Au Palais d’Ivoire, on célébrait ce soir une fête particulière. L’Amiral Edward Vanberg était revenu conquérant d’une campagne navale le long des colonies maritimes de Nexus. C’était une succession d’îles et d’archipels situés à la mer. Ces lopins de terre étaient des possessions nexusiennes, mais qui faisaient régulièrement l’objet d’attaques de la part de monstres marins, notamment les Sahuagins... Ou encore des hordes de pirates. Le Conseil royal avait autorisé une mission très spéciale, et avait diligenté à cette fin l’Amiral Vanberg. Plusieurs colonies s’étaient plaintes d’attaques régulières de pirates, qui avaient été jusqu’à une bataille navale rangée où plusieurs navires militaires avaient été coulés. Visiblement, les pirates, non seulement disposaient de solides navires, mais aussi de monstres qu’ils libéraient sur les navires. Vanberg s’était livré à une campagne militaire éreintante, explorant de nombreuses îles, déployant des soldats afin de trouver le port secret des pirates.
Ceux-ci, bien organisés, formaient une véritable armée sauvage, très certainement soutenus par les Ashnardiens. À plusieurs reprises, la flotte de Vanberg s’était battue en mer, constatant que les pirates disposaient de l’aide de multiples Sahuagins, et même d’un kraken ! Leur meneur était un homme se faisant appeler « Le Commodore », un magicien redoutable qui avait récupéré des artefacts magiques lui permettant de commander les Sahuagins. En filigrane, le Commodore s’était surtout allié avec les ennemis du royaume des sirènes d’Arcnos, un royaume océanique aquatique éloigné, et les ennemis d’Arcnos y avaient vu l’occasion de déstabiliser Nexus. Vanberg s’était livré à une enquête approfondie, débusquant les traîtres des forts maritimes, protégeant ces derniers des assauts du Commodore, jusqu’à assiéger sa base rebelle.
La flotte de l’Amiral avait affronté les troupes du Commodore au milieu d’une intense tempête, un puissant ouragan, mais la victoire avait finalement été à bout du chemin. Le Commodore avait été neutralisé, et son butin récupéré. Couvert de victoire, auréolé de sa splendeur, Vanberg, jeune Amiral aux cheveux blonds, était retourné à la capitale en emmenant avec lui une cohorte de prisonniers, dont le mystérieux Commodore, un mage noir qui avait commandé divers groupes et confréries de piraterie pour les liguer sous son autorité. Les vivats avaient raisonné dans toute la ville, et Elena lui avait discerné l’une des plus prestigieuses récompenses de la Couronne, avant d’organiser une soirée en son honneur.
Pour l’occasion, les traiteurs de Nexus avaient ramené quantité de merveilles culinaires émanant des colonies, essentiellement des fruits de mer. Crevettes, assortiments de gambas, huîtres, moules marinières agrémentées d’onctueuses sauces, crabes, homards... La gastronomie nexusienne était à la hauteur de sa réputation, et Elena, portant une élégante robe de soirée,
une superbe robe blanche de haute couture,
légèrement transparente vue de dos. Une tenue très réussie, faite sur mesure, qui confirmait que la Couronne avait encore les moyens. Elena se sentait en réalité assez intimidée dans un tel accoutrement, mais, comme Adamante n’avait cessé de le lui dire, c’était une occasion exceptionnelle. L’armée n’aurait pas compris que la Reine ne se montre pas à la hauteur.
«
L’Amiral Vanberg est très populaire, non seulement au sein de l’armée, mais aussi au sein de la population. C’est un véritable génie militaire. -
J’ai lu ses états de service, oui. Ils sont... Très impressionnants. »
Elena le pensait sincèrement, et elle avait été ravie de s’entretenir avec l’Amiral, de le saluer, et de l’honorer lors de la cérémonie officielle. Maintenant, elle se baladait dans la soirée, en profitant pour discuter avec les différents représentants des colonies. La jeune Reine n’était pas une femme frivole, et avait une bonne connaissance des dossiers, des familles, des liens de noblesse, et de l’influence des différentes colonies. Elle faisait tout pour gommer la mauvaise image qu’elle avait aux yeux du peuple de la capitale, afin de montrer qu’elle était, non seulement très compétente, mais aussi très proche de ses sujets.
Comme on pouvait l’attendre de tout souverain digne de ce nom, en vérité !