«
J’vous jure, Boss, un manoir là, en pleine forêt ! Habité ! -
T’en as trop pris, gros, ce manoir a toujours été en ruines ! Un litige entre héritiers, ou une connerie du genre… »
Le manoir était bien connu des jeunes du coin. C’était un manoir qu’on disait hanté, et, il y a des années, c’était un défi, entre adolescents, que de s’y rendre le Samedi, pour y passer la nuit. Le manoir avait été ravagé il y a quelques années par un incendie, et, compte tenu de son emplacement, assez isolé, et de la forte valeur du manoir, il était depuis en conflit avec les héritiers, un conflit qui durait maintenant depuis de nombreuses années. Mais, dernièrement, les hommes de Vaas avaient entendu dire que le manoir était de nouveau habité. La rumeur était venue d’une bande de jeunes, qui avaient justement tenté d’accomplir ce rituel nocturne au manoir. Ils avaient réussi à enjamber le portail, et avaient vu de la lumière, avant de repartir, sans être parvenus à entrer, et sans trop avoir pu s’expliquer là-dessus.
Vaas était resté silencieux pendant l’exposé de ce plan. Le manoir était isolé, et il abritait sûrement quelque fortune, maintenant que quelqu’un le repeuplait. Les gosses avaient vu des échafaudages, des bardages, signe que quelqu’un le rafistolait. Ce qui était surprenant, en revanche, c’est qu’aucune société locale ne semblait être sur le coup. Il n’y avait d’ailleurs aucun panneau de construction à l’entrée de la propriété permettant de se renseigner.
«
On dit que des richards venaient là-dedans ! Pas de gardes, putain ! Pas de vigiles ! C’est isolé de la ville, c’est le coup parfait ! -
Tes putains de mômes étaient défoncés, qu’est-ce qu’on va aller se faire chier dans la forêt ? On a des coups plus sérieux à se faire, merde ! -
J’avais jamais entendu parler de ce manoir », était alors intervenu Vaas, inhabituellement sobre.
Il fumait déjà un peu de
rakyat, mais, entre ses cuisses, il y avait une
ganguro,
Sakura, une salope que Vaas avait récupéré il y a quelques semaines lors d’une descente*, et qui servait maintenant de vide-couilles pour tout son gang.
«
Et puis, je suis en couple, maintenant, vous vous souvenez, les mecs ? »
Oh, ça… Difficile pour eux d’oublier le passage de la «
copine » du Boss. La fameuse Duchesse, une tueuse en série qui servait maintenant de complice pour Vaas, en s’attaquant aux prostituées des Petrovski, les ennemis des gens qui avaient embauché Vaas, les Guramu, un clan yakuza. Vaas avait rencontré Lucrezia en se rendant dans un endroit isolé, et le contact avait été immédiat**. Lucrezia était venue une fois dans leur repaire, un entrepôt situé dans la zone portuaire, et avait passé une sacrée nuit.
«
J’crois qu’on doit offrir un sacré palace à ma Princesse, ça lui fera un joli cadeau quand elle viendra ramener son gros cul de latex ici. -
J’aurais pas dit mieux, Boss ! -
Z’êtes un artiste, Boss ! »
Vaas hocha la tête, et fuma encore du
rakyat.
Leur van noir filait à travers les routes de campagne, en pleine obscurité. Seikusu était un peu le seul vestige de civilisation avant des terres sauvages constituées de montagnes et de forêts profondes. Disposant d’une boîte de vitesse automatique, le van filait à bonne allure, dans une ambiance parfumée. Vaas tenait le volant d’une main, roulant au-dessus des limitations de vitesse, ce qui l’amenait à régulièrement frotter le bas-côté, notamment lors de virages assez serrés. Il continuait à fumer du
rakyat, cette drogue exceptionnelle venant de son île natale, Rook Island. Le plus étonnant, c’est qu’il maîtrisait très bien la situation.
Pendant ce temps, l’autoradio diffusait une musique relativement ambiante,
Lose Yourself d’Eminem. L’adresse de Vaas ne faisait aucun doute, et ce d’autant plus que Sakura l’accompagnait encore, et était entre ses cuisses, suçant sa belle queue, se débrouillant du mieux qu’elle pouvait pour permettre à Vaas d’appuyer sur l’accélérateur. Néanmoins, du fait de la position de Sakura, il ne pouvait pas appuyer sur le frein, mais il était tout simplement hors-de-question qu’il laisse sa soirée se terminer sans jouir dans la bouche de sa pute !
