C’était un endroit bucolique, comme on pouvait s’y attendre. La nature dans son luxe le plus prolifique. Dionysia mit un temps pour examiner ce lieu. L’herbe était haute, légèrement humide, le vent doux. Des arbres immenses se dressaient autour d’elle. De plusieurs essences différentes. Etrangement, on y retrouvait des types qui ne poussaient pas dans un même environnement, comme le bouleau et l’ébène. Pourtant, ces deux espèces ici étaient voisins et fièrement dressés. Les règles qu'elle connaissait ne semblaient les mêmes sur ce monde.
Intérieurement aussi, elle se sentait différente. Son cœur avait la particularité de réagir à son environnement. Il était vrais que c’était un organe qui tirait sa force de l’air et de la magie extérieure. Sans doute qu’elle se trouvait au sein d’un plan complètement différent de celui dont elle venait, ce qui expliquerait cette étrange sensation de chaleur et d’apaisement dans sa poitrine. C’était comme si elle se gorgeait de la vie elle même, ici.
Soudain, un bruit. Elle se tourna vers la zone sonore, derrière elle. La d’où elle était venue, pour constater une arche végétal, similaire de celui qu’elle avait empruntée, commencer à disparaître sous une brume. Alerte, elle s’y précipita pour la saisir, avant de constater qu’elle se vaporisa dans ses mains. La magicienne se renfrogna, l’accès qui lui était préconisé était il un aller simple ? Voilà qui allait être enquiquinant. La voix pourtant chargé de douceur qui suivit fit sursauter l’aventurière, qui se tourna, prise d’un hoquet. Sans doute que la nature elle même n’était elle pas éprise de pudibonderie, mais la Nexusienne avait eu une éducation de personnes bien éduquée de la haute. Voir cette étrange brume prendre forme d’une femme sans tissus pour la couvrir la fit rougir timidement. Voilà bien longtemps qu’elle n’avait pas vu une autre femme nue, a vrais dire.
« Qui etes vous ? »
Elle ne fut pas récompensé par une réponse explicite, mais une invitation à faire une petite, ou grande, randonnée. Tout de même sur le qui-vive, Dionysia tenta de retenir toutes les instructions qu’elle lui donnait. La véritable raison ?
« Je...je crois que c’est vous que je viens v... »
Son interlocutrice reprit la parole, et sa dernière phrase fit naitre des frissons parcourir le corps de notre magicienne. Comment ça, un cœur « pas né de la nature » ? Elle était trop perturbée pour demander des explications, si bien que sa camarade se mit elle aussi à disparaître de la même manière que le portail.
« Attendez ! »
Mais peine perdue, elle s’évapora devant elle, la laissant une nouvelle fois dans la solitude. Par tous les dieux, c’était quoi cet histoire ? Dionysia se sentait naturellement visé par son étrange expression, il était clair que cette manifestation savait des choses sur elle. Et cela ne lui plaisait pas trop. Comment avait-elle su ?
Bon, ce n’était certainement pas le moment pour s’emballer. Pas ici, et pas maintenant. Heureusement, elle était parti assez équipée pour cette expédition. Elle se posa en tailleur, puis sorti quelques parchemins de son sac. Elle en posa un devant elle. « Substitution éthéré de Fonariel l’atypique. » Être capable de mémoriser et de retranscrire sur son grimoire ce sortilège n’était pas encore possible pour cette apprentie. L’avantage des parchemins étaient qu’ils pouvaient lui permettre de lancer un sort non appris, bien que les runes allaient disparaître du support après incantation. Elle inspira doucement, reprenant une tranquillité intérieure, puis agita ses doigts en marmonnant les premières attaches retranscrites. Ses yeux brillèrent en même temps qu’une aura bleutée se manifesta autour d’elle. Puis après une injonction, elle sentit son esprit sortir de son corps. La voilà devenue un fantôme, lié à son corps par un uniquement filament spirituel. Ce sort était bien entendu destiné à l’exploration, permettant à son lanceur de voyager autour de son corps sous une forme éthéré. Elle s’éleva dans le ciel pour pouvoir mieux apprécier les lieux.
Mais là...stupeur. Elle pouvait distinguer les quelques centaines de mètre autour de son corps, plus exactement ce qu’elle avait déjà vu sous sa forme physique, mais pour la reste, néant. Il n’y avais rien. Ce n’était pas qu’elle ne pouvait pas voir, non c’était comme si...ce qu’elle n’avait pas vu sous sa forme physique n’existait pas. Pas de ténèbres ou de brune. Du vide. Elle tenta de voler un peu plus loin, mais la non-existence qui s’étalait la faisait se sentir mal à l’aise. Le ciel lui même n’indiquait pas d’astre lui permettant de se repérer. La lumière autour de son corps semblait exister de manière surnaturelle. Dans un juron, elle retourna dans son corps, puis se releva. Son sac posé devant elle, le premier objet qu’elle prit fut sa boussole. Ce dernier tournait dans tous les sens à une vitesse ahurissante. Sa main agrippa un carnet et un fusain pour griffonner quelques informations.
« Premières constatation :
1. L’énergie environnante est différente de celle se trouvant sur notre plan.
2. Il est impossible de percevoir quelque chose sous la forme éthérée de Fonariel.
3. Le nord magnétique semble inexistant.
4. Aucune astre, solaire ou lunaire, n’est visible. La luminosité aurait possiblement une nature magique.
Hypothèse n°1 : Le jardin se trouve un plan métaphysique. Féérique ? Divin ? A tester pour confirmer l’hypothèse... »
Elle prit une pause pour réfléchir à ce qu’elle devait mettre ensuite. Ne trouvant pas de manière de vérifier cette théorie, elle laissa quelques lignes vierges et continua.
