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Le laissez-passer A-38 | Damien, Enothis

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Damien Thorn

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    Antéchrist, fils de Satan, Damien est aujourd'hui l'héritier de l'énorme corporation de son oncle et le maître d'une société satanique secrète, influente et mondiale.

Le laissez-passer A-38 | Damien, Enothis

mardi 02 février 2021, 11:23:11

Le laissez-passer A-38
ou l'Enfer administratif, Acte premier
Damien Thorn | Enothis/Emaneth

" Tout ce que je sais, moi, mademoiselle, c'est qu'il y a un soucis dans votre dossier et que vos droits sont bloqués. C'est tout ! Vous devez appeler le bureau des litiges. Je vous note le numéro, là. Elle est contente ? "

Le fonctionnaire n'avait pas été très aimable envers elle, mais Enothis était venue avec l'empressement désespéré d'une étudiante isolée en danger lorsqu'elle avait réalisé que sa bourse n'arriverait pas ce mois-ci. Elle repartait avec, en plus de ça, de la frustration et de la colère à revendre. Non seulement elle n'avait reçu aucune réponse, mais les gens avaient été extrêmement désagréables et absolument pas intéressés à l'idée de faire un geste pour l'aider.
Silencieux, l'oreille tendue à l'extérieur du bureau des bourses, Damien Thorn avait écouté avec un sourire discret, et avait regardé Enothis repartir avec satisfaction avant de la suivre, à bonne distance.

Il avait commencé à s'intéresser à cette belle inconnue au teint halé dès l'instant où il avait posé ses yeux sur elle ; mais il avait été difficile de la cerner. Fils du Diable, Damien Thorn pouvait sentir les vices et péchés des mortels mais n'avait senti chez elle qu'un ersatz diffus de peurs et de doutes ; rien de concret, comme si elle avait été autre chose, ou une parfaite innocente -ce qui aurait été une première-.
Logiquement, le cas d'Enothis Anekthotem était devenu son nouveau hobby. Connaissant les langues anciennes et l'occulte, il avait immédiatement été interpellé par son nom. Dans l'Egypte actuelle, après 1300 ans de brassage arabe et islamique et, encore avant, 1000 ans de brassage hellénique et gréco-romain, les souvenirs de l'Egypte antique n'existaient plus que dans des ruines longtemps oubliées. A lui seul, le nom avait été un indicateur, le signal que quelque chose se cachait derrière elle.
Sans assimiler les dieux égyptiens d'antan à Satan, les sectes occultistes avaient entre elles certains liens et une toile d'intérêts partagés reliaient les éléments du monde interlope se dédiant aux dimensions divines et infernales. Il avait donc demandé aux Disciples de se renseigner.

Lorsqu'il avait fini par recevoir un rapport sur le cas d'Enothis, il l'avait parcouru avec un mélange de surprise et de jubilation et s'était assuré que l'enquête avait été menée avec discrétion. Il avait été difficile d'obtenir les informations en conservant au moins trois degrés de séparation avec le Chœur du Créateur et les disciples d'Hermann Turich, mais la discrétion avait été la plus haute priorité.
Il avait été possible de confirmer les faits par trois autres sociétés sans liens et l'enquête administrative ayant suivi avait garanti que l'Egyptienne n'était apparue que tout récemment, et que ses papiers étaient tous faux.
Dès lors, un plan méphitique était né dans l'esprit vicié de l'Antéchrist.

Retour au présent.

Enothis s'était arrêtée devant un mur de distributeurs dans une salle d'attente. Impossible de savoir si elle songeait à manger ou boire quelque chose ou si elle allait juste finir par s'asseoir, ou si elle errait en songeant, sans but, et elle ne tarderait pas à repartir.
Quoi qu'il en soit, Damien attendait l'instant où il lui serait possible de l'aborder sans avoir l'air trop entreprenant. Il s'avança donc en silence et, se raclant la gorge avec un semblant d'hésitation, il s'adressa à elle presque dans un chuchotement, pour préserver l'intimité de leur conversation et la pudeur de son malaise.

" Ils avaient l'air durs avec toi, au bureau. Ca va ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? "
« Modifié: mardi 02 février 2021, 11:48:39 par Damien Thorn »
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Enothis/Emaneth

Humain(e)

Re : Le laissez-passer A-38 | Damien, Enothis

Réponse 1 dimanche 07 février 2021, 18:31:09

Petit pourceau arrogant, face de mouche, pustule irritable sur sa bonne conscience, le fonctionnaire qui lui faisait face avait été le pire des hommes qu’elle n’avait jamais eut l’occasion de rencontrer. Ce rat à la mine fine et au teint pâle n’avait jamais cesser de l’ignorer, quelque soit son entreprise, ses propos, et quand l’égyptienne était parvenue à lui tirer plus de deux mots sur le cas de son dossier, c’était à peine si il n’avait pas jouer d’orgueil, la prenant de haut depuis son petit guichet de merde pour lui annoncer l’impossibilité d’action absolue dont il était l’objet. Elle voulait l’étrangler. Non pire, elle voulait absolument contacter Emaneth, que la Djinn jette sur lui quelques malédictions provenant des plus anciens temps, afin que cette erreur de la nature se réveille les prochaines nuits avec l’impression que quelques charançons lui dévorent les entrailles ! Premier problème, faire cela n’arrangerait rien, et même pire, cela pouvait rendre sa présence relativement suspecte pour tout les curieux qui ont à coeur de la retrouver, mais surtout … Elle ne pouvait guère communiquer avec l’ancestral esprit du désert, pour la toute simple et bonne raison que la dame, fatiguée de quelques exploits récents, étaient encore en phase de récupération au creux de son être. La lycéenne à la peau de bronze n’avait donc rien de plus que son faciès empourpré par la colère pour exprimer son mécontentement, récupérer les papiers qu’on lui tendait, puis de partir en direction de quelques sièges pour souffler un grand coup avant d’exploser. Bon sang, dire que les choses étaient si bien parties à l’origine, mais non, il fallait que ça se casse la gueule à un moment n’est-ce-pas ?

En tout cas, s’élançant d’un pas vif dans les couloirs menant aux demandes d’aides en relation avec le milieu scolaire et universitaire, qu’elle aurait d’ailleurs aimée ne jamais ré-emprunter, Enothis se remémora la situation qui l’avait amenée, ce vendredi matin, à s’occuper d’autant de paperasses. Elle avait reçue hier quelques informations particulièrement délicates par e-mail, à savoir le fait que sa demande de bourse, pourtant effective depuis maintenant deux mois, avait soudainement rencontrée une erreur qui l’empêchait de la toucher ce mois-ci, et ce faisant, qui grillait plus ou moins sa couverture monétaire. Ce n’était pas vraiment que la jeune fille était dépensière, ni sans le sou, mais elle avait cachée une bonne partie du patrimoine qui lui avait été alloué par les Choeurs du Créateur afin de dissimuler son existence dans une ville ou une autre, et se contentait majoritairement des ressources qu’elle obtenait via les bourses pour faire ses courses ou ses petits achats. Les excédents de sa vie d’étudiante cloîtrée dans son appartement à étudier étaient aussi infimes que rares, si bien qu’elle parvenait encore à ne pas se faire remarquer à piocher trop souvent dans l’argent détourné du culte, mais si elle n’obtenait pas sa couverture naturelle, c’était la porte ouverte aux abus, et donc à l’indiscrétion. Voilà pourquoi elle avait prévenue son lycée de son indisponibilité soudaine dès le matin, prétextant une vilaine grippe qui l’avait mis dans un état déplorable, et qu’elle s’était élancée, documents en mains, jusqu’à ce bâtiment où chaque intervenant qu’elle rencontrait manquait de lui rire au nez. Dieu que les adultes sont stupides…

Enfin, une nouvelle case présentation plus tard, avec une guichetière qui manqua lui dire qu’elle n’était pas dans le bon service avant d’effectivement lire son dossier, l’égyptienne se retrouva à attendre dans une salle aussi terne que le visage des employés. Trop énervée pour s’asseoir et se détendre, elle se dirigea tout naturellement vers la seule chose qui pouvait lui faire envie en cet instant, à savoir le distributeur de boissons et confiseries qui avait été installé là pour permettre aux plus impatients de donner un peu plus d’argent à l’État sans plus réfléchir à leur consommation. Ces connards savent bien que plus les gens ont les nerfs et plus ils sont capables d’agir avec irrationalité, ce qui fait que même en cette matinée de la semaine, une partie des denrées disponibles à l’achat s’étaient déjà évaporés dans quelques estomacs sûrement aussi impatient que le sien. Enothis jura en regardant les boissons, tira sa carte magnétique, puis vint presser sur les boutons « B », « 1 » et « 5 » afin que la machine lui serve une limonade japonaise au goût extrêmement chimique de Teriyaki. Le paiement accompli, elle récupéra sa boisson en grommelant, puis alla se trouver une chaise vide, s’éloignant au plus que possible des autres malheureux qui faisaient les cent pas dans la salle d’attente, puis alla s’écraser sur un de ces sièges en fer peint aussi confortable qu’un plot de signalisation. Elle aurait appréciée ne jamais avoir à venir ici, dans ces foutus murs blancs, de devoir attendre qu’ils se bougent un peu les fesses pour accueillir dans leur bureaux ceux qui l’avaient précédés, ce qui allait être une sacrée épreuve. Toutefois, alors qu’elle ouvrait tout juste sa bouteille de boisson gazeuse radioactive, elle manqua sursauter en entendant quelqu’un s’adresser à elle :

« Ils avaient l'air durs avec toi, au bureau. Ca va ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
Que… Je…. Euh ouais, ça va, ne vous en faites pas. On les subit tous, faut juste que je m’y habitue. »