«
On s’approche, Boss… Putain, putain ! -
L’endroit est paumé, Boss, on y voit que dalle, le signal GPS a du mal à se passer… -
Comme ma queue dans le cul serré de ta mère… »
Son acolyte regarda Vaas sans rien dire, tandis que Vaas l’observa à son tour… Avant de se mettre à éclater de rire. Un rire hystérique, son haleine saturée de
rakyat continuant à imbiber l’habitacle du van.
«
Haha, y t’a bien eu, petite bite ! -
Z’avez raison, Boss, c’t’une pute, de toute façon ! -
Vu la tête de con qu’elle a engendré, tu m’étonnes… »
Le van se rapprochait. Il y avait trois hommes devant, sans compter Sakura, et, à l’intérieur, six autres hommes. Les armes à feu avaient beau être rares au Japon, ils avaient tous un pistolet, mais surtout des battes de base-ball, des barres à mines, des coups de poing américain. Surtout, ils portaient chacun, sur leur visage, un masque d’animal. Une sorte de signe distinctif du gang de Vaas.
Pour Vaas, du reste, conduire sur ce genre de routes n’avait rien de difficile. Il avait conduit des Jeeps dans les jungles de Rook Island, et ça avait été une toute autre paire de manches ! Il leva le pied en approchant, tout en soupirant légèrement, sa queue bien gonflée continuant à être astiquée avec talent par Sakura.
«
C’est là, Boss, un petit chemin détourné, mais y a un portail… -
Boss, ‘faut freiner, bordel !! -
J’encule les portails ! »
Il écrasa alors la pédale d’accélérateur, et heurta violemment le portail, l’arrachant de ses gonds, et s’engagea sur une route abîmée, non goudronnée.
«
HAHA ! Woow !! Comme à la bonne vieille époque, HAHA ! Sauf que j’avais personne pour me sucer la pine, haha ! »
Le van continuait à rouler, et Vaas eut soudain un léger doute, en voyant le manoir apparaître.
«
Chef… On devrait faire demi-tour, les Petrovski risquent d’attaquer l’entrepôt ! Imaginez, si votre copine se pointe, et qu’on est pas là pour la défendre ! »
L’idée venait en effet de brusquement le traverser. Lucrezia, entre les mains des Petrovski… La Duchesse était une tueuse bien connue, et la police, autant que la mafia, se battaient contre elle, vu qu’elle s’attaquait aux prostituées, et la menaçait donc directement.
«
Y a rien à récupérer dans ce manoir, on devrait vraiment… »
*
BANG !*
La détonation retentit comme un coup de foudre dans la casemate du cockpit. Le subordonné qui venait de suggérer le départ avait été délesté d’une partie de sa tête. Du sang éclaboussa le visage de Vaas, ainsi que quelques morceaux d’os, et même un bout de cervelle. Il se retourna alors vers le troisième acolyte, qui contemplait, avec des yeux écarquillés, son chef, prenant conscience que Vaas était de nouveau en pleine crise.
Tirant la langue, Vaas éclata encore de rire :
«
DE LA MERDE, JE VAIS PAS ME LAISSER DIRIGER PAR UNE GONZESSE ! ON FONCE !! »
Il continua alors à accélérer, et ferma les yeux, en posant sa main sur les cheveux de Sakura, tout en se rendant à toute allure vers l’entrée du manoir.
Vaas jouit au moment où l’avant du van explosa la porte d’entrée.
Lose Yourself se termina, et «
Make It Bun Dem » se mit à jaillir, pendant que le van s’arrêta au milieu du hall d’entrée, répandant des bris de verre et des morceaux de bois partout.
Les portes arrières du van s’ouvrirent alors, et les hommes de Vaas en jaillirent en hurlant, tapant contre le van, sortant leurs battes, explosant quelques meubles situés ici et là. Sans aucune raison surprise, mais le
rakyat avait souvent cet effet-là sur les gens.
Et la musique, elle, se mit à rugir, Vaas mettant la radio à fond…
* :
cf. RP « Psycho-Killer »,
** :
cf. RP « Psychosocial ».