Il y avait du bon et du moins bon dans ce que lui racontait cet homme, Galadriel soupirait intérieurement à certaines paroles, il donnait l’impression de tout connaître, ce qui n’était pas le cas. L’histoire de l’elfe n’était pas cachée, depuis que la forêt argentée avait pris feu, certains en avaient profité. Ce n’est pas étonnant, son peuple était devenu faible, tout le monde voulait mettre la main sur le trésor et sur les femmes mises en vente sur les marchés. Galadriel était au courant que des hommes de son peuple avaient réussi à survivre et qu’ils se trouvaient par-delà les terres, essayant de se rassembler pour se reconstruire, libérer les femmes et sauver la princesse.
Galadriel l’écoutait déverser son venin pour la faire douter, il mélangeait les arguments, lui donnait la patate chaude. Son discours était toujours aussi décousu et c’était fatigant de l’écouter ainsi. Quand il viendrait enfin à se taire, elle prendrait le temps de lui répondre sur tous les points, peut-être qu’elle réussirait à lui faire ravaler sa langue bien pendue. N’est pas qui veut une personne éloquente, Galadriel avait connu des vendeurs de tapis plus persuasif que lui. Et pour l’aider à la convaincre, en plus des paroles il dut utiliser sa magie, preuve qu’il avait des difficultés à se faire entendre.
L’illusion commença à se former autour de Galadriel, les barreaux de la cage venaient à disparaître pour laisser place à son ancienne forêt, le cœur de la tribu, elle se tenait derrière l’arbre géant où elle vivait avec ses parents. Devant elle, son peuple qui venait à l’applaudir pour la féliciter d’avoir réussi à reconstruire le village, les elfes étaient libres, la forêt était redevenue comme avant. Galadriel, devant son peuple ne disait rien, ne bougeait pas, juste ses yeux balayaient la scène de gauche à droite par étages pour ne louper aucun détail. Il ne fallait pas dire que cette vision ne lui procurait aucune émotion, c’était apaisant de voir son peuple. La forêt verdoyante, sentir l’air frais caresser sa peau, écouter les bruits de la nature.
Et c’est avec un pincement au cœur qu’elle retourna à sa réalité en cage avec les esclavagistes, Galadriel n’était pas dupe, elle savait que ce n’était qu’une illusion pour la faire céder. « C’est bon vous avez fini avec vos tours de passe passe. » L’elfe restait dos à son interlocuteur, les bras croisés devant elle, montrant qu’elle restait fermée à lui. « Par où je vais commencer… »
« Les sujets faciles à traiter. La lignée, la grande famille, vous m’avez dit princesse c’est bien le cas, mais chez nous il facile de changer de gouverneur. Si le peuple estime qu’il n'est plus capable de diriger nous procédons à une nouvelle élection. Qui sait peut-être que je ne serais pas une bonne princesse, même si mon père m’a tout appris. » Tant qu’un conseil n’avait pas lieu en sa présence, ou que sa mort sera avérée, le peuple continuera de croire en elle. Pour le moment, elle restait bien la princesse qui devait succéder à son père et à sa mère, étant la seule enfant. « Pour la prime, je me demande bien qui n’est pas au courant, Ashnard redouble d’efforts pour mettre la main sur moi. » Où sur le trésor, c’était la guerre, il devait trouver des ressources.
Les premiers points étaient éclaircis aux suivants. « Mon espoir ne réside pas ici, je n’entretiens pas l’espoir qu’un client vienne diminuer mon prix de vente, je disais juste que c’était une bonne occasion de fuir ensuite. C’est vous qui vouliez me faire peur en baissant mon prix je vous signale, sauf que tout cela me passe par-dessus la tête, votre approche qui devait m’effrayer ne m’a même pas donné la chair de poule. Alors je vous prie de ne pas détourner mes propos et d’apprendre à écouter votre interlocuteur. » Galadriel n’avait pas peur de lui faire la leçon qu’importe qu’il se prenne pour le diable ou autres détracteurs des ténèbres. S’il voulait l’attaquer, il l’aurait déjà fait, il cherchait autre chose et son petit doigt semblait savoir quoi.
« Et de ne pas croire que vous savez tout. Votre mémoire peut parfois vous jouer des tours… Certains elfes ont des notions en magie et la pratique, mon peuple qui vient des forêts argentées n’y connaît strictement rien. De mon côté j’ai eu la chance de côtoyer une personne qui l’utilisait avant de me retrouver ici, sauf que je suis loin de tout savoir ce que l’on peut faire avec ainsi que les limites. » Serenos avait l’habitude d’utiliser la magie avec Galadriel pour essentiellement lui faire plaisir, comme lui donner à boire lors de leur fuite, se cacher de la nudité qui la gênait. Ici cet homme venait de lui parler des points les plus cruels de la magie… Ce qui prouvait encore qu’il n’avait pas l’intention de se montrer gentil avec Galadriel.
« Pour moi, que ce soit la magie, la beauté, la lignée, la race, rien de tout ça n'est important. Être en cage et voir le vendeur en dehors ne me fait rien, car je sais qu’un jour je vais pouvoir sortir, je sais qu’un jour il va payer tout ce qu’il a fait. Le plus important est le cœur de la personne. » Nous pouvons être d’une grande lignée est eu le coeur noir comme du charbon, utiliser la magie à des fins chaotiques, allez au contraire de son peuple, de sa race. Galadriel ne pensait pas avoir le cœur pur, elle voulait une vengeance contre Ashnard et c’est là que l’homme se trompait encore une fois.
« Le seul point où je dois vous remercier est de m’avoir montré une dernière fois ma forêt sans cette fumée, les mercenaires, le sang et le chaos ! Le dernier souvenir que j’avais de mon peuple qui se faisait massacrer hantait mes nuits. Peut-être qu'à présent je pourrais mieux dormir. » Les nuits de Galadriel étaient remplis de cauchemars, ils tournaient en boucle sans qu’elle puisse réellement se reposer, les nuits calmes n’étaient qu’un vaste souvenir. « Et vous vous trompez. Encore ! Je n’ai pas échoué car je n’étais pas responsable de la sécurité de mon peuple, c’était mon père. Et il n’est pas responsable non plus… Pendant des années nous nous sommes endormis sur notre sécurité, les guerriers, le peuple, personne n’a rien vu venir. Et le deuxième point, reconstruire mon village, retrouver mon peuple n’est pas le vœux que je souhaite le plus. » Galadriel se retourna enfin vers l’homme.
« N’as-tu toujours pas deviné ce que je veux réellement alors que tu penses tout savoir de moi ? » Tout savoir en commettant de nombreuses erreurs encore et encore sur Galadriel est sa vie, elle c'était amusée à reprendre la structure de sa phrase.
« Moi j’ai compris qui vous étiez, à la façon de me demander encore et encore de te livrer mes envies… Mes souhaits ! » Un génie qui insiste beaucoup, c’est qu’il y avait une entourloupe derrière, Galadriel pouvait le sentir à mille lieues. « Tout pouvoir utile n’est pas gratuit. Ça m'étonne que l’homme qui se considère comme le diable vienne aider les esclaves en cage sur le principe de la bonne grâce. » Galadriel n’était pas une gamine qui venait à croire et faire tout ce qu’on lui demandait, si cet homme avait eu l’occasion de jouer avec des filles sans cerveau ce n’était pas le cas avec l’elfe. Il en faudrait plus pour le faire céder et la convaincre de prononcer son vœu le plus cher. « Si votre technique est de faire peur pour faire céder les gens… Que se passe-t-il si la personne n’éprouve que du dégoût face à un être comme vous ? Voir de la pitié. »