«Dis voir, Syd, ça te dit une sortie aux bornes d’arcanes ?»
La voix la sortit de son état second, elle qui était allongé sur son bureau dans la classe, avec comme unique coussin son sac à dos alors qu’elle regardait son téléphone. Un bref regard dans la direction de la voix, se fut pour voir «deux potes de classes», l’un étant un partenaire de sport là où le second, elle s’entendait bien à parler «grosses mécaniques». C’était fou, elle s’entendait mieux avec les garçons qu’avec les filles, et avec cette dernière génération, c’était encore plus flagrant : les garçons manqués n’étaient plus nécessairement classé comme cas sociaux.
Sa première réponse fut un bâillement.
«Trop crevée. Hier j’ai fini tard.»
«Tu as fait quoi ce coup ci ?»
«Livreuse de pizzas, je suis tombée sur un client récalcitrant pour payé.»
Un petit flash-back s’imposait, où justement elle s’était faite passé pour une livreuse de pizza. Sauf que le lieu en question, c’était un entrepôt abandonné dans le quartier industriel, en plein moment où il y avait un deal pour trafic d’armes d’origine non terrienne. Sydney aime les vieux entrepôts désinfectés : la police arrive à la fin juste pour prendre des photos en attendant que les brancardiers ramassent les morceaux. Autant dire qu’elle ait venu pour livrer des tartes, et transformer les gens en pizza et le tout par la porte avec un carton de pizza mais vide. Donc non : de son point de vue elle ne mentait pas !
Pour en revenir au présent, qu’est ce que Sydney pouvait bien regarder sur son téléphone pour refuser une sortie jeu. Heureusement qu’ils n’avaient pas jeté un œil, elle était en plein fixe sur un salon de «rencontre express», à regarder ce qui pouvait intéresser. Dans le jargon de jeune, un plan cul sans chichi, sans prise de tête. Oui, elle s’était défoulée la veille, un peu trop à son goût, quitte à dépenser de la mana à gogo, et ce inutilement. Juste par caprice. Ca été rentable, si elle devait parler comme les jeunes, elle vous dira looter quelques armes d’origine inconnu mais pas si inconnu pour elle, et quelques gemmes, visiblement le moyen de paiement. Ils faisaient chier ses contrebandiers, ils ne pouvaient pas utiliser la monnaie de singe ?!? Elle allait encore perdre un temps fou à revendre ça en lousdé !
Non en fait, ce qui l’interessait, c’était ce ragot à Seikusu, un de plus, qui parlait d’un «super bon coup» qui traînait dans les sous bois de la ville. Bon visiblement, les infos, c’était au compte goût, mais à ce qu’elle avait compris, c’était un lieu de rencontre pour vicieuses et vicieux pour s’envoyer en l’air et ça sentait le lieu de réunion entre échangistes. Parfois on revenait bredouille, parfois on faisait une rencontre surprenante, parfois on tombait sur un apollon grande gueule un poil trop précoce. Bref la loterie Sydney ne se faisait pas trop d’illusion : on était à Seikusu, endroits où nombre de failles déconnaient pas mal. Ça sentait un peu le surnaturel aussi. Mais bon, à lire, pas de trace de secte à la con, ou s’y approchant et au pire, si ça ne lui plaisait pas, elle ferait son job ! Après tout, ce n’était pas interdit qu’un étranger aille tirer sa chique !
Prenant ses affaires et après un rapide passage chez elle, prendra le métro pour arriver à ce bois vers 20 heures, moment où il commençait à faire nuit. Bon, à suivre les indications du salon de discussion, c’était un peu la loterie, et ne se planta pas tant que ça sur son idée de base. Cette rumeur qu’une «force inconnue» y rôde, et que l’on ressortait toute chose, avait eu les conséquences espérées : c’était devenu le lieu pour célibataire en mal de sensation. Les deux femmes mature à se faire aborder par un groupe de jeunes, roucoulé pour les uns, et bécassées pour les autres, donnaient des idées sur ce qui allait se «splash». En tout cas, elle s'enfonça dans la forêt, le peu de luminosité des étoiles, étant caché par le feuillage. Elle aurait pu embarquer ses lunettes à vision thermique, mais ça risquait de faire un peu tâche, surtout pour l'objectif de la soirée : s'envoyer en l'air. Au pire, elle rebroussera chemin, et se trouvera un mec mignon, même si par expérience les plus mignons c''était souvent les moins bons.
«C’est le pied gauche... Ce n’est pas celui qui porte bonheur ? Tant mieux parce que chercher une aiguille dans une meule de foin, ce n'est pas trop mon truc... »
Au moins, ce n’est pas une merde, juste qu’elle venait de marcher sur un préservatif usagé. La maîtresse des lieux doit être heureuse : les couples qui roucoulent, ça ne laisse jamais les lieux propres !