Ainsi, la nuit au poste était terminée. Conduit jusqu'à la sortie, Johnny eut le temps de réfléchir à tout ce qui s'était passé et d'en tirer certaines conclusions. Pour s'intégrer, il allait falloir se montrer plus curieux encore. Il est vrai qu'il avait beaucoup fait à l'instinct, copiant les gens autour de lui, mais il allait probablement falloir aller se renseigner sur internet ou même acheter un livre. Ne pas l'avoir fait tout de suite lui semblait idiot à présent, mais il faisait avec ce qu'il savait et croyait être suffisant. On faisait des erreurs pour apprendre.
Une petite voiture japonaise s'était arrêtée devant lui et il avait retrouvé Kimiko en civil, s'installant à ses côtés. Si elle n'avait pas été si singulière, il aurait peut-être eu du mal à la reconnaître dans ces conditions. Mais non, il l'aurait distinguée entre mille.
— Pas de problème, sourit-il. Je n'ai pas vu le temps passer.
Effectivement, elle habitait tout près. Passé le moment de silence un peu gênant qui arrive toujours entre deux inconnus voyageant en voiture, ils avaient pu commenter ce qu'ils croisaient pour se détendre un peu, le temps d'arriver à l'étape suivante : la découverte du logis de la policière. Johnny accepta l'invitation de bon cœur, même s'il n'était pas certain que ce fut la meilleure idée. Il se connaissait et être en contact avec la vie privée de Kimiko ne l'aiderait pas à se défaire de son intérêt pour elle. Mais, s'il refusait, pour quel genre de mec passerait-il ?
Il ignora poliment le désordre, sachant comme un célibataire très occupé pouvait être pris au dépourvu et assailli par la lassitude.
— Vous n'avez pas vu ma colocation au pays, plaisanta-t-il pour la rassurer.
Il n'avait jamais été en colocation, mais l'idée amenait immédiatement des images de désordre et de dynamiques contre-productives entre colocataires finissant toujours par se déchirer autour du linge sale et des factures. Il n'avait pas besoin d'en dire plus, du coup. Il s'installa sur le canapé récemment déblayé à son invitation et la laissa aller prendre sa douche.
Seul dans le séjour, Johnny se retrouva aussi seul avec ses pensées. Être ici, comme attendu, ne l'aidait pas à ne pas songer à Kimiko, nue sous sa douche à cet instant. Il se rappelait le coup d'œil à sa poitrine au poste, le raclement de gorge qui lui avait fait comprendre qu'elle ne mangerait pas de ce pain-là... Ah ! Pourquoi se faisait-il du mal ? Elle essayait d'être gentille et serviable avec lui et il ne faisait qu'imaginer sa silhouette dénudée ruisselant d'eau chaude, et son corps pressé contre le sien dans une étreinte sauvage.
La suite n'allait pas l'aider non plus, après qu'elle l'ait appelé pour lui ramener des habits.
— Je m'en occupe !
Il allait falloir qu'il aille dans sa chambre, maintenant. Bien, bien...
Johnny secoua la tête pour chasser ses pensées intrusives et souffla un coup pour se calmer. Il jeta un œil à son pantalon et grinça des dents en voyant une bosse équivoque. Allez ! Ce n'était qu'une demie-molle, et encore ! On était loin du compte. Ca retomberait tout seul.
Il pénétra dans la chambre à coucher et constata que le désordre du séjour n'était qu'un avant-goût de celui-ci. Mince ! Il ne jugeait personne, mais c'était vraiment le bordel ! Et c'était un problème, parce qu'il allait fouiller là-dedans dans son état, au risque de trouver sa nuisette sexy ou un jouet très personnel. Il espérait plutôt tomber sur une vieille gaine et un manuel de police au pied du chevet.
C'était peine perdue.
Kimiko lui avait demandé de prendre ce qu'il trouvait, mais Johnny n'était pas dénué d'un certain sens du style et il ne tenait pas à lui faire mettre n'importe quoi. Enfin, il allait falloir qu'il fasse avec ce qu'il allait trouver au plus vite, parce qu'elle allait vraiment croire qu'il était en train de fouiller, sinon. Il se mit au travail et commença par les habits pliés. Tiens ! Il y avait là un joli jean pas froissé du tout. Il le passa au bras et examina le reste, sans trouver rien de portable sinon un haut de pyjama. Il fouilla donc le reste et déterra ce qui semblait être un caraco rouge qui devait être du plus bel effet avec ce long volant baillant sous sa poitrine.
Arrête de penser à ça !
Que fallait-il d'autre ? Chaussettes ? Ce serait selon son choix de chaussures. Des sous-vêtements ! Oui, des sous-vêtements...
En fouillant un peu, il tomba sur un ensemble, ou du moins cela avait-il l'air d'être un ensemble. Assez simple, il se composait d'un soutien-gorge et d'un petit string en coton et dentelle. Le contraste entre les énormes bonnets et la taille de ceinture de la policière aidèrent à ne pas se focaliser sur le plus ambigu. On aurait pu faire pire, n'est-ce pas ?
Pourtant, il n'était pas au bout de sa peine.
Portant les habits jusqu'à la porte de la salle de bains, Johnny toqua deux fois.
— Voilà !
La poignée tourna, la porte s'ouvrit. Kimiko apparut dans l'embrasure, le corps couvert par sa serviette — Dieu merci !—.
— J'ai pris ce que j'ai vu. Vous pourrez toujours chang-ééééé...
Il s'étrangla. Il était bien assez grand pour jeter un œil à l'intérieur et il ne manqua donc pas de découvrir le miroir et la vue qu'il lui offrait. Kimiko n'était pas couverte derrière, jugeant probablement la chose inutile, et il avait une vue imprenable sur ses courbes jusqu'à pouvoir estimer l'écart entre ses cuisses fuselées.
Le choc passa vite, suivi par l'excitation, brutale, envahissante. Familier de la sensation, il la chassa du tableau avec un rire.
— Désolé ! Parfois, je déraille. J'ai encore des progrès à faire en japonais. Tenez !
Il gloussa, sourit, ferma les yeux en affectant une courbette et en lui passant ses habits. Bref : il en faisait beaucoup trop. A peine les habits avaient-ils quitté son bras qu'il participait d'ailleurs à refermer la porte, se réfugiant sur le canapé à nouveau.
— Oh ¡Diós mio! souffla-t-il en se prenant la tête dans les mains.
Adieu la demie-molle d'ores et déjà vaincue, bonjour la mégagaule protubérante absolument impossible à dissimuler. En baissant la tête, il voyait déjà son membre durci tendre son boxer et pousser le pantalon à ses limites, menaçant de pointer le bout de son nez sous la ceinture. Ah non ! Il avait fait ce qu'il pouvait pour la convaincre qu'il était juste un étranger un peu perdu mais avec un bon fond. Si elle le voyait avec une trique pareille au milieu de chez elle, qu'est-ce qu'elle allait penser ? Sa foutue queue gâchait toujours tout !
Il devait se lever, souffler, penser à autre chose. Et vite ! Elle sortirait d'une seconde à l'autre.