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Le regard a quelque chose de traître [Zorro Wolfen]

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Mirena

Légion

Le regard a quelque chose de traître [Zorro Wolfen]

samedi 20 juillet 2024, 01:35:31

- Oui maman je ne rentrerai pas trop tard.

- Non c'est maintenant que tu rentr…

Quatrième fois que Mei appelle Ruby sur son portable et la sermonne parce qu'elle est sortie seule au parc. "Gnagna tu es sans surveillance, gnagna les fans vont te reconnaitre, gnagna tu n'es pas en sécurité…". Bref l'ange est sommée de rentrer de sa balade, le problème c'est qu'elle a à peine eus le temps de faire une dizaine de photos. Elle qui voulait profiter de son jour de repos, voilà qu'on le lui sabordait. Sans oublier qu'elle n'était pas venue ici sans raison. Que ça soit le décor enchanteur ou encore l'éclairage baigné par la lumière déclinante du soleil, toutes les conditions étaient idéales. Même la nature avait été de son côté, la belle ne comptait plus le nombre d'animaux qui avaient croisés sa route dès qu'elle quittait les sentiers bondés. Il y avait donc fort à parier que l'âge traînerait tellement qu'elle aurait le droit à un cinquième appel avant qu'elle ne rentre. Et ça ne loupa pas, enfin ce fut même pire, car Mei vint la récupérer en personne. Une scène amusante que de voir une demoiselle, à la peau ébène et aux cheveux noirs de jais, en trainer une autre qui est son parfait opposé avec ses cheveux blancs et sa peau diaphane.

Quelques heures plus tard, on retrouve la belle dans sa chambre noire. Accompagnée de Beth, elle développe les photos prises en début de soirée. Chien, chat, canards, arbres majestueux, les sujets principaux sont divers et variés et le rendu est plus que bon à chaque fois. Certes ce n'est pas une professionnelle, loin s'en faut, néanmoins ce n'est pas si mal pour une amatrice. Par contre chacune d'entre elle présente un élément commun.

- Eh Ruby c'est qui ce canon ?

- Hum ? De quoi tu parles encore ?

- Bah regarde, sur toutes tes photos il y a ce mec super bien foutu !

- T'es sûr ? T'exagères comme toujours.

- Mais si regarde ! Là, là… et puis là aussi : tu verras il est sur toutes tes photos !

- Bizarre, un paparazzi tu crois ?

- C'est toi qui l'a paparazzié chérie… Avoue il t'a tapé dans l'œil.

- Mais n'importe quoi Beth, arrête de délirer. Aller bouge, sinon je vais la rater celle-ci.

Et pendant tout le temps du développement, la fée n'a pas arrêté d'asticoter l'ange sur le bel inconnu. Une petite aventure qui a déjà deux semaines et que Ruby aurait pu oublier. Non en fait elle l'a complètement zappé. Tant et si bien qu'elle ne remarquera pas que le "beau grosse", comme Beth aimait l'appeler, vient s'inscrire à son club de boxe. Bon il faut dire qu'elle a tout juste eus le temps de l'apercevoir, vu qu'elle venait de finir un dernier round au moment où il est entré dans la salle. Tout ce qu'elle remarquera, en allant aux vestiaires, c'est un dos musclé et des cheveux bruns qui tombent jusqu'aux épaules d'un grand gaillard. Quoi de plus commun ? Et quand l'ange repartira, saluant le patron de la salle avec un grand sourire : on lui dira qu'elle aura bientôt un nouvel élève. Ce fameux géant lui sera indiqué et elle acquiescera avec un dernier clin d'oeil. Si elle avait fait attention l'aurait-elle reconnu ? Rien n'est moins sûr.

C'est encore une semaine après ce bref chassé-croisé que Ruby pourra revoir cet inconnu au regard émeraude. Seulement cette fois ça sera sur son lieu de travail et qui plus est : ce ne sera même pas elle qui va l'apercevoir en première. L'honneur revient à cette chère Elisabeth qui viendra la tirer de sa loge, surexcitée comme une puce en criant à tue-tête des "c'est lui, c'est lui".

- T'as encore mangé trop de sucre ?

- Mais non idiote ! Regarde le mec qui s'occupe de porter le matos pour le prochain concert : c'est ton beau gosse des photos !

Effectivement c'est bien lui qu'elle voit se baisser pour soulever un carton, qui pèse son poids, comme s'il s'agissait d'une plume. Pourtant elle ne s'attardera pas, préférant nettement retourner dans sa loge que de baver comme le fait la fée. D'ailleurs l'ange y demeurera de longues heures avant de ressortir pour aller chercher de nouvelles cordes pour sa guitare. A force de pratiquer de manière intensive, elle a usé ces dernières et voit bien qu'elles sont à deux doigts de lâcher. Se rendant dans la réserve, la miss fouille les cartons à sa portée, sans succès. Ce qui veut dire qu'elle que le message n'est pas passé auprès du staff, contrairement à ce que lui avait promis Mei. Et en prime il n'y a aucune échelle ou marchepied qui pourrait la dépanner. Sans compter que sortir ses ailes est exclu. Soupirant et se mettant sur la pointe des pieds, elle essaie désespérément d'atteindre du bout des doigts la caisse qui contient ce qu'elle désire.

