Il était à présent assez rare que la Terranide s’attaque volontairement à un esclavagiste pour libérer sa marchandise, mais cette fois-ci, son sang n’avait fait qu’un tour lorsqu’elle était passée sur la place publique de Nexus. Des esclaves en vente, elle en avait déjà vu des tas. Bien sûr, cette vision la répugnait mais au fil de ses aventures, la Lycane avait parfaitement compris que certains de ses pairs acceptaient leurs sors et refusaient même de prendre une autre voie. De plus, s’attaquer à un marchand au beau milieu de tout le monde n’était également pas une idée des plus intelligentes. Mais cette fois-ci son regard s’était arrêté sur les marchandises disposées à la vue de tous et plus particulièrement sur les états des plus miteux et minables. Ce n’était même plus des êtres vivants mais juste des enveloppes corporelles sans âmes. Justes bonne à servir d’objets pour assouvir les désirs malsains d’hommes ou de femmes sans la moindre moralité.
Ainsi, la Louve avait attendu que le temps passe, restant discrète pour ne pas attirer les regards. Elle assista à la vente d’autres terranides, d’une elfe et d’une humaine semblant provenir de la Terre, toujours sans un mot. Elle les avait observé quand ils rassemblaient leurs affaires, riant en soupesant la besace d’or bien remplit. Puis, comme si elle chassait une proie quelconque, la Louve s’était mise à les suivre, jusqu’à tomber sur « l’entrepôt » qui leur permettait de stocker les esclaves. Elle n’attaque pas de suite, observant cachée dans la pénombre jusqu’à une heure avancée de la nuit. Là, la Terranide avait adopté sa forme de lycanthrope et s’était simplement faufilée dans l’entrepôt avant de commettre –ne mâchons pas nos mots – un véritable massacre. Ses victimes n’eurent guère le temps de réagir et tombèrent rapidement l’un après l’autre. Certains parvinrent cependant à la blesser, et eurent droit à une mort simple et rapide à base de gorge arrachée. Mais une fois son crime effectué, enfin pouvait-on réellement en parler d’un ? La Lycane en avait profité pour libérer certains des esclaves, ou du moins ceux qui avaient décidés de la suivre et qui ne s’étaient pas bêtement résignés à leurs sorts. De plus, elle n’avait pas vraiment le temps de parlementer, ni de les forcer à la suivre mais au moins, certains ne vivraient pas un enfer.
A présent, la Louve marchait dans les Terres Sauvages, ayant repris une forme plus humaine. Elle avait bien sûr guidés les anciens esclaves jusqu’en dehors de la ville en passant outre la vigilance des gardes jusqu’à un endroit où ils pourraient décider de leur route à suivre. S’étirant un peu, la Lycane émit un bâillement avant de poser une main sur son ventre tandis que ce dernier émettait un grognement bien distinct. La faim lui tiraillait les entrailles. S’arrêtant donc au sommet d’un monticule couronné de maigres arbustes, la Lycane avait détaché de sa ceinture un lapin qu’elle avait attrapé vite fait après s’être séparée des anciens esclaves. S’accroupissant en tailleur, elle le dépeça rapidement et avec précision, le vidant également avant de le prendre simplement dans ses mains et de le faire cuire grâce à des flammes. Une légère fumée commença donc à s’élever dans le ciel suivit d’une odeur de viande qui cuisait doucement. Et tandis que la Louve regardait la chaire du lapin prendre peu à peu une teinte différente, elle prit une inspiration, parlant à voix haute :
« Je t’ai entendu. »
Ses oreilles fièrement dressée sur le sommet de son crâne lui permettaient d’avoir une ouïe bien plus fine que la moyenne humaine. Soupirant d’un air las, la Louve cessa le feu qui cuisait son repas et le posa simplement à même le sol avant de se relever d’un bond, émettant un grognement.
« Si tu penses que je vais te dire où je les amenés… »
Elle se retient de terminer sa phrase par un juron bien placé, pensant se trouver face à l’une de ses personnes gérants le marché d’esclave qu’elle avait attaqué quelques heures plus tôt. Elle ne bougea cependant pas, attendant de voir son adversaire et d’agir en conséquence, sa main cependant posée contre la garde d'une de ses épées, prête à dégainer. Et au pire, il lui restait sa magie.