Tournant la tête pour observer son interlocuteur, le jeune homme aux traits fins qui l’observait ne manqua pas de la surprendre un peu par sa présence en ces lieux. Bien habillé, un peu plus vieux qu’elle, il lui donnait l’impression d’avoir l’âge d’être masterant, ce qui semblait un brin illogique vu que, généralement, à ce niveau d’étude la majorité des élèves sont employés de diverses manières. Enfin, il ne faut pas juger quelqu’un à sa couverture, peut-être faisait-il plus jeune qu’il ne l’était, et en ce cas faisait partie des bureaux qui la rendait folle, soit faisait-il plus vieux, et en ce cas le pauvre était un camarade d’infortune capable de comprendre son actuelle disgrâce. Une certaine hésitation la taraudait du coup, mûe par son habitude de garder le secret sur ses soucis, de peur que la moindre information ne viennent à produire quelques contre-coups surprenant sur son identité réelle… Mais elle avait besoin de lâcher un peu de lest, de se permettre de grogner, de pester, de gronder contre ceux qui, depuis maintenant plus d’une demi-heure, s’étaient permit de la faire tourner en rond sans qu’elle n’ai jamais plus d’occasions que cela de sortir une phrase, voire un mot, qui ne soit écouté. Aussi se retourna-t-elle, se permit une grande gorgée tellement sucrée qu’elle manqua se demander si elle n’avalait pas du miel, seul le goût tout à fait indescriptible permettant de sauver la boisson, puis referma-t-elle la bouteille avant de reprendre la discussion, s’exprimant de manière assez honnête pour une fois, espérant avoir trouvée quelqu’un avec qui échanger un peu sans risque de recevoir un retour de bâton par la suite :

« J’ai juste un problème de bourse. Une erreur dans le dossier qu’ils disent. Pourtant, jusqu’ici, tout se passait excellemment bien, donc je ne vois pas ce qui aurait changé cet état de fait. Résultat je me retrouve ici à demander un rendez-vous d’urgence tandis que ces connards de l’accueil me regarde à peine et sont à la limite de me traiter de crétine quand je me tente à quelques explications. Le genre de moment où on comprends la vitre plastique autour d’eux, l’envie de cogner a tendance à apparaître au bout de quelques temps à se faire prendre pour une abrutie. »

Elle regarda le siège à côté d’elle, puis vint la tapoter de la main dans un signe invitant :

« Vous voulez vous asseoir pour discuter ? Ce sera peut-être plus agréable que de vous tenir debout derrière moi, non ? … Z’êtes là pour la même raison que moi ? Ou peut-être que je parle déjà à la personne qui va m’annoncer que je risques de ne plus voir la moindre trace de ma bourse pour les mois à venir ? Je dois vous avouer que je ne préférerais pas. J’ai besoin de ces thunes, bon sang. »

Elle rouspétait encore, mais au moins la consommation d’un peu de sucre adoucissait son caractère. Ce n’était pas que la jeune égyptienne soit tout particulièrement une amatrice de douceurs et de sodas, mais ça avait le don de calmer un peu le feu impétueux qui était né dans son estomac suite à la situation de plus tôt. Elle en reprit d’ailleurs une gorgée en attendant la réponse de cet homme, espérant bien qu’il ne lui annoncerait pas qu’elle avait raison avec sa taquinerie. Il faut dire qu’elle l’avait sortie de manière un peu abrupte, et elle espérait ne pas avoir vexé le seul interlocuteur raisonnable qui était venu échanger avec elle. Elle avait un espèce de super-pouvoir où elle parlait spécifiquement mal avec les gens qui voulaient être agréable avec elle, elle n’avait jamais sut comprendre pourquoi ? Peut-être tout simplement l’habitude d’avoir été considérée comme une divinité pendant tant d’années qu’elle n’arrivait pas à concevoir la sympathie comme un acquis dans les relations, mais une récompense pour qui se trouverait suffisamment valeureux à ses yeux ? Oui, c’était possible que cela soit la véritable raison derrière son manque d’empathie. Au moins l’analysait-elle et produisait-elle les quelques efforts pour lutter contre, quand elle en avait conscience.

Damien Thorn

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Re : Le laissez-passer A-38 | Damien, Enothis

Réponse 2 jeudi 18 février 2021, 02:36:21

Damien avait fait usage de son sourire Colgate le plus sophistiqué et de son air le plus compatissant en l'abordant, et cela couplé au besoin de l'Egyptienne de se délivrer du poids de sa frustration avait suffi à lui ouvrir la porte. Elle avait ses raisons d'être exaspérée, car à moins de parvenir à se dépêtrer de cette sale situation son avenir dans cette école était fortement compromis. D'ailleurs, en cas de signalement, son avenir dans ce pays était compromis ; et en gardant en tête qu'on la renverrait en Egypte et que les fichiers de l'immigration nippone n'étaient pas particulièrement bien protégés, elle se retrouverait inévitablement cueillie par ses geôliers fanatiques à la descente de l'avion.
Autrement dit, il ne s'agissait pas juste de manger et de poursuivre une scolarité, mais aussi, peut-être, de préserver sa liberté.

Caché derrière un masque de bienveillance, l'Antéchrist avait, bien sûr, ficelé cette catastrophe aux mécanismes simples, à la résolution complexe et au potentiel absolument fantastique. L'approcher et se faire inviter dans son histoire n'était que le tout premier pas d'une situation qui ne manquerait pas de faire vivre à la pauvre fille un véritable enfer. Derrière l'enfer administratif, les griffes empoisonnées d'une intelligence infernale allaient se faire un plaisir de la gratter et la griffer jusqu'à s'en lasser ou la faire dérailler. Mais, dans l'immédiat, le premier objectif était de faire savoir à Enothis Anekhtotem que Damien Thorn était sa solution pour éviter la catastrophe et toutes ses conséquences dramatiques.
Et c'était bien pour ça que le jeune homme l'avait abordée, l'air de rien, sous couvert d'une honnête curiosité et d'une sincère empathie envers elle. Il avait conjugué les mimiques de surprise et d'inquiétude en entendant le bref résumé de son histoire. Il entretenait les apparences pour avoir l'air le plus choqué possible par son affaire, et se montrer véritablement consterné par sa situation. Une main devant la bouche, les yeux ronds, il finit par taper de la main sur son genou en fronçant les sourcils.

" Ha ! Ca leur ressemble bien, ça, d'exposer les problèmes sans jamais les résoudre. Si tu savais combien de fois j'ai dû porter croix et bannière contre eux pour avoir des réponses... Mais enfin : ce n'est jamais une fatalité, d'accord ? Rassure-toi ! "

Il bomba le torse comme s'il était prêt à chevaucher contre le métaphorique dragon fumant et fulminant de l'administration universitaire, et, se tournant vers la belle brune, il lui offrit de porter son honneur au bout de sa lance.
Non, il n'y a pas de métaphore déplacée ici, les enfants ! Plus tard...

" Dis-moi : est-ce que tu connais au moins le problème ? Je souhaite t'aider, mais je dois savoir de quoi il retourne. Hors de question que tu restes sans le sou ! "
-

Enothis/Emaneth

Humain(e)

Re : Re : Le laissez-passer A-38 | Damien, Enothis

Réponse 3 dimanche 07 mars 2021, 19:08:15

« Ha ! Ca leur ressemble bien, ça, d'exposer les problèmes sans jamais les résoudre. Si tu savais combien de fois j'ai dû porter croix et bannière contre eux pour avoir des réponses... Mais enfin : ce n'est jamais une fatalité, d'accord ? Rassure-toi !
- Jamais une fatalité ? Dis moi, t’as les chiffres associés aux nombre d’étudiants qui doivent abandonner en cours de route faute de revenus pour pouvoir sortir une… Ouais, non, scuze, j’suis sur les nerfs »

Au moins eut-elle l’intelligence de ne pas se laisser aller à a nervosité du moment, parce qu’elle ne manqua que de peu de sauter à la gueule de son cordial interlocuteur pour lui massacrer l’esprit à coup de logique. Franchement, le jour où elle parviendra à répondre sereinement à autrui sans se foutre dans une colère noir à cause du plus petit bout d’incommodité allait être à marquer d’une pierre blanche. Le pire ? Normalement elle abritait Emaneth en elle, cette Djinn si peu propice à la délicatesse envers l’être humain, si bien que chaque fois que son moral partait en vrille, l’entité spirituelle en rajoutait une couche, la rendant tout simplement tellement irascible qu’elle pourrait décapiter un bébé phoque avec les dents ! En ce moment, ce n’était pas le cas, l’esprit du Désert étant déjà tant et tant fatigué à cause de quelques nuitées un peu tendues qu’elle avait eut besoin d’un juste et plein repos, mais malgré tout, il fallait regarder les choses en face : Point d’excuses pour Enothis, la jeune femme ne pouvait guère mettre sa nervosité naturelle et son manque d’amabilité sur le dos de sa compagne, elle s’en sortait très bien toute seule ! Et pendant ce temps là, son compère d’infortune lui faisait le plus grandiose des sourire tout en bombant le torse, comme si il était parfaitement passé au-dessus de sa soudaine agression, à tel point que cette sérénité apparente faisait presque mine de super-pouvoir interne. Une espèce de sérénité du Bouddha naturelle. Bon dieu qu’elle ne savait pas gérer ce genre de cas, les gens trop bon, trop doux, trop confiant. Elle n’en avait jamais vu, jamais côtoyé, et pour être parfaitement honnête … Il la mettait franchement mal à l’aise pour le coup !