- Mei je vais te défoncer, c'est pourtant pas dur de passer le mot aux techniciens !

Elle sent son débardeur noir remonter de plus en plus à force qu'elle étende son bras. Là c'est clair, Ruby est définitivement agacée par cette situation qui frise le ridicule.
« Modifié: jeudi 29 août 2024, 21:34:43 par Mirena »

Zorro Wolfen

Créature

Re : Le regard a quelque chose de traître [Zorro Wolfen]

Réponse 1 samedi 14 décembre 2024, 19:43:38

Trois siècles.
Deux siècles.
Un an.


Zorro avait d'abord vécu près de trois cents ans dans un monde qu'aujourd'hui encore il appelait "chez lui". Trois cents années d'aventures, de combats, de découvertes. D'amour aussi, en la personne d'une jeune femme qu'il avait rencontré alors qu'un souverain immortel exerçait sa domination sur le monde un qu'un groupe de rebelle s'était ligué contre lui.
Puis, alors que la victoire semblait proche, il avait été forcé de tout abandonner. Son monde, ses amis, son amour. Sans savoir comment, il s'était retrouvé dans un autre monde, nu, terriblement affaibli. Perdu.


Terra. Ainsi ce nommait ce nouveau monde. Une terre de magie, à la fois si semblable et si différente de son monde natal. Il lui avait fallut du temps pour se remettre du "voyage", pour apprendre la langue, les us, les coutumes. Mais l'aventure, et les emmerdes, avaient une nette tendance à poursuivre le mercenaire, et il s'était mis en route.
Pendant une vingtaine de décennies – il avait perdu le compte exact – il avait parcouru ce monde étranger jusqu'à ce qu'il lui devienne familier. Il avait exploré beaucoup de lieux merveilleux ou terribles, fait moults rencontres. Aimé aussi, à nouveau, même si le souvenir de Malya restait dans son esprit. Il avait aussi appris l'existence de portails reliant Terra avec d'autres univers. Une multitude d'univers. Dont, peut-être, le sien.
Et un jour, dans une montagne, il était tombé sur un de ces portails. Ou plutôt DANS un de ces portails. Il avait glissé, chuté, et avant de comprendre comment, il s'était retrouvé ailleurs, allongé dans une herbe fraîche et épaisse. Un lieu inconnu, avec une langue inconnue et une architecture, ou un mélange, comme il n'en avait encore jamais vu, malgré la diversité des lieux qu'il avait vu au cours de ses voyages.


Le cycle avait recommencé.
La Terre était un monde étrange, très différent de chez lui ou de Terra. Tout semblait vouloir aller beaucoup plus vite, trop vite même. Et surtout l'argent semblait régir absolument tout.
Certes, il avait déjà une place prépondérante dans les autres mondes, mais au moins le voyageur avait-il toujours eu la possibilité de survivre en chassant ou récoltant des plantes. Ici, cela semblait impossible, du moins à Seikusu, là il avait atterri.


Au cours de l'année écoulée, il avait enchaîné les petits boulots, grapillant ici et là de quoi subsister. Etranger dans une terre étrangère, les locaux peinaient à lui faire confiance de prime abord. Il les comprenait : le mercenaire dépassait d'une bonne tête la plupart des habitants de la ville, était plus large qu'eux, et les quelques personnes qu'il avait rencontré avec une carrure similaire à la sienne semblaient toutes faire partie de gangs et autres groupes de bandits – des "yakouza" s'il avait bien comprit.
Il avait cependant fini par rencontrer quelqu'un, une vieille femme reconnaissante qui l'avait accueilli chez elle, après qu'il l'ait débarrassée d'un groupe de jeunes délinquants. Ce n'était pas le grand luxe, mais au moins n'avait-il plus à se trouver un coin tranquille pour dormir ou à fuir les autorités locales !


Voilà où Zorro en était, à peu près un an après son arrivée. Ses boulots lui rapportaient de quoi vivoter sans avoir à dépendre d'Azumi "obachane" en permanence, et il parlait et lisait maintenant correctement japonais et anglais, même si sa prononciation avait encore des lacunes.
Il retournait régulièrement dans le parc où il était apparu. Du portail, il n'avait trouvé nulle trace, mais l'endroit lui plaisait, un petit coin de nature presque sauvage où les animaux pullulaient et gambadaient avec insouciance.


