On ne tue pas un dieu avec des mots et des balles.
On tue un dieu avec une lame et un coeur.
C’est qu’il s’excite le vieux, faudrait pas qu’il fasse une attaque ni que sa langue de fourche trop. A force de chier autant d’insultes, il va finir par avoir la langue aussi baveuse qu’un chien en rut. L’avantage de cette situation c’est que plus il s’excite, et plus… Lyra commence à se détacher de la situation, pas qu’elle ne s’implique pas. Juste que les menaces de l’homme sont…
Ridicules ? A son échelle humaine, elle aurait pu être terrifiée… Mais ça fait maintenant 3 ans qu’elle s’est détachée de tout un tas de choses. Elle a vu des viols, elle a vu la dignité humaine se faire piétiner, elle a vu des bains de sang, de tripes, de merdes. Elle a vu l’enfer s’ouvrir sous ses pieds. Elle a vu son ombre changer, ses cheveux s’embraser comme une torche. Elle se bat sans cesse avec un dieu dans son crâne. Il l’apprécie, mais elle ne cédera pas un pied de sa volonté à ce dieu. Arès. Il souriait et elle le sentait alors qu’elle sentait la douleur dans son dos s’étendre. Elle retire sa veste. Sa chemise blanche, transparente laisse voir ses épaules tachées d’encre divine et de son sang qui se mélangent ensemble et tourbillonnent ensemble. Elle grimace. Les hématomes n'en sont plus, mais ressemblent davantage à une sacrée hémorragie... Ou alors... A un tatouage intégral du dos, ce doit être ça, à travers le tissu.
Une minute… Venir chier sur les plates bandes de types qu’elle ne connait pas ? Déjà, bonjour le bon goût, ensuite… Elle plisse les yeux, très légèrement. S’il parlait des flics, ce serait compréhensible, s’il parlait de la mafia… Elle ferme les yeux… Deux choix, soit il la mettait en garde, ce qui est plutôt vrai, soit il la met en garde d’une autre manière en disant de rester en dehors de ça. Et dans ce cas… Se mêler des affaires de la mafia ? Lyra croise les bras.
Pourri.
Lyra déglutit très légèrement, elle se demande comment il aurait réagi à son véritable nom. Oh, il aurait trouvé des excuses pour l’insulter copieusement. Arès grogne de vagues paroles dans ses tempes, il n’aime pas cet humain. Lyra non plus. Mais elle refuse vraiment de le tuer. Même si c’est une raclure. Elle n’a pas envie d’avoir à nouveau du sang sur les mains. Elle ne supporterait pas d'enfoncer une lame dans les tripes d'un type... Cette petite ne supporterait pas un traumatisme et qui sait ce que ça fait quand on choque un dieu. Après sa tirade aussi rocambolesque, Lyra croise à nouveau les bras sans le regarder. Sang-froid, même pire que ça en réalité. Elle n’a plus un air très impliqué en fait, elle se contente de regarder la route dériver, regarder le tram les frôler, comme si elle voyait un documentaire sur la reproduction des escargots. Les émissions télévisées lors d’insomnies, ça reste en tête… Autant que le manque de sommeil. Elle baille un peu dans un virage un peu serré. Elle regarde par la fenêtre. Tiens donc. Ce n’était pas le lieu de livraison. Que se passait-il ici. Un entrepôt ? Non, on dirait plutôt une usine. La donzelle ne bouge même pas quand la voiture freine. Elle n’est pas projetée en avant, non. Seuls ses cheveux bougent quand il freine. Parce qu’Arès est là, au fond de son regard. On verrait ses jolis yeux changer de couleur si elle ne portait pas ses lentilles noires.
Le déchet qui dit être le chef ? Si ce type faisait tant trembler la police et n’était pas le “supérieur” de ce chef… C’est qu’il y avait potentiellement quelque chose d’intéressant là-dessous. Soit il ne voulait pas de responsabilité, même si ce type semble pas contre se faire pomper par les autres… Soit il est trop… Violent pour monter en grade. Et ça avait l'air d'être le cas. Arès lui susurre des mots au creux de l’oreille. Un bon coup de genou dans le ventre, une main qui déplace sa mâchoire, l’autre qui démembre une jambe. Lyra est horrifiée par ses pensées. Elle secoue un peu la tête, lentement.
L’américaine observe les alentours. Bien, il y avait de la place, là. Au moins si ça ricoche, ça n’arrivera pas dans une de ses artères. Enfin, pour l’instant elle était pas préposée à sortir de la voiture, alors elle bouge pas…
Ha, à qui allait-elle faire croire ça, bien sûr qu’elle bouge. Lyra s’abaisse dès qu’il s’acharne sur le pauvre gars, elle n’en aura pas pour longtemps, les vieilles voitures, c’est comme les vieux, ça coince de partout. En attrapant le cendrier de la voiture, elle le place sous l’accélérateur et donne juste une pichenette dedans pour le bloquer et le déformer. Sa force divine fait le reste. Elle vérifie que ça ne bouge pas d’un millimètre. Ca allait être coton à retirer, ça, parfait pour une fuite planifiée. Elle se redresse, il s’acharne encore sur le type. Elle retire ses bottines et son pantalon, en dessous elle porte un legging noir de sport, résistant et très élastique. Elle sera mieux quand elle devra fuir. Et ses pieds ne s’ouvrent plus avec des bris de verre quand Arès décide de l’aider. Elle attrape une clope. Puis elle l’allume. Le timing avait été bon, rapide, simple et efficace.