« Dis-moi : est-ce que tu connais au moins le problème ? Je souhaite t'aider, mais je dois savoir de quoi il retourne. Hors de question que tu restes sans le sou !
- T’es sûr de pouvoir faire quelque chose ? Non pas que je veuille te remettre sur quelques chemins tout tracés, mais tu semble à peine plus vieux que moi. Alors à moins d’avoir le physique d’un personnage d’animé japonais je me vois mal … Ouais je sais pas à quel point tu peux faire quoi que ce soit face à cet enfer administratif ... »

Malgré le fait qu’elle ait été en possession, dès son plus jeune âge, d’une entité surnaturelle capable de briser les fondations du monde et de la physique newtonienne, Enothis restait avant tout une réaliste, et comprenait bien comment l’univers humains fonctionnait. Tout se jouait par marchandage. L’on t’offre quelque chose, c’est dans l’attente de recevoir autre chose en retour. On te donne un conseil pour se sentir mieux par rapport à soi-même. On veille sur toi parce que l’on voit dans ton existence quelques avantages dont on ne saurait se passer. Malgré tout les bons airs de ce jeune homme, elle ne saurait pas s’ôter cela de la tête. Elle se demandait donc une seule chose, pourquoi cet inconnu avait soudainement tant envie de lui donner un coup de main ? Est-ce qu’il s’agissait juste d’une personne bien-attentionnée qui voulait se sentir bien en offrant à quelqu’un d’autre un coup de main, une sorte de petit scout urbain prêt à tout pour faire sa bonne action de la journée ? Est-ce qu’il s’agissait plutôt de ces étudiants un peu trop sûr d’eux qui voulait avant tout pouvoir se montrer sous le meilleur des angles face à une proie potentielle de leurs désirs charnelles, et qui cherchaient à obtenir quelques faveurs et rapprochements en échange de leur bienveillance ? Autant de possibilités faisaient qu’elle ne pourrait toutes les énumérer, mais il restait alors une forme de méfiance instinctive, suffisante d’ailleurs pour qu’elle reprenne une bonne gorgée de sa boisson en regardant dans le vide, sourcils froncés, avant de soupirer lourdement, comme pour se libérer du poids de ses propres doutes…

… Parce qu’elle avait bon dos de douter, mais dans le fond, elle n’était pas plus avancée. Et de rejeter de l’aide dans une telle situation pouvait être tellement stupide que l’ensemble du panthéon nippon et ses cent mille millions de dieux pourraient allégrement se moquer d’elle. Elle se tourna à nouveau en direction de la bouille fière et avenante du jeune homme à ses côtés. Tellement de suffisance et en même temps tellement d’assurance, un vendeur de tapis pourrait paraître plus honnête que cette large entaille sereine qui barrait le visage de cet aîné, mais elle allait finalement rendre les armes, et se laisser guider par la possibilités d’un dénouement plus propice à ses besoins. Elle avait besoin de ces thunes, et autant qu’elle sacrifie un peu de sa prudence à ses besoins immédiats, sinon elle n’avait même plus de raisons d’en avoir, de la prudence. Alors elle s’humecta les lèvres en ronchonnant, puis leva tranquillement le dossier qui se trouvait entre ses mains, comme pour signaler qu’elle parlait de cela. Non content que ses mots firent le même travail :

« Ouais, écoutes, j’vais t’en causer, soyons fou. En gros, j’ai reçu hier un mail comme quoi mes bourses d’aides universitaire pour citoyen étranger avaient été soudainement annulées. Et par là, j’entends qu’on ne me verse plus le moindre centime tant que je n’ai pas réglé les soucis correspondants. Sauf que je n’ai aucune idée de ce qui cloche, mes papiers sont tous en règles, preuve en est que ça fait deux mois que je les touche, ces bourses. Donc je me suis déplacée ici, en urgence… Mais bon, à part me dire que je dois patienter ici et qu’on vienne m’enfermer dans un bureau pour que nous discutions des soucis concernant mes demandes, je n’ai pas plus de détails... »

Petit mensonge, mais mensonge quand même, l’égyptienne ne s’était pas risquée à faire entendre au jeune homme qu’elle avait falsifiée l’ensemble de ses documents, n’ayant tout simplement aucuns liens réels en Égypte en dehors de l’enfoiré qui avait joyeusement installé Emaneth en elle dans sa recherche de pouvoir. Sans parler même de ses certificats scolaires, tous aussi faux que pouvait l’être les légendes entourant la création du Japon, par exemple. Mais bon, si elle commençait par avouer les extrémités par lesquelles elle était passée pour pouvoir vivre sereinement au Japon, autant qu’elle se colle immédiatement une balle dans le pied. Surtout que connaissant les habitudes japonaises, elle se doutait bien que quelques caméras devaient se trouver dans la bâtisse, et avec un peu de malchance, qu’elles seraient toutes équipées de micros pour pouvoir enregistrer quelques discussions gênantes. Alors oui, autant qu’elle finisse de jouer son jeu à fond, même si elle se retrouvait à en parler avec une personne qui ne semblait pas vraiment avoir de lien avec l’administration elle-même ! Prenant le dossier qu’on lui avait donné, avec les quelques feuillets qui lui avait été confiés au passage pour l’en garnir, elle le tendit à ce compagnon involontaire, avec un léger sourire railleur, de ceux qui n’exprime pas la joie, mais bien plus une forme de provocation somme toute bien piquante. Il voulait gagner de bons points auprès d’elle ? La draguer ? Quoi que ce soit d’autre ? Eh bien qu’il mette la main à la pâte, on verra après si elle aurait l’envie de le remercier, n’est-ce-pas ?

« Tiens, c’est cadeau, je te laisse lire et tu me dis si tu vois quoi que ce soit qui saurait nous éclairer ? Oh, et vu que tu vas voir mon prénom, commence peut-être par te présenter ? J’veux pas dire, mais bon, on est quasiment de l’ordre de l’intimité si tu lis mes documents administratifs ! »

Là, pour le coup, elle ria presque de bon coeur, si l’aigreur de la situation n’avait pas teint son éclat de joie d’une note un peu plus railleuse.

Damien Thorn

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Re : Le laissez-passer A-38 | Damien, Enothis

Réponse 4 samedi 27 mars 2021, 06:48:58

Un sourire malicieux avait furtivement traversé le visage de Damien tout en échangeant avec Enothis. La jeune idole égyptienne avait un caractère flamboyant et ne se laissait guère aller à contenir ses émotions. On aurait pu croire qu'il puisse se vexer face aux remarques, mais l'Antéchrist appréciait la situation à deux égards : d'abord, parce qu'elle le considérait évidemment comme un autre élève à peine plus vieux qu'elle ; ensuite, parce qu'une victime était d'autant plus satisfaisante lorsque la force de ses frustrations ajoutait à son calvaire.
Quel choix avait-elle, sinon celui de lui accorder une chance de l'aider ? Ses options étaient très limitées : Damien y avait veillé. Aussi, qu'importaient ses impressions et son abattement car, au final, elle lui laissait volontiers son dossier en lui racontant son histoire.
Evidemment, c'était une discussion très intime pour la tenir aisément avec un inconnu comme lui, mais il ne lui laissait pas vraiment voir de meilleure opportunité. Malgré le plaisir qu'avait Damien de la voir capituler et mettre son destin entre ses mains, il n'afficha qu'un masque de gravité et de compréhension, esquissant un léger sourire rassurant quand il le fallait afin de ne pas la laisser y réfléchir à deux fois. Il devait afficher le visage du parfait adjuvant et incarner le meilleur parti qu'elle puisse trouver dans ces conditions. C'était naturel pour les gens de se reposer sur ceux qui paraissaient plus compétents ou assurés qu'eux, et il jouait la carte du soutien idéal avec brio.
— Même venant d'eux, c'est un peu brutal, et pas très clair, fit-il remarquer en fronçant les sourcils.
Il parcourut le dossier rapidement. Il en connaissait déjà les détails et savait déjà parfaitement quoi signaler, mais il devait toujours jouer le rôle de l'étudiant aimable venu à sa rescousse. Demain, après une nuit supposément passée à tout éplucher, il l'appellerait pour commencer son petit jeu, mais pour l'instant ils n'en étaient même pas aux préliminaires. Alors, ayant vérifié que tout avait l'air complet, il referma avec un grand sourire amical et hocha la tête en signe d'approbation.
— Bien entendu. Je m'appelle Damien. Enchanté, Eno... (Il fit mine de vérifier le nom avant de confirmer :) ... Enothis !
Lui tendant la main pour une poignée plutôt sage, il poursuivit :
— Je ferais mieux de m'y mettre, en tout cas. J'ai ton numéro dans le dossier, j'imagine ? Je t'appellerai ce soir ou demain pour te donner des nouvelles, ça te va ?
-

Enothis/Emaneth

Humain(e)

Re : Le laissez-passer A-38 | Damien, Enothis

Réponse 5 dimanche 28 mars 2021, 19:25:11

Le jeune homme, malgré son air amical et sa relative délicatesse restait bien mystérieux encore aux yeux d’Enothis. Pourtant, le voilà avec ses documents administratifs dans les mains, à pouvoir lire la moindre information qui s’y trouvait. C’était un pari, peut-être un peu risqué d’ailleurs pour la jeune femme, mais elle n’avait pas vraiment de raisons de rester ici, figée et inactive, dans l’attente d’une bonne et miraculeuse nouvelle alors qu’elle avait bien conscience que rien n’irait en son sens à ce rythme. Il semblait être capable de l’aider, du moins l’assumait-il avec un peu de suffisance, ou de confiance en lui, alors … Alors elle faisait le choix de s’y essayer, et si les choses prenaient une tournure plus singulière, moins agréable, elle demanderait sûrement à Emaneth de lui zapper sa mémoire comme on gomme une faute d’orthographe sur un devoir de littérature japonaise. Au moins, elle l’observait faire, commencer à passer entre les différents documents avec quelques signes simples sur le visage, allant de l’étonnement avec un petit sourcil relevé à la désapprobation, marquée quant à elle par un long mouvement de tête de droite à gauche. Au moins semblait-il vouloir faire bien les choses, elle ne pouvait pas vraiment le lui ôter. Pas sûr que cela l’aide à partir en croisade contre ce temple de la perfidie humaine qu’est l’administration, mais au moins elle s’en trouvait un peu rassurée : Il y avait en ce jeune homme suffisamment de bonne volonté, de zèle, si elle pouvait se permettre un tel mot, pour qu’elle puisse s’imaginer qu’il allait vraiment essayer de l’accompagner dans sa démarche. C’était plaisant, avouons-le.

