Les doigts de la Terranide vinrent doucement tirer sur le tissu de sa capuche, dissimulant ainsi le haut de sa tête. Son regard fuyant, évitant de prôner l'attention d'un revendeur d'esclaves. Ce dernier criant sur la place publique pour vendre sa marchandise, interpelle ainsi les passants. Il fallait être réellement stupide pour se pavaner en ces lieux, où des êtres tels qu'elle, sont perçus comme de simples esclaves. Être stupide, ou assez prétentieux pour croire que rien ne pourrait lui arriver. Grizelda c'était toujours promis de ne pas vivre avec des interdits, même si cela peut parfois être risqué pour son propre compte. Qui plus est, elle n'était pas ici par simple provocation, ou caprice de sa part. Madame Weldinson, sa responsable, avait une course à faire dans les parages. Son grand âge, l'empêche toutefois de se mouvoir avec aisance. Loyale envers elle, Grizelda décida d'y aller à sa place, lui promettant de faire bien attention. La voici avec sa petite bourse, en route vers le lieu de rendez-vous pour échanger cet argent avec l'objet convoité pour la boutique d'antiquité. Grizelda se veut discrète, mais elle ne peut empêcher des œillades curieuses vers les magasins. De magnifiques étoles dans l'un d'eux, fit scintiller son regard. Elle pourrait dissimuler ses oreilles parmi sa chevelure, et les couvrir de ces beaux tissus. Plutôt que cette cape qui venait à étouffer la moitié de son visage. Bien que cette fois, elle en avait choisi une assez courte, couvrant simplement jusqu'en bas de ses fesses. Ses appendices animaliers tels que ses oreilles, et sa petite queue en fourrure sont invisibles.
Assez rêvasser, elle devait se diriger sans tarder vers sa destination. Son regard se lève vers une horloge, mince ! Elle pensait qu'il était plus tard que cela. Finalement, elle s'était tellement hâtée, qu'elle se trouvait avec une bonne heure d'avance. Pourquoi ne pas en profiter pour prendre du bon temps ? Voici d'ailleurs, une petite troupe d'artistes qui vient égailler les places avec ses artistes. Des musiciens et chanteurs, proclamant leur art pour quelques pièces en échange des sourires. Intriguée, Grizelda s'approcha à son tour dans la foule, et mira leur exploit. Un léger sourire sur son visage, un apaisement soudain. Pourrait-elle, elle aussi, parvenir à s'afficher devant les autres de la sorte ? Chanter n'était pas question, encore moins pour jouer de la musique. Mais elle se débrouillait plutôt bien en danse, et se retient de ne pas laisser son corps s'exprimer.
Un effleurement vint cependant la tirer de sa rêverie. Le mouvement de la foule fit qu'elle était de temps à autre ballottée dans un sens et dans l'autre. Elle prenait bien attention à ce que sa cape ne bouge pas. Mais cette fois, c'était différent... Le temps qu'elle se rende compte de la chose, elle vit une main sortir hâtivement de sa pochette, et emporter avec elle sa bourse. Non ! Cet argent lui avait été confié par Madame Weldinson, et la pauvre femme n'était pas des plus riches. Ni une ni deux, la lapine courageuse se lança à la poursuite du malfrat. Il était rapide le bougre, et se faufila entre les ruelles de la place, s'éloignant ainsi de la foule. Dommage, pour lui, Griz était elle aussi bien rapide, impossible de lutter contre une lapine en endurance.
Attendez ! Arrêtez-vous !
Des cris vains. De toute évidence, il n'allait certainement pas s'arrêter pour lui rendre si simplement son butin.
Les deux individus continuèrent cette poursuite de longues minutes. Grizelda avait à cœur de ne pas contrarier sa responsable, et ne voulait la décevoir. Elle allait le rattraper, reprendre sa bourse et de ce pas retourner sur la place ! D'ailleurs, elle vit son but presque atteint, voyant qu'un cul-de-sac allait empêcher le voyou d'aller plus loin. S'arrêtant à seulement quelques mètres de lui, elle reprit son souffle, et le toisa d'un regard mauvais. Bien qu'elle se montrait assurée, elle paniquait quelque peu au fond d'elle.
Ça suffit ! Rendez-moi ma bourse, et je vous promets que cette affaire s'arrêtera là. Mais si vous refusez, je vais devoir prévenir les autorités.
Mensonge évidemment. Mais cela pourrait-il lui faire peur un minimum ? A sa stupeur, elle ne reçut qu'un simple rire pour réponse.
T'es sérieuse là ? Tu crois vraiment que je vais te rendre ça ? Et tu comptes faire quoi exactement, hein ? Je t'écoute ma jolie.
Bah alors Franck, tu nous ramènes de la compagnie ?
Des voix résonnant derrière elle, la firent se retourner d'un geste bien trop abrupt. Sa capuche quittant ainsi sa place, et dévoilant ses longues oreilles pelucheuses. Mais, ce n'était pas réellement le cadet de ses soucis actuels. Devant elle, se tenaient trois autres hommes. Son coeur se mit à battre rapidement, tandis que son regard chercha vainement une échappatoire. En y réfléchissant, ce n'était pas très malin de sa part que de c'être ainsi mise à la poursuite de cet inconnu, jusqu'à cet endroit où elle se retrouve seule.
Regarde ce petit pactole, une bourse bien remplie. On va pouvoir se payer des verres ce soir les gars !
Imbécile ! Laisse tomber ta stupide bourse, tu ne vois pas que cette petite va nous rapporter bien plus ?!
Son sang se glaça subitement. L'une de ses mains se posant sur le dessus de sa tête, remarquant ainsi le piège dans lequel elle se trouvait fourvoyée. Grizelda dissimule sa peur derrière un léger froncement de sourcil, essayant d'intimider les malfrats. Évidement, cela ne fonctionne guère, puisque l'un d'eux s'approcha d'elle sans aucune hésitation. Saisissant alors, le bas de son visage dans un geste brusque qui la fit grincer des dents. Ses mains agrippèrent le bras de l'homme pour tenter de le repousser, mais il était bien trop fort pour elle.
Pas très prudent de venir seule ici de ma belle, on va rapidement te revendre à bon prix, j'en suis certains. Tu es un bon petit lot... Je suis sûr que nous pourrions nous amuser un peu, sans risquer d'abîmer la marchandise évidemment.
A ces mots, l'homme passa l'un de ses doigts sur les lèvres de la lapine, qui dans un élan salvateur, le lui mordit sans retenu, lui arrachant ainsi un cris de douleur. Agacé par roublarde, il vint à la projeter en arrière. Son dos se heurta contre le mur, son coeur manqua de nouveau un détour. Il fallait qu'elle se sorte de là, ou les minutes qui vont suivre vont lui être détestables.