Se battre, ou se laisser aller ? Cirillia hésitait, car elle savait très bien de quoi les autorités locales étaient capables. Ceux-ci risquaient de bâcler leur enquête, et de voir en eux deux des coupables idéaux. Un nécromancien et une folle furieuse équipée d’une épée... Des suspects beaucoup plus simples à appréhender qu’un nécromancien redoutable vivant dans les profondeurs des marais. June hésitait un peu, et finit par déclarer qu’il se rendait.
«
June... ! »
Las, le jeune homme était déjà sorti, mains levées. Les soldats le regardèrent avec suspicion, puis Cirillia s’avança à son tour, la main sur la garde de son épée, située dans son dos. June était visiblement encore un peu trop naïf pour savoir à quoi s’attendre.
«
Déposez vos armes ! » les interpella le sergent.
Cirillia les regarda rapidement. Ils étaient nerveux, inquiets, s’attendant probablement à quelque sinistre sortilège. Ils n’avaient aucune envie de rester ici, de s’aventurer dans les marais, de tomber sur le véritable monstre qui habitait ici. À défaut, deux étrangers formaient des suspects magnifiques, et, s’ils rechignaient à donner leurs aveux, il suffirait de les torturer un peu. Cirillia savait très bien comment les choses marchaient, comment la justice, dans ce genre d’endroits, était très virtuelle. Elle n’avait nullement confiance, mais n’avait guère envie d’affronter une dizaine de gardes.
De plus, June semblait encore (naïvement) leur faire confiance, alors Ciri’ enchaîna dans son sens :
«
Nous avons trouvé l’individu à l’origine des problèmes ici, vous devriez concentrer vos efforts sur lui plutôt que sur nous. -
Je vous ai ordonné de déposer vos armes ! -
Putain, mais nous comptions nous barrer de cette région ! Vous perdez votre temps avec nous ! -
Par la malepeste, DÉPOSEZ VOS ARMES ! »
Cirillia grommela sur place, consciente que, vu leur état de panique, la moindre étincelle pouvait déclencher l’incendie. Elle hocha doucement la tête, et défit le harnais de ses fourreaux. Ses deux épées tombèrent au sol, et les gardes soupirèrent lentement. Il était évident qu’ils venaient depuis le village, et qu’on leur avait parlés d’elle et de June, de l’invocation des zombies... Elle leva les mains, tandis que les soldats se rapprochèrent.
«
Nous... » commença le soldat.
Un hurlement monstrueux se fit alors entendre. Ciri’ fronça doucement les sourcils. Dans la situation confuse, elle avait oublié de récupérer son ancien médaillon de sorceleur, qui vibrait en détectant l’approche de monstres.
«
Merde... »
Cirillia entendit le nouvel hurlement, dans son dos, et se retourna. En levant la tête, elle vit une étonnante créature au sommet de la grotte, et fronça les sourcils. C’était un
Tschart, une redoutable créature. Avançant à quatre pattes, le monstre était surnommé «
Hurleur » en raison des cris intenses qu’il poussait, mais, au-delà de ça, c’était une bête très dangereuse, qu’on ne trouvait normalement pas dans une telle région... Sauf que celle-ci était depuis des semaines soumise à des manifestations de magie noire.
Le Tschart hurla encore, et bondit brusquement en avant. Les arbalétriers décochèrent quelques carreaux, dont plusieurs fusèrent dans le vide. Un carreau atteignit toutefois l’épaule du monstre, se brisant contre son épaisse carapace.
«
ATTENTION, JUNE !! »
Cirillia bondit sur le sol, faisant une roulade vers ses épées. Elle les récupéra au passage, tandis que le monstre se posa sur le sol. Créature assez grosse, elle fonça vers le premier cheval, et l’éperonna au passage. La bête hennit de douleur quand les cornes du monstre transpercèrent son flanc, arrachant au passage la jambe du cavalier, qui hurla également de souffrance.
Le monstre jeta ensuite le cheval à côté, et frappa ensuite un autre soldat en pivotant sur place, l’envoyant rouler sur le sol. Les soldats, surpris et désorganisés, entreprirent de se repositionner pour affronter le monstre, tout comme Cirillia, qui devait reprendre ses esprits, et réfléchir au meilleur moyen de vaincre ce puissant monstre aux cornes sanguinolentes...