« Bien entendu. Je m'appelle Damien. Enchanté, Eno... Enothis !
- Enchantée, Damien. Écoutes, j’sais pas à quel point tu pourras faire quelque-chose, mais en tout cas merci du coup de main. »

Elle était un peu monotone dans son ton, mais ce n’était pas vraiment contre lui, bien plus à cause du temps qu’elle avait déjà perdue à se battre pour trouver une solution. Elle s’apprêtait à se relever quand elle le vit tendre la main dans un signe amical, et sur le coup, manqua se demander si il s’attendait vraiment à ce qu’elle lui sert la main de manière si … officieuse, alors même qu’ils ne semblaient pas avoir eux un échange si professionnel que cela ? Enfin, cela ne lui coûtait rien, aussi elle fit le minimum, et vint prendre sa main dans la sienne pour la serrer avec un geste rapide, commune à toute poignée de main qui se respecte. Autant dire que le jeune homme ne dût pas percevoir grand-chose quand elle lui prit sa pogne, la force de la demoiselle n’étant guère de nature à pouvoir s’imposer. Enfin, le geste fait, elle se redressa, et put entendre ce compagnon fort courtois faire de même. Visiblement, maintenant que les documents avaient été échangés, il était temps pour chacun de revenir à ses activités naturelles : Lui, elle ne savait pas trop, mais elle, elle allait profiter de sa journée libre pour retourner à ses travaux et révisions. Ce n’était pas parce qu’elle allait manquer d’aides qu’elle se devait pour autant de négliger ses études, après tout elle était au Japon notamment pour cela ! Toutefois, Damien sembla avaoir encore quelque-chose à lui dire, aussi attendit-elle qu’il s’exprime avant de prendre congé, ce qui ne tarda bien sûr pas le moins du monde :

« Je ferais mieux de m'y mettre, en tout cas. J'ai ton numéro dans le dossier, j'imagine ? Je t'appellerai ce soir ou demain pour te donner des nouvelles, ça te va ?
- Si tu trouves quoi que ce soit qui puisse m’aider, bien entendu. Page trois tu as mes coordonnées je crois, c’était ma demande officielle avec l’adresse correspondante sur le sol nippon. Hummm et tant que j’y pense, demain c’est le week-end, donc si au pire tu veux me répondre un peu plus tard, tu pourras, hein ? Je crois que je serais plus à ça prêt de toutes manières... »

Elle fit quelques pas pour quitter le hall en ronchonnant, puis s’arrête en chemin, et se retourne pour lui faire un dernier signe avant de retourner à sa petite vie habituelle :

« Hey… Merci pour le coup de main. Bon courage et bonne journée. »

Puis elle partie. Retour à la maison d’abord, puis à ses études. Elle ne manqua pas de se questionner dans la journée, de chercher à savoir si elle avait bien fait, non seulement d’accorder sa confiance aussi rapidement, mais aussi d’avoir laisser entre les mains d’un jeune homme (même si un peu plus vieux qu’elle) autant d’informations personnelles. Parfois, elle se trouvait idiote d’avoir agit ainsi, et à d’autres moments de la journée, elle se convainquait du fait qu’un tel damoiseau ne pouvait guère avoir de lien avec les membres de son culte, et qu’ainsi il était tout à fait improbable que les recherches qu’il allait faire finissent par apparaître aux yeux et aux oreilles de ses poursuivants. Finalement, elle eut le bon choix d’assommer ses turpitudes à coup de café, et de simplement laisser son esprit se focaliser sur son boulot, la jeune égyptienne ayant fort à faire encore sur le plan scolaire, et ayant besoin de progresser rapidement si elle souhaitait prouver qu’elle était capable de réussir ses tests de mi-année. Alors elle y passa la journée, entre les documents de ses professeurs sur les mathématiques appliquées, ou les manuels de langue. Finalement, elle se rendait bien compte qu’elle avait de réelles capacités dans certaines matières, mais elle avait besoin de tant de temps pour déchiffrer certaines consignes qu’elle finissait toujours à devoir rattraper le temps perdu. Au moins, à passer la journée ainsi, elle ne se prit pas plus la tête que ça. Elle fut même assez surprise quand elle remarqua, à quelque vingt-deux heures de la soirée, qu’elle n’avait même pas chercher à attendre un éventuel coup de fil de son allié providentiel. Au moins n’avait-elle pas stressée à ce propos : Elle attendra sûrement le lendemain matin pour voir si il avait quelques retours.

Aussi chercha-t-elle simplement à finir la journée devant une ou deux émissions dont le potentiel de distraction était proportionnel au degré d’abrutissement qu’elles provoquaient. Un plat de riz avec quelques légumes, vautrée dans le canapé, et un combat de scarabée, autant dire que la soirée ne suivait pas vraiment le degré intellectuel de la journée. Mais encore une fois, tant qu’Enothis pouvait ne pas penser à ses problèmes, cela lui convenait. Elle fit donc le minimum possible du reste de son temps, contempla avec l’esprit vide ce que la télévision japonaise proposait de plus … étrangement savoureux, puis vint à éteindre son poste de distraction avant de s’enfuir mollement jusqu’à ses couettes, laissant au lendemain le soin de réparer les soucis de la matinée. Quand elle vit sur son radio-réveil qu’il était plus d’une heure du matin, elle manqua se demander si son camarade était encore debout, lui, en train de passer au peigne fin les informations qu’elle lui avait confiée… Et finalement, elle rejeta l’idée avec un soupir las, comprenant que son interrogation ne saurait mener à quoi que ce soit de constructif : Elle ne pouvait même pas lui envoyer un message pour lui demander si tout allait bien, étant donné qu’elle était partie sans faire le moindre échange de numéro. Franchement, socialement, elle avait encore des progrès à faire. C’est donc après avoir tout reporté à la journée suivante qu’elle s’endormit, avec le léger espoir qu’au lendemain une solution lui soit présentée. Et si ce n’était pas le cas, tant pis, elle aura au moins essayée.

*
*   *

Son radio-réveil ? Pour tout dire, elle ne l’avait pas désactivé, aussi se mit-il à sonner tôt dans la matinée, sans même qu’elle n’y fasse attention. Lourdement assoupie, elle ne fit pas le moindre geste pour se tirer de sa couette, ni même pour éteindre le petit appareil dont la mélodie résonnait dans l’ensemble de l’appartement. En revanche, et même si ce fut quelques heures plus tard, quelque chose la tira immédiatement de ses songes, la força non seulement à ouvrir les yeux, mais surtout à se rendre immédiatement disponible pour ce qui allait suivre. Il s’agissait de son téléphone. Alors qu’elle sommeillait toujours, le portable se mit à vibrer d’abord, puis à lancer sa petite musique habituelle, signe qu’on l’appelait. La première seconde, elle s’éveilla, et la seconde, elle comprit malgré sa torpeur ce qu’il se passait. Autant dire que la réaction fut immédiate : Sautant de son matelas maladroitement, elle chercha d’abord du regard si elle ne trouvait pas son appareil, puis s’élança vers ses vêtements pour les secouer en tout sens, espérant y trouver le précieux téléphone. Résultat zéro, et le portable entamait déjà sa troisième sonnerie, aussi courut-elle dans le salon, avant de l’apercevoir, magnifique et providentiel, sur son canapé. Ni une, ni deux, elle bondit pour l’attraper, se vautrant sur son mobilier avec aise étant donné le confort de celui-ci, puis appuie immédiatement sur le bouton pour répondre, lançant la communication immédiatement, avec le bon espoir que la personne de l’autre côté du fil n’avait pas coupé par dépit :

« Enothis Anekhtotehm, oui, que puis-je pour vous ? »

Tant pis pour la voix ensommeillée et le manque de dynamisme.

Damien Thorn

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Re : Le laissez-passer A-38 | Damien, Enothis

Réponse 6 vendredi 02 avril 2021, 10:44:17

Le dossier entier en mains, Damien était surtout retourné à ses affaires. Il avait un cours tardif et une courte réunion avec ses disciples. Le poids de la liasse de papiers se laissait sentir dans son cartable, comme si leur importance pesait plus lourd qu'eux. Enothis ne s'était pas laissée l'occasion de mieux connaître son mystérieux bienfaiteur. Elle n'en avait simplement pas le temps, ou du moins le pensait-elle. Le véritable nœud du problème, à dire vrai, c'était le fait que l'administration avait été avertie de certaines irrégularités. Ca n'avait pas suffi pour révoquer son titre de séjour, mais l'on avait préféré suspendre ses droits jusqu'à ce que la chose soit tirée au clair.
Autant dire tout de suite que l'administration universitaire incompétente de Seikusu ne trouverait aucune réponse, et que la chose trainerait, advienne que pourra, pendant des mois, jusqu'à ce que les lamentations d'Enothis ne les convainquent de la rétablir dans ses droits, par pur ennui, ou que sa disparition ne règle le problème comme par magie.
La solution rapide était de trouver quelqu'un capable de débloquer la chose en un claquement de doigts. Damien était cette personne, mais ses services n'étaient jamais gratuits, et dans ce cas précis il avait œuvré à dessein pour en arriver là.