« Hypothèse n°2 : Ce monde est une illusion, et l’autrice de ces lignes est victime d’une attaque mentale. A tester pour confirmer l’hypothèse. Se mordre très fort les lèvres. »
Après une petite expérience douloureuse, elle reprit son rapport.
« L’autrice confirme que cela fait mal. A ne pas retester. Cette expérience n’invalide pas cette hypothèse. »
Rationaliser ce qui se trouvait autour d’elle était un besoin vital pour la magicienne. Ses pensées énumérèrent d’autres expériences à faire pour mieux appréhender l’endroit. Brûler quelques feuilles pour voir si la combustion était similaire ici, faire un carottage pour étudier la composition de la terre, faire évaporer de l’eau...Mais quelque chose dans son for intérieur lui disait « Hum...fais pas ça. » Après tout, elle était possiblement dans le sanctuaire de la vie elle même. Cela pouvait être perçu comme un manque de respect. Dans un soupir, elle reposa son nécessaire d’écriture, et se leva prête à partir. Juste après s’être équipée de son sac à dos, elle posa par terre une pierre runique de sa poche. C’était une gemme jumelle. Elle gardait une autre gemme de ce type avec elle, et ce minéral avait la particularité de briller lorsqu’il était orienté dans la direction de celle qu’elle avait posé plus tard. Si la boussole lui allait être inutile, il lui fallait trouver un autre moyen, par le biais de ces balises, pour réussir à se retrouver. Bon, maintenant, il fallait trouver son chemin. Que lui avait elle dit, déjà ? Se perdre dans les sentiers, puis lac, grottes et buisson. Premier problème, il n’y avait rien de tout cela autour d’elle. De la verdure, des arbres, et des cailloux.
« La véritable raison de ma venue... »
Elle marmonna cette phrase, avant de décider de partir sur une direction au hasard, s’engouffrant dans des profondeurs sylvestre. La nature environnante était calme, bien que son abondance était assez intimidant pour elle. Ses sens alertes tentaient de sentir quelque chose, tout indice pouvant l’aiguiller sur l’essence de ce lieu si atypique, mais à part une forêt luxuriante et prolifique, rien ne lui permettait de mieux comprendre où elle se trouvait. Sa promenade dura plusieurs dizaine de minute, avant que, sur un détour, elle se décida à se tourner, prise d’un doute. Elle n’était pas déjà venue par la droite de ce chêne ? Non...Voilà, elle s’était perdue. De toute manière, cette direction ne semblait mener à rien de concret. Autant revenir à son lieu d’origine.
Sans panique, elle se posa sur une énorme pierre, et sortit sa gemme jumelle. Elle la tourna dans tous les sens. Encore. Et encore. Cette dernière ne sembla pas se manifester, et resta impassible. Elle était brisée ? Non, les runes étaient en parfait état. C’était comme si...les gemmes n'avaient plus d'énergie.
« Ah ! »
Donc là, oui, elle était officiellement perdue. Que devait-elle faire ? Sa nervosité l’invita à reprendre la marche, pour que sa mobilité l’aide à se canaliser. Ce qu’elle fit, avant de graver une flèche sur la pierre, s’aidant ainsi à se repérer par la suite. Reprenant au hasard la route, elle jura alors que sa robe se prenait dans les ronces et les hautes herbes. Aventurière, elle restait une citadine ayant eu peu l’occasion de profiter des joies de la balade forestière. Suite à une bonne heure de marche, Dionysia distingua quelque chose. Une énorme pierre, marquée d’une flèche. Celle la même où elle avait posée ses fesses pour sortir sa gemme, la dernière fois. Comment c’était possible ? Elle n’avait pas dévié de sa trajectoire, avançant tout droit, évitant simplement les arbres devant elle ! Un peu tourmenté, la magicienne se posa une nouvelle fois sur ce rocher, pour sortir de quoi reprendre des notes.
« Constations.
1. Les premières pierres jumelles que l’autrice à posée se sont éteinte au bout de plusieurs dizaines de minutes. Pourtant, les runes ont assez d’énergie pour durer pendant au moins une semaine.
2. L’autrice a constatée, après une longue marche sans dévier de sa trajectoire, qu’elle était revenue à un point d’origine gravé au silex.
Hypothèse :
1. Toute matière est malléable, et peut disparaître et réapparaître tant que l’autrice ne regarde pas les dites matières.
2. Le temps ne s’écoulent pas de la même manière que sur le plan matériel.
3. Les gemmes jumelles ont besoin de plus d’énergie pour fonctionner que sur le plan matériel.
4. L’autrice est toujours prise dans une illusion, et donc toutes ces observations non aucun sens. »
Prise d’un doute, elle refit une expérience, avant de reprendre.
« L’autrice, après s’être mordue les lèvres une nouvelle fois, confirme que cela n’eut aucun effet à part une vive douleur. Il est probable que cette expérience ait été poussé par la nervosité, plus que par une réflexion profonde. Par la suite, l’autrice tentera de repousser ses pulsions pour ne pas nuire à ses observations. »
Elle commença à paniquer un peu, et son cœur s’emballa. Un peu trop. Sans doute que cet environnement si inhabituel ne l’aidait pas à reprendre le contrôle facilement. Dionysia se résigna alors à se poser en tailleur et à faire un semblant de méditation, psalmodiant des incantations tranquilisatrice afin de régler correctement son cœur de gemme. Légèrement calmée, elle rouvrit les yeux, et fut pris de stupeur.