Il règne Chez Mère un étrange calme. Non pas que normalement ce soit chaotique, mais il y a en général des bruits. Du passage dans les couloirs. L’entrée, coincée entre les grandes portes de devant et celles donnant accès au bordel, est large et est souvent animée de discussions. Afin que la maison ne résonne pas des échos répercutés par les murs de pierre, Mère a fait tendre des tentures aux plafonds et meublés les lieux avec goût…les siens. Le confort est le maître mot de la maison. Aussi, on trouve de quoi s’asseoir ou même folâtrer un peu partout. En somme, c’est un bordel qui veut donner la sensation en y entrant, de chaleur et de bien-être. Il y a donc beaucoup d’activités entre ses murs. (Il ne faut pas être choqué trop facilement, car il y a des gens qui aiment le faire dans des endroits peu cachés et il n’est pas rare d’apercevoir une paire de fesses en pleine besogne ou…un pénis…voir plus.)
Pourtant…Olympe déambule dans des couloirs presque vide. Les quelques clients présents pour les quelques putes restantes, sont confinés dans les chambres. Au détour d’un couloir, elle aperçoit de temps en temps quelqu’un. Client en attente de son amante qui se prépare, employés qui fait quelques nettoyages. Drapée dans une tenue légère, car comme souvent, il fait chaud dans La Ville, Olympe frappe à la grande porte des appartements de Mère.
« Entre. »
Avec la maquerelle, il n’y a pas besoin de se signaler, elle sait qui c’est derrière. On spécule sur le comment elle parvient à savoir et beaucoup y vont de leurs théorie allant de la magie noire à une technologie plus moderne qu’elle serait parvenu à mettre au point…alors que ce talent tient a ses oreilles et sa bonne mémoire des sons. Ainsi, elle a reconnu à sa manière nonchalante de lâcher son poing contre la porte, que c’était Olympe.
« Mère. Avez-vous des nouvelles ? »
« Tous sont bien partis de Nexus, mais il y a eu un problème durant le voyage. Dont la nature ne m’est pas encore parvenue aux oreilles. Mais…tout le monde va bien. Il y a juste quelques…nausées, mais je pense que c’est le mal du transport. »
Olympe ne comprend toujours pas pourquoi les employés ont préférés voyager par les airs plutôt qu’autrement. Ce ne sont pas les moyens de parvenir à La Ville qui manquent.. si tant est que vous en connaissiez l’emplacement. Comme si Mère lisait dans les traits d'Olympe, elle répond sans attendre de question.
« Il y en a qui n’ont pas confiance en la magie. Tout comme quelques employés viennent par la terre. Moi je leur ai dit qu’ils devaient faire de sorte d’arriver. Qu’ils viennent en licorne ou en Baleine…je m’en tapote le cul par terre. »
Que voulez vous répondre à ça ? Face à une vieille maquerelle, qui paraît si petite et fragile derrière son bureau, mais à l’air si sûr d’elle à vous toiser derrière ses lunettes de lecture. Qu’elle ne met que rarement « je vois plus la laideur des gens comme ça. » pour ne pas dire qu’elle ne veut pas vieillir.
« Ça va aller d’ici à ce que tout le monde revienne ? Il ne reste pas grand monde et les clients vont finir par ne plus revenir s’ils trouvent mieux chez Tatie ou Père… »
Olympe ne parle que rarement. Elle laisse Mère faire le plus grand de la conversation, mais bien que silencieuse, elle ne donne pas l’impression de ne pas participer.
« oui. On va gérer. »
Comme toujours. Chez Mère, il n’y a que rarement des problèmes, car les employés ont beaucoup de solution.
« Tu es la seule aînée ce soir. »
« Oui. »
Mère hoche simplement la tête et Olympe sort rejoindre Alice à l’accueil. Pas besoin d’en dire plus. Elle va devoir gérer, car Mère est occupée à faire de sorte de récupérer ses enfants, perdus entre Nexus et ici.
…
A l’accueil, Alice gère comme elle peut. Pendant que Olympe allait voir Mère, la jeune recrue essayait tant bien que mal de diriger les clients au mieux. Elle a reçut une note de Mère qui lui explique quoi dire et quoi faire. Heureusement, lorsque sa douceur l’empêche de hausser le ton, la sécurité prend la relève. Et lorsqu’un Orc fait office de gardien, peu sont celles et ceux qui essaient longtemps de soudoyer la recrue.
Des clients vont et viennent. Certains semblent déçus lorsqu’ils reçoivent la liste des prénoms d’employés disponibles, d’autres accepte volontiers d’attendre un peu, mais la plupart disent qu’ils reviendront. Alice promet que ça durera pas, bien qu’elle ne sache pas vraiment. Mais bêtement, elle se dit que ça fait plaisir aux gens.