La soirée se termina sans accroc. Damien se prépara à manger devant les informations business, comme d'accoutumée, et se laissa aller à inviter — ou plutôt à convoquer — une de ses servantes préférées pour un massage intégral avant de s'endormir sur ses deux oreilles.
Tout s'était bien passé. Ca avait été une très bonne journée. Demain pourrait être encore meilleur.

Le lendemain matin, debout de très bonne heure, Damien exécuta une demi-heure d'exercices physiques et se délassa dans la douche avant de se préparer un de ses petits-déjeuners préférés devant les informations politiques. En mangeant, il ne faisait jamais rien de distrayant, préférant réfléchir en silence tout en profitant lentement de son repas. Damien était un déviant, mais c'était aussi un bourgeois, élevé dans le respect de sa propre santé. Le fait que son corps soit techniquement insensible aux maladies, aux poisons et, potentiellement, à la dégénérescence cancéreuse des cellules, ne l'empêchait pas de faire attention à son alimentation, à son activité et à son niveau de stress. A quoi servirait-il d'être invulnérable si c'était pour vivre dans l'inconfort et l'angoisse ?
La femme de ménage se faufila dans l'appartement alors qu'il finissait son repas, commençant par la cuisine où elle rangea ustensiles et casseroles sans un mot. Damien laissa glisser un regard sur elle, et elle le lui rendit de biais avec incertitude. Il ne connaissait pas son nom mais il la connaissait déjà intimement. Très jolie, elle était un livre ouvert et facile à convaincre de céder à la tentation sans le moindre mot. Elle pensait vivre une relation profonde et fort compliquée avec lui, relation qu'elle devait cacher à son fiancé adorable, alors qu'en vérité Damien ne faisait que se servir d'elle.
Son repas terminé, il la rejoignit dans la cuisine et, agenouillée contre le plan de travail, elle avala ses assauts avec une joie malsaine.

Il enfila son uniforme de respectabilité une fois nettoyé et prêt et se prépara à démarrer sa journée. La femme de ménage lui succéda dans la salle de bains pour ranger, son fard dégoulinant témoignant des émotions conflictuelles que l'influence de l'Antéchrist lui infligeait, conflits qui ne tarderaient pas à la briser et à la rendre soit totalement dévouée, soit totalement inutile. Il ne lui adressa pas la moindre attention.
Au pied de l'immeuble, son chauffeur était arrivé. Damien descendit, son cartable à la main, et s'engouffra à l'arrière de la grande berline noire. Une fois installé, il s'accorda une minute de méditation avant de se saisir de son téléphone et de composer le numéro d'Enothis.
Une, deux, trois, quatre sonneries... La voix ensuquée de l'Egyptienne grésilla enfin à son oreille. Damien vérifia l'heure en fronçant les sourcils mais ne fit pas de remarque.
— Enothis ! C'est Damien ! Désolé de te réveiller, mais j'ai trouvé ce qui cloche et je crois pouvoir régler ton problème.
Il laissa à la jeune femme étourdie par le sommeil le temps de digérer l'information avant d'enchaîner :
— Je t'expliquerai. Tu as cours aujourd'hui ? On peut se retrouver dans le hall à midi. Je vais avoir besoin de toi. Quand tu t'habilleras, il va falloir que tu te mettes en jupe, et sans culotte. D'accord ? A tout à l'heure.
Il raccrocha sans hésitation et avec un sourire narquois. Elle allait sûrement cogiter dur sur ce qui venait de se passer mais, vu l'heure, elle n'avait pas beaucoup de temps à accorder à tout cela. Si elle était encore endormie, elle avait peu de temps devant elle pour être toute apprêtée avant de prendre le chemin de l'université.
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Enothis/Emaneth

Humain(e)

Re : Le laissez-passer A-38 | Damien, Enothis

Réponse 7 lundi 19 avril 2021, 23:29:53

« Enothis ! C'est Damien ! Désolé de te réveiller, mais j'ai trouvé ce qui cloche et je crois pouvoir régler ton problème. »

Procédons dans l’ordre. Non seulement le jeune homme de l’autre côté du fil semblait autrement plus dynamique qu’elle, mais surtout il avait là une certaine forme de tonalité dans la voix qu’elle ne parvenait pas trop à comprendre, mais qui était étrangement désagréable. Elle n’aurait su dire exactement ce qui la mettait mal à l’aise, mais quoi que cela pouvait être, il y avait là … peut-être une forme d’expression, une façon de dire les choses, un elle-ne-savait-quoi qui ne parvenait pas à être digéré par son esprit. Malgré tout, elle n’eut cette impression qu’une courte demi-seconde, la suivante lui laissant quand même se rappeler qu’elle venait à peine de s’éveiller, qu’elle avait cherchée sont téléphone dans l’ensemble de l’appartement, et qu’ainsi avait-elle sûrement développée un peu de nervosité fort tôt dans sa journée, ce qui pouvait expliquer son ressenti. Aussi rejeta-t-elle en bloc cette impression désagréable, s’en collant la responsabilité par une intention louable, celle de s’estimer coupable de sa propre incompréhension. Elle se permit donc de répondre, même si encore engluée par la fatigue, tentant maladroitement par la même occasion de faire bonne figure : La voix la plus claire possible, le ton le plus uniforme, pas de baîllement maladroit ou de signe d’une quelconque torpeur.

« Bonjour Damien. Ne t’en fais pas, je me devais de me lever de toutes manières. Tu … crois avoir trouvé ? Comment ça ?
- Je t'expliquerai. Tu as cours aujourd'hui ? On peut se retrouver dans le hall à midi. Je vais avoir besoin de toi. Quand tu t'habilleras, il va falloir que tu te mettes en jupe, et sans culotte. D'accord ? A tout à l'heure.
- Hein de quoi !? Attends, qu’est…. »

Plus de communication, seulement une tonalité terrible, signe que son interlocuteur venait de raccrocher. Attends que de… Qu’est-ce-qu’il… Comment… HEIN !? Il fallut de longue seconde à la jeune égyptienne pour mettre de l’ordre dans sa tête, pour comprendre ce qu’il venait de se passer, de ce qu’elle venait d’entendre. Pantoise, le téléphone encore en main avec, marqué dessus, le numéro de Damien, elle resta un long moment silencieuse, comme si les mots qu’il s’était permit de prononcer mettaient un temps infiniment long avant de vraiment lui arriver à l’esprit, afin d’y être décrypter. Ce fut donc au bout de ce court instant de silence absolu qu’Enothis ne put s’empêcher de s’exprimer à nouveau, ayant grand besoin d’extérioriser son ressenti immédiat, et qu’elle emplit l’ensemble de la pièce d’une interjection sonore qui parût rebondir sur chacun des murs pour lui revenir en pleine figure : « QUOI !? ». C’était quoi ces conditions ? C’était quoi cette demande ? En quelle honneur, pour quelles raisons, de quelles manières qui que ce soit pouvait se permettre de faire pareille demande à … à n’importe qui en fait ? Toutes les fibres de son corps semblaient signaler une certaine forme de colère, mais très rapidement, son esprit prit une tangente évidente : Alors comme ça, parce qu’il l’aidait, ce petit con se permettait de lui sortir de pareilles bêtises ? Très bien, si il le prenait ainsi, elle n’allait pas le décevoir. Bondissant du canapé, elle retourna dans sa chambre, et ne manqua pas de se vêtir de la manière la plus évocatrice de son refus : Un pantalon épais, un t-shirt à manche longue, un bon pull bien épais -il ne manquerait plus qu’elle attrape froid, n’est-ce-pas ?- et avec ceci une belle écharpe dont la longueur sera du plus belle effet pour couvrir son corps. Bien entendu, sous-vêtement inclus. Non mais pour qui il se prend ?

Sortant de son appartement après un évident petit-déjeuner, elle consulta l’heure sur son portable. 11H10. Elle avait un bon trois quarts d’heure pour faire le trajet jusqu’au lycée, aussi ne devait-elle pas chômer durant le déplacement. Ce n’était pas parce qu’elle avait uniquement cours l’après-midi qu’elle n’allait pas pour autant se montrer respectueuse quant au rendez-vous de Damien. Au contraire d’ailleurs, c’est en prouvant qu’elle pouvait honorablement répondre à sa demande qu’elle allait aussi pouvoir faire bon cas de ses mœurs, de son bon droit, et lui envoyer dans la figure que si il se permet encore une seule fois de lui faire une blague de si mauvais goût, il pouvait tout aussi bien aller se trouver un petit copain affectueux dans les quartier de la Toussaint afin de se faire refaire le fondement façon bonnes œuvres urbaines ! Elle enrageait que ce petit saligaud se soit permit un tel propos, elle avait tout simplement envie de … de … de l’égorger, proprement, de ne plus jamais lui permettre de sortir à nouveau ce genre de saloperies dégradantes. L’avait-il prit pour une prostituée de bas étage ? Tandis qu’elle avait gagnée la ligne de tram et qu’elle occupait déjà l’une des rails des transports de la cité, elle ne put s’empêcher de venir mettre un grand coup de pied rageur dans l’une des portes automatique en face d’elle. Ça lui fit mal, mais au moins cela la détendit un peu pour le reste du trajet !