Aucun moyen qu’il ne l’ai vu, son petit tour avec le cendrier, il vient seulement de beugler de faire dégager le… Presque cadavre…? Elle souffle, allez son meilleur jeu d’actrice. Son meilleur regard “un peu perturbé” mais pas trop. Elle regarde les mains couvertes de sang, les phalanges caractéristiques d’un type qui frappe pas que des murs. Les… Les yeux. Ses yeux, eux, la terrifient toujours. Elle évite son regard, pour l’instant, même si elle sait qu’elle ne… risque rien ? L’habitude de s’attirer des ennuis et de se faire punir ensuite. L’habitude que de grandes mains la saisissent et la soulèvent, le dos contre un mur, la tête tirée doucement vers l’arrière. De grands doigts sur ses lèvres. Des phalanges qu’elle mord, pour continuer de jouer son emmerdeuse. Elle pense un moment à ce vieux type bourru, elle évite de sourire, ce serait stupide, il allait le prendre comme une moquerie.
Quand il la saisit, il ne rencontre aucune résistance, elle l’a suivi dans le mouvement, sinon il se serait retrouvé très con à ne pas pouvoir tirer une demoiselle qui fait facilement un quart de son poids.
Elle est donc parfaitement impassible et lève enfin les yeux vers lui. Elle déglutit, visiblement. Le plat de résistance ? Les yeux de la demoiselle s’animent à nouveau de défi. Oh il voulait la frapper ? Qu’il le fasse, il aurait l’impression de s’en prendre à un trente-trois tonnes dans les phalanges. Pas comme les humains qu’il frappe vulgairement, pour montrer que c’est un gros dur. Ce serait une honte pour lui de se faire piétiner par la demoiselle. Ce serait une honte qu’il n’arrive pas à lui faire relever la tête. Ce serait tellement amusant et tellement frustrant qu’il ne puisse rien faire… D’autant plus que… Il devait pas être très souple, elle a un avantage ici. Continuer à le prendre pour un con ? Est-ce qu’il parlait de sa fausse identité ? Elle garde ses yeux plantés dans les siens. Il attendait quoi, qu’elle rampe à ses pieds en lui disant oh oui, c’est vrai je suis tellement désolée d’avoir menti, c’est votre carrure et votre joli dos qui m’ont intéressée, maintenant venez, je veux bien être votre plat d’résistance ?
Lyra ferme les yeux, elle tire une taffe, elle prend bien son temps avant de souffler la fumée, oh que oui, elle prend bien son temps. Perdre patience semble pas être quelque chose de très difficile pour un esprit aussi étroit que ce type. Elle penche la tête sur le côté en rouvrant les yeux vers lui. Oh, le petit air d’Ainsley est parti là. Ca c’est Lyra. C’est bien elle. Elle étire un sourire en coin pour répondre à son air carnassier. L’ombre de ce type pourrait la recouvrir de toute cette violence… Toute cette horreur… Toutes ces impulsions, Lyra haussait un sourcil pendant un petit instant. D’où viennent-elles ? On devient pas un gros dur comme ça. Juste par plaisir. N’a-t-il rien d’autre comme moyen de communication ?
Arès grogne vaguement. La demoiselle soupire la fumée. Sa voix est moins grave que celle qu'elle prend d'habitude pour jouer Ainsley. Et le vouvoiement, c'est l'assurance d'emmerder un maximum. “Une autre vérité ? Celle que j’ai donné ne suffit pas ?” Elle étire un petit sourire léger. Okay, on va le jouer au bluff, une chance sur deux. “Laissez-moi réfléchir, si on est pas allé à l’endroit de la livraison, deux choix, soit vous la protégez, soit vous aviez la flemme d’y aller.” Elle tire une autre taffe, ses pieds ne sont pas nus, ils sont couverts de chaussettes noires, elle a sa veste dans ses bras, le couteau qui était dans sa poche est maintenant derrière elle dans son legging, à portée de main. Mais il sera plus rapide à dégainer qu’elle. Le boucher la toise encore, il s’attend à quoi sérieusement…
C’est de Lyra dont on parle. Elle étire un petit sourire en coin, puis souffle sa fumée au visage de l’homme. Elle lâche la clope. “C’est que le boucher veut que je sois son autre bout de viande. Superbe, moi qui déteste les films d’horreur. ” Elle le regarde. Le pousser à bout de nerfs devrait pas être trop difficile. Juste l’énerver, le frustrer pour lui faire prendre conscience qu’il ne peut rien lui faire pour le moment et que… Peu importe ce qu’il voudra faire, une déesse se laisse pas écraser, surtout pas elle. Si elle est mariée à Arès, c’est bien avec la liberté qu’elle aspire. Elle le regarde. “Je sais que j’en ai pas l’air, mais si vous pouviez éloigner vos sales mains de moi, j'apprécierais.” Sa veste tombe, elle dérive ses yeux vers elle, puis se tourne vers la veste, le trois quart dos à lui, sa jambe frôlant celle musculeuse du boucher. Elle se redresse lentement, sans avoir abaissé ses hanches, souple la demoiselle, c’en est indécent. Lyra a la veste dans sa main droite, elle le regarde sans se tourner vers lui, avec un sourire amusé. Lyra recule très légèrement son bassin vers lui. “Oh vous allez me passer à tabac ?” Cette pointe mielleuse entre ses lèvres, dans son ton, insolence, indécence.