jamais été envisageable pour moi. Non seulement j'ai appris à être calme en toute circonstances, mais en plus cela me permet de me défendre, et également de penser plus à moi qu'à la communauté, dans un pays où la communauté est très importante. Très peu de Japonais acceptent de penser de la sorte, mais pour moi, si je veux servir la communauté, il faut d'abord que je me sente capable de le faire."
J'y tiens, et c'est difficile de me faire changer d'avis. Si la communauté ne veut pas de moi, je resterai jusqu'à ce qu'elle m'accepte. C'est ma façon de penser qui me fait tenir dans mon travail de graphisme.