À peine arrivée à son arrêt, elle bondit, fulminante, de son tramway, et commence à s’élancer à pas vif dans les rues de la cité menant jusqu’au lycée. Elle croise déjà quelques élèves, mais très honnêtement, elle en ignore la présence, aveuglée qu’elle était par la rage et l’envie de sauter à la tronche de celui qui s’était permit de l’insulter. Dans son sac, elle avait emportée sa tenue scolaire, et pensait très honnêtement à se changer une fois son entrevue avec Damien réglée, mais il était de son devoir de lui faire passer un message clair, et pour cela, tant pis si elle se faisait un peu houspiller par un professeur ou un surveillant un peu trop strict sur le règlement. En parlant de ça, elle en vit un à la grille d’entrée de l’établissement : M.Fukudora. Un court instant, elle manqua se dire qu’elle allait encore lui donner du grain à moudre à celui-là, le gardien de l’établissement ayant déjà eut grand mal avec sa présence, par le simple fait qu’elle était une jeunette bronzée, une étrangère qui ne devrait pas profiter du bon système éducatif bien portant du Japon. Honnêtement, elle était tant et tant encolérée qu’elle ne fit même pas mine de réagir à ses vociférations. Si il jugeait qu’elle était éhontée et insultante, tant pis pour lui, qu’il arrête de penser avec ses petits préjugés de vieux nippons embourbés dans sa vision salace des étrangères. Elle lui passa devant sans un autre geste que celui de le distancer de sa simple marche rapide, occasionnant quelques rires indélicats, puis ouvrit la porte vitrée du hall dans un mouvement pour le moins … incontrôlé. La porte claqua contre son butoir, installé au cas où une telle situation surviendrait, ne manquant pas de signaler son entrée soudaine. Quant à Enothis, elle n’eut aucun mal à voir que son insolente rencontre de la journée précédente était déjà présent, légèrement en avance, tout comme elle l’était, même si de peu.

Alors elle ne fit pas mine d’être une gentille petite élève qui souhaite bien se faire voir. Elle ne fit pas non plus le moindre effort pour cacher son approche envers Damien. Non, elle s’approcha telle une furie du jeune homme, et de certains spectateurs auraient même put avoir la maladresse de la comparer à quelques figures relativement connue du folklore japonais, ces oni dont le faciès est toujours gouverné par l’ire la plus sauvage. Il vient un instant où l’égyptienne eu presque la volonté de l’attraper par le col, physiquement, mais elle ne souhaitait pas non plus atteindre ce stade où elle se comporterait comme une loubarde, à rouler des mécaniques et intimider par la force. Non, elle voulait juste qu’on la respecte… Et ainsi, elle s’arrêta à un petit mètre de Damien, plongeant son regard dans le sien avec une certaine détermination, puis s’exprimant avec une clarté limpide, prenant le temps de bien décomposer ses mots afin de s’assurer qu’il ne puisse pas y avoir la moindre méprise :

« Premièrement, j’ai accepté ton aide, gracieusement présentée, mais je ne te l’ai pas demandée, aussi n’ai-je rien à te devoir. Deuxièmement, si tu penses que tu peux te permettre n’importe quel propos au téléphone, tu peux aussi bien te barrer immédiatement, je n’en ai cure. Enfin, si tu as le malheur de me sortir à nouveau un tel propos, je te jure que je ne réponds plus de rien, c’est clair ? C’est couillon, t’avais presque l’air sympathique hier, alors si c’est pour agir comme le plus gros connard que cet établissement abrite actuellement, franchement, te donne pas cette peine, et oublie moi, ça ira mieux pour nous deux. Est-ce qu’on est d’accord ? »

Damien Thorn

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Re : Le laissez-passer A-38 | Damien, Enothis

Réponse 8 samedi 19 juin 2021, 13:36:06

Quand Enothis parvint — enfin — à l'université, il était pratiquement midi. Allons ! Il lui accordait qu'elle arrivait à l'heure, malgré le fait qu'elle ne soit absolument pas prête à se présenter. Vu l'heure où elle s'était réveillée, forcée par la sonnerie de son téléphone, ce n'était pas étonnant. En tout cas, Damien pouvait tirer une croix sur la solution douce et pouvait se préparer à une petite bataille des nerfs et d'égos pour faire passer à Enothis l'envie d'affirmer son indépendance et de défendre son honneur. Elle n'avait toujours pas compris, colérique qu'elle était. Il allait déjà falloir que Damien lui fasse comprendre les choses, alors. Elle avait choisi de faire sa scène au milieu du hall — ce qui était un peu sa faute à lui, lui qui s'était mis là — et ce n'était pas idéal, mais il pouvait trouver un moyen de la convaincre de le suivre sans susciter l'intérêt et la curiosité de la moitié des étudiants.
La première chose était de laisser passer son sermon hostile dans le calme le plus total. Damien avait fait face à la mort des mains de sa propre famille dès sa plus tendre enfance et les protestations d'une possédée de Pétaouchnok ne l'intimidaient pas. Il soutint son regard, affecta la lassitude la plus profonde et leva son poignet entre eux pour consulter l'heure sur son téléphone, avant de le ranger à sa place.
Midi pile. Il était l'heure.
Enothis... Ce serait dommage d'arrêter déjà. Je n'ai pas vraiment hâte d'expliquer aux types de chez Turich ce que tu fais ici.
Il avait lâché l'information innocemment, comme s'il parlait d'un groupe ou d'une école européenne spéciale, mais Damien savait que ce nom n'allait pas aller dans l'oreille d'une sourde et qu'Enothis ferait le lien, enfin. Et comme il avait maintenant son attention, Damien lui fit signe de la tête pour qu'elle le suive et s'engagea en direction de coins peu fréquentés du bâtiment.
Vois-tu, j'ai bien examiné ton dossier et je sais quel est le problème. Tu n'existes pas. Pas vraiment. Pas dans les registres d'état civil, en tout cas. Parce que tu n'es devenue une personne que depuis peu. Je dois continuer ou tu as compris que je sais ce que tu ne veux pas qu'on sache ? Bon, on dirait que tu ne veux pas parler tout de suite...
Arrivés là où ils s'étaient rencontrés la vieille, en toute ironie, Damien s'arrêta et se planta face à elle. Son regard, impassible, impérieux, se planta dans le sien à nouveau. Cette fois, il ne feignait pas l'empathie.
Tu as déjà été dans ce rôle alors ça devrait être simple pour toi : tu vas t'exécuter jusqu'à ce que tout soit fini ou que je me lasse. Et si tu fais tout ce que je dis, ton dossier passera sans problème la prochaine fois. Est-ce que tu me comprends bien ? Voyons si tu as compris : je t'avais dit de venir sans culotte. Les toilettes sont juste là.
Il avisa son sac et la porte des toilettes non loin, et attendit de voir sa réaction.
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Humain(e)

Re : Le laissez-passer A-38 | Damien, Enothis

Réponse 9 mardi 06 juillet 2021, 21:49:38

Il ne fallut pas grand-chose pour que sa colère, déjà fort présente, ne soit qu’un peu plus attisée lors de la vision du jeune homme au sourire fier dans le hall. Cette petite arrogance, somme toute naturelle chez quelqu’un capable de sortir des propos aussi désagréables au téléphone, était attendue, mais autrement plus difficile à avaler par la même occasion. Ils n’entretenaient aucun rapport, n’avait pas eut le moindre échange outre le petit instant de rencontre dans les bureaux d’hier matin, alors de devoir se farcir ce genre de facilité orgueilleuse de la part de ce petit salopard lui restait en tête et nourrissait ses aigreurs personnelles. Elle voulait lui arracher la gorge, mais elle en le ferait pas. Elle n’en avait ni la force, ni la vilenie, simplement un ressentiment qu’elle laissa échapper avec la plus grande des sincérités ! Un flot ininterrompus d’arguments plus ou moins bien amenés, ce qui lui sembla suffire pour communiquer au mieux sur la situation qu’ils rencontraient, et par la même occasion lui fermer son petit clapet de gamin un brin trop certain de lui et de ses charmes. Il l’avait prit pour quoi franchement ? Une petite jeunette en manque de savoir qui s’apprêtait à se dévoyer pour obtenir quelques menus kopecks ? Elle n’était ni une prostituée, ni une gamine en recherche d’approbation et de soutien ! Et elle espérait que le message serait le plus clair possible pour ce jeune homme. Même, sincèrement, elle espérait que la surprise d’un refus le remette un peu droit dans ses bottes, et qu’il retrouve ainsi le minimum de comportement professionnel que l’on pouvait attendre chez quelqu’un qui a tendu sa main pour l’aider. Mais bien au contraire, elle rencontra désinvolture et désintérêt, jusqu’à l’heure fatidique annoncée :

« Enothis... Ce serait dommage d'arrêter déjà. Je n'ai pas vraiment hâte d'expliquer aux types de chez Turich ce que tu fais ici. »

