Cette rencontre était plutôt intéressante. Outre un physique agréable à l’œil, cette succube semblait aussi avoir du plomb dans la cervelle. Les proies intelligentes étaient très certainement les favorites du mâle, elles résistaient, tentaient de combattre leurs envies, de s'imposer en tant que dominante, de vaincre le loup en amour, en perversité. Et dans un certain sens, cela encourageait Ghanor à toujours aller plus loin, à toujours tenter de se surpasser pour ne perdre devant aucune de ses amantes ou amants. Une certaine fierté, que d'autres préféreront catégoriser comme caprice, qui impliquait ainsi une certaine frustration à perdre à ces jeux. Allait-il perdre face à elle ? Bonne question. Ce n'était pas une simple humaine, mais une succube. Une démone du plan de la luxure, une experte dans les arts de l'amour. Était-il possible de vaincre une telle chose, une telle maîtresse dans l'art de la séduction et du sexe ? Dieu qu'il n'en savait rien ! Mais bordel, ce genre de défis qui semblait perdu d'avance faisait bouillonner son sang autant qu'un affrontement mortel contre un rival déterminé à lui faire passer l'arme à gauche. Une excitation qui faisait naître ce pétillement dans ces yeux bicolores.
« Ces sacs contiennent en effet une petite dimension de poche. On n'en ressent pas le poids, par contre, c'est un peu bordélique à l'intérieur, c'est donc à utiliser dans un lieu calme sans risques, histoire de prendre le temps de bien chercher. »
Malgré son envie de séduire, le mâle restait un commerçant. Illégal, certes, mais avec le sens des affaires, du commerce : malgré son jeu de jambes, il gardait ce côté professionnel, autant déterminer à remplir sa bourse qu'à passer une douce nuit à ses côtés, à lui faire ressentir l'étreinte torride d'un terranide ambitieux. L'avait-elle séduit ? Oui, et non. Elle devait très certainement penser qu'il n'était rien de plus qu'un chien en chaleur, prêt à sauter sur la première femelle. C'était un pervers, oui. Mais ce n'était pas non plus un idiot prêt à vendre des objets bien trop chers à prix cassé simplement pour une belle paire de fesses. Des objets sans valeurs, comme la bague offerte à Astrid et qui fut le déclencheur d'une baise torride, pourquoi pas. Mais on parle ici d'objets bien plus chers et difficile à trouver. Généralement, le prix de vente dépendait de plusieurs facteurs : la puissance et la rareté de l'objet, bien sûr, mais la difficulté jouait aussi. Et par difficulté, j'entends celle liée à sa récupération. Un objet demandant au mâle de parcourir des ruines dangereuses vaudra toujours plus cher que les vulgaires sacs sans fonds achetés à un ami à bas prix.
« Je suis certes un amateur de jolies femmes, très chère, mais je n'en reste pas moins un commerçant. Je ne vais pas baisser gratuitement mes prix... » lança-t-il aux mots de la belle, appuyant bien le mot "gratuitement".
Lorsqu'elle parla finalement des objets pervers qu'il vendait en quantité, le mâle laissa un nouveau rire sincère, gardant sur ses babines ce sourire vrai qui exprimait le plaisir qu'il prenait dans cette conversation. Là où la plupart de ses clients restaient particulièrement sérieux, celle-ci semblait bien plus enclin à la plaisanterie et à une discussion bien plus amicale que professionnelle. Dans un sens, cela rendait le tout plus agréable à vivre. Il avait presque cette impression d'être à un rendez-vous galant avec une femme de bon goût, qui ne cachait nullement ce besoin d'apprécier la vie, de la croquer à pleines dents. Vierna lui plaisait ! S'installant un peu mieux sur ses coussins, il ne répondit pas tout de suite. Il commanda d'abord lui aussi à boire, sa gorge commençant à lui piquer à force d'autant parler. Il prit ainsi commande d'un alcool fort au hasard, un "choix de choix" de la serveuse, comme il aime bien le dire, tout en continuant de faire gentiment du pied à sa partenaire du moment.
« Je suis un commerçant. Je ne fais que suivre les tendances... Les temps sont durs pour tout le monde. Tant qu'il y a des acheteurs, je vends. »
La serveuse vint enfin apporter le verre de cette liqueur délicieuse à Ghanor, qui attrapa le récipient en remerciant d'un mouvement de tête la belle jeune femme. Apportant l'alcool à ses lèvres, il en boit quelques gorgées, appréciant la fraîcheur de la boisson qui vint réchauffer sa gorge, un long soupir de satisfaction s'échappant de ses lèvres. Posant le verre dans un léger bruit sourd, il reporte néanmoins son attention sur la jeune femme, avant de reprendre la parole.
