La visite est ennuyante à mourir. Les patients ne sont pas très intéressants et tous ont le même problème. « Docteur, j’ai pas envie d’être ici. Je veux rentrer chez moi. » Oui, et bien moi aussi. Je n’ai pas vraiment envie d’être là aujourd’hui, alors que je pourrais être affalée sur mon canapé à manger des conneries en pyjama. Je finis quand même par leur expliquer, au péril de ma vie, qu’il faut rester pour être soigner. Une chambre après l’autre, un malade après l’autre. J’adore mon métier, mais il y a certains jours ou la concentration est ailleurs. Comme aujourd’hui. Je n’ai que cette image en tête. Son grand corps robuste dans le couloir de l’hôpital. Putain qu’est ce qu’il foutait là. Ou est ce qu’il était vraiment là d’ailleurs ou c’est mon imagination qui me jouait des tours? J’avais tant envie de le voir que ma tête essayait de le voir partout? Non, ça n’est pas possible, je n’ai jamais été autant prise de court par un mec. Il a été odieux, il a été violent, il m’a traité de pute, de salope, de sac à foutre toute la nuit. Comment est ce que je peux avoir envie de revoir un mec pareil? Inconsciemment, juste l’idée de repenser à cette nuit là me fait légèrement mouiller. J’ai pris un pied monstre, j’ai adoré être baiser brutalement par cet idiot. Putain, j’ai envie qu’il me baise encore.
« Astrid? » Perdue dans mes pensées, je n’ai même pas vu Genji arrivé dans mon dos. Je sursaute, portant ma main à mon coeur, avant de me retourner vers lui. Genji a l’air tout penaud, très gêné, il a les joues toutes rouges et le regard encore plus fuyants que d’habitude. Quand je vois dans ses mains le bouquet de fleurs, mes yeux s’élargissent. Attends, il me fait quoi là? En plein milieu du couloir, il me tends les fleurs rapidement, comme si le bouquet lui brulait les mains. « Un mec a déposé ça pour toi. » Cracha-t-il, presque en colère. Pendant une seconde, j’ai cru que le bouquet venait de lui, je me sens un peu soulagée. Il n’aurait probablement pas eu les couilles de le faire, mais il a l’air furieux que quelqu’un se pointe à l’hôpital pour lui voler la vedette. « Oh… Merci. Il ressemblait à quoi? » « Grand, plutôt baraque, un air arrogant. Ca a l’air d’être un gros con. » Le mot « con » siffle entre ses dents, il le hait déjà alors qu’il ne l’a vu que quelques secondes. Ryo. J’avais raison. Mon cerveau ne m’a pas joué des tours. Il est là. Putain, il s’est pointé à mon travail. Le bouquet est classique, quelques roses, des pâquerettes, du vert. Ryo avec des fleurs? Ryo allant choisir des fleurs? L’image me fait doucement sourire. Genji le remarque. « Tu le connais bien? » « Euuuh… Non, c’est… » Qu’est ce qu’il est en fait? « Un mec avec qui je suis sorti une fois. » Un mec qui m’a prise le cul comme jamais pendant toute une nuit et qui m’a fait jouir dans tous les sens, mais ça, je ne lui dis pas à voix haute. Je remarque l’enveloppe agrafée au bouquet et saisis la petite carte descriptive. Mes joues s’empourprent à la seconde ou je lis les premiers mots. Bordel. Je plaque la carte contre moi, empêchant les autres de pouvoir la lire. Mon visage me brule et je scrute les alentours pour vérifier que personne n’a lu le bout de carton derrière mon épaule. Personne. Ouf. Mais quel connard. « Ca va? » Genji se rapproche de moi, inquiet d’avoir vu mon visage se décomposer. « Oui oui, son mot est… Intéressant. » Genji fronce un sourcil. Il n’aime pas du tout comment les choses se déroulent aujourd’hui, il n’aime pas que Ryo vienne lui voler son convoitise. Un instant, j’ai presque l’impression qu’il va saisir sa chance et qu’il va me dire qu’il est intéressé lui aussi. Son corps impatient bouge dans tous les sens, hésitant à faire le premier pas. « Il est encore là? » Déçu de ma réaction, les épaules de Genji s’affaissent, et abattu, il me réponds « Ouais… Il est dans la salle d’attente. » J’aurais aimé pouvoir lui dire qu’il avait sa chance lui aussi, qu’il pourrait me demander de sortir avec lui un jour et qu’on irait dans un resto puis au cinema et qu’on se roulerait des pelles devant mon appartement avant de se souhaiter bonne nuit, mais la petite trace de cyprine dans ma culotte montre un coté de ma personnalité qui ne sera jamais satisfait par ce genre de rendez vous. Il me faut beaucoup plus que ça. Ayant un peu pitié de lui, je pose une main attendrie sur sa joue et le regarde dans les yeux, lui montrant mon plus beau sourire innocent. « Merci Genji. » C’est cette fille là qu’il adore. La fille gentille et mignonne sous tous les abords. La fille qu’il pense être pure, chaste et innocente. A aucun moment, il s’imaginerait que j’aime me prendre des bites dans le cul. Je l’abandonne là, en plein milieu du couloir, le coeur brisé, pour me diriger vers ce connard de Ryo qui vient presque de ruiner ma façade.
De loin, j’entends des ricanements étouffés. La salle de pause est pleine d’infirmières en chaleur, plus excitées les unes que les autres. Je passe à coté d’elles, le bouquet à la main en fronçant les sourcils. Il est là, assis sur une chaise dans la salle d’attente, il sent l’homme viril et affamé. Il n’a pas du tout l’air à l’aise. « Des fleurs sérieusement? » Le regard furieux, je l’attaque dès les premiers mots. Ca fait trois semaines que je le vois me baiser dans ma tête et mes premiers mots pour lui sont ceux là. Ma chatte se crispe légèrement, je sens une chaleur sournoise me réchauffer le bas ventre. Il m’excite juste par sa présence mais je ne veux pas lui montrer pour le moment. Ma voix se calme et plus bas, je lui glisse. « Et la carte? Putain tout le monde aurait pu la voir. » J’entends que la salle de pause se tait à coté de moi. Ils écoutent ce qui se passe, voulant savoir pourquoi la gentille docteur se fâche contre la masse de muscles. Je me rapproche de lui pour lui parler, essayant de garder ma voix calme pour être discrète. Bordel, Il est si grand. J’ai l’impression d’être de nouveau sa toute petite chose fragile. Ressaisie toi Astrid, tu es là pour l’engueuler. « En plus, tu te pointes a mon boulot, devant tous mes collègues et tu traumatises Genji. Il a dit que tu avais l’air d’être un connard. » Ma voix se veut forte, intransigeante et ferme, je veux qu’il voit qu’il a fait une connerie en venant ici, mais en même temps, mon corps est attiré par lui comme un aimant. J’essaye de garder une distance professionnelle, quelques centimètres nous séparent mais j’avoue que je crève d’envie qu’il me baise là maintenant. Puis je me souviens que je suis au travail, en tant que médecin, et que j’ai d’autre choses à faire que de me faire prendre dans une salle d’attente. « Tu m’expliques ce que tu fous la? »