Il s'y trouvait d'ailleurs ce jour-là, profitant de l'air doux et du calme des lieux quand des éclats de voix lui parvinrent. Un peu plus loin, à proximité de la sortie du parc, deux jeunes femmes se disputaient. Ou plutôt l'une d'entre elle, une sombre beauté aux cheveux de jais, engueulait son parfait opposé, un ange au teint clair et la chevelure de neige.
De ce qu'il pouvait percevoir à cette distance, la première reprochait à la seconde d'avoir pris trop de risque et de ne pas être rentrée assez tôt. Un peu comme une grande sœur rouspétant auprès de sa frangine. Ou une mère contre sa fille indisciplinée.
La scène était plus amusante qu'autre chose et Zorro l'oublia bien vite, retournant à sa nouvelle vie.


Plusieurs jours, et même semaines passèrent, et le mercenaire commençait à s'ennuyer un peu. Chose paradoxale, lui qui se plaignait régulièrement de sa vie trop mouvementée et n'aspirait qu'à une petite maison entre forêt et lac où vivre en toute quiétude.
Mais pour quelqu'un qui avait passé son existence à se battre, la relative sécurité de Seikusu, si l'on excluait quelques tensions avec les gangs et mafias locales, manquait peut-être un peu trop de rebondissements. Et Zorro avait l'impression confuse que s'il n'agissait pas bientôt, l'aventure viendrait le trouver, et que la vieille Azumi risquait d'en pâtir.
Il s'était inscrit à un club de sport de combat, espérant chasser l'ennui et le mauvais présage. Un sport qu'il ne connaissait pas, du moins pas de nom, "boxing" ou "bokushingu", mais dont le premier cours n'aurait pas lieu avant encore quelques jours. Ce qui au final l'arrangeait ; il lui fallait maintenant trouver un travail un peu plus stable, pour payer l'abonnement en plus de ses dépenses habituelles. Puis il voulait remercier Azumi pour sa gentillesse, elle qui l'hébergeait depuis maintenant près de neuf mois.

Heureusement, la chance lui avait souri. De la manière la plus simple du monde. Une annonce dans le journal, annonçant qu'un groupe de musique, il en avait oublié le nom, MIRENA ou quelque chose du genre, recherchait de la main d'œuvre pour ses prochains concerts. Rien de compliqué en soit : porter et poser des caisses là où on lui demandait, aider les équipes à installer le matos en suivant des instructions … cela convenait parfaitement au mercenaire. D'autant que la paie, pour des tâches aussi simples, était tout à fait correcte, et que le contrat était pour plusieurs mois. Charge à lui d'être suffisamment efficace pour qu'ils veuillent le prolonger.


Il avait débuté le matin même, après avoir été rapidement présenté à l'équipe et surtout à son responsable. Du groupe de musique, il n'avait encore rencontré personne et avait tout juste découvert qu'il s'agissait d'un groupe de jeunes femmes au succès retentissant. Son ignorance avait rassuré les quelques membres de la sécurité : au moins n'était-il pas un fan en furie ayant réussi à s'infiltrer pour harceler les musiciennes !

Le travail avait commencé, simple comme prévu. Porter des caisses, soulever et déplacer des charges et éléments de la scène, nettoyer au besoin, brancher des câbles entre eux … Avec sa force et son endurance surnaturelles, Zorro effectuait le travail de quatre ou cinq personnes sans même s'en rendre compte. En revanche, à la pause de midi, ses collègues amusés purent constater que s'il bossait comme cinq, il mangeait aussi comme trois !
La pause passa, le travail reprit, plus calmement. Le plus gros des tâches du jour avaient été effectuées, et si l'aventurier n'y était pas étranger, les autres travailleurs avaient aussi fait leur part.
Chargé d'emmener un lourd projecteur sur la scène, un travail requérant généralement deux personnes, Zorro marchait dans un couloir, l'éclairage sur l'épaule, quand il aperçu une silhouette blanche un peu plus loin.
Petite, du moins comparée au mercenaire, elle semblait avoir des difficultés à atteindre un carton haut perché, dressée sur la pointe des pieds, son débardeur sombre remontant de plus en plus sur son dos dans ses efforts désespérés.


Amusé malgré lui, tâchant de le cacher, Zorro s'approcha d'elle de son habituel pas souple, sans faire d'effort de discrétion particulier, un sourire aimable aux lèvres.

- Besoin d'aide gente dame ?

Il n'avait pas attendu la réponse, ayant déjà posé son projecteur.
Recouvrant l'inconnue de son ombre, il s'empara sans difficulté du carton convoité et recula d'un pas avant d'en épousseter le couvercle et de lui tendre la boite, toujours le même sourire sur le visage, ses yeux verts brillants légèrement dans la pénombre de l'étroit couloir.

- Et voilà pour toi. Sale idée qu'ils ont eu de mettre des trucs hors de portée. Surtout sans escabeau à proximité !

Le ton se voulait convivial, léger, une plaisanterie entre collègue. Le mercenaire n'avait aucun moyen de savoir qu'il avait en face de lui une des artistes du groupe pour lequel il travaillait. Tout ce qu'il voyait, c'était une superbe jeune femme aux yeux de saphir et à la crinière plus pure que la sélénite, qui était confrontée à un problème de "taille".

- Zorro, pour te servir.
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#A1A9D1


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