« J’aurais dû aller avec les autres pour ce voyage. »
« Tu n’es pas prête Alice. Le client voulait les employés qui savent y faire…qui sont plus à l’aise. »
« OLYMPE ! »
La petite créature aux oreilles pointues saute au cou de son aînée, qui la rattrape sans ciller. Le mètre cinquante quatre de la demoiselle la rend facile à porter. Le couple ainsi formé se dirige vers le bureau et Olympe dépose délicatement Alice sur son siège.
« Comment ça se passe ? »
« Plutôt…bien ? Je crois… »
« Elle gère. »
La voix de basse de l’Orc monte du coin de la pièce. Assis sur un siège, il semble faire partie du décor, car il ne bouge pas. Une statue verte. Olympe le remercie d’un sourire et rassure Alice. Elle va aller voir si quelqu’un peut prendre sa place à l’accueil. Soulagée, Alice reprend du courage pour continuer son dur labeur.
« Prend le comme une leçon. Savoir accueillir et rester courtoise face à tout client est une vertu ici. A tout à l’heure. »
« Oui ! » La porte se referme sur le visage souriant de Alice. « MERCI !...Ah. Elle a pas entendu… »
Alice retourne donc à son travail, profitant qu’il n’y ait personne pour relire les notes de Mère. Lorsqu’une nouvelle âme vient chercher de la chaleur humaine entre, Alice fait son petit rituel. Si le ou la cliente décide de rester, elle les fait entrer dans le bordel avec l’autorisation de promener. La prostituée choisie saura les trouver.
Replongée dans les notes prise d’une belle écriture ronde, comme elle l’a appris à l’école dans son village natale, tirant la langue sous la concentration, la petite ne voit pas, ni n’entend lorsque l'orc prend sa pause. Elle ne relève la tête que pour se rendre compte qu’il n’est plus à sa place.
« La politesse des Orcs. »
D’un ton légèrement boudeur, elle se dispute à voix haute tout de suite après.
« Alice. Tu ne dois pas faire de raccourci sur la race des gens. Ou leur espèce. Olympe serait déçue… »
Petit soupir, elle sursaute lorsque la lourde porte s’ouvre. Et elle semble oublier qu’il ne faut pas juger, car elle prend peur face à l’homme qui vient d’entrer. Si elle obéit à son instinct, elle se lève et part en courant chercher de l’aide. Mais dans la maison de Mère, ce comportement la mettrait pour sur à la rue.
Elle reprend ses notes en tremblant, essayant de ne pas trop laisser voir sa crainte. Mais Alice est mauvaise aux Poker et ce n’est pas pour rien.
« Bon…soir. Bienvenue…ici. Chez Mère…je… »
Il voulait voir Mnemosyne. Une jolie créature connue pour sa souplesse et sa belle chevelure blonde. Mnemosyne, qui est partie et est coincée quelque part avec les autres employés. La jeune femme lui tend le papier où il y a des noms, identité et âge des employés disponibles. Olympe n’y figure pas, devant gérer la maison pour l’instant. Alice pose un doigt moite sur la feuille, sa voix n'étant plus qu’un chuchotement.
« Mais je peux essayer de…je peux vous prévenir si vous me laissez un… »
Elle ne voulait pas avoir à faire à cet homme. Il ressemblait aux méchants dans les livres d’histoire. Voilà pourquoi elle n’est pas partie avec les autres. Parce qu’elle est incapable de laisser ses préjugés de côté. Si seulement Olympe était avec elle maintenant. Elle traite les gens avec la même chaleur, quelle que soit sa nature. Voilà pourquoi elle est aînée alors que ce n’est pas la plus âgée de la maison. Et que Alice est encore recrue, alors qu’en pratique, elle a déjà fait ses preuves.
« Je vais m’occuper de monsieur…Alice. »
Olympe vient d’ouvrir la porte qui donne sur le bordel. Elle se tient entre l’ouverture et l’accueil et sourit à Alice.
« Il y a quelqu’un qui va venir prendre ta place. Il faut que tu ailles voir Mère. Elle a une mission. »
Soulagée, Alice bredouille des excuses emmêlées, entre « pardon vous me faites peur » et « je dois vraiment y aller pardon d’être une recrue » a un débit tel qu’elle a disparu avant d’avoir attendu une réaction.
« Veuillez pardonner le comportement d'Alice. C’est une recrue. Elle est jeune. On l’a tous été non ? »
Sans-gêne, Olympe détaillait de ses yeux hypnotiques Gerd, de la tête aux pieds. Elle s’attarde là où ça flatte parfois l’autre, les muscles, le visage. Ses yeux brillent légèrement car son goût pour les personnes imposantes est un fait. La porte reste ouverte après le passage de Alice, Olympe se dirige sans prendre le temps de la refermer, vers Gerd. Elle s’arrête entre lui et le bureau d’accueil, s’appuyant contre, son corps proche de celui du client.
« Je suis Olympe. »
La voix est aussi caressante que celle de Alice n’était effrayée et troublée…