La Mort et L'Eternelle (Thanatos) FINI ^^

Cela faisait maintenant six mois que Miya travaillait dans ce bar, serveuse le jour, chanteuse le soir, où elle faisait salle comble. La demi déesse avait une voix aussi belle que son corps était parfait. Dès le premier soir, l'un des client les plus réguliers de Pablo, le patron, avait voulu s'attirer ses faveurs. De fil en aiguille, ils étaient tombés follement amoureux, alors qu'ils s'étaient jurés, à un moment de leur vie, de ne jamais plus ressentir ce sentiment.

Et Ryuga n'avait pas donné signe de vie depuis trois mois, jour pour jour. Miya avait déprimé, mais avait du continuer à travailler. Elle avait mené son enquête, l'avait cherché partout. Depuis un mois, les flics qui avaient bossé avec son amant lui avaient dit qu'il était temps d'arrêter d'espérer. Rien ne prouvait qu'il était mort, certes ; mais ils avaient encore moins d'éléments qui prouvaient qu'il pouvait être en vie quelque part. Miya était désespérée, mais son travail lui interdisait de montrer ses sentiments.

Alors l'Immortelle, si elle espérait encore, se lançait corps et âme dans son travail. Et chaque fois qu'elle chantait quelque chose d'un peu trop mélancolique, sa tristesse se communiquait à son public. Il était plus de 22h lorsqu'elle s'inclina avec un maigre sourire pour saluer le public. Il n'était pas encore venu...  Le bar était séparé en deux ; il y avait la partie avec la scène, une piste de danse et quelques chaises, et il y avait un espace bar plus conventionnel, avec chaises, tables et banquettes. Après son tour de chant, elle quitta la scène et passa dans la seconde partie du bar, et s'installa au comptoir après avoir commandé un cocktail. Elle sortit une cigarette d'un paquet sombre et craqua une allumette. Et Miya espéra encore voir la porte s'ouvrir sur son beau brun...

Marchant le long d'une rue, perdu dans ses vastes pensées...

Une journée peu palpitante avait eut lieu, elle s'écoula lentement, sans offrir à l'être divin un met satisfaisant, qui assouvirait ce désir existentiel... Sa passion... Marchant dans la nuit froide, où seul le tintement de ses pas subsistait encore, il vit à ce qu'il semblerait être un cabaret aux apparences, cette boite parut encore ouverte à cette heure tardive pour les mortels... En pleine milieu de la semaine, ce ne fut en effet le jour pour se défouler pleinement, principe de la société...

Mains dans les poches, l'être divin savoura le vent heurtant ses cheveux, tout en observant l'entrée, résolut à pénétrer les lieux... Une main nonchalante entrouvrit l'une des portes battantes assez pour que son corps y passe, puis la relâcha, la laissant aller et venir jusqu'à se clore à son opposée... L'ambiance fut fade, des restes d'une soirée, tables ornées de bouteilles usées et chaise déplacées...

L'être divin qui commande à la mort, balaya le décor de ses pupilles, s'attardant sur la seule personne dans ces lieux, une jeune fille derrière le contoir... Ses pas déplacèrent son corps, laissa le bout de ses doigts caresser le bois poncée qui séparait les deux protagonistes afin de s'installa lentement...

Un verre de vin, selon ton bon vouloir...

Ses pupilles d'une tenebrosité déconcertante s'immergèrent dans ceux de la jeune fille...

Miya alluma une seconde cigarette avec la première, qu'elle écrasa d'un geste né de l'habitude acquise depuis trois mois... Une façon comme une autre de retrouver son odeur... Elle vida son verre d'un trait, tira une longue bouffée sur sa cigarette. Contrairement au commun des mortels, Miya ne craignait rien de les bêtises comme un cancer. Elle qui n'avait rien trouvé pour dépenser l'argent qu'elle gagnait ici, la voilà qui dilapidait sa petite fortune en fumée. Elle se demanda ce qu'elle allait commander, et son cœur qui battait sans qu'elle n'ait besoin de respirer rata un battement lorsqu'elle sentit quelqu'un s'asseoir à côté d'elle, et, comme lisant ses pensées, parla d'un verre de vin. Elle acquiesça vers Pablo qui leur servit à eux deux un grand verre de vin rouge. La demi-déesse leva les yeux vers lui, et s'attendait à voir un des clients qui s'évertuait à penser qu'une belle femme comme Miya avait besoin de compagnie. Au lieu de cela, elle sombra dans les ténèbres de son regard.

