Bon elle m'avait suivi sans faire d'histoires et sans faire péter quoi que ce soit, donc on était déjà sur une bonne base. Une fois dans le trou, sans la quitter des yeux, je lui avais demandé la dite carte qu'elle me parlait plus tôt. Je la gardais à l'œil tout en restant à une distance que je jugeais satisfaisante. La pluie commençait doucement à se calmer, et franchement, je ne pouvais pas vraiment m'en plaindre, j'étais bien trempé.
Je la surveillais quand elle était en train de fouiller dans son sac, se mettant à sortir des choses étranges, comme des sortes de paquets, un autre objet qui ressemblait à une feuille, puis, enfin elle me sortais ce qui m'intéressais. Je me suis mis à m'approcher un peu plus pour récupérer la dite carte de ses mains, la gardant en joue, toujours l'arbalète à la hanche, puis je me mis rapidement à regarder la carte en reculant. J'avais froncé, la regardant un instant en entendant le nom de la ville. Oui je la connaissais, mais j'avais quand même besoin de plus d'info sur tout ça.
La carte avait un style assez spéciale, plutôt original et l'écriture, inconnue au bataillon, mais en même temps, je n'étais pas du genre à être très lettré, donc bon. Ça n'avais pas été bien grave pour autant, je reconnaissais plutôt bien la carte, ça ressemblait bien à notre continent, en tout cas le bout de chez nous, donc je cherchais les points de repère pour trouver la ville, et elle était là. Plasferia, une fichu ville près d'un endroit craignos. J'en venais à poser un instant mon arbalète au sol, contre ma jambe, le carreau en direction de l'eau et la boue, venant me pincer le haut du nez en fronçant le regard en soupirant.
Je venais à révéler le regard après ses explications, la voyant alors se déshabiller, pour quelle raison ? Bonne question, peut être un coup de chaud, ou le fait que la pluie soit en train de se calmer. Elle avait une peau sacrément blanche, elle me ferait presque passer pour un Mesaien à côté d'elle d'ailleurs. La pluie n'était pas vraiment l'amie de sa pudeur en tout cas, parce que ses vêtements n'étaient apparemment pas du genre à apprécier d'être mouillé vu ce qu'il révélait. Est-ce que ça me choquait ? Non. Je vis dans un royaume ou la pudeur n'est pas des plus grandes, donc ça n'allait pas être cette vue qui allait me choquer, je n'allais pas sortir un " cacher ce sein que je ne saurais voir." Ou un truc dans ce genre, mais en tout cas, elle était très loin d'être moche.
Passant très rapidement outre cela, je la regardais dans les yeux pour lui dire, quelque peu fatigué par la journée et les rebondissements que le coin avait l'air d'aimer m'offrir.
" Alors, franchement, pour vous, j'aurais préféré que vous me disiez le nom d'une autre ville. "
Je venais tourner la carte dans sa direction, puis de mon autre main, je commençais à lui indiquer certaines choses, encerclant où l'on était avant de montrer une seconde zone proche de la ville en question, puis la position de la ville.
" On est là, toute la zone de plusieurs kilomètre autour de nous et après le pont sont une zone de non-vie et de non-droit. La zone là, c'est les bois sombres et juste au-dessus, dans les terres du nord, vous avez Plasferia."
Je la regardais avec très peu d'engouement, ce qui devait facilement trahir le fait qu'elle n'allait pas avoir beaucoup de chance ni de succès si elle allait là-bas.
" C'est une ville avec une très mauvaise réputation, des gens peu amicaux et s'ils ont bien vos amis là-bas, ça va être plus que compliqué pour vous de vous y rendre."
Je fis ensuite une légère grimace en me rappelant d'une chose plus gênante, une chose qui allait déjà bien la ralentir, regardant toujours ses yeux, son visage original.
" Votre première tache la plus compliquée, ça va être de convaincre mes supérieurs que vous n'êtes ni une espionne, ni un danger."
Et ce qu'elle était l'un ou l'autre ? Franchement, je n'en savais rien, mais quand les officiers auront réglé ce détail, ce ne sera plus mon problème. Je lui tendis ensuite sa carte pour la lui rendre, venant suivre le mouvement sans perdre de temps, plaçant mes deux mains pour venir détendre la corde de l'arbalète après en avoir retiré le carreau chargé. Je venais après ça, poser tout ça dans mon gambison qui avait bien absorbé la pluie, posée dans la boue, y rangeant aussi les outils avant de le rouler en boule, puis, de le caler sous mon bras avant de me tourner de nouveau vers elle, lui disant d'une voix ... Normal, pas vraiment menaçante, mais vue mes mots, ça pouvait facilement se ressentir comme, et je ne pouvais pas lui en vouloir.
" Bon, suivez moi, je vous conseil encore de me suivre, parce que sortir de cette zone serais un calvaire pour vous, et même si vous atteignait les bordures, un paquet de personnes vous y attendrais."
Est ce qu'elle pouvait facilement me tuer en cet instant ? Biensur quoi oui, mais franchement, si elle venait vraiment de si loin, c'était comme se planter une dague dans sa propre main, elle risquait beaucoup trop à le faire, mais si cela n'excluait pas cette option. Je me mis à ce moment-là à me relever du trou, une jambe après l'autre en me tournant vers elle pour voir ce qu'elle faisait.