Vivre avec les humains était étrange... Non pas que cela soit nouveau pour elle, Enmoïra les a côtoyés depuis toute petite. Mais jamais elle n'en avait vu autant à un même endroit, ils étaient des millions ! Et étrangement, aucun ne semblait unique, avoir sa propre identité. Elle avait du mal à les distinguer d'une colonie de fourmis. Après tout ici il y avait des dirigeants politiques, agissant comme des chefs d'orchestre, puis des administrateurs, agissant dans leur secteur et le gérant. Et ainsi de suite, ils avaient formé toute une hiérarchie bien rodée et qui semblait ne pas avoir de réel problème. Chacun avait sa place, et ceux qui n'en avaient pas étaient laissés sur le côté tout simplement. C'était horrible, inhumain diraient certains, mais c'est ainsi que leur société fonctionne.
Et elle là-dedans ? Elle tentait de se trouver une place, bien sûr elle était un cas très particulier... Car ici les femmes ont l'avantage, ce qui semble rare, sauf chez les amazones peut-être. Les femmes ont dans cette ville les meilleurs postes, les meilleurs salaires et les hommes sont traités comme des esclaves... Ils ne sont ici qu'une force de travail, et des jouets sexuels jetables. Les femmes les achètent puis les revendent selon leurs performances. Certains sont estropiés et envoyés au travail manuel, d'autres servent dans des hôtels de passe. Enfin bref, ce n'était pas la joie, mais il y avait pire encore... Les êtres ayant des attributs animaux, était souvent traité comme tel ! Qu'ils soient hommes ou femmes, peu d'entre eux parvenaient à se faire un nom et ne pas finir en esclave.
Mais elle n'était pas là pour lutter contre ce système bien trop ancré dans les moeurs, non, c'était trop gros pour elle. Sans compter que malgré sa réputation de druide, et le fait qu'elle ressemble de loin à un centaure... On ne la respecte pas assez pour qu'elle puisse s'imposer. Aussi elle avait choisi de débuter sa croisade contre le mal, en faisant planter des arbres et arbres fruitiers dans les rues et sur les toits. Une grosse compagnie qui voulait se dorer le blason l'avait prise sous son aile. Il faut dire que pour eux, c'était la preuve qu'ils "pensent" à l'avenir et la nature. Pour Enmoïra c'était une chance de faire bouger les choses petit à petit. Alors qu'importe qu'elle soit "utilisée", car elle aussi allait les utiliser pour le bien de la nature.
Et c'est pourquoi il y avait cette conférence, ce soir sur un toit dans la grande ville. Le toit était un vrai petit bosquet, des massifs de fleurs, des arbres, des buissons, des arches de plante. Enmoïra avait bien sûr usé de ses pouvoirs pour aider tout cela à se faire. Elle était en train de parler un peu avant son discours. Elle irait tout à l'heure sur le podium en bois bien robuste leur expliquer ce qu'elle pense bon pour leur avenir, et pourquoi il faut reverdir à tout prix la ville ! Et pas avec des fausses plantes comme c'est le cas actuellement à certains endroits ! Elle marchait donc dans la foule, l'air de rien il devait y avoir au moins une bonne centaine de personnes, c'était fou le nombre de gens intéressés par ce projet.
Elle soupira donc une fois à l'écart, ce n'était par contre par le meilleur moment pour faire cette présentation. Allez savoir si c'était d'être entourés d'humains qui forniquent partout, où de vivre dans cette ville où le sexe est omniprésent... Mais depuis quelques semaines elle avait de nouveau des chaleurs. Comme toute femme elle en a depuis longtemps, en aura toujours jusqu'à la ménopause... Mais, d'habitude elle arrivait à oublier, à passer au-delà, mais ici ça devenait de plus en plus compliqué. Sa part animale reprenait parfois le dessus à force de voir tous ces gens parler ouvertement de dressage, de sexe, d'expliquer que ce n'est pas du viol, car ce sont des "hommes"...
Ridicule ! Tout cela était ridicule, la centauresse portait d'ailleurs un paréo opaque brun clair, et un soutien-gorge en feuille naturelle. Elle attirait bien des regards, mais plutôt des regards de mépris chez les femmes. Quant aux hommes il ne semblait pas vraiment attiré par ce qu'ils nommaient parfois : "une bête". Bref, elle finit par être appelée et monta alors sur la scène, seule face au public elle fit alors un long discours sur l'importance de la nature, ses bienfaits et le fait que les fruits de ses arbres pourront nourrir la population. Graphique à l'appui, chiffres calculés elle leur promettait des améliorations de la qualité de vie des hommes et femmes vivant ici. Les arbres absorberaient la pollution également, et certaines plantes seront utiles aux firmes pharmaceutiques.
Et c'est sous les applaudissements qu'elle put quitter la scène, elle soupira pour se détendre, elle était encore nerveuse... Elle avait vu dans les regards de certains hommes bêtes esclaves, ils sentaient ses chaleurs et certains semblaient la dévorer du regard... Elle frissonna un peu, puis alla discuter d'affaires avec des femmes. Avant de remarquer qu'un homme la suivait du regard. Elle se retourne alors et lui demande :
- Je peux faire quelque chose pour vous ?
Elle n'avait aucun problème à parler poliment aux hommes, signe qu'elle n'était pas vraiment comme les femmes de ce monde. Elle pointait sous son petit soutien-gorge, et si elle avait pris un paréo opaque c'était aussi pour cacher qu'elle mouillait un peu dessous. Elle faisait un grand sourire la tête un peu penchée sur le côté, elle était en chaleur... Et elle avait déjà remarqué qu'il était différent, il le sait ! Pour un humain c'est étonnant, mais cet humain-là a remarqué !