Il avait quelque chose de mystérieux, et de terriblement irrésistible... Mais aussi quelque chose d'affreusement terrifiant... Miya frissonna, mais ne réussit pas à détacher ses yeux bleus de ceux de l'homme en face d'elle. De sa main libre, elle saisit son verre et le leva devant son visage. Elle se devait d'être agréable avec la clientèle, aussi s'obligea-t-elle à sourire :

- Merci pour cette suggestion...

Elle porta le verre à ses lèvres... réussit à fermer les yeux, même si elle sentait encore le regard de son voisin sur elle. Elle tourna légèrement le visage pour ne pas être à nouveau envoutée avant de rouvrir les yeux.

- C'est la première fois que je vous vois par ici, monsieur... ?

Thanatos ressentit cette réticence qu'eut la jeune fille à décliner le regard, sans gêne et dégagé, il plut à pénétrer d'avantage ses pupilles et rester ainsi, au seuil de son âme... La jeune fille ne tarda finalement pas à détourner le regard, s'en suivit son visage... L'être divin qui commandait entretenait une expression fade, relatif à sa nature, son regard scellé de secret retomba lentement sur son verre, le bout de ses doigts allèrent longer le contour du verre avant de l'étreindre lentement... Le relevant, porté à ses lèvres entrouvertes afin d'y laisser glisser un filet du nectar savouré... Entre ses mèches rebelles voilant sensiblement son regard, ses pupilles pénétrantes surent apercevoir du coin de l'oeil le visage de la jeune fille éclairé par un brin de lumière, scrutant chaque trait le composant... Son parfum ne le laissa indifférent, à porté de son odorat, le humer lentement fut un plaisir insatiable... D'un sensible mouvement du poignet, l'être divin généra un typhon maitrisé au sein du verre... Une fois la question posée, la réponse s'en suivit l'instant d'après...

En effet, c'est bien la première fois...

Son regard alla se perdre dans le déluge du liquide pourpre...

Mon existence n'est que errance sans but, ni fin...

Ses lèvres attelèrent lentement le bord du verre accueillant un filet du délicieux de vin au gout révélé... Son parfum semblait exercer une emprise sur lui, beaucoup trop intense pour les mortelles... Ses pupilles pénétrèrent ceux de la jeune fille, les doutes l'accablèrent... Il ne tarda pas à palper une forme abstraite qui ne put que se plier à sa volonté et lui dévoiler ce qu'il veut voire... Néanmoins, un voile ganta la forme nébuleuse, scellant les secrets de son âme, imperméable aux yeux de la nuisance qu'il représenta...

Étirant un fin rictus... Une demi-déesse...

Un dernier nuage de fumée quitta les lèvres fines de Miya, et son regard se plissa sur les derniers mots de son interlocuteur. Ses yeux se tournèrent vers l'être divin et suivirent chacun de ses mouvements, jusqu'à ce qu'il capte à nouveau son regard. La demi déesse était troublée... Envoutée... Elle avait l'impression qu'il mettait son âme à nue, et qu'elle ne pouvait rien faire pour l'en empêcher... Une fois de plus, elle ne put se détourner des ténèbres envoutantes des prunelles de son interlocuteur, et Miya lui murmura :

- Tout existence a un but... et une fin...

Elle était bien mal placée pour prétendre que toute vie avait une fin. Elle savait pouvoir être tuée, et d'une seule façon - elle avait oublié laquelle... Mais parler d'immortalité à un inconnu - et surtout, de l'éternité seule... - était au-delà des forces dont disposait Miya en ce moment. Elle porta le verre de vin à ses lèvres et réussit à tourner la tête. Cet homme avait quelque chose qui mettait Miya mal à l'aise...

