La déesse passa le chiffon qu'elle retenait entre ses fins doigts sur la table, posant habilement sur le plateau les verres vides, et posa l'addition avec une certaine violence sur le bois de la table qui mourrait doucement - elle avait fait son temps - avant de repartir donner tout ça aux pauvres esclaves qui étaient forcés de faire la vaisselle. Elle passa sa main sur son front. Elle portait une tenue habituelle de serveuse, une jupe, des bas, des chaussures - mais pas talons, qui risquaient de la faire tomber à chaque pas - , un léger pull noir avec un fin col en V , mais pas vulgaire, à cause du temps qui se rafraichissait, un tablier blanc et un fichu noir attaché à la va-vite dans ses cheveux.
Vous vous demanderez sûrement comment la jeune déesse, crainte et respectée, est devenue serveuse. Eeh bien, tout simplement parce qu'elle le veut. Le travail à l'auberge lui plaisait, elle rigolait bien et passait de bon et agréables moments, discutant ici et là, et mettant des raclées monumentales aux pervers qui se perdaient à la vouloir. Elle était une déesse puissant, aprés tout ! Il ne fallait pas la chercher !
Enfin, elle s'amusait surtout à paumer son agent. Depuis qu'elle était devenue mannequin, certes, elle se plaisait à participer à mille et une soirées, à voir son visage et son corps affiché, à défiler sur des podiums, à être connue et reconnue, mais un soupçon de discretion parfois l'apaisait. Ici, personne ne la connaissait. Enfin, elle le pensait, elle n'en était pas sûre. Elle attrapa quelques verres sur le bar, croisa une serveuse neko, et servit les personnes avec leurs commandes. Elle but un rapide verre d'eau, et remarqua qu'une nouvelle personne venait de prendre place sur une table. Elle s'approcha rapidement, un grand sourires aux lèvres :
- Bonjour ! Vous désirez ?
Une voix etincelante et un peu trop aigue à son goût ... Hera se presenta, droite, le plateau plaqué contre son ventre, le sourire aux lèvres. Elle avait toujours au cette crainte qu'on la reconnaisse. Elle ne voulait pas qu'on la reconnaisse, et qu'on l'hurle dans toute l'auberge.