Grincement de dent immédiat, comme si son flot de parole venait de subir un freinage paniqué et urgent face à l’imminence d’un danger aux conclusions dramatiques. Silence. La mention de Turich n’était pas des plus anodines, même si il semblait sortir le propos comme s’il s’agissait d’une formalité. Pour elle, ce groupuscule était techniquement le synonyme de « prison ». Elle les connaissait suffisamment pour savoir qu’ils avaient un lien plus qu’évident avec les Choeur du Créateur. Aussi, la plus petite bribe d’informations à son sujet qui leur parviendrait résulterait en sa récupération immédiate à grand renfort de soutien logistique, par la police, ou plus encore. Si le début de cet échange ressemblait à une mauvaise vanne faite par un jeune homme qui aurait eut envie de profiter d’un moment de faiblesse de sa part, cette simple réponse faisait bifurquer ce scénario en direction d’un terrible et odieux chantage dont elle ne pouvait que difficilement se défaire. Quelle merde ! Mais elle n’eut pas le temps de trouver les mots pour réagir, son « interlocuteur » se redressant lentement pour montrer le couloir le plus proche de sa position, l’invitant par la même à emprunter ses pas et le suivre. Direction les bureaux administratifs, là même où ils s’étaient précédemment rencontrés, et le chemin fut parsemé des explications autrement désagréables de Damien, tandis qu’elle contenait comme elle le pouvait ses envie de lui sauter à la figure pour l’éliminer :

« Vois-tu, j'ai bien examiné ton dossier et je sais quel est le problème. Tu n'existes pas. Pas vraiment. Pas dans les registres d'état civil, en tout cas. Parce que tu n'es devenue une personne que depuis peu. Je dois continuer ou tu as compris que je sais ce que tu ne veux pas qu'on sache ? Bon, on dirait que tu ne veux pas parler tout de suite… »

Non, elle ne voulait pas parler, pas dans cette situation. Plus il blablatait, plus elle prenait conscience du degré de recherche que cette andouille avait put mettre en œuvre, et si il n’avait pas les premières informations, du moins de visu, il commençait déjà à en savoir bien trop. Mais quel… quel … enfant de putain ! Elle ne s’était pas doutée qu’il irait aussi loin. C’était une possibilité certes, mais en surface, tout aurait dut se dérouler de la manière la plus superficielle possible, et il n’aurait jamais put mettre la main sur des documents aussi sensibles que ceux où l’on pouvait visiblement voir qu’elle avait manipulée nombre d’informations ! Pour dire, elle s’était reposée sur les pouvoirs d’Emaneth à ce moment là, donc effectivement son état-civil était vide de sens, mais … Il s’agissait d’un putain de dossier administratif dont la simple consultation ne pouvait pas revenir de droit à un simple étudiant comme Damien ! Alors comment ? Comment ce rat avait put plonger si loin dans ses informations pour pouvoir se permettre de faire le lien avec les Choeurs, non sans parler de leurs différents pied à terre au Japon ? Elle avait besoin de comprendre pour lutter, encore plus que le jeune homme était en train de prendre le dessus de manière magistrale et qu’elle ne pouvait compter sur la Djinn pour lui rendre la pareille, celle-ci étant très clairement en phase de repos. Enfin bon, à peine arrivée dans la grande salle d’attente où ils s’étaient rencontrés, il se tourna enfin vers elle avec un air triomphant, qui lui fit mal. Là, il avait la situation en main, et elle sentait qu’elle n’allait pas apprécier la suite :

« Tu as déjà été dans ce rôle alors ça devrait être simple pour toi : tu vas t'exécuter jusqu'à ce que tout soit fini ou que je me lasse. Et si tu fais tout ce que je dis, ton dossier passera sans problème la prochaine fois. Est-ce que tu me comprends bien ? Voyons si tu as compris : je t'avais dit de venir sans culotte. Les toilettes sont juste là.
Si je m’étais attendue à devoir subir ce genre de saloperies. J’espère que tu ne t’attends pas à ce que j’agisse avec le sourire ... »

Avait-elle le choix… Techniquement oui, elle avait le choix de lui pourrir son groove, de le mettre dans la pire des situations possibles en ouvrant clairement sa gueule et en exprimant à haute voix la situation problématique qu’elle subissait. Il n’y avait pas grand monde dans les environs, voire même personne, mais … De l’exprimer aurait sûrement le don de le couper dans son petit délire. En revanche, il allait bien assurément répondre de la pire des manières, à savoir en l’envoyant directement retrouver son petit culte de frâlés et lui souhaiter un bon retour en Egypte, chose qu’elle ne se sentait, bien sûr, absolument pas capable de revivre désormais. Donc, elle pouvait réagir… et tout perdre, simplement. La situation était donc aussi évidente que sinistre, et c’est avec une haine colossale que la jeune femme à la peau de cuivre accepta ce qui allait se passer, non sans maudire plus d’une fois ce porc qui la regardait d’un visage neutre, mais la victoire au coeur. Elle prit ses affaires et se dirigea d’un pas preste en direction des toilettes, manquant le bousculer au passage, puis s’y enferma non sans claquer lourdement la porte, incapable de maîtriser sa colère au degré même où elle parviendrait à la dissimuler. Elle ne voulait pas lui donner la moindre satisfaction, mais … elle ne pouvait pas faire autrement. Impossible qu’elle retourne en Egypte, qu’elle finisse à nouveau comme la petite poupée docile d’un gourou mégalomane. Alors elle chercha, une fois seule, à lentement reprendre le dessus sur ses émotions, soufflant longuement pour tenter de détendre ses nerfs… Puis accepta bien malgré elle son sort, ôtant son dessous avec colère, le faisant glisser le long de ses jambes, chaque centimètre lui rappelant honte et colère face à ce chantage des plus odieux.

Puis elle abandonna enfin le contact léger du coton… Cela l’écoeurait, à la fois de devoir se comporter aussi, mais de se retrouver à obéir face à ce genre de chantage encore plus. Elle aurait tout fait pour ne jamais avoir à connaître encore ce genre de procédés, et voilà que ça lui retombait dessus de la pire des manières ! Il lui fallut encore un peu de temps pour ne pas ressortir des toilettes sans être prête à exploser au moindre petit désagrément, mais Enothis parvint enfin à prendre une grande inspiration, à écraser son dessous dans le creux de sa main pour le dissimuler aux yeux des autres, puis à pousser la porte pour enfin retrouver le visage désormais insupportable de Damien… Et de le cueillir avec les propos les plus cyniques qu’elle pouvait lui offrir :

« Et maintenant, ce crapaud est-il satisfait de son petit jeu ? »

Tout dans son être exultait d’une rage contenu mais prête à se faire entendre au moindre relâchement… Quel dommage qu’elle ne puisse s’abandonner à son envie de se venger.

Damien Thorn

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Re : Le laissez-passer A-38 | Damien, Enothis

Réponse 10 jeudi 08 juillet 2021, 03:44:50

Enothis était en rage. Et elle avait raison ! Comment réagir autrement à une situation pareille ? D'accord, certaines auraient ragé jusqu'à perdre de vue le raisonnable, d'autres encore se seraient simplement tues et résignées, mais l'Egyptienne faisait au moins de la résistance morale, et c'était d'autant plus amusant. Et oui ! Si elle avait su que sa résistance ne faisait qu'attiser l'intérêt de l'Antéchrist ! Mais, voilà, elle n'avait conscience ni de cela ni de l'identité sinistre de celui par lequel elle s'était laissée piéger. En acceptant son aide, elle avait ouvert la porte à ses méfaits, et elle allait devoir les subir jusqu'à ce qu'il se lasse ou jusqu'à ce qu'Emaneth se réveille enfin.
Silencieux, Damien l'avait regardée disparaître dans les toilettes et, un sourire aux lèvres, il alla se faire couler un thé à la machine en attendant qu'elle ait terminé. Retirer une culotte ne prenait pas longtemps, mais se faire violence pour l'enlever contre son gré était une autre affaire. Damien avait parfaitement conscience du fait qu'il la forçait, et c'était là tout l'intérêt de son jeu. Et ce n'était, bien sûr, que le début. Ainsi, quand elle sortit, il la rejoignit sans se départir de son sourire, encaissant sa vaine insulte sans sourciller et même en élargissant son sourire. Il était au bord du rire. Finalement, amusé, il s'exclama :
Enothis, nous avons à peine commencé !
Si elle avait eu un doute concernant l'ampleur du sadisme de son mystérieux camarade, elle devait commencer à le voir se dissiper. Bien sûr, elle ne pouvait avoir aucune idée de ce qu'il avait exactement en tête. Jusqu'où pouvait-il aller ? Et jusqu'à quand ? Damien se gardait bien de le lui dire, préservant l'effet de surprise et la tension de l'incertitude. Comment croire qu'un banal étudiant d'allure sans histoire pouvait en fait être un monstre d'engeance démoniaque se vouant à ses vices ? Il aurait bien pu se servir de ses admiratrices et zélotes, mais à quoi bon quand il pouvait torturer une belle fugitive comme Enothis ?
Nous avons encore le temps d'aller manger. Tu as cours, cet après-midi ?
-

Enothis/Emaneth

Humain(e)

Re : Le laissez-passer A-38 | Damien, Enothis

Réponse 11 samedi 24 juillet 2021, 18:55:20

« Enothis, nous avons à peine commencé ! »

S’en doutait-elle ? Oui bien assurément, il n’allait pas juste lui faire une petite vanne au vue de la pression qu’il avait appliqué lors de son précédent discours. Avait-elle pour autant espérée pouvoir s’en sortir malgré tout avec le minimum d’affront et de honte mêlé ? Oui aussi. Elle aurait aimée, appréciée, désirée que cela se termine le plus rapidement possible, non sans savoir que ce genre de vœu ne pouvait absolument pas trouver la moindre forme de réalisation logique. Les êtres humains, comme les êtres de puissances tel qu’Emaneth, profitaient toujours de leur position de supériorité pour en demander encore et toujours plus, jusqu’à ce qu’il puisse se lasser de la situation avec un mélange d’ennui et de dépit, pour enfin rejeter au loin leur jouet d’un instant. Ce … Petit fils de coprophage ne manquait clairement pas à ce genre de tâche, que ce soit par le biais de son sourire victorieux et amusé, mais aussi par l’élégance charitable et suffisante qu’il lui servait tout en lui répondait, autant de signes annonciateurs d’un futur sombre et déplorable aux yeux de l’égyptienne. Tant pis, elle allait devoir trouver la force de passer par-delà l’humiliation, poursuivre ses longues réflexions pour trouver la faille qui la libérera de son emprise, et se venger en temps et en heure. Elle avait encore le soutien de la Djinn après tout, il viendra un temps où elle pourra, sûrement, mettre en avant ce don et le prendre par surprise. De là à l’imaginer pourrir dans un jardin public avec les corbeaux qui lui mange les fesses, il n’y avait qu’un pas. Mais ce sera pour plus tard, pour l’instant, elle allait simplement serrer les dents et encaisser :