Sobre, calme, ténébreux.... L'être divin n'était d'accord avec son raisonnement, des entités tels que lui avaient l'éternité devant eux, les buts... Ils en avaient eut des nombres insondables, et son existence faisait qu'il devait y être à court à un moment ou à un autre, comme maintenant... Après quelques réflexion, la jeune fille déclina son regard, ça présence dut lui paraitre hostile... En effet, tout innocemment, son parfum était funeste et signe de mauvais augure... Mais, envoutant et déroutant pour qui en humerait l'essence...

Par petite aspiration, son verre fut savouré, tout deux seuls... Thanatos reposa son verre sur le contoir poncé... Relevant sa tête vers les cieux...

Quand bien même, jeune fille... Tout existence a un but et une fin... La mienne consiste à mettre un terme à tout... Je resterai le dernier... Et subsisterait seul...

Ses paupieres voilèrent ses globes oculaires...

Pour en définitif, mettre fin à la mienne...

Sa tete toujours relevé, ses pupilles ciblèrent ceux de la jeune fille...

Les autres dieux peuvent festoyer et s'amuser... Car ils ne connaissent ce degrés d'accablement, de tourment...

Son visage progressa lentement vers le sien, penchant légèrement afin de plonger dans sa nuque, humant son parfum et revenir face au sien...

Même toi... Demi-Déesse, tu en es dépourvue...

L'être divin se redressa, dans le même élan, le verre fut saisi et porté à ses lèvres afin d'en savourer le nectar pourpre...

Miya tiqua sur le "jeune fille". C'est fou ce que les femmes peuvent être susceptibles sur leur âge... Mais à mesure que son voisin parlait, elle se tendit... Son cœur battait la chamade... Même ses mains se mirent à trembler... Elle refusait de croire qu'elle avait en face d'elle celui qui lui avait tout pris... Celui qui lui serait à tout jamais inaccessible d'une certaine façon... La jeune femme se tourna lentement vers lui à nouveau, ignorant si elle devait se pendre à son cou pour qu'il l'emporte sur le champ... Si elle devait le haïr... Ou encore s'il pouvait lui rendre les deux êtres qui lui manquaient tant...

Elle resta une fois de plus totalement paralysée, lorsqu'il approcha avec lenteur son visage du sien. Son odeur était enivrante, mais ce qui lui murmura effraya Miya. Elle n'avait jamais pensé être une "demi-déesse", et c'est pourtant ce qu'elle était en un certain sens. Cet homme - non, ce dieu - était terrifiant, et il inspirait à la chanteuse passion et haine. Sa fine bouche s'ouvrit et se ferma plusieurs fois. Elle ne savait pas quoi dire. Ni dans quel ordre. Et puis, elle était subjuguée par la grâce qu'il mettait dans chacun de ses mouvements. Miya finit par souffler pour n'être entendue que de lui :

- Alors quoi... Vous pensez sincèrement être le seul à souffrir ainsi... J'ai vu mon monde se faire détruire, et être la seule à en réchapper...

Voilà, elle avait opté pour une colère contenue. Elle avait voulu rajouter : "Rien ne vous oblige à faire ce que vous faites", mais s'abstint. Sans lui, que deviendrait le monde...

La jeune fille, semblait aux yeux de Thanatos, dépourvue de bon sens, une défaillance cruciale dans l'art de jauger deux situations bien opposées et différentes, il n'avait put d'ailleurs, suite à ces dires, empêcher son rictus d'arborer ses lèvres, impétueusement... Mais ce fut là, un scénario des plus fréquents, la perte d'un être aimé déroutait au point de faire de ces peines, inconsciemment, l'ouvrage tragique le plus importants et considérable qui soit, lentement, l'être qui commandait à la mort, murmura un morceau des dires de la jeune fille...

"...être le seul à souffrir ainsi..."

Nul être le savait... La mort était en effet, le seul à souffrir ainsi... Nul être au monde, n'a gouté à l'accablement et au tourment suprême, qu'il vit à chaque instant... Détesté et haï, subsistant incompris, indéniablement, le fléau de l'humanité... Soudainement, ses pupilles pénétrèrent ceux de la jeune fille...

Désires tu rejoindre les tiens... L'éternité doit bien te sembler amère, ainsi peinée...

