Beaucoup de monde rêverait de travailler dans une salle d’arcade et les nombreux aprioris n’aide en rien, comme le fait de devoir jouer toute la journée, conseiller les gens, vendre quelques goodies et faire la monnaie. Et personne pour parler du fait que l’on a toujours un employé derrière son dos pour soi-disant comment faire quand on vide la monnaie et les jetons des machines ? Et qui est là pour passer le balai tout en surveillant si les machines ne sont pas maltraitées par un mauvais perdant ? Et changer les plaquettes de jeu c’est aussi dit ? Non, il n’y a pas que le côté glamour.
Bon après, elle geint mais Syd est bien contente d’avoir trouvé ce petit job. C’était soit ça soit se faire chier à distribuer des prospectus dans la rue en cosplay. Son patron est aussi content de l’avoir, il a vu qu’elle savait bricoler autant que lui, et donc bien mieux que les trois quarts de ses employés. Ça le soulagera tant que le geek de la boite revienne. En fait, il est même plus satisfait que son employé car au moins avec cette fille, elle est difficilement corruptible et ne fera pas passer de jetons à ses camarades de classe. Pourquoi ? Difficile de trouver une fille qui a écrit sur son CV que, même si elle aime bien les jeux-vidéo et hormis les jeux de course, elle s’en branle comme l’an 14. C’est dit d’une façon plus nuancée mais en lisant entre les lignes, c’était assez clair pour lui. Dommage qu’elle soit encore au lycée.
En fin d’après-midi, c’est à changer un joystick qu’elle se fera aborder par deux jeunes un peu trop insistants. Pas spécialement du genre délinquant mais plutôt boulet qui espère avoir quelques parties gratuites avant de partir en faisant chier une des employés de leurs âges en accusant le mauvais calibrage d’un joystick d’une des bornes d’arcade. Autant Sydney sait snober les gens, autant eux commence un peu à l’agacer. Le genre d’agacement qui finit toujours en bavure lors de ses soirées nocturnes car avec eux dans les pattes, Sydney n’est pas foutu de viser correctement l’un des fils d’un joystick de la borne qu’elle répare. Déjà qu'elle a un coup de barre après être rentré à quatre heures du matin...
« Je demande à être remboursé. » Dit le premier jeune.
« Voyez ça avec le patron… »
« Oui tu vas voir, Ryuugo va te virer dès qu’il sera comment tu traites tes clients. » Rétorqua son ami.
« Alors vous n’avez qu’à le voir pour y faire part de vos remarques… »
« Oui mais il n’est pas là. »
« Alors je vous conseille ce lieu pour attendre son retour. »
Levant à peine le doigt, elle montra une direction derrière qui ne sera rien d’autres le jardin pour enfant, avec ses balles en plastique qui fait fureur quand le grand frère veut aller jouer avec les copains sans s’occuper de leur chiard de frangin. Si au début, Sydney n’a pas regardé, trop concentrée sur sa tâche, elle jettera quand même un œil aux deux lycéens pour voir un détail. Ah si, ses crétins se sont retournés.
« Non mais oh, j’ai certainement quelques classes de plus. Tu me dois le respect ! »
« Le cynisme fait mon charme, c’est le boss qui me l’a dit. »
« Ouai ben quand on apprendra que tu fais mal de job et que tu sais mieux calibrer une queue qu’un joystick, tu perdras ton job. »
La remarque ne l’a pas mise en colère, juste qu’elle s’en fout mais qu’est ce qu’ils sont saoulant ses deux types. Lui dire qu’il n’a qu’à prendre plus d’expérience en s’entrainant avec celui de son copain ? Tentant mais non, il lui faut ce job pour remplir le frigo sinon elle va encore tourner aux pâtes cette semaine. Et surtout, ils sont en train de lui dire qu'elle fait un boulot de merde et ça, c'est autre chose.
« Pas de ma faute si vous ne savez pas jouer. »
« Prends-la ta borne ! »
« Je préfère les jeux de bagnoles… »
De nouveau ce fil en cuivre qui se tord. Non, ils la stressent, elle n’arrivera à rien. Sydney regarda un peu aux alentours, faisant totalement impasse sur la moquerie comme quoi les jeux de voitures c’est un truc de mec, ce qui explique son manque de forme et que le problème concernait un jeu de combats, s’arrêtant sur la blonde qui passera non loin et qui semble avoir terminé une partie à une des bornes d’arcade non loin.
« Bon écoute, faisons un pari pour que ça soit plus sportif. Si tu gagnes face à cette cliente, je veux bien te payer tes parties. Et qui sait, peut-être que dans le meilleur des mondes tu pourras repartir avec un numéro de téléphone. »
Jusque-là, ça va mais voilà, on parle d’une Sydney agacée et une Sydney agacée ne s’arrête rarement là. Là où le jeune s’apprêtait à accepter, c’est surtout nez à nez avec l’employée qu’il se retrouvera, avec un certain malsin et un joystick TOUJOURS avec aucun fil de branché.
« Mais si tu perds alors qu’elle utilise cette soi-disant borne d’arcade défaillante, je ferais en sorte de t’enfoncer ce joystick jusqu’au rectum. Capiche ?»
Elle reprendra son sourire de commerciale et le pire, ça sera sans se forcer. Si l’un a pâli, l’autre non, n’ayant pas compris que Sydney fait rarement des menaces en l’air.
« Alors partant ou vous me laissez terminer ce que j'ai commencé ? »
« Euh… ça dépends ce qu’elle en pense. »
« C’est la maison qui offre, mademoiselle. Et entre nous, vous n’avez rien à perdre si ce n'est une game de gratuite. »
En sortant les jetons et montrant une borne d’arcade de combat à quelques mètres d’ici.