« Nous avons encore le temps d'aller manger. Tu as cours, cet après-midi ?
Si monsieur avait l’occurrence d’avoir le minimum de logique, il saurait que les samedi sont exempt de cours l’après-midi... »

Bon, encaisser ne voulait pas dire ne pas lui manquer de respect, surtout qu’elle n’avait aucune raison de tenir sa langue : Non seulement parce qu’il avait déjà les pleins pouvoirs dans leur relation actuelle, mais surtout que ce n’était pas parce qu’il pouvait la contraindre à l’action la plus déplorable qu’il possédait toutefois un droit sur sa façon de penser ! Obéir, oui, s’assujetir, non ! Elle n’allait pas aller contre lui, mais Enothis l’avait exprimé tout de go : ce n’allait pas être un plaisir de sa part de jouer les midinettes en pleine servitude, alors autant qu’il se prépare à ses piques incessantes ! Que le salopiaud en face d’elle s’en offusque, elle ne fera que mine de ne pas s’en soucier, ou feintera quelques manques d’aisance ou de compréhension, comme si elle était assez stupide pour ne pas comprendre la portée de ses paroles. De toutes manières, lui-même s’affairait à se donner des airs pour mieux prendre au piège ses proies, alors pourquoi ne pouvait-elle pas dissimuler ses intentions revanchardes derrière une franchise un poil trop véhémente pour ne pas être le fait d’une cinglée inconsciente de la situation, hein ? Enfin, l’homme voulait déjeuner visiblement, et elle se devait de le suivre, étant donné qu’il avait souligné que tout deux pouvaient avoir le temps de se sustenter. Aussi emboîta-t-elle le pas de cet étrange personnage, se laissant guider tandis que les tressauts et mouvements de sa jupe manquaient, par instant, de lui rosir les joues de gêne. Assez maladroitement, et preuve de son embarras, elle passait son temps à remettre les plis de sa tenue en place, par peur que celle-ci monte un peu trop haut, et révèle sa triste condition. Un comportement instinctif, plus révélateur qu’autre chose, malheureusement.

« Alors, à quoi dois-je m’attendre de la part de ce maître chanteur ? Celui-ci veut me faire bouffer ma pitance dans une gamelle ? Peut-être me pousser au milieu de la foule pour révéler ma situation ? A quel misère dois-je m’attendre pour observer encore un peu plus pitoyablement la satisfaction sur ton visage ? »

Le ton était railleur, agressif. Elle veillait à se prononcer quant nulle autre oreille autour d’eux ne pouvait les écouter, même à la dérobée, mais quand l’occasion se présentait, ce n’était clairement pas pour qu’elle puisse présenter les plus dignes des comportements. Déjà, le couloir était suffisamment étroit pour qu’elle craigne de devoir se rapprocher de Damien lorsqu’un autre élève croisait leurs pas… Alors quand elle voyait un petit groupe approcher, elle ralentissait instinctivement son pas pour se faufiler derrière, avant de se mordiller la lèvre de honte. Que le type qui l’avait foutu dans une telle situation lui serve de bouclier face à l’embarras était d’une ironie qui lui embrasait l’âme. Une fois ces jeunes gens passé, elle se décalait à nouveau sur le flanc de l’homme, et le regardait avec quelques dagues qui partaient de ses yeux pour se planter dans son corps de jeune adulte plain de suffisance. Quel malheur qu’elle ne pouvait le faire que subjectivement, car elle aurait adorée en avoir le réel pouvoir en l’instant. Ils retrouvèrent en peu de temps le milieu un peu plus actif du coeur de l’établissement, tant et si bien que le malaise de la jeune étrangère à la peau de cuivre ne manqua pas de grimper encore d’un ou deux niveau, et rapidement une de ses mains vint compulsivement triturer le bas de sa jupe, comme pour la garder bien en place vers le bas. Cela l’amenait à montrer un pan de sa hanche sans qu’elle n’y fasse trop attention, préférant encore ce genre de vision à celle de son fruit défendu se révélant aux yeux de tous. C’était suffisamment difficile d’être une gaïjin, pour ne pas non plus se retrouver targuée du titre d’exhibitionniste ! Et comme pour voiler son embarras, elle reprit la parole avec toujours autant de sincérité :

« Bon et sinon, tu m’emmènes où ? Le self doit tout juste servir des restes à l’heure qu’il est, faudrait peut-être que tu te remues les miches ! »

Damien Thorn

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Re : Le laissez-passer A-38 | Damien, Enothis

Réponse 12 jeudi 12 août 2021, 09:58:02

Enothis avait passé sa vie à servir un culte secret au milieu d'un pays totalement inconscient de leurs manigances, aussi Damien s'était-il préparé à quelqu'un d'un peu mieux conditionné. Mais elle était aussi brûlante que les sables de l'Egypte, et dans le mauvais sens. Il s'en voulait un peu de devoir lui flanquer une pique mentale comme ça, si vite, mais... Tiens ? Damien s'engagea directement sur le chemin pour dissimuler le trouble qui ne manquerait pas de voiler son regard. Son contact mental n'avait absolument pas fonctionné. En vérité, il n'avait même pas pu en user. C'était comme se heurter à une barrière. Bien sûr, il ignorait qu'Emaneth dormait à l'intérieur d'elle, et qu'elle avait probablement dressé un cocon de protection magique autour d'elle, et donc de l'esprit d'Enothis, mais si on lui avait caché ce détail il n'était pas non plus un débutant en matières occultes. Il devinait que quelque chose se planquait en elle, quelque chose qui avait sûrement justifié sa position de servitude. Il s'était bien demandé pourquoi elle...
Elle se serait certainement sentie trop fière si elle s'était rendue compte qu'ils étaient deux à être perturbés, mais heureusement pour lui elle était trop contrariée par les mouvements de sa jupe pour faire attention à lui. Lui savait sa situation et elle se fichait pas mal de ses regards éventuels, alors que tous les autres... Il fallait qu'il se ressaisisse. Il n'allait pas pouvoir continuellement compter sur ses pouvoirs pour s'en tirer, après tout. Il avait commencé à prendre conscience des réalités des Enfers et entrevoyait la possible existence de tout un autre horizon à travers les portails que ses fidèles traversaient pour lui, très peu revenant pour leur rapport. L'univers était bien plus complexe que même lui l'aurait pensé et, pour tout dire, il se sentait quelque peu commun dans cet univers-là. Aussi, se placer au niveau du commun était presque une nouvelle exploration de sa propre condition.
C'est ça ! Philosophe donc sur ta propre impotence si ça te permet de regagner la confiance qu'elle a si facilement ébranlé sans faire un seul geste !
Mais quelles fabuleuses idées, Enothis ! Je n'y avais même pas pensé ! la railla-t-il à son tour, bien que moins discrètement. Je plaisante : c'est très commun, et je ne m'abaisse pas à des enfantillages faciles comme une humiliation publique si évidente. Encore que, si tu veux une gamelle à ton nom...
Un groupe s'approchait d'eux et il se tut, laissant deviner s'il en avait eu l'intention depuis le début ou s'il s'amusait à risquer de faire entendre leurs échanges, au moins quelques mots, pour susciter interrogations et suspicion chez les autres étudiants. Une fois arrivés dans le hall, il remarquait avec amusement qu'elle était dans tous ses états et luttait pour garder un semblant de tenue. Il en oubliait un peu son impotence psychique pour apprécier les résultats tangibles d'une action si simple.
Si tu faisais correctement tes devoirs, Enothis, tu saurais qu'on ne va pas manger au self. Qui irait là quand on peut avoir mieux ? Son téléphone bipa, et il lui adressa un regard. Ma voiture est dehors.
Damien attrapa le bras d'Enothis pour la précipiter à sa suite. Sans la regarder, il se réglait pourtant de la terreur que devait lui inspirer cette élancée soudaine et les froufroutements de sa jupe qu'elle ne manquerait pas de produire.

Une longue berline aux vitres fumées les attendait en effet sur le trottoir à la sortie du bâtiment. Damien ouvrit la porte et fit plonger Enothis à l'arrière, la suivant de près, avant de refermer derrière eux. La voiture démarra instantanément. Derrière une paroi et une vitre, on devinait le crâne d'un chauffeur silencieux. L'intérieur était, du reste, spacieux et confortable. Damien fouilla dans sa portière pour en sortir une fine bande de cuir noir, dont les bouts étaient parés de pièces d'acier. C'était un fermoir. Et cette bande, c'était un collier. Le fermoir ne portait pas de marque flagrante sinon deux initiales, D.T., gravés discrètement à même le métal.
Faisons les choses proprement, expliqua Damien à Enothis en le lui présentant : tu porteras ce collier tant que tu seras à mes ordres. Et tu le porteras tout le temps. Il est discret, aussi je m'attends à ce que tu sois capable de le dissimuler au besoin. Ou est-ce trop compliqué pour toi ?
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