Son visage entretenait une expression fade... Jamais la mort n'empesta autant en ces lieux...

Miya traversait une période terriblement difficile, surtout qu'elle croyait encore être la seule immortelle. Elle avait voulu croire, comme une folle, qu'elle avait trouvé le bonheur, et surtout l'amour... En fait, espérait encore qu'il soit en vie quelque part... Et elle avait osé croire qu'il lui était accessible, tout comme elle avait imaginé, il y a fort longtemps, qu'elle aurait pu vivre et vieillir avec son jumeau.

Et la proposition de l'être divin, à ses côtés, était fort alléchante, surtout en cette funeste période... Elle ne se souvenait même pas quand elle avait relevé les yeux vers lui, à nouveau prisonnière de ses ténèbres. Miya était quelqu'un de foncièrement égoïste, et elle n'en pouvait plus de la souffrance qui enserrait son cœur à chaque instant. Tout aurait été tellement plus facile, si elle lui disait oui tout de suite...

Au lieu de cela, elle approcha sa main du visage de Thanatos et effleura sa joue du bout des doigts :

- Non... J'ai encore l'espoir de retrouver quelqu'un en ce monde...

L'odeur forte qui s'était élevée dans l'air avait quelque chose d'irrésistible et d'inaccessible... Mais qui ne faisait pas peur à la jeune femme.

- Et la votre, d'éternité... Elle doit être tout aussi solitaire et triste... Si ce n'est davantage...

Elle esquissa un sourire, légèrement forcé :

- Au moins, je pourrai peut-être vous tenir compagnie à la fin des temps...

A chaque parole qu'il avait dit précédemment, l'être divin ressentait en elle, une emprise, que le sens lourd de ses mots exerçait sur elle, qui l'accablait de diverses réflexions... Au seuil de son âme, il vit beaucoup de chose, tellement limpide, elle qui était désemparée... Attendre impatiemment un être qui occuperait un peu de son éternité... Très certainement un amant... Un mortel...

Quelle somptueuse chimère... Croire aveuglement au bonheur, malgré le fait de changer inlassablement d'être dont la vie est déterminée... Comment put elle concevoir l'amour en menant une telle existence...

Chacun de ses êtres aimés s'étaient crus unique et désiré, ce n'est qu'à leur trépas, l'instant où, Thanatos fauchait leur âme, que la vérité les tourmentes, cruellement... Là, où ils s'aperçoivent enfin que tout n'était que de la substitution, chacun se relayant, pour contribuer à un bonheur... Éternellement...

Une forme d'égoïsme employée par certains êtres divins, leur remède contre l'éternité...

Du bout de ses doigts fins et raffinés, la demi-déesse effleura impunément la joue de l'être divin, qui n'émit aucune réticence à cela, appréciant cette douceur lénifiante...

Tu n'amasseras que peine et chagrin, en vivant aux cotés des mortels...

Détournant légèrement le visage, ses lèvres attelèrent lentement la paroi des doigts fins de la demi-déesse, puis la paume, se détachant de cette main, afin de progresser vers ses lèvres... Entrouvrant les siennes, sa progression s'estompa à l'effleurement de ceux de la jeune fille, laissant son souffle heurter leur corps pulpeux, ses pupilles pénétrants toujours les siens...

Cela n'en tient qu'à toi...

Étirant un fin rictus, l'être divin se redressa lentement, détournant son regard ainsi que son visage, dans ce même élan effréné, ses doigts allèrent saisir son verre qu'il porta à ses lèvres, d'un lent mouvement du poignet, le liquide pourpre se faufila entre la jointure de ses lèvres, glissant dans son gosier... Son regard était légèrement masqué par ses mèches, et son rictus, subsistait, en une manifestation funeste...

Il l'ignorait, mais Thanatos se trompait. Sans doute au contraire de nombreuses divinités, Miya n'était pas une croqueuse de mortels. En réalité, il n'y en avait que deux pour qui elle avait éprouvé un véritable amour, même s'il était de nature différente. Il y avait d'abord eu son frère jumeau, brutalement assassiné il y a bien trop longtemps. A cette époque, on avait scellé son immortalité par des sortilèges, et Miya avait espéré vivre, vieillir, et mourir avec son jumeau... Déjà à cette époque, elle s'était juré de ne plus jamais offrir ainsi son cœur à qui que ce soit... Serment bafoué lorsqu'elle avait rencontré Ryuga, quelques mois auparavant, et qui à présent manquait terriblement à l'appel. Miya avait le sentiment que l'être divin, devant elle, ne l'avait pas emporté... Alors elle espérait, et elle attendait, ne serait-ce qu'un signe de la part de son amant. Elle avait toute l'éternité...

Elle savait qu'elle serait malheureuse sur ces terres de vies si éphémères, et Miya regretta presque un instant avoir refusé la proposition qu'il lui avait faite plus tôt. Mais ça aurait été trop facile... Et il avait déjà un tel poids sur les épaules... Le contact des lèvres de Thanatos sur sa main la fit frissonner, et elle le vit, paralysée, fascinée, approcher son visage, ses lèvres effleurer à peine les siennes... Et les mots qu'il lui souffla résonnèrent, tel un écho, dans son esprit.

Miya s'accouda au comptoir, et tourna la tête. Son pouce vint caresser un des nombreux anneaux qu'elle portait. Après tout, il n'avait pas entièrement tort ; même si elle pouvait partager son immortalité, rien ne la préserverait de la folie. Tout serait tellement plus simple si elle était tombée amoureuse d'un...

Son regard revint vers Thanatos.

... immortel.

Elle saisit son verre à son tour, et murmura :

- Peut-être ne connaitrais-je que trop de peine auprès des mortels... (elle but une gorgée de vin, lentement) Mais au moins, deux d'entre eux, à leur façon si humaine, m'auront fait connaître l'amour, et la passion... Que je ne trouverai jamais auprès d'une divinité, quelle qu'elle soit...

Indéniablement, son rictus, à ce moment ne refléta que le pathétisme que la demi-déesse lui inspirait, elle, proie de Cupidon, qui se plut à jouir de ses caprices et à dérouter la jeune fille... L'être divin qui commande à la Mort, ne pouvait concevoir une telle voie... Jusqu'à maintenant, tout paraitrait comme des avances et de beaux discours dans l'objectif de séduire, mais il n'en fut rien, Thanatos ne s'alliait avec personne... Son coeur était acre et plein d'amertume...



Tu es bien prétentieuse et ne connait, malheureusement, l'éternité affligeante...

Marquant une pause...

Deux mortels... Deux amours... Une trahison...

Le premier n'a plus de valeur à tes yeux, pour l'avoir laisser sombrer dans l'oublie ainsi... Quand bien même tu tentes de me démentir, le second mortel, prouve irréfutablement, ta trahison envers le premier...

L'Amour est un sentiment égoïste, qui ne retient qu'un seul être...

Ses paupieres dévoilèrent ses iris pétillants de milles éclats carmins...

Et à la mort du second, même si des milliers d'années de solitude s'écouleront... Ce scénario se reproduira... Une troisième substitution...

Ne sous estime pas le destin... Qui peut mettre sur ta route, un mortel perspicace qui saura effacer tes sentiments affadis par le temps et le désespoir, afin de les réécrire pour s'introniser dans ton coeur...

Savourant son nectar pourpre...

Quel destin funeste...

Un léger vent chaud sut de par les jointures de la portes d'entrées, pénétrer les lieux, afin de heurter les protagonistes...

Le verre de vin éclata net dans la main de Miya, sous le coup de la colère. Comment osait-il ? Elle se leva brusquement, renversant sa chaise derrière elle. Dieu de la Mort ou non, elle était prête à tester s'il pouvait être tué. La demi déesse serra les dents jusqu'à la fin de son discours, et d'une voix posée, pleine de dédain et de haine, cracha :

- Comment osez-vous prétendre que j'ai pu, même une seconde, oublier mon frère jumeau... Sous prétexte que j'ai trouvé un amant...