« Tant que l'orchestre joue, je danse. »
Cette phrase résumait à elle seule le fonctionnement du mâle. Vendre des objets magiques de manière illégale n'était en rien une activité qui rapportait énormément en permanence. Ghanor avait souvent des périodes de vide où ses ventes étaient bien trop basses pour ses besoins. Des moments où, malheureusement, il devait compter chaque centime dépensé pour avoir de la nourriture dans son assiette. Une vie dangereuse, aux gains aléatoires, qui le forçait à simplement vendre des objets que tout le monde achetait pour s'accorder parfois un petit peu de répit. Reposant son regard bicolore sur la belle, le mâle se délecta encore une fois de son physique avantageux. De la même manière qu'elle avait envie de l'embrasser, le loup souhaitait tout autant déguster ces lèvres qui semblaient si délicieuses à goûter, si sucrées. Néanmoins attentif, il entendit la belle expliquer qu'elle souhaitait tester et vérifier la marchandise, que l'argent n'était pas un problème. Aussi, elle expliqua qu'elle pouvait l'aider à trouver des acheteurs, lui demandant par la même occasion s'il n'avait pas pensé à s'associer à des commerçants de nexus.
Quoi, sérieusement ?
« Sauf votre respect... » Commença-t-il. « Je suis un Terranide qui vend de manière illégale des objets magiques. Une combinaison plutôt explosive qui doit en faire frémir d'envie les gardes désirant monter en grade... Les commerçants de Nexus sont en grande partie des fouines avides. Je n'ai pas envie de me faire planter dans le dos, donc je préfère me limiter à quelques contacts et à faire mon boulot dans mon coin. »
Après tout, ce n'était pas totalement faux. Le mâle essuyait déjà quelques petites tentatives de temps en temps, alors il n'allait pas augmenter les chances de trahison en s'alliant à n'importe qui. Non, même si la vie était dure, elle lui suffisait dans l'état. Et puis, comme ça, il pouvait rencontrer d'aussi belles femmes. Pensait-il à la mettre dans son lit ? Totalement. Il voulait la faire sienne, le temps d'une nuit, plusieurs. L'entendre gémir, prendre son pied. Plissant lentement les yeux, il se lécha délicatement les lèvres. Le mâle le sentait. Elle n'était pas totalement indifférente à ses charmes. Continuant de jouer de ses jambes, il faisait néanmoins exprès de ne pas trop remonter, alors qu'au fond... il pourrait. Montrer clairement ses intentions... mais... cela reviendrait à avouer qu'il n'était qu'un mâle en manque. Et cette belle souhaitait en profiter. Elle pensait qu'elle pourrait l'avoir facilement, qu'elle pourrait en faire son jouet... Non.
Ghanor n'était pas un simple pervers des ruelles.
Elle souhaitait jouer la séduction, tenter de faire en sorte qu'il tombe de lui-même dans un océan de luxure ? Non. Il allait lui aussi jouer à ce petit jeu. Lui donner envie, la tenter, jusqu'à qu'elle craque d'elle-même. Qu'elle apprenne à ne pas juger n'importe qui à la légère. Oh, oui. Rah, qu'il était heureux ! Un jeu de séduction, très certainement une partie tout aussi palpitante et excitante que la baise en elle-même... Sentir que les deux parties se veulent, se désirent... s'affrontent pour que l'autre craque le premier !
« Concernant les tests, je suis tout-à-fait libre à vous faire des démonstrations, en effet. Regardez, ma dernière trouvaille. »
D'un mouvement, il vint se saisir de la main de la jeune femme. Il l'attrapa doucement, délicatement, tout en gardant son regard bicolore électrique dans les prunelles de la succube. Doux, sensuel, il rapprocha alors la belle vers lui, révélant sa paume. Tout en gardant le contact visuel, il sortit un petit pinceau, venant dessiner une croix sur la main de la jeune femme. Dessiné à l'encre noire. Le mâle posa simplement sur la table un morceau de parchemin qui, lorsqu'il s'ouvrit, fit apparaître une carte de la ville, qui semblait être dessinée avec la même encre qu'utilisé par la plume. Soudainement, sur le petit bout de papier, un point noir commença à doucement briller. La chose étonnante étant que le point se trouvait... exactement là où était la succube, sur la carte.
« Un mouchard magique. Mettez un peu d'encre sur un habit ou sur la peau d'une personne, et sa position apparaîtra sur le parchemin d'à côté. Néanmoins, il y a une petite chose à noter. »
Toujours aussi sensuel, abaissant lentement sa tête, il vint alors sortir sa langue animale. Tout en gardant son regard planté dans celui de la succube, il vint lécher presque perversement la paume de la main de la jeune femme, retirant l'encre. L'acte était fait avec douceur, mais aussi avec une arrière-pensée : rien qu'à la manière dont il dégustait sa main, il était plutôt facile pour une habituée de voir qu'il mimait un acte buccal parfaitement délicieux... Après tout, Ghanor était connu pour adorer dévorer ses proies... au sens propre comme au figuré.
Relevant sa tête, il montra sa langue propre à la belle cliente, lui faisant comprendre qu'elle n'avait pas accrochée.
« Un peu d'eau suffit à faire disparaître l'encre... Mais ce n'est pas un problème si dérangeant, non ? »