Ses poings serrés tremblaient. Et malgré son patron qui arrivait pour nettoyer les débris de verre, elle continua :

- Vous avez choisi de passer l'éternité seul. Pas moi. J'ai même songé à y renoncer par amour. Quelque chose que vous ne comprendrez sûrement jamais, puisqu'il vous plaît tant d'être un martyr solitaire.

Miya appuya sur un des pieds de la chaise pour la remettre debout, et lentement, se rasseoir. On lui avait servi un nouveau verre. Elle observait le mouvement lent du vin. Ses yeux étaient dans le vague, baissés. Elle cédait trop facilement à la colère... En même temps, il l'avait bien cherchée. Elle découvrait enfin quelqu'un d'assez semblable à elle - il était rassurant de savoir qu'elle n'était pas la seule immortelle... - et il avait le culot de lui faire la morale sur les deux hommes qu'elle avait aimés... Et qu'en fait, elle aimait toujours très profondément. Elle ne s'était jamais vraiment remise de la mort de son jumeau, alors que la destruction de son monde, au final, elle s'en fichait pas mal maintenant. Ryuga n'avait jamais remplacé Jhun dans son cœur, ne le remplacerait sans doute jamais, mais le policier disparu y occupait une place très importante.

- Comment pouvez-vous prétendre, sans rien savoir de moi, que votre putain de Destin pourrait mettre quelqu'un sur ma route qui effacerait les sentiments que j'ai toujours pour ces deux hommes. Vous n'imaginez même pas à quel point vous pouvez vous tromper.

Miya but son verre d'un trait, se leva et prit son paquet de cigarettes.

- Et puis allez vous faire voir.

Elle avait décidé au dernier moment de rester polie malgré tout. D'un pas léger, elle sortit du bar pour fumer à l'air libre.

Sobre, calme, réfléchi... Toute son exaltation modela son visage, sa voix froide et modérée, perça le seuil de la porte ouverte, pour atteindre la jeune fille courroucée...

Je ne suis pas venu à ta rencontre pour écouter le récit de ton utopie chimérique, ni pour entendre tes criailleries à propos d'un condamné au châtiment de l'enfer...



L'offre charitable de la mort...

Seulement, pour une proposition...

Marquant une pause...

Celle de me léguer ton immortalité... Ainsi, tu mèneras l'existence d'une mortelle ce qui ira harmonieusement avec ton pathétisme...

D'un battement de paupière, son corps se retrouva face à celui de la jeune fille... Les cheveux battant comme des éclairs, troublés par le vent impétueux de l'exterieur, ses lèvres étirèrent son effroyable rictus... Révélant toute une ambition démesurée...

C'est dans ton plus grand intérêt d'accepter mon offre charitable... Tu vivras et vieilliras au coté de l'être aimé, en contre partie, j'obtiendrais l'essence de ton âme...

Seul la Mort, peut t'offrir cette opportunité...

Acceptes ou déclines...

Des pupilles d'une ténébrosité effarante pénétrèrent ceux de la jeune fille...

La fine cigarette de quittait pas les lèvres de la demi déesse. Elle n'était psychologiquement pas assez forte pour tenir davantage tête à Thanatos. Et le pire c'est qu'il continuait à la chercher ! Sa proposition était très tentante, bien entendu... Mais quel était l'intérêt de vieillir seule ? Quitte à devoir mourir, autant qu'elle reste belle jusqu'à la fin, non ? Miya finirait bien par trouver un moyen de sceller son immortalité, comme son frère l'avait fait il y a longtemps.

Et puis, elle n'aimait pas l'homme qu'elle avait devant elle. Elle le haïssait non pas pour ce qu'il était, mais pour la suffisance qu'il se donnait. Et son regard, toujours aussi envoûtant... Non, Miya voulait qu'il disparaisse, celui qui avait bafoué la mémoire de son frère. Qui osait remettre en question l'amour qu'elle portait à son amant disparu. La colère primait sur la tristesse qui enserrait son cœur. Et ces yeux ténébreux commençaient à l'insupporter...

- Ma réponse reste non. Je ne dépendrai jamais de toi. Et tu ne m'auras jamais.

Elle n'en pouvait plus du regard de Thanatos. Son poing se leva, elle tendit deux doigts, et avec colère, voulut crever les